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marin - Page 5

  • MOTS SALÉS

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    Chroniques au long cours, c’est un ouvrage nous entrainant dans le sillage d’une marin et écrivain résolument engagée : Isabelle Autissier.

    Première femme à avoir bouclé un tour du monde en solitaire, Isabelle Autissier a d’abord parcouru les océans des années durant lors de compétitions à la voile, en solo comme en équipage.

    Navigatrice émérite, elle est ensuite devenue écrivain couchant avec talent sur le papier sa passion indéfectible pour les océans et la Nature, comme l’atteste ses ouvrages Kerguelen, Salut au grand Sud (écrit avec Erik Orsenna), Seule la mer s'en souviendra ou plus récemment L'Amant de Patagonie.

    Revenue sur terre avec « un peu de ces embruns, de ces douceurs ou colères océaniques, de ces territoires que l'on n'aborde que par la mer », la « passeuse de mots » nous raconte dans chacune de ces chroniques rédigées à l’origine pour la revue mensuelle Bateaux : le grand large, les bateaux et ces gens que les terriens appellent les marins.

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    > À LIRE
    Chroniques au long cours
    d’Isabelle Autissier. 257 pages - 19,90 € (Arthaud)

     

  • MÉMOIRE VIVE

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    Figure française de la seconde guerre mondiale et martyr de la résistance, Honoré d'Estienne d'Orves (1901-1941) a aussi été un jeune officier de Marine féru de mer et de voyages.

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    Mont Valérien, 29 août 1941, le capitaine de corvette d’Estienne d’Orves est fusillé par l’occupant allemand, avec 100 autres otages, à titre d’exemple et de représailles.

    Une semaine auparavant, le résistant Pierre Georges (le futur colonel Fabien) a abattu un officier de la Kriegsmarine en pleine rue à Paris. Dès le lendemain, les Allemands ont alors promulgué une ordonnance transformant tout prisonnier français en otage.

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    Quant à l’arrestation d’Honoré d'Estienne d'Orves, elle est survenue le 22 janvier 1941, suite à la trahison du quartier-maître radiotélégraphiste Marty avec qui l’officier de Marine s’étaitinstallé à Nantes dès décembre 1940. De son vrai nom Alfred Gaessler, Georges Marty est en fait un agent du contre-espionnage allemand.

    Auparavant, celui qui donnera son nom à la cour d'honneur de l'hôtel de l'état-major de la Marine a pu néanmoins organiser le réseau de renseignement dit « Nemrod » pour la Bretagne et établir la première liaison radio entre la France occupée et les Forces navales françaises libres (FNFL) à Londres.

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    C’est après un long périple autour de l'Afrique que le capitaine de corvette s’est présenté fin septembre 1940 au quartier général du général de Gaulle à Londres.

    Affecté à bord du croiseur Duquesne, en tant qu'officier d'ordonnance de l'amiral Godfroy, commandant la « Force X », le jeune officier n’a pas supporté l’inaction consécutive à l’armistice de 1940, bloquant son escadre au large d’Alexandrie.

    MERS & MARINE

    Issu d'une noble lignée, le comte Honoré d'Estienne d'Orves s'est engagé dans la Marine en 1921 après des études à l'École polytechnique. Elève officier à l'École navale, il participe en 1923 à la campagne d'application à bord du croiseur école Jeanne d'Arc. Un nouveau monde s’offre alors au jeune homme.

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    Moyen-Orient, la Chine, l’Afrique noire, Hawaï ou Hollywood. Partout, l’enseigne de vaisseau se passionne pour les pays dans lesquels il fait escale, multipliant les excursions, les rencontres et les frasques. Il est alors à l’âge des grandes questions et des grandes passions.

    Cousin d’Antoine de Saint-Exupéry qu'il encouragera d’ailleurs à publier son premier roman « Courrier Sud » et de Louise de Vilmorin, romancière et épouse d’André Malraux, le jeune officier va dès lors parcourir les mers du globe, à bord de nombreux bâtiments gris, dont le Jules Michelet, le Condorcet, le Bison, le Jaguar ou le Cyclone.

