BOUQUET FINAL (09.06.2010)

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A l'occasion de son retour définitif à Brest, son port base, marins et terriens n'ont pas manqué de fêter la «vieille Dame».

1171 031.JPGTonnerre de Brest ! Jeudi 27 mai 2010, 13 heures 20. Vingt-et-un coups de canon, tirés depuis le porte-hélicoptères R97, résonnent dans la rade de Brest. Retour en grande pompe du bateau-école de la Marine dans la cité du Ponant.

Quai Malbert la foule se presse autour des barrières de sécurité ceinturant le futur point d'accostage. Les terriens aiment la Jeanne !

Impatients, le chanteur Pierre Perret et les enfants de l'association Louis Carlessimo guettent l'arrivée de leur «bateau gris fétiche» dixit son président Honoré Carlessimo à l'enthousiasme contagieux : «La Jeanne et notre association, c'est une longue histoire d'amour. Voilà plus de douze ans que la Jeanne et ses marins redonnent de l'espoir aux enfants malades. A notre tour, nous avons voulu lui donner, tout lui donner... Nous avons voulu des adieux joyeux. D'où la présence de l'un de nos parrains, de trois clowns et d'une délégation d'enfants».

Même ferveur sur les quais environnants noirs de monde au fur et à mesure que la Jeanne approche.  «Nous sommes là pour dire adieu à ce bateau mythique et à ses marins» témoigne une brestoise quinquagénaire qui souhaite rester anonyme devant la cohorte de journalistes.

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Un édito signé Jean Guisnel, publié dans un hors-série spécial du Télégramme de Brest dédié au porte-hélicoptères, a préalablement donné la mesure : «Aucun bâtiment de la Marine n'est banal. Mais Jeanne la Brestoise, fierté du grand port du Ponant, porte une charge affective encore plus considérable que les autres».

Durant ce week-end de festivités organisées conjointement par les autorités de la Marine et la mairie de Brest, l'attachement du public à la Jeanne a été constamment palpable.

«C'est plus qu'une page qui se tourne, c'est un livre qui se referme. Profitons de cet instant rare !»

1171 028.JPGChaque jour, dès potron-minet, une file ininterrompue de visiteurs va même serpenter les quais.

C'est par millier que les visiteurs venus du Finistère, de Bretagne, des terres ou des montagnes se pressent afin de pouvoir monter à bord d'un bateau gris devenu légendaire. Malgré parfois trois à quatre heures d'attente en moyenne, ils seront plus de 10 000 visiteurs à se rendre à bord de la Jeanne d'Arc.

Parmi tous ces visiteurs, une foule de passionés et de curieux ainsi que des anciens marins de la Jeanne «émus et fiers de rendre un ultime hommage» comme le confie, ému, Claude Idot «amoureux de sa Jeanne».

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A ses côtés, Francis Welche, un autre ancien - «un copain de chambrée de Nanard Giraudeau. Poste Kilo O10» - savoure : «C'est plus qu'une page qui se tourne, c'est un livre qui se referme. Profitons de cet instant rare !».

En cette fin mai, l'heure est donc à la célébration. La Jeanne d'Arc s'offre un ultime baroud devant un public conquis et friand d'anecdotes. Durant ces dernières heures à la mer, les temps forts ont été nombreux.

L'escale à Rouen, ponctuée d'une rencontre avec le trois-mâts barque Belem ou les 5 000 visites du bord, a marqué les esprits.

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La dernière nuit en mer reste également un moment chargé d'émotions comme le précisera a posteriori le commissaire en chef du bord Xavier Prache : «Contrairement aux idées reçues, l'ambiance à bord était très sereine. Ca n'était pas de la nostalgie mais un profond recueillement. On a chacun ressenti énormément d'émotions que l'on a pas voulu forcément partager. On voulait profiter de ces ultimes moments pour voir les étoiles sur le pont d'envol ou pour écouter les machines sous nos pieds». 

Deux jours avant cet ultime accostage, les machines ont d'ailleurs ronronné. Et la Jeanne filée grand train. A près de 30 nœuds au large du Cotentin. Un ultime tour de force qui a fait la fierté du pacha et de son équipage.

«Une véritable cure de jouvence» selon les mécaniciens plus promptes qu'à l'accoutumée pour rendre hommage à leur bateau.

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Jeudi 27 mai, 15 heures à Brest, manœuvres accostage de la Jeanne d'Arc. Le capitaine de vaisseau Patrick Augier va devoir se résoudre à prononcer le fatidique «Terminés barre et machines !» devant une forêt de caméras et d'objectifs. 15 heures 15. Silence de cathédrale en passerelle avant la phrase couperet et une longue allocution du commandant diffusée dans tout le bord. 

Massée sur les quais, la foule des terriens gronde. Les retrouvailles sont imminentes. «Jeanne la brestoise» brillera de mille feux tout au long de cette «escale» organisée en son honneur. A Brest (même), la «vieille Dame» sera  étincelante jusque dans son dernier souffle. Adieu Jeanne, merci la Jeanne !

Stéphane DUGAST
Clichés © Christophe GERAL

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