L'ESPRIT FUSS 2|2 (25.01.2010)

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Un père et trois fils, tour à tour commandos, fusiliers et marins. Le destin singulier des Fuss. Une famille lorraine au cœur marin. Après le père et le fils aîné « bidel », c'est autour de tous les fils...

PORTRAIT FUSS 7 W.jpgEn guise de préambule, une piqûre de rappel sémantique. Dans la marine de guerre, le «bidel» désigne un homme à poigne, écouté et respecté pour sa grande expérience. C'est un officier marinier (NDLR : sous-officier) de spécialité fusilier, occupant les fonctions de capitaine d'armes.

Il est alors temps de présenter la famille Fuss avec d'abord Nicolas le père, Michel, Alain et Jean-Marc, les trois fils. «Par ordre d'apparition ! » plaisante Michel, lui aussi «bidel» mais sur la frégate Aconit depuis 2007. Auparavant, Michel Fuss a été capitaine d'armes sur une autre frégate furtive. «Le La Fayette, la frégate qui parraine la préparation militaire marine de Metz. Un vrai clin d'œil familial !».

Le regard de celui devenu capitaine d'armes en 2002 s'éclaire de nouveau à l'évocation de son affectation précédente : «La frégate de surveillance Nivôse. Ma première affectation comme bidel». Auparavant, son parcours militaire a été dense. «Comme son père», serait-on tenter de dire.

Intégration à l'école des fusiliers pour le brevet élémentaire en 1985. Certifié commando, Michel Fuss rejoint ensuite le commando Jaubert jusqu'en 1991. Passage dans la foulée à la compagnie des fusiliers marins de Toulon où il obtient son cours de plongeur de bord. Affectation ensuite à la Flottille Amphibie - la Flophib - alors en pleine création.

Brevet supérieur de fusiliers marins en poche en 1996, il goûte alors aux affectations embarquées. D'abord sur la Frégate Lance-Missiles (FLM) Duquesne. «Celle avec la grosse boule dans sa mâture» plaisante le «Bidel» de l'Aconit, avant de préciser doctement « qu'il s'agissait du radar tridimensionnel DRBI-23, abrité par un spectaculaire dôme en fibre de verre de 11,25 mètres de diamètre le préservant des fumées, embruns et vent, constituant le principal moyen de détection du navire».

C'est sur le Duquesne que le fusilier «Fuss junior» prend goût à la vie embarquée. Désigné comme instructeur au Centre d'Instruction Navale de Saint Mandrier en 1999, il surmonte sa déception et fait tout pour permuter. «J'ai réussi après 2 mois !». Affectation à bord du Bâtiment de Commandement et de Ravitaillement (BCR) Marne comme adjoint au capitaine d'armes.

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MICHEL, ALAIN & CO

Le fils deviendra ensuite lui aussi «bidel». « En 2002 sur le Nivôse ». La boucle est bouclée pour le maître principal (NDLR : grade de sous-officier) Fuss, pressé de raconter le destin de ses cadets. A commencer par celui d'Alain. Aujourd'hui premier maître (NDLR : grade de sous-officier)  et responsable du bureau sport de la base navale de Toulon.

Alain intègrera l'école des fusiliers marins en 1987. Béret vert en poche, il sera affecté au commando Jaubert. «On y sera ensemble quelques mois» concède le frère attendri. A l'issue du son Brevet d'Aptitudes Techniques (BAT) en 1989, Alain rejoint le commando Trepel jusqu'en 1992 avant d'intégrer la compagnie des fusiliers marins de Lorient. Changement de cap en 1993.

« Alain passe son monitorat de sport à Fontainebleau ». Les affectations deviennent alors variées. L'école des Fourriers dans la Manche. Une campagne de deux ans en Nouvelle-Calédonie avant une affectation à la base aéronavale de Nîmes Garons en 1998 et le Brevet Supérieur (BS) de fusilier en 1999.

Moniteur de sport sur l'île du Levant, Alain Fuss part ensuite en campagne pour une affectation embarquée en 2002 sur le bâtiment-ravitailleur Var. « Sa première affectation embarquée. On fera d'ailleurs ensemble plusieurs escales communes car moi j'étais sur la frégate Nivôse» s'amuse le grand frère.

Depuis, le cadet a été affecté au bureau sport de Lorient avant de rejoindre en 2006 le bâtiment-ravitailleur  Somme. Même profil de carrière dense pour le petit dernier. Comme ses frères, Jean-Marc intègre l'école des fusiliers marins. «Lui, c'est en 1993». Stage commando dans la foulée. «Et remise du béret vert par le paternel. Un moment fort et intense» souligne Michel comme recueilli.

Jean-Marc rejoindra le commando de Penfentenyo. BAT en 1996 et brevet supérieur en 1998. «Il sort major de promotion à chaque fois» précise admiratif le grand frère. Retour ensuite pour Jean-Marc dans les forces.

D'abord au commando Jaubert pendant un an avant d'être muté au commando de Montfort. Court intermède dans la capitale en 2004 au centre Marine de la Pépinière à Paris. Trois ans plus tard, Jean-Marc revient dans le milieu commandos en devenant maître de cours et instructeur pour les élèves officiers fusiliers commandos. L'esprit Fuss en somme...

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LES FILS (SPIRITUELS) FUSS

Le passé défile devant les yeux du maître principal Michel quand ce dernier s'enthousiasme de nouveau : «Il y a les Fuss mais également des fils « adoptifs...» Sébastien C. s'est engagé en 1993. Mohamed M. en 1996.

Tous les deux sont premier-maître. Tous les deux sont également « bérets verts » (NDLR : certification commando marine). Ils ont été «couvés» par «Fuss père» lors de leur passage à la préparation militaire marine de Metz. « Comme ils habitaient à l'époque dans le quartier où résidait la famille, mon père les a vite pris sous son aile ».

Quant à Michel et Alain, les deux frères aînés, ils n'ont jamais hésité, durant leurs permissions, à faire découvrir aux jeunes l'entraînement lié à la spécialité de fusiliers comme la topographie les parcours, les marches, la natation et le footing. «Sébastien et Mohamed vont vite accrocher et s'accrocher...». Actuellement Sébastien est affecté à l'école des fusiliers comme instructeur au stage commandos. Mohamed est quant à lui au commando Trepel. «Ils n'ont jamais quitté le milieu commando depuis leur engagement» annonce fièrement le 'cipal de l'Aconit avant d'engager la discussion sur une nouvelle recrue.

Encore un émule Fuss ? «Une Fuss. Marina. C'est ma fille, elle veut s'engager ! Son dossier est en cours. Secrétaire ? Sitel (NDLR : Système d'Information et de Télécommunications) ? Elle tergiverse encore».

Le père est fier mais prudent. «Mais c'est elle qui fera son choix» concède Michel Fuss. Après Nicolas puis Michel, Alain, Jean-Marc, Mohamed et Sébastien, Marina a donc poussé les portes d'un centre d'information et de recrutement.

«Le même que pour nous tous. Le centre de recrutement de Metz !», lance Michel Fuss enchanté avant de conclure dans un large sourire  :  «La Marine ? C'est notre deuxième famille !»...       (FIN)

Stéphane DUGAST

Photographies / © Marine nationale

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CB2922.jpgPRESSE GUEULES DE MARINS
L'ESPRIT FUSS
Episode 2|2

Reportage extrait du COLS BLEUS N°2922, l'hebdomadaire de la Marine nationale.

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