Lancé en 2007, le blog Embarquements cesse momentanément ses parutions.
LE «VIEUX PIRATE»
Voyageurs, artistes, commerçants, trafiquants... La Corne de l'Afrique a attiré bon nombre de passants. Des écrivains-aventuriers comme Joseph Kessel ou des aventuriers devenus écrivains comme Henry de Monfreid. Sa vie trépidante et des rencontres opportunes le feront devenir un homme de lettres.
L'image est trouble. Trafiquant d'armes, de haschich et de perles. Opiomane. «Vieux pirate» selon l'écrivain-nomade Joseph Kessel. «Chef adoré de son équipage mais mari et père très peu attentionné» dixit l'académicien Jean-François Deniau.
Abd el Haï pour les habitants d'Abyssinie. «Marginal converti à l'islam mais aussi patriote qui essaiera de donner Cheikh-Saïd à la France» selon toujours l'écrivain académicien.
«Un personnage à mille coudées au-dessus de l'image du pirate qu'il avait lui-même accréditée» pour Daniel Grandclément, journaliste et biographe de L'incroyable Henry de Monfreid.
Écrivain-pirate à l'autre bout du monde, Henry de Monfreid l'a été tardivement. Enfance et adolescence dans le sud de la France. Échec à Centrale. Dizaine de petits métiers : vendeur, planteur, chauffeur, entrepreneur...
Vie plutôt rangée avec femme et un enfant de sa compagne. À 32 ans, il largue les amarres. Direction l'Abyssinie. D'abord négociant en café et en cuirs, le natif de la Franqui va vite se lasser. L'appel du large ? Du gain ? Le goût de l'aventure ? Henry décide de vivre sur un boutre.
La mer Rouge n'aura plus de secrets pour lui. L'intégration est totale. Changement de nom. Conversion à l'Islam. D'incessantes croisières avec de drôles de cargaisons à la barbe des Anglais.
La prison à Djibouti suite à un dénonciation pour trafic d'armes. Des missions d'espionnage. Henry mène la vie d'aventurier. Une rencontre va façonner le mythe. Celle avec Joseph Kessel qui enquête sur le trafic d'esclaves en mer Rouge. L'écrivain-reporter à succès pousse l'aventurier à publier ses écrits. Succès immédiat avec Les secrets de la mer rouge.
Suivront 73 livres, traduits en plus de 12 langues dont le Russe et le Chinois. À la différence des conteurs, tout ou presque est vécu par Henry de Monfreid. Ce que lui reprocheront certains. En parallèle à cette carrière d'écrivain-aventurier, Henry a également photographié et peint ses impressions colorées de la Corne de l'Afrique. Bien plus qu'un simple passant...
Stéphane DUGAST
LES PASSANTS DE LA CORNE
Episode 3|3
Reportage paru dans COLS BLEUS, l'hebdomadaire de la Marine nationale depuis 1945.