BONNES FEUILLES (10.11.2009)

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BATEAU-HISTOIRE
LA JEANNE D'ARC S'EN VA-T-EN GUERRE...

À la Jeanne d'Arc, principalement dévolue à la formation des officiers de la Marine, va succéder un Bâtiment de Projection et de Commandement (BPC) aux capacités opérationnelles incontestables. Quant au porte-hélicoptères «Jeanne» à l'orée de son ultime campagne d'application 2009-2010, les clichés abondent : 1,8 millions de milles nautique parcourus, 46 campagnes d'application, 30 000 marins affectés, 6.300 officiers formés, 762 escales et 89 pays visités... «Bâtiment école, navire ambassade, la Jeanne est un bateau gris résolument atypique» disent d'ailleurs ses marins avant d'ajouter doctement: «La Jeanne, c'est un bateau mythique...». Depuis 1964, le porte-hélicoptères, successeur d'un croiseur-école (1931-1964) du même nom à l'aura inoxydable, a ainsi tissé sa légende grâce à son esprit d'équipage et à ses navigations autour du monde ponctuées d'escales exotiques. Pourtant conçu pendant les «trente glorieuses» et en pleine guerre froide, le porte-hélicoptères R97 répondait alors à des standards opérationnels élevés...


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EXTRAITS
«C'est le 8 mars 1957 que tombe par dépêche ministérielle l'ordre officiel de construction d'un porte-hélicoptères. Nom de code du projet ? « PH 57 ». L'arrivée des hélicoptères dans la Marine au début des années 1950 et leur usage intensif, notamment chez les militaires américains engagés dans la guerre au Vietnam, précipite la décision des «têtes pensantes» de la Marine. Ces dernières souhaitent, de surcroît, un bateau marin et guerrier. Le contexte géopolitique et militaire les incite également à choisir judicieusement le format du futur bâtiment-école. Le monde est alors en pleine guerre froide. La France est engagée dans des «opérations de maintien de la paix  en Indochine comme en Algérie. Quant aux puissances alliées, elles concrétisent l'utilisation des hélicoptères comme armes nouvelles et efficaces dans les opérations de lutte contre les sous-marins ou les opérations dites « amphibies ». Après guerre, les américains ont d'emblée planché sur un concept de navire porte-hélicoptères disposant de moyens amphibies. Dès 1955, l'US Navy a ainsi transformé le Thetis Bay, l'un de ses porte-avions d'escorte, en porte-hélicoptères d'assaut. Solution jugée finalement pas assez performante, la construction d'un navire amphibie porte-aéronefs est entériné trois ans plus tard...»

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EXTRAITS
«Automne 1964, La Résolue, devenue la Jeanne d'Arc depuis l'été, est fin prête pour s'élancer dans sa première «campagne d'école d'application» autour du monde en compagnie d'un autre bâtiment de la Marine, l'aviso escorteur Victor Schoelcher » pour cette campagne 1964/65. Appareillage de Brest le 9 novembre 1964. Temps maussade et ciel plombé. Cent quarante-cinq officiers-élèves sont alignés en rang d'oignon,  «au poste de bande . Raides comme des « i ». Un vent frisquet souffle dans la rade du port militaire breton. Le cérémonial est rôdé. Visite du ministre aux armées, monsieur Pierre Messmer. Salutations d'usage, revue des troupes alignées en en rangs d'oignon sur le pont d'envol en compagnie du chef d'état-major de la Marine, l'amiral Cabanier. Les marins ne cillent pas. Bref entretien du ministre avec le capitaine de vaisseau Postec, le commandant la Jeanne d'Arc La longue allocution de l'homme politique démarre par un hommage au croiseur de l'école d'application avant de se poursuivre sur la grandeur de la nation française et du métier de marin : «Si la nation n'hésite pas à accepter une charge financière très lourde pour vous instruire et vous entraîner à la mer, malgré un contexte budgétaire rigoureux, vous pouvez sans risque d'erreur, en déduire que la Marine se trouve en pleine période de renouveau et est appelée à jouer un rôle de premier plan dans la Défense nationale». De la Marine, de sa vocation de grand service public et de ses traditions, il est ensuite question. Tout est passé au crible...
»
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EXTRAITS
«Ite missa est... Un Bâtiment de Projection de Commandement (BPC) va succède à la «bonne vieille Jeanne», du fait de capacités opérationnelles adaptées aux évolutions géostratégiques, laissant entrevoir une multiplication des interventions rapides à l'étranger. Les atouts indiscutables du BPC, couplés aux retours d'expériences des récentes missions opérationnelles menées avec succès par la Jeanne d'Arc (Beryx en 2005, Thalathine en 2008)  «malgré l'âge de ses artères» (selon l'un de ses récents commandants) ont incité décideurs politiques et militaires de haut rang à choisir la solution la plus viable : celle du BPC.  Conçu aux normes civiles, le BPC est un navire qui offre une meilleure maîtrise de coûts d'exploitation ainsi qu'un équipage relativement faible : 160 marins contre 600 sur la « Jeanne d'Arc ». Autre facteur décisif, sa meilleure «rentabilité» à la mer, soit une disponibilité de 210 jours de mer par an (voire 350 en cas de besoin) quand la Jeanne, à bout de «potentiel» (disent les marins) approchent péniblement les 150 jours. Bâtiment doté de capacités aériennes conséquentes, naviguant six mois par an, le Bâtiment de Projection de Commandement dispose également d'un hôpital embarqué moderne et adapté pour les opérations humanitaires. Ses hangars permettent un stockage important de vivres, de matériels et de véhicules. 2010 constitue ainsi «l'année de bascule» dans un nouveau processus de formation plus cohérent avec celui des autres écoles navales européennes. Les midships (en troisième année) effectueront ainsi leur sixième semestre dit de «césure» sur un bâtiment très moderne aux capacités interarmées ind
éniables : le BPC, accompagné d'une frégate. Quant à au porte-hélicoptères Jeanne, il va effectuer, à compter de décembre prochain, son ultime campagne d'application avec les midships de quatrième année de la promotion 2006 de l'Ecole navale. En maintenant l'appellation « groupe école Jeanne d'Arc » - quelque soit les navires choisis pour la formation des officiers de Marine - l'esprit insufflé depuis cinq décennies par le porte-hélicoptères Jeanne d'Arc va ainsi perdurer. L'empreinte Jeanne est décidément indélébile...»

Textes Stéphane DUGAST
Porfolio de Christophe GERAL


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Couv_JeanneDArc BD.jpgTextes et clichés extraits du Beau-Livre
LA JEANNE D'ARC, porte-hélicoptères R97

(E/P/A – Les éditions du Chêne)
Photographies de Christophe Géral
Enquête de Stéphane Dugast

+ d'infos sur www.lajeannelelivre.fr

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