     

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    Port Saïd, Le Caire, Djibouti, Hong Kong, Shanghai… Jusqu’en 1933 et une affectation comme instructeur sur la Jeanne, il raconte ses voyages dans ses carnets, comme il était alors d’usage pour tout officier de Marine.

    Des carnets jusqu’alors restés secrets. Enfermés au fond d'une valise après sa mort par sa veuve, ce sont ses derniers descendants qui ont finalement accepté de publier ses écrits, des carnets de voyages présentés et annotés par Etienne de Montety, rédacteur en chef du Figaro littéraire et auteur d’une biographie d'Honoré d'Estienne d'Orves.

    Des journaux de bord donc inédits, ceux de l’une des figures de la Marine et de la France Libre. Une œuvre à découvrir... (SD)

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    > À LIRE « Je ne songe qu’à vivre - Carnets de voyage 1923-1933 » d’Honoré d'Estienne d’Orves. 316 pages – 21 € (Arthaud).

  • BREST MÊME !

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    20 ans tout rond ! Rendez-vous du 13 au 19 juillet prochain pour la vingtième édition des fêtes maritimes de la cité du Ponant astucieusement baptisées Les Tonnerres de Brest 2012.

    De l’aveu de ses organisateurs, cette manifestation maritime unique dans l’Hexagone va faire vibrer les quais, onduler la rade de cette cité océane, illuminée par les plus belles flottilles du patrimoine maritime mondial. Aux curieux visiteurs de juger in situ !

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    Pour les amoureux de monde polaire, je serai sur place le lundi 16 juillet prochain à l’espace des villages des cultures arctiques afin de présenter le film 52 minutes Dans les Pas de Paul-Emile Victor. Débat (fructueux à l’issu). Et reportage photo à suivre sur le blog Embarquements et sur mon facebook pour être en direct de Brest (même)…

  • ZERAQ COURONNÉ

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    « Zeraq », ce n’est ne plus seulement l’appellation d’un quart de nuit souvent interminable (celui entre "zéro" - minuit - et quatre heures du matin) mais c’est également le titre d’un ouvrage collectif récemment couronné prix Eric Tabarly 2012.

    Présidé par Patrick Poivre d’Arvor, homme multimédias et écrivain de Marine, le prix Eric Tabarly du meilleur livre de mer 2012 vient d’être attribué à  ZERAQ - la mer sur le vif, un ouvrage collectif paru aux Editions de l’Élocoquent.

    Une belle récompense pour l’éditrice Elise Dürr qui a réuni autour d’elle 16 écrivains, hommes et femmes, en provenance de toutes les marines et de tous les horizons.

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    « C’est un livre pour aimer les océans parfois tumultueux, les quarts de nuit poétiques, les îles rêvées, les navigations insolites, les embarquements impromptus, les escales exotiques, les nuits étoilées ou les rencontres furtives ! » affirme avec conviction  l'éditrice avant d’annoncer la parution de son prochain ouvrage collectif dédié cette fois aux passantes du bout du monde.

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    Parmi les signatures de ce nouvel ouvrage, des habitués (dont un Amiral inspiré). À noter également, l’élégante post-face signée Loïc Finaz, officier et écrivain de Marine.

    Les océans ouvrent les horizons et aiguisent visiblement les appétits littéraires.

    Photographies : © Ifremer - Marine marchande

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    ZERAQ.jpgÀ LIRE
    ZERAQ
    - La mer sur le vif (Collectif). Préface de Christian Buchet. Postface de Jean-François Tallec.  ISBN 978-2-86826-012-3 - 28 € (L’Élocoquent éditions)

    Plus d’infos sur le web à http://www.elocoquent.com

  • DES LONGUES TRAVERSÉES

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    Hommage à l'étonnant Monsieur Bernard Giraudeau (1947-2010), tour à tour marin, comédien, réalisateur et écrivain.

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  • SACRÉ KASPER !

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    Si tous les chemins mènent à Rome, ceux de Kasper l’ont incité à poser ses œuvres dans une église de la capitale en compagnie d’autres artistes de renom.

