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  • À GRANDES FOULÉES

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    Champion olympique du marathon de Melbourne en 1956, Alain Mimoun a écrit l’une des plus belles pages du sport olympique français. Sa carrière, comme sa vie, ont également été riches en rebondissements…

    «Mort du champion olympique : Alain Mimoun». Le titre a fait la une de la presse le week-end dernier. Des images en noir et blanc ont défilé devant mes yeux. Celles d’athlètes, sans lycra moulant, ni lunettes high-tech sur le nez, «gueules ouvertes» courant à en perdre haleine.

    D’Alain Mimoun, je ne sais finalement que peu de choses, si ce n’est son titre en Australie ou sa rivalité avec le tchécoslovaque Emil Zatopek. Une autre légende du marathon. Je mène alors l’enquête.

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    Ses premières compétitions, le champion français les a disputées en 1941 en Algérie alors qu'il sert dans le 19ème régiment du génie. Il gagne la métropole en 1946.

    Lors des jeux Olympiques de Londres 1948, il obtient la médaille d'argent sur 10 000 mètres, derrière l'intouchable Emil Zatopek. Quatre ans plus tard, à l'occasion des Jeux d'Helsinki, il obtient une seconde médaille d'argent sur 10 000 mètres, encore derrière Zatopek.

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    La consécration viendra aux jeux olympiques de Melbourne de 1956. En Australie, il dispute l’épreuve du marathon, une première. Malgré une chaleur caniculaire (36 degrés celsius), Alain Mimoun va réussir à s’extraire du peloton, en compagnie de cinq adversaires. A la mi-course, son rival, Emil Zatopek, est décroché.

    Forçant l’allure au trentième kilomètre, Alain Mimoun se porte seul en tête et s'imposera en 2h25 minutes. Le voilà devenu champion olympique. Quant à Emil Zatopek, il finira cette épreuve sixième, ce qui ne l’empêchera pas de féliciter chaleureusement Alain Mimoun.

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    Mon enquête conclue, je décortique les photographies sépia d’époque quand mon ami Georges Fleury, ancien commando et écrivain, se manifeste.

    Lui, le bourlingueur a bien connu le coureur : «La dernière fois que j'ai parlé à Alain Mimoun, alors que je lui proposais de peut-être écrire sa biographie, il m'a répondu: "M'sieur Fleury, je vous connais, mais j'ai toujours dit qu'il n'y aurait pas de livre sur Mimoun". Après un silence, il a ajouté : "Mais vous savez, il ne faut jamais dire fontaine je ne boirai pas de ton eau ... " Hélas! Il est parti et j'en pleure!».MIMOUN 3.jpg

    Inconsolable, l’ami Georges va alors me livrer une anecdote qui en dit long sur le destin d’Alain Mimoun : «Blessé à Monte-Cassino, au moment où un infirmier allait le diriger vers un groupe des soldats à amputer en priorité, un officier qui le connaissait a crié : "Pas lui! C'est un bon coureur !". Confié à une ambulance américaine, il s'en est bien tiré... A quoi tient le destin ! Je l'admirais tellement qu'alors que j'étais encore cadet, on trichait sur mon âge afin que je puisse courir avec les seniors, j'imitais ses gestes de bras et ses courtes foulées... C'est un homme vrai qui nous a quittés! Il était tout de fierté bâti, c'était un patriote comme on n'en fait plus. Même le FLN n'a jamais osé lui reprocher quoi que ce soit durant la guerre d'Algérie. C'est tout dire…»

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    L’hommage est appuyé, et surtout sincère. Un «grand monsieur» du sport vient de nous quitter. Puissent sa modestie et sa foulée nous guider…

    Stéphane DUGAST
    (avec la complicité de Georges Fleury)