Lancé en 2007, le blog Embarquements cesse momentanément ses parutions.
L’ÉPOPÉE DU CRABE 5|5
Un film au titre étrange : Le Crabe-Tambour. Un long-métrage signé Pierre Schoendoerffer, racontant une histoire non moins étrange de malentendu né d'une parole donnée et non tenue. Chronique sur ce long-métrage sorti en 1977 et devenu un chef-d'œuvre dans son genre.
Inspiré de la vie du lieutenant de vaisseau Pierre Guillaume, le «Crabe-Tambour» fait référence au surnom de cet officier toujours accompagné dans le film d'un chat noir.
Pourquoi ce sobriquet ? Pierre Schoendorffer s’en expliquera : «J’ai dédié mon roman à mon fils cadet, Ludovic, parce qu’enfant, il avait un petit ventre rond sur lequel il tambourinait, et comme il marchait à quatre pattes et de travers, je l’appelais le crabe. D’où le Crabe-Tambour…».
Un souvenir très personnel qui souligne à point nommé les libertés qu’a pris le romancier puis réalisateur avec le «vrai» destin de Pierre Guillaume. «C’était un de ces capitaines légendaires ! Donc on a fait connaissance, et l’on s’est pris de sympathie. Quand j’ai commencé à écrire mon livre : Le Crabe-Tambour, je me suis dit qu’il y avait dans son histoire quelque chose qui m’intéressait. Ce n’est pas sa vie, ce n’est pas la mienne. C’est autre chose… C’est mon histoire telle que je l’ai rêvée».
À CŒUR OUVERT
Construit autour du dialogue entre un pacha (Jean Rochefort) et le médecin de bord (Claude Rich), le film alterne les séquences de mers et les flash-back narrant les tribulations de Willsdorff, dit le «Crabe-tambour» (Jacques Perrin), un ancien de la Royale devenu capitaine d’un chalutier.
À cette narration croisée se mêlent des séquences de vie embarquée, des plans oniriques du Jauréguiberry dans le gros temps et des séquences poétiques comme l’inoubliable tirade du chef mécanicien (Jacques Dufilho) racontant un recteur fou en pays Bigouden ou bien encore la scène au bar la Morue joyeuse durant laquelle un vieux marin refait la bataille de l’Atlantique avec des verres sur le comptoir de l’établissement tandis qu’un téléviseur diffuse des images de la guerre du Vietnam.
Les anecdotes à la guerre en Indochine sont nombreuses et ne sont pas sans rappeler l’univers d’un autre film du même genre presque contemporain : Apocalypse Now, le chef-d’œuvre de Francis Ford Coppola, librement adapté du roman Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad.
Quant à l’influence de ce dernier, considéré comme l’un des auteurs de romans d'aventures du vingtième siècle les plus réputés avec Robert Louis Stevenson, elle est manifeste non seulement dans Le Crabe-tambour mais également dans toute l’œuvre de Pierre Schoendorffer.
Là-haut, un roi au-dessus des nuages, L’honneur d’un capitaine, L'Adieu au roi… Autant de romans ou de films à (re)lire et (re)voir tant ils font partie intégrantes de l’ADN de tout marin en quête perpétuelle de nouveaux horizons (FIN)
Stéphane DUGAST
Photographies © archives Marine nationale / Fonds Patrick Chauvel
› FICHE TECHNIQUE
Le Crabe-tambour de Pierre Schoendoerffer.
Avec Jean Rochefort, Jacques Perrin, Claude Rich, Jacques Dufilho & Aurore Clément.
Sortie en salle le 9 novembre 1977.
César du meilleur acteur 78 : Jean Rochefort.
César du meilleur acteur dans un second rôle 78 : Jacques Dufilho.
César de la meilleure photographie 78 : Raoul Coutard.
Commentaires
Merci de nous avoir tenu en haleine durant cinq épisodes Stéphane, j'ai découvert là un film que je ne connaissais pas. Le détailler sous des angles différents (et si précis) donne vraiment envie d'entrer dans la Salle d'Art et d'essais la plus proche ! (et puis Rochefort, Rich et Dufihlo et Perrin quand même !)
Merci de nous avoir tenu en haleine durant cinq épisodes Stéphane, j'ai découvert là un film que je ne connaissais pas. Le détailler sous des angles différents (et si précis) donne vraiment envie d'entrer dans la Salle d'Art et d'essais la plus proche ! (et puis Rochefort, Rich et Dufihlo et Perrin quand même !)
Merci de nous avoir tenu en haleine durant cinq épisodes Stéphane, j'ai découvert là un film que je ne connaissais pas. Le détailler sous des angles différents (et si précis) donne vraiment envie d'entrer dans la Salle d'Art et d'essais la plus proche ! (et puis Rochefort, Rich et Dufihlo et Perrin quand même !)