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LE VOYAGE AU GROENLAND : WHAT'S THE PHOQUE !

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What's the Phoque ! Pourquoi faut-il courir voir le dernier long métrage Le Voyage au Groenland signé de Sébastien Betbeder et actuellement au cinéma ? Chronique rythmée et réponses signées Dominique Simonneau.

L'HISTOIRE C'est l'histoire de Thomas et Thomas, deux trentenaires parisiens amis et comédiens, pas tout à fait sortis de l'adulescence. Ils s'envolent pour Kullorsuaq, l’un des villages les plus reculés du Groenland où vit Nathan, le père de l’un d’eux. Au sein de la petite communauté inuit, ils découvriront les joies des traditions locales et éprouveront leur amitié.

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Pour le regard plein d'humanité que le réalisateur porte aussi bien sur les deux Thomas que sur les habitants de ce village isolé du nord Groenland. Parce que la fiction donne à voir la réalité du quotidien de ce village avec bien plus de justesse que nombre de films documentaires clichés et déformants.

Parce que de tout ce blanc qui inonde l'écran sous les lumières de l'arctique, c'est bien l'humain qui ressort et nous touche profondément. Parce qu'on ne se lasse pas des fantastiques images d'icebergs «tankés dans la banquise. Parce qu'on rit, beaucoup, des situations à la limite de l'absurde provoquées par la candeur des deux Thomas confrontés à un monde si radicalement différent de leur quotidien.

Selon Nicolas Dubreuil, guide polaire qui réside dans ce village de Kullorsuaq et initiateur du projet, Le Voyage au Groenland se hisse au niveau de réalisme du très célèbre Nanouk of the North de Robert Flaherty, réalisé en 1922 et considéré comme le tout premier film documentaire.

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LES DESSOUS D'UN TOURNAGE

L'acteur Thomas Blanchard avoue : «ce ne fut pas un voyage gastronomique», et François Chattot qualifie le tournage d' «aventure de cinéma, avec les moyens du bord». Le ton est donné !

Tourner un long métrage sur la banquise dans un village isolé de chasseurs d'ours n'était pas sans obstacle. Le principal souci était la logistique.

Pour rejoindre Kullorsuaq, il faut cinq jours de voyage, enchaîner quatre avions et un hélicoptère. Comme cela arrive bien souvent en arctique, une partie du fret n'est jamais arrivée, et c'est ainsi que la totalité des prises de vue s'est faite en lumière naturelle faute de projecteurs ! Heureusement la qualité des lumières de l'arctique est légendaire.

Le choix de la saison - le mois d'avril - n'est pas innocent. A cette période de l'année, la banquise est solide, le jour est permanent et les températures un peu plus acceptables.

Les températures à Kulluorsuaq avoisinaient malgré tout les moins 35 degrés. Le matériel avait dû été testé, avec le chef opérateur, dans le super congélateur d'une célèbre marque de produits surgelés.

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Sur place, il n'a y a bien entendu pas d'hôtel et pendant les cinq semaines du tournage l'équipe a été logée chez l'habitant. Où il n'y a ni eau courante, ni tout-à-l'égout.

Il fallait aussi gérer la barrière de la langue. Les 450 habitants de Kulluorsuaq parlent peu l'anglais et le dialecte inuit de cette région est une variante du kalaallisut, langue de l'ouest groenlandais.

Pour toutes ces raisons, et aussi par volonté du réalisateur, le tournage s'est fait avec une petite équipe de 12 personnes, ce qui a grandement facilité l'acceptation du projet par le village.

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UN VOYAGE AU CŒUR DE L'AMITIÉ

Le Voyage au Groenland est aussi un questionnement sur la persistance de l’amitié et sa fragilité, sur les retrouvailles entre un père et un fils éloignés et pourtant si proches.

Le duo des deux Thomas oscille entre comédie et gravité. Emblématique de ce ton mi-léger mi-grave, la scène frôlant l'absurde où les deux Thomas anxieux d'établir une connexion internet, comparent le nombre de phoques tués et le nombre d’heures travaillées qu’il doivent comptabiliser pour garder leur statut d'intermittent.

L'amitié des deux Thomas et la relation retrouvée entre le fils et son père ne pouvaient renaître que dans ce territoire vierge.

LORSQUE LA FICTION CONVOQUE LE CINÉMA DU RÉEL

Le trait de génie du réalisateur est d'avoir fait un film «avec» les groenlandais et non pas «sur» les groenlandais. Une subtile mise en scène, qui convoque avec humanisme le réel au sein même de la fiction.

Acteurs français et acteurs groenlandais semblent tous jouer leur propre vie. Le ton est donné dès les premiers plans, lorsque les deux héros qui survolent le Groenland se demandent ce qu'ils "foutent là". Sébastien Betbeder a su comprendre la capacité des groenlandais à «lire l'humain aussi bien qu'ils savent lire leur environnement», ce qui donne lieu à quelques scènes mémorables à la limite d'une improvisation contenue dans un scénario très écrit.

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ET LES CHASSEURS GROENLANDAIS DANS TOUT ÇA ?

Kullorsuaq est l’un des derniers villages de chasseurs du Groenland, l’un des plus extrêmes. Il est approvisionné en nourriture par bateau deux fois par an seulement. Le reste du temps les provisions sont acheminées depuis la ville d’Upernavik, par hélicoptère.

Les habitants pêchent le narval, chassent le phoque et l’ours. Ils ne survivent que grâce à ça. On assiste dans le film à la chasse au phoque et au retour d'une chasse à l'ours. Le réalisateur réussi l'exploit d'intégrer dans le scénario fictionnel les chasses réelles et quotidiennes des habitants… ce qui lui permet d'ajouter au générique, information à laquelle il tient, la mention «aucun animal n'a été blessé ou tué pour les besoins du film».

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UNE TRILOGIE GROENLANDAISE

Le réalisateur signe avec Le Voyage au Groenland le dernier volet de sa trilogie groenlandaise. Avec le moyen métrage Inupiluk (qui signifie «les gangsters» en langue inuit), Sébastien Betbeder nous avait déjà dévoilé son attachement pour cette petite communauté perdue au nord de la côte Ouest du Groenland.

Un drôle de film qui met en scène un duo de trentenaires parisiens à qui incombe la tâche insolite d'accueillir en France deux Groenlandais. Ce court très remarqué avait reçu le prix du public au Festival de Clermont-Ferrand ainsi que le prix Jean Vigo.

Le Voyage au Groenland répond à l'invitation de Olé et Adam lorsqu'ils repartent de France. Le film que nous tournerons au Groenland, sorte d'ovni, est un trait d'union entre Inupiluk et Le Voyage au Groenland.

Dominique Simmoneau
Photographies UFO Distribution, Bobi Lux
 

ac6e2b33bce1cc223b2f387eddefc240.jpgLA FICHE TECHNIQUE

Réalisation et Scénario : Sébastien Betbeder
Chef opérateur : Sébastien Godefroy
Son : Roman Dymny
Montage : Céline Canard
Musique : Minizza (Franck Marguin, Geoffroy Montel)
Casting : Thomas Blanchard, Thomas Scimeca, François Chattot, Ole Eliassen, Adam Eskildsen
Financements : Ciné+, Région Aquitaine en partenariat avec le CNC
Coproduction : UFO Distribution, Bobi Lux

Commentaires

  • Courrez voir ce film. On y rit, et on pleure aussi un peu. Un choc des cultures rafraichissant. C'est magnifiquement beau et juste , et on en ressort confiant dans l'Humanité.

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