JEAN GAUMY #3 : UN CLICHE, UNE HISTOIRE (16.08.2012)

Photographe pour la prestigieuse agence Magnum depuis 1977, Jean Gaumy bourlingue et photographie le monde depuis plus de quatre décennies. Photographe de renom (devenu peintre de la Marine depuis 2008), le normand d'adoption se raconte chaque mois pendant un an sur le blog Embarquements. Troisième cliché et troisième point de vue commenté par un « pêcheur d’images » insatiable.

 

3-PAR13122_Comp.jpg© Jean GAUMY / Magnum Photos

« Nouvelle immersion. Nouveaux chocs. Cette fois dans l’univers pénitentiaire. Un reportage inédit décroché au culot. Encore reporter pour l’agence Gamma, j’ai apostrophé en public à propos des prisons  Jean Lecanuet, le maire de Rouen, que je connaissais un peu.

Valery Giscard d’Estaing venait d’être élu Président, Lecanuet avait été nommé Ministre de la Justice. Il m’a alors reçu Place Vendôme pour que je lui explique mon projet. J’ai réussi à le convaincre et à devenir le premier photojournaliste français admis pour de longues périodes dans les prisons françaises.  

Sur place, il a vite fallu que j’oublie les idées toutes faîtes concernant cet univers. L’image des prisons, c’était alors en partie celles d’Hollywood. Des herses d’acier. Des détenus enchainés peinant au milieu de champ de coton… 

Il a fallu que je remette bien à plat la réalité pour prendre mes marques et commencer à photographier. Me fier bien plus à mes intuitions qu’à mes idées toutes faites.

Il a fallu vite me positionner. Eviter les pièges. N’être ni trop proche des surveillant, ni trop proche des détenus. Tenir une distance sur le long terme Tout pouvait très vite déraper. C’est un univers dévorant et crevant psychologiquement. J’étais seul face à des centaines de mecs.  Une parole qui dérape, un projectile qui vole, un coup qui part…

Ce cliché, il a été réalisé dans la prison de l’île de Ré. C’est l’été. Une période dure durant laquelle les détenus ressentent encore plus l’enfermement. Séance de sport. Un vrai défouloir pour les gars. J’ai du lever le boîtier deux fois, pas plus...

Cette photo est révélatrice du style d’image que j’aime bien faire. Le cadre est improvisé à la fraction de seconde, en fonction de l’action et des lignes de force  »
 

> LIRE LA CHRONIQUE #2 

RDV LE 16 SEPTEMBRE PROCHAIN

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