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L'ETONNANT VOYAGEUR

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Un volcan, des fumées, des contrariétés pour un timbre spécial Jeanne néanmoins tamponné à date. Revue de détails de cette singulière histoire...

JEANNE 10 CB Bailhache 2 w.jpgLe contretemps est fâcheux. «C'est même totalement rageant !» tempête Alain Bailhache, bloqué à terre. La faute aux éruptions intempestives du volcan situé près du glacier Eyjafjallajokull en Islande.

«Je me suis même rendu à deux reprises à Roissy. En vain. Je n'ai jamais pu avoir mon vol» se justifie le peintre de la Marine. Les fumées du volcan islandais ayant paralysé les vols longs courriers en Europe du Nord, l'artiste septuagénaire n'a donc pas pu se rendre à Saint Pierre et Miquelon.

«Quel dommage ! Je ne pourrai pas y signer le timbre-hommage» soupire l'artiste d'origine creusoise. A l'occasion du mouillage du porte-hélicoptères R97 les 22 et 23 avril derniers dans l'archipel français de l'Amérique du Nord, Alain Bailhache devait ainsi y signer un timbre hors programme, édité par des philatélistes locaux, reproduisant l'un de ses dessins sur le motif dédié à la Jeanne.

«J'aime ce bateau. Son profil, son élégance,  ses lignes architecturales et sa multitude de détails» confesse le «Maître» féru de ces «détails que je ne comprends pas toujours en dessinant. J' y sens cependant la main de ceux qui les ont imaginés et fabriqués».

Concernant son œuvre, autant ses détails que son graphisme ou son style étonnent et détonnent. «Tout est finesse et solidité mais également poésie» énoncent d'ailleurs doctement les critiques d'Art avant de souligner la magie des couleurs consécutive à un séjour longue durée en Iran. «Douze ans exactement» précise d'emblée l'intéressé.

C'est en 1967 que l'architecte d'intérieur de formation part enseigner à Téhéran comme professeur à l'école des Arts décoratifs. Cessation de ses activités à la chute du Shah en 1979 après plus d'une décennie de «réjouissances artistiques éclectiques et enrichissantes».

Des travaux cartésiens consacrés à l'architecture et des productions plus poétiques dédiées principalement à l'illustration de livres pour enfants «En visitant là-bas caravansérails et mosquées, j'ai également éduqué mon œil à ce souci constant du détail».

«C'est grâce à un copain d'armée !»

JEANNE 10 CB Bailhache 3 w.jpgRetour «brutal» en France. Le persan de cœur s'établit entre Paris et la Bretagne, la terre natale de sa femme. «A Dinard précisément».

S'ensuivent des productions imprégnées de cultures orientales, d'autres dédiés au littoral breton. 1987, une rencontre inopinée avec Serge Marko, sur les rivages malouins va bousculer le destin d'Alain Bailhache.

A la vue de ses oeuvres bigarrées, verdict sans appel du peintre de la Marine chevronné : «J'emmène vos toiles tout de suite au salon de la Marine». Le jury les sélectionnera régulièrement jusqu'à sa nomination définitive en 1997 comme peintre officiel de la Marine.

Signant dorénavant ses œuvres avec une ancre, le natif de Guéret se donne alors du temps - «une denrée savamment cultivée par les Orientaux» - afin de croquer ses envies tout en conciliant ses influences orientales et occidentales. Le virtuose des perspectives peint également la mer et les «bateaux gris». «Au gré des rencontres et des propositions d'embarquement».

Quant au récent timbre édité en l'honneur de la «vieille Dame», l'acte était loin d'être prémédité. «C'est grâce à un copain d'armée !» s'enthousiasme le peintre. Un demi-siècle plus tard, les ex-soldats Bailhache et Oliveiro de la Condition d'Action Psychologique (CDP) numéro 4 renouent grâce à l'Internet.

Philatéliste invétéré, Jean-Jacques Oliveiro propose à son «frère d'armes» d'éditer un timbre. «Il a tout géré. Il a fait lui-même la maquette !» précise l'artiste qui autorise la reproduction de l'une de ses œuvres dédiée au bateau-école de la Marine depuis 1964.

«C'est la Jeanne à quai. A Brest ou pendant l'armada de Rouen, je ne me souviens plus très bien...». Ce dessin estampillé Brest sera astucieusement fondu avec un cliché de Saint-Pierre et Miquelon vue depuis la mer. Imprimé en «offset et taille-douce» à Périgueux, le timbre est prêt pour un tamponnage à date in situ.

Un rendez-vous manqué par son concepteur bloqué à Paris. «Dommage» soupire le «Maître». La prochaine disparition de la Jeanne le chagrine également : «Une merveille va s'en aller. C'est tout un monde des bateaux gris qui s'évanouit. J'espère que l'on saura conserver une trace de ce monument du patrimoine naval. Il y avait à bord de la poésie ».

Et cette multitude de détails si chers à Alain Bailhache, l'étonnant artiste-voyageur flânant éternellement entre Orient et Occident...

Stéphane DUGAST

Image d'ouverture : © Eyegate

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