Nom : Penot. Prénom : Christophe. Profession : Écrivain et éditeur d'art. Signes particuliers : vient de publier un ouvrage consacré à le porte-hélicoptères R97 Jeanne d'Arc. «Pour ceux qui l'aiment, et pour ne jamais l'oublier...» confesse sans ambages son auteur aux talents éclectiques...
«Embarquer sur le porte-hélicoptères R97 Jeanne d'Arc pour vous imprégner des lieux et de son équipage a-t-il été une condition sine qua non avant d'écrire «Adieu, Jeanne, adieu !» ?
- Christophe Penot : D'abord, il y a eu un travail préalable qui a consisté à enquêter sur la Jeanne d'Arc. J'ai fait connaissance avec le bateau dans les grandes lignes. De sa date de construction à tous ses commandants, ses principales campagnes autour du monde et ses missions phares. Avant d'embarquer, je savais donc où me diriger avec le sujet Jeanne.
Ensuite, c'est forcément l'imprévu qui a joué. Au delà des dates ou des commandants, il y a des hommes : les marins. J'ai essayé de me pencher sur la mémoire de ces marins en venant les écouter à bord. C'est lors de la précédente campagne, pendant un transit Brest-Tunis, que j'ai ainsi embarqué sur le porte-hélicoptères.
Premier constat in situ, la mémoire des hommes de la Jeanne » est assez semblable d'un individu à l'autre. En effet, tous les marins de la Jeanne racontent la même histoire. La Jeanne: c'est leur premier d'amour. Ce sont d'ailleurs les premières phrases de mon livre : «Elle a été leur premier amour. Elle, c'était la Jeanne ; eux, c'étaient des hommes...».
Fort de ces enseignements, j'ai voulu toucher une corde qui n'est ni imaginaire ni littéraire mais bien humaine. En écrivant ce livre, j'ai souhaité toucher tout simplement ceux qui aiment et qui connaissent la Jeanne. C'est un ouvrage rare et précieux pour un bateau mythique ! «Adieu, Jeanne, adieu !» est le livre de la mer, du vent et du cœur !
« Adieu Jeanne, adieu ! »
est le livre de la mer, du vent et du cœur !
Christophe Penot
- Comment avez-vous procédé pour écrire cet ouvrage proche de l'essai littéraire ?
- D'abord, en embarquant, j'ai pu compter sur l'accueil et la compréhension de Xavier Prache, commissaire en chef qui a compris d'emblée ce que je désirais écrire. Grâce à lui et aux officiers, j'ai eu le bonheur d'aller de coursives en coursives, de carré en carré, toujours parfaitement accueilli. Et jai aimé passé des heures avec les veilleurs, sur le pont, la nuit. Ainsi, ai-je pu appréhender et rencontrer les principaux personnages de la Jeanne.
Ce sont ces derniers qui ont constitué la trame à mon récit. Fort de cette approche, j'ai pu appréhender la Jeanne physiquement et plus intimement. Je n'ai eu qu'à écouter ces marins, tout en leur précisant au préalable que je n'étais entre guillemets qu'un écrivain du bord, présent avec eux pour un transit entre l'Atlantique et la Méditerranée. Pour les écouter, je n'avais avec moi qu'un carnet de notes et un crayon. J'ai noté tout ce qui me semblait intéressant en écoutant ces personnages clés. Il n'y a donc eu aucune interview. Je suis allé aux antipodes de ce que j'ai l'habitude d'écrire, car je suis d'ordinaire un adepte de livres d'entretien.
Pour la Jeanne, je souhaitais travailler sans magnétophone. C'est un choix délibéré pour que ce livre s'écrive sur un ton confidentiel. «Adieu Jeanne, adieu !», c'est un ouvrage que je ne dirais pas écrit mais chuchoté à l'oreille.
Une fois tous vos témoignages recueillis, comment avez-vous alors écrit votre récit ?
- A la manière d'un artisan, j'ai travaillé ma «matière première», soit mes témoignages, que j'ai mélangés à ma connaissance du sujet, pour ensuite coucher sur le papier mon ressenti. Il est vrai que fort de toutes mes notes et des impressions recueillies, j'aurais pu écrire un livre plus conséquent mais ça n'était pas l'objectif.
Je souhaitais réaliser délibérément un livre réduit en pagination. Un livre écrit sur le ton de la confidence, selon Sylvette et Jean-Jacques Messager, l'épouse et le président de l'association des anciens de la Jeanne d'Arc. «Adieu, Jeanne, adieu !» ressemble à une lettre d'amour. C'est de surcroît un livre à tirage confidentiel puisque nous n'avons tiré que 690 exemplaires. C'est également un ouvrage d'art car il a été tiré sur du papier haut de gamme. A l'heure des tirages grand public, cette fabrication artisanale et sa rareté en font à mon sens toute sa saveur et toute sa richesse...
Auteur d'un précédent Beau-Livre intitulé «Les chevaliers de la mer» consacré à l'école navale, vous semblez passionné par les océans et les marins, d'où vous vient cette attirance ?
- Ce «tropisme» s'explique d'abord par mon service militaire que j'ai effectué au sein de la Marine nationale. Malheureusement, je n'ai pas eu la chance d'embarquer sur la Jeanne. Il y a aussi la ville où je vis. Avec mon épouse et mes enfants, nous avons le bonheur de vivre à Saint-Malo. Nous avons cette chance de vivre au bord de la mer qui bat sous nos fenêtres. Vous savez, j'ai découvert la mer par capillarité. Désormais, je ne peux plus vivre une journée sans voir la mer. Je suis habité par le rythme marin. Sans compter mes nombreuses lectures marines...
C'est également a posteriori que je me rends compte que mes productions littéraires s'éloignent peu souvent de l'univers de la mer. J'ai réalisé un livre d'entretien intitulé «Chateaubriand aujourd'hui» avec les dix meilleurs spécialistes mondiaux. Vous savez que l'écrivain François René de Chateaubriand, véritable marin, était fasciné par la mer, qu'il appelait sa «vieille maîtresse»...
De la même façon, j'ai écrit des livres avec différents personnages, notamment sur le Tour de France cycliste. Là encore, il y a des points communs. Le Tour comme la Jeanne d'Arc sont de formidables ambassadeurs de notre pays. Le Tour de France est diffusé dans 186 pays à travers le monde. Il touche potentiellement 1,5 milliards de téléspectateurs. Même dimension pour la Jeanne qui est une formidable ambassadrice de la France et de sa culture à travers le monde. Qu'il s'agisse de littérature, de peinture et de gastronomie. Voilà pourquoi, lorsque j'écris sur le Tour de France ou sur la Jeanne, j'écris sur les mêmes registres : la francophonie, la culture française, la beauté de notre pays...
Après ce récent travail littéraire consacré à la Jeanne d'Arc, à quels nouveaux projets vous attelez-vous ?
- Grâce à nos deux maisons d'éditions - Cristel éditions et Cristel éditeur d'art exclusivement consacré aux domaines de l'art et de la peinture - le champ