EMBARQUEMENTS

(LIRE L’ÉPISODE PRÉCÉDENT) « Le ciel était limpide, la nouvelle lune cachée gardait à la nuit une belle obscurité. Tout était propice à partir en chasse aux aurores boréales.

Emmitouflée dans ma grosse parka, le visage protégé des morsures du froid par la capuche bordée de fourrure de carcajou, je descendis sur le petit lac voisin. Prudemment j'avançais jusqu'à me trouver à l'abri des lumières de la ville derrière une petite île boisée.

Le froid était bien vif mais bientôt une longue traînée laiteuse s'élança d'un côté à l'autre du ciel en lançant par moment des éclairs d'un vert électrique. J'attendais, confiante, que l'aurore se mit à danser. Plongée dans mes contemplations, je ne sentis pas tout de suite sa présence.

Une petite silhouette me dépassa en trottinant, que je pris tout d'abord pour un jeune chiot égaré. Il insista, s'éloigna, revint, gambadant autour de moi en restant prudemment hors de ma portée.

Oreilles dressées, les yeux brillant dans l'obscurité, il sautait sur place en bonds joyeux, silencieux, léger, enfouissant parfois son museau dans la neige.  L'aurore, comme vexée d'avoir été délaissée, se mit alors à danser en longues vagues drapant le ciel étoilé d'un voilage diaphane.

Il resta près de moi, attentif, à contempler lui aussi l'aurore qui n'en finissait pas de danser. Et puis je l'ai reconnu. Sans aucun doute, le renard du Petit Prince était venu s'égarer ici dans le grand nord glacé.

Ne dirait-on pas un conte pour enfants sages ? Pourtant, c'est bien ce qui m'est arrivée dans la vraie vie, la nuit dernière » (LIRE LA SUITE)

Dominique, à Yellowknife