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LA POLÉMIQUE COUSTEAU

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Soixante ans après la sortie du long-métrage Le Monde du silence, le romancier et cinéaste Gérard Mordillat juge le film du commandant Cousteau comme l'œuvre d'«une bande d'abrutis satisfaits». Provocation gratuite ? Critique fondée ? La polémique a enflé ces dernières semaines sur la Toile.

› LE FILM EN QUESTION  Le Monde du silence, c’est un film documentaire coréalisé par le commandant Cousteau et Louis Malle. Palme d'or à Cannes en 1956 et Oscar du meilleur film documentaire l'année suivante aux Etats-Unis, ce film a marqué une génération et ouvert les yeux du grand public à un monde inconnu : les océans et les fonds marins.

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› LES FAITS Lors l’émission du 11 juin de Là-bas si j'y suis, Gérard Mordillat raconte sa soirée DVD, à la fois atterré par l'atrocité de certaines scènes et amusé par l'imbécilité des membres de l'expédition. Dans sa chronique parue sur Telerama.fr, Romain Capelle est formel quant à la critique de Gérard Mordillat : «Sa chronique, filmée et entrecoupée d'extraits du film met le doigt où ça fait mal».

Pour se faire une idée des propos de Gérard Mordillat, la vidéo «Le Monde du silence, un film naïvement dégueulasse» est à voir ICI.

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› LES COMMENTAIRES

Glanés ici et la sur la Toile, un florilège de commentaires :

Richard B.
«Quand on arrêtera de vouloir juger les techniques du passé sous le prisme des connaissances du présent...»

Marc S.
«Cousteau a eu sa carrière parsemée d’histoires comme celles-ci. Mises en scènes sordides pour la soi-disant beauté des images. Quant à l'aspect scientifique de la chose, en 1950 l'atome c'était aussi bon pour la santé. Flagrante manipulation via les médias de l'époque, nos enfants porteront aussi le même regard critique sur le traitement de l'actualité d'aujourd'hui»

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Damien A.
«Certes c'était il y a 60 ans mais cela n'excuse pas l’atrocité consciente avec lesquels ces actes barbares ont été commis. Même à l’époque on pouvait respecter l’environnement. Quant a ceux qui se cachent derrière la science, il faudra qu'on m'explique en quoi tuer un requin a la hache, empêcher une tortue de respirer ou déchiqueter un bébé cachalot avec une hélice a un but scientifique»

Benoit I.
«Tellement facile de tirer des enseignements et d'habiller pour l'hiver les précurseurs. Ils faisaient du mieux qu'ils le pouvaient et avec une volonté de bien faire. Pour m'être un peu penché sur les premières expéditions des Expéditions Polaires Françaises (EPF) en baie de Quervain à partir de 1948, les polaires ne se posaient pas beaucoup de questions avec les tirs d'explosifs et le jeté/utilisé. Sommes nous parfaits aujourd'hui à Concordia? Et que penser des voyages d'Arthus Bertrand au bout du monde ?  Peut être nos enfants dans 50 ans nous considérerons comme des sauvages vis à vis de dame nature»

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Julien G
«Le cachalot ca n'avait rien de volontaire. Il faut arrêter un peu. Il y a 60 ans comparez avec ce qui se faisait... On faisait péter des bombes nucléaire pour voir comment ca faisait... »


› CE QU’EN DISENT LES ANCIENS DE LA CALYPSO

Réalisateur d’un prochain biopic sur  Cousteau (en cours de tournage), Jérome Salle a transmis une réponse sur Twitter, celle des anciens de la Calypso au "jeune" Gérard Mordillat.

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› CE QU’EN DIT LE BLOG EMBARQUEMENTS

Tempora, o mores. Considérons d'abord le coréalisateur du film Le monde du silence, comme l’un des pionniers de l'océanographie moderne et de la médiatisation des océans. Il est vrai que Cousteau et ses équipes n’ont pas du être des "saints" mais au moins nous ont-ils ont éveillé à Dame Nature et à ses merveilles.

Avant toute chose, ce long-métrage a été tourné au début des «Trente Glorieuses».  Il ne faut certes pas glorifier les productions de Cousteau et consorts mais les critiquer implique d’évoquer des faits en les replaçant dans leur époque. Le mérite de Mordillat – il  y en a un – est cependant de mettre en lumière les coulisses peu reluisantes du tournage du film Le monde du silence.

Quoiqu’il en soit, cette polémique à propos Cousteau offre de nombreuses analogies à un travail que j'ai mené depuis 3 ans et demi avec la complicité de Daphné Victor. Je viens, en effet, d’achever la biographie écrite de l’explorateur Paul-Emile Victor (1907-1995). Lors des premières missions au Groenland des Expéditions Polaires Françaises (EPF) (qu'il a créées en 1947), Victor et ses compagnons usaient de méthodes (elles aussi) peu orthodoxes pour explorer  grand désert de glaces : l'inlandsis. C'est à coup de dynamite que lui et ses hommes se frayaient un passage avec leurs véhicules chenillés afin d'atteindre l'inlandsis à quelques 3500 mètres d'altitude ! Etaient-ils dès lors des irresponsables ?  Oui aujourd'hui, non à l’époque des faits.(Stéphane DUGAST)

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L’organisation d’expéditions polaires mécanisées (et polluantes) pendant 4 décennies n’empêche  pas Paul-Emile Victor de s’intéresser, dès la fin des années 1960, à la défense de la Nature (que l’on n’appelait pas encore «écologie »). PEV (son surnom) en fera d’ailleurs l’un de ses combats, prêchant alors parfois en propre contradiction avec ses expéditions passées. Considérer ainsi Paul-Emile Victor comme un explorateur pollueur devenu  écologiste par opportunisme est dès lors caricatural et réducteur. Une nouvelle fois, il faut replacer ces expéditions polaires dans leur époque. Quant à cette polémique autour de l'homme au bonnet rouge, elle mérite une enquête plus approfondie, des débats et un film d'enquête tant l'héritage Cousteau prête à contreverses.

Stéphane DUGAST

Commentaires

  • C'est facile de critiquer ce qui s'est fait il y a soixante ans alors qu'à l'époque tout était à inventer dans le domaine du "Monde du silence". Cousteau ne se considérait pas comme un écologiste et nous étions dans l'immédiat après guerre, une guerre qui n'avait pas fait dans la dentelle et encore moins dans l'écologie.
    L'évolution est intéressante dans ce domaine alors que je me souviens de mes premières armes écolo avec les "amis de la terre" de René Dumont en 1973, puis ma galère avec des verts qui sont toujours incapables de parler d'une seule voix et de suivre une ligne claire... Facile de parler d'hier avec la connaissance d'aujourd'hui mais regarder objectivement la réalité c'est reconnaitre que nous sommes bien en peine de trouver une alternative rapide au nucléaire et que l'enregistrement d'une émission de télévision avec Gérard Mordillat suppose aussi de l'énergie polluante, loin de l'écologie... je crois que parfois les mots servent à se faire valoir et que créer du "buzz" est une manière d'exister.

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