DOCTEUR ÈS AVENTURE #3 (13.06.2012)

Écrivain, cinéaste et philosophe, Patrice Franceschi vient de publier Avant la dernière ligne droite*, du bel ouvrage conçu comme ses mémoires intermédiaires. Rencontre avec le capitaine du trois-mâts La Boudeuse et l'auteur de moult aventures sur terre, sur mer et dans les airs depuis plus de trois décennies. Troisième extrait d'un portrait dédié à un «Docteur ès aventures».

LIRE L'EPISODE #2 Habilement, l'ex président de la société des explorateurs français mais également cinéaste (une vingtaine de documentaires à son actif) glisse une anecdote avec la Royale lors de sa première expédition à bord de la jonque La Boudeuse. «La Marine m'a filé un sacré coup de main près de Djibouti !».

L'aventurier à la silhouette longiligne, la peau tannée et à l'ancre de marine tatouée sur le biceps gauche sait flatter. «Trop !» selon ses détracteurs. Dans le monde de l'aventure, les rivalités sont exacerbées. 

Rapidement, la discussion glisse sur sonexpédition à la rencontre des peuples de l'eau. À bord de sa nouvelle Boudeuse, il y aura des ethnologues, des anthropologues mais également des jeunes du monde entier choisis avec la bénédiction de l'Unesco.

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«Il ne s'agit pas de partir étudier ces populations d'un point de vue purement scientifique mais en s'intéressant aux comportements humains qui nous rapprochent malgré des connaissances et des niveaux technologiques différents». Une circumnavigation en quête de sens et jalonnés d'escales de rêves (Polynésie, Nouvelle-Guinée, Birmanie...).

En somme, une aventure maritime rêvée. Mais en ce moment, Les soucis s'accumulent pour le «chef du projet». Les retards aussi (NDLR : portrait réalisé en 2002).

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Son trois-mâts est  au chantier dans le port finistérien de Camaret. «Je dois adapter mon bateau aux normes et aux certifications françaises draconiennes». Les obstacles sont aussi financiers. «Il m'a fallu accumuler de la crédibilité pour convaincre les télévisions, les médias et les banquiers». D'interminables négociations et des sollicitations médiatiques nombreuses. 

Alors, le marin-aventurier court et enchaîne les rendez-vous pour que la Boudeuse lève enfin l'ancre. Que l'encre coule. Qu'on tourne des images de ses rencontres et de cette odyssée pour partager ces histoires. «Je ne ferai pas des documentaires, mais douze films d'aventures vécues».

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Cette odyssée autour du monde à la rencontre des «peuples de l'eau» réalisée, Patrice Franceschi est reparti en 2007 pour une nouvelle expédition longue durée, l'esprit d'aventure chevillé au corps et au cœur. Fort cette fois d'une «lettre de mission» remise par lz ministre de l'Ecologie et du développement durable d'alors, Jean-Louis Borloo, et de ses secrétaires d'Etat,  Dominique Bussereau et Nathalie Kosciusko-Morizet.

Comme un écho à travers les siècles de celle que reçu en son temps Louis-Antoine de Bougainville pour lancer sa frégate La Boudeuse autour du monde de 1766 à 1769. Bougainville était alors le premier des navigateurs à emmener avec lui des «savants» et, de ce fait, le premier à s'aventurer sur les mers pour des raisons scientifiques et non pas simplement pour des objectifs commerciaux, politiques, économiques, militaires ou diplomatiques.

 

«Tout un symbole !», concluait à l’époque le capitaine Franceschi dans un large sourire. Depuis, sa « Boudeuse » a pointé le bout de son étrave sur les océans du globe malgré des financements de plus en plus difficiles à obtenir.

Ainsi, Patrice Franceschi trace sa voie, fort de la devise d’un illustre marin-explorateur Ernest Shakleton (1874-1922) : « Jamais ne baisse pavillon ». (FIN)

Stéphane DUGAST
Photographies © La Boudeuse / Patrice Franceschi

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* : Avant la dernière ligne droite de Patrice Franceschi. 552 pages – 22,00 € (Arthaud)
 

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