EMBARQUEMENTS

Pendant ses séjours aux confins de l'Inde et du Pakistan, Caroline Riegel va faire une étonnante découverte dans le village de Tungri (au Zanskar) : sa nonnerie. Elle y reviendra plusieurs fois, elle apprendra la langue et surtout elle va se lier d'amitié avec ces nonnes âgées de 27 à 80 ans au point de les emmener visiter leur propre pays : l'Inde.

Parce que Caroline a tout organisé, financé, imaginé, coordonné et qu'elle a du surtout tout chaperonner ces amies nonnes, tout en tenant la caméra, son film documentaire raconte « au naturel » leur odyssée.

Un véritable voyage initiatique de nonnes (de rite tibétain) lancées sur les routes de l'Inde, elles qui n’avaient pour la plupart jamais quitté leurs montagnes . Et c'est là toute la force du propos de ce film qui raconte plus qu'une aventure.

Entraînées grâce à leur amie réalisatrice à la découverte d'un pays (le leur), dont elles ignoraient quasiment tout, les nonnes bouddhistes se révèlent être de véritables «semeuses de joie».

Cette joie fait justement la sève de cette incroyable épopée filmée à hauteur de femmes sans artifices, ni grues, ni drones, ni travelling. La prouesse de Caroline Riegel consistant à ce que les nonnes soient naturelles devant la caméra, quitte à jouer avec. Autant de spontanéité et de naturel ravit le public de chaque festival automnal dans lequel est projeté ce documentaire.

«L'instinct de vie contre l'instinct de mort, le rire contre les larmes, le bonheur et la compassion contre la haine et le malheur: samedi à La Rochelle, les "Semeuses de joie" de la voyageuse-réalisatrice Caroline Riegel ont crevé l'écran de la 12ème édition du festival du film d'aventure», s'est enthousiasmé Patrick Filleux, grand reporter à l'AFP et grand suiveur de cette aventure, en visionnant ce 52 minutes diffusé début 2016 sur France 5.

Quant à la résonance si singulière de ce documentaire, elle fait écho en quelque sorte à la quête de bien être de nos concitoyens suite aux attentats terroristes qui viennent d'endeuiller Paris et plus généralement la France.

«Il y a tout dans ce film : le choc des cultures et confrontation des plus anciennes traditions bouddhistes à la modernité. C'est un hymne à la vie, au partage, au respect de l'autre, et à ces valeurs ancestrales inscrites dans les mantras psalmodiées par ces nonnes tout droit sorties d'un autre temps» (Patrick Filleux/AFP)

Depuis cette odyssée et ce film, Carolinerevient chaque année passer du temps en compagnie de ses amies nonnes. Elle a créée l’association Thigspa qui signifie «goutte d’eau». Elle participe également aux projets de l’association «Rencontres au bout du monde» qui développe des projets communautaires au Zanskar.

Grâce à Caroline Riegel et aux nonnes de Tungri, la générosité devient contagieuse. «C'est plus qu'un film ou une énième aventure, c'est notre vie que nous pouvons enfin raconter !» rétorque les intéressées. Un pur moment de bonheur. Précieux, très précieux par les temps qui courent !

Stéphane DUGAST
Photographies © Caroline Riegel / Olivier Adam

> À LIRE
Les 3 récits de Caroline Riegel

• Eclats de cristal en forêt gabonaise : récit de voyage. Phébus, 2011
• Soifs d’Orient, Du Baïkal au Bengale I. Phébus, 2008**
• Méandres d’Asie, Du Baïkal au Bengale II. Phébus, 2008

> À ECOUTER
Pour (ré)écouter l'émission l'émission du jeudi 21 août 2014 « Le temps d'un bivouac » animée par Daniel Fievet et diffusée sur France Inter, rendez-vous ICI.

 > EN SAVOIR +
Sur le site web de Caroline Riegel