     

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  • LES MARINS DES TEMPÊTES

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    À force de voir tous les jours depuis leur bureau le remorqueur de haute mer L’Abeille Bourbon sur le quai d’en face, les journalistes de Bretagne Magazine ont voulu en savoir plus sur les sauveteurs en mer.

    Une idée lumineuse et un sujet phare devenu le dossier spécial du numéro 63 de la revue Bretagne magazine (janvier-février 2012).

    Dans ce numéro haut en couleurs, parole est ainsi donnée aux différents acteurs du sauvetage en mer.

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    Premier reportage, celui vécu in situ pendant 24 heures à bord des hélicoptères de la Marine. L’occasion de rappeler qu’en quarante années d'interventions, 2 150 personnes ont été sauvées par les marins de la flottille 32F.

    Autre récit musclé, tout en images : celui d’un sauvetage dans le golfe de Gascogne afin de récupérer un voilier en détresse. A son bord : cinq personnes, dont un enfant de 4 ans…

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    Les sauveteurs bénévoles de la Société Nationale de Sauvetage Maritime (SNSM) ne sont pas oubliés. Gros plans sur ceux basés à l'île de Sein dont on dit que la chaussée est la plus mal pavée d'Europe et les récifs plus nombreux qu’ailleurs.

    Dernier reportage (et non des moindres !), celui dédié donc au plus célèbre des remorqueurs de haute mer de l’Hexagone : L’Abeille Bourbon.

    Pleins feux donc sur les héros des mers !

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    > EN SAVOIR PLUS
    http://www.bretagnemagazine.com/


  • DANS SA NATURE

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    La vie, ce sont des rencontres parfois furtives. A l’occasion du vernissage d’une exposition organisée conjointement avec mon ami dessinateur Christian Cailleaux (et grâce à la complicité du photographe Christophe Géral), j’ai rencontré Hervé Chellé. Photographe notamment pour le quotidien La Montagne, c'est également un passionné de Nature…

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    CE QU’IL DIT DE LUI

    « L'été de mes seize ans après avoir travaillé pendant deux mois, je me suis acheté mon premier appareil photo. L'envie de figer les instants, les lumières, les paysages de l'Ardèche méridionale où j'ai grandi.

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    Ce n'est pas immédiatement que j'ai voulu faire de la photo mon métier. Mais la passion est devenue trop forte.

    Depuis 1992, je collabore avec l'agence Biosphoto (publications dans Sciences et Nature, Nouvel Obs, Wapiti, Sciences et Vie, Rustica...), j'ai travaillé avec des comités de tourisme (Haute-Savoie, Puy de Dôme). J’ai fait de multiples expositions et j'ai récemment exercé pour le quotidien La Montagne ce qui m'a permit d'élargir le choix des sujets à photographier.

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    La nature est ma principale inspiratrice. Un insecte, une fleur, un oiseau ou un beau paysage, les saisons, tout est motif à faire des images. Mais beaucoup d'autres sujets s'offrent à ma vue…»

    > Son site web
    http://www.photo-par-nature.fr/Accueil.html

     

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    > NOTRE EXPOSITION « JEANNE » COMMUNE

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    RDV à Clermont-Ferrand au conseil général du Puy-de-Dôme jusqu'au 21 novembre prochain. « Les Longues traversées » (Dessins & lithographies de Christian Cailleaux) et la « la Jeanne d’Arc » (Photographies de Christophe Géral & enquête de Stéphane Dugast). Exposition organisée dans le cadre du festival « Rendez-Vous Carnet de Voyage » (17-20 novembre)

    > Le site web du festival
    http://www.rendezvous-carnetdevoyage.com/

     

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    Photographies  © Hervé CHELLE
    Image © Christian CAILLEAUX

  • R97 SUR FRANCE INFO !

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    9h20 sur France Info. C'était l'heure de la revue de presse matinale dédiée au multimédia. Du webdocumentaire R97 La Jeanne, les journalistes parlaient. A écouter sans modération...

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  • PIERRE LOTI : ORIENT EXPRESS

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    Officier de Marine devenu célèbre, Pierre Loti est une personnalité aux mille et une facettes. Une exposition* rend hommage à l’un de ses savoir-faire méconnus. Une invitation à découvrir le destin d’un marin inclassable et souvent insaisissable. Une incitation au voyage et à la rêverie.

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  • PLACE DU TROCADERO

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    MUSEEMARINE charcot.jpgPompon rouge, j’ai découvert ce musée lors de mon service militaire dans la Marine en 1999. Un établissement installé en plein Paris, place du Trocadéro, à quelques encablures d’une « Dame en Fer » célèbre. Forcément, ça en imposait pour moi le provincial.

    D’emblée, ce musée m’a plu. J’ai toujours adoré y flâner. Et m'isoler dans ses recoins peu fréquentés. Les  lieux sont inspirants. Les toiles majestueuses, les maquettes de voiliers ou de cuirassés, minutieusement reconstituées. Quant aux expositions temporaires, elles sont à chaque fois étonnantes et savamment mises en scène. Place du Trocadéro, mon imaginaire s’enflamme. Je deviens un marin grand voyageur.

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    MUSEEMARINE France.jpgDepuis, j’ai visité d’autres musées marins. A Brest, à La Rochelle ou à Saint-Pétersbourg notamment. C’est au musée de la Marine de Paris que j’aime pourtant régulièrement revenir.

    Et dire que je n’ai pas encore vu l’exposition consacrée au paquebot « France ». L’appel vers la place du Trocadéro devient pressant…

    Stéphane DUGAST
    Photographies DR

    Le siteweb du musée : www.musee-marine.fr

    LE MUSEE EN VIDEO //

     

  • BLEUS À L’ÂME

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    Ancien chef du service « cinéma-showbusiness » de l’hebdomadaire Gala et rédacteur en chef du quotidien France Soir, Bertrand Tessier s’est construit une spécialité : celle de croquer, en mots ou en images, les grands du cinéma comme Jean-Paul Belmondo, Patrick Dewaere, Alain Delon et Romy Shneider. Cette fois, le journaliste, biographe et réalisateur de documentaires s’est penché sur le destin de Bernard Giraudeau. Un drôle de marin devenu comédien, réalisateur et écrivain à succès. « Un aventurier en quête d’horizons, un écrivain voyageur et un baroudeur romantique » de l’aveu même de son biographe.

      Propos recueillis par Stéphane DUGAST

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    BTESSIER art.jpg« Racontez-nous votre ouvrage « Bernard Giraudeau, le baroudeur romantique », s’agit-il d’une biographie au sens classique du terme ?

    - Bertrand Tessier : Il s’agit d’une biographie consécutive à une véritable enquête. Pour l’écrire, j’ai eu la chance exceptionnelle d’être aidée par ses proches : ses deux frères, sa sœur, ses deux enfants, sa compagne de longue date,  Annie Duperey, ainsi que par des compagnons de route comme d’anciens marins.

    Tous m’ont raconté Bernard Giraudeau lorsqu’il était enfant, adolescent, marin, acteur, réalisateur puis écrivain. Grâce à eux, j’ai pu recueillir des témoignages précieux, et même des documents inédits comme sa correspondance avec sa sœur quand il était jeune marin sur la Jeanne d’Arc.

    Tous ces éléments m’ont permis de mieux comprendre le personnage, ses traits de caractère, ses interrogations et sa construction. Mon enquête m’a ainsi mené à Paris, à La Rochelle et à Brest où j’ai rencontré cinq marins qui l’avaient connu pendant ses deux tours du monde sur la Jeanne.

    Ce livre raconte donc l’incroyable destin de Bernard Giraudeau, soit cinquante-cinq années d’un puzzle que l’intéressé rassemblera les dix dernières années de sa vie.

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    Comédien, réalisateur puis écrivain à succès, Bernard Giraudeau a été également un marin. En quoi cette expérience l’a t’elle façonné ?

    Pourquoi Bernard est-il devenu marin d’Etat ? C’est un mystère. Hormis son père militaire, il n’y avait dans sa famille a priori aucun lien évident avec la Marine de guerre. Certes, il y avait ce grand-père cap-hornier dont il nous a parlé dans différents récits.

    En enquêtant, je vais faire une découverte étonnante, celle d’un grand-père paternel marin d’Etat. Un aïeul sous marinier à une époque où l’on expérimentait le périscope, les ballasts ainsi que la double propulsion électrique et diesel.

    J’ai ainsi découvert non seulement l’existence d’Albert, sous-marinier entre 1902 et 1904, mais également celle d’une flotte sous-marine française florissante. Je ne savais alors pas que la France disposait de soixante-dix sous-marins pendant la guerre 1914-18.

    Quant à cet aïeul marin d’Etat et sous-marinier au temps des pionniers, Bernard Giraudeau n’en a jamais parlé. Je ne sais même pas s’il était au courant de son existence.

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    Jeune marin affecté sur la Jeanne, Bernard Giraudeau découvre les océans et le monde. Le voyage a été forcément initiatique ?

    La Jeanne, ça n’a pas été une partie de plaisir. Il l’a d’ailleurs relaté dans ses écrits. Si le bizutage a été habituel, un plus rude l’a marqué : une simulation de strangulation.

    Cette épreuve, il a fallu l’encaisser, ne pas moufter car lorsque l’on est un homme, un vrai, on ne moufte pas. Les marins ont du caractère à cette époque.

    Quant à Bernard Giraudeau, ses camarades le décrivent alors comme un jeune homme réservé. C’est sur la Jeanne qu’il va cependant faire  sa mû. Ses écrits et sa correspondance révèlent un jeune homme d’une maturité stupéfiante, disposant d’un regard surprenant sur son destin.

    Les germes du futur personnage sont déjà en lui. Les escales et les rencontres vont le rendre plus indépendant, plus rebelle.

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    Bernard Giraudeau quittera pourtant avec fracas la Marine. Quelles en sont les raisons ?

    Il simulera même la folie au point, je crois, d’être dépassé par les événements. Son affectation sur la frégate Dufresne après deux tours du monde va lui faire « péter les plombs » comme on dit.

    Cloué à terre puisque la frégate est au bassin, le jeune marin Giraudeau ne s’y fait pas. Son affectation sur le porte-avions Clemenceau n’y changera rien. Il va alors exploser et quitter la Marine. Le retour à la Rochelle sera douloureux. Autant vous dire qu’il ne sera pas accueilli chaudement après cette démission.

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    Comment va-t-il dès lors entamer sa reconstruction ?

    Son père va lui trouver un poste à l’usine Simca de la Rochelle. A ce sujet les imprécisions sont d’ailleurs nombreuses. Combien de temps est-il réellement resté ? Une chose est sûre, sa sœur me confiera qu’il n’y aura jamais de bulletin de paie à la fin du premier mois.

    Qu’a fait Bernard Giraudeau pendant ce temps ? Il a sûrement dû errer sur le port de la Palisse en rêvant à de nouveaux horizons. C’est pourtant une rencontre qui va le décider à s’engager pour une compagnie de théâtre plutôt que d’embarquer sur le premier grumier à destination de l’Afrique.

    Il intègre ainsi une compagnie de théâtre et devient machino. De fil en aiguilles, il va donner la réplique. La metteuse en scène décèle en lui de réelles aptitudes mais lui conseille de faire de la danse pour acquérir plus de souplesse. Il a encore sûrement en lui la démarche du marin chaloupant.

    Dans la danse, il va s’y engager avec une rage incroyable au point d’en faire cinq heures par jour. Toujours cette rage… Finalement, il choisira le théâtre avant ensuite de faire carrière dans le cinéma. Il deviendra cet acteur magnifique. Bernard Giraudeau, c’est alors ce jeune premier aux dents blanches et aux yeux bleus.

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    A l’apogée de sa carrière de star du cinéma, il va pourtant tout casser et vouloir répondre à ses envies. Figure du cinéma populaire, il renonce à la facilité pour se lancer dans sa propre voie à compter du long-métrage Les spécialiste (1985) de Patrice Leconte, un énorme succès populaire. Dans le registre du jeune premier, il étouffe.

    Si il n’est ni Depardieu, ni Dewaere, il est toutefois devenu ce qu’on appelle une star. Pourtant, Bernard Giraudeau va s’engager dans une voie plus risquée. Ce cinéma populaire ne le satisfait plus.  

    Il veut réaliser  ses propres projets et jouer des compositions plus audacieuses. Une nouvelle fois, il est d’une exigence folle et d’un jusqu’au-boutisme absolu.

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    Au point de se lancer dans la réalisation du long-métrage ambitieux « Les Caprices d’un fleuve » ?

    C’est effectivement un film emblématique. C’est celui qui lui ressemble le plus. De ce long-métrage, l’un des acteurs, Richard Bohringer, dira même que c’est « du Lawrence d’Arabie cramé par la passion du cinéma ».

    Durant le tournage, Bernard Giraudeau est  omniprésent : le premier lever, le dernier couché. On le surnommera d’ailleurs « Gyrophare » ou « Le Président » tant il veut tout faire et tout contrôler.

    Il est le réalisateur, le scénariste et le premier rôle. Il n’est alors pas rare de le voir la perruque de travers pendant les prises. Il est tellement enthousiaste qu’il va porter son film et tout Saint Louis du Sénégal où a lieu le tournage.

    Malgré un budget ricrac et un sujet délicat, un éloge à la différence, son film va faire un million d’entrées ce qui est loin d’être un échec commercial.

    Pourtant, c’est un échec aux yeux de Bernard Giraudeau. Ce n’est désormais plus dans le cinéma qu’il va s’accomplir…

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    Au point de devenir écrivain. Pourquoi s’adonne-t’il à l’écriture ?

    L’écriture a toujours été omniprésente dans sa vie. Il y a ses correspondances incroyables lorsqu’il est marin sur la Jeanne, puis toutes les autres. Il a toujours aimé fixer par écrit ses émotions, son vécu et les décors traversés.

    Dans les années 1990, il va entretenir une correspondance, où qu’il soit dans le monde, avec Roland un myopathe. Quand ce dernier décède, sa famille lui envoie ses lettres. C’est là qu’il constate qu’il y a matière à écrire un livre.

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    Fort de ces récits, il rencontre Anne-Marie Métaillé, éditrice de renom. Cette dernière d’abord sceptique va cependant prendre le temps de lire ses textes et être agréablement surprise par leur qualité littéraire.

    C’est même elle qui lui donnera de précieuses recommandations pour densifier son récit. Publié sous le titre Le marin à l'ancre, ce premier livre va finalement se vendre à plus de 40 000 exemplaires.

    C’est un véritable succès en libraire qui va donner confiance à Bernard Giraudeau, lui l’autodidacte seulement titulaire de diplômes techniques est devenu un écrivain.

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    Auteur à succès, devenu écrivain de Marine, Bernard Giraudeau va revenir sur la Jeanne, sa Jeanne. Racontez nous ses retrouvailles ?

    Imaginez vous l’ancien quartier-maître mécanicien, revenir quarante ans plus tard comme capitaine frégate littéraire. Il éprouvait une véritable fierté à porter cet uniforme d’écrivain de Marine.

    C’était une revanche et sûrement aussi une psychothérapie face à la maladie qu’il venait déjà d’affronter lors de son premier cancer du rein.

    La Jeanne a eu de réels pouvoirs cathartiques. Il revenait mettre ses pas là où sa vie d’homme avait démarré. La symbolique était forte… »

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    A LIRE // Bernard Giraudeau, le baroudeur romantique de Bertrand Tessier. Biographie. 298 pages – 19.95 € (Editions l’Archipel).

    Bernard Giraudeau en 8 dates

    Juin 1947
    Naissance à La Rochelle

    1963
    Entre à l’école des apprentis mécaniciens de la flotte

    1964-1966

    Marin sur le porte-hélicoptères R97 Jeanne d'Arc

    1970
    Premier prix de comédie classique et moderne au Conservatoire

    1973
    Premiers pas au cinéma dans Deux hommes dans la ville de José Giovanni

    1987
    Devient réalisateur tout en continuant d’être acteur.


    2000
    Ablation du rein gauche consécutif à un cancer

    Juillet 2010
    Décède à Paris

     
    Illustration  Christian Cailleaux / Photographies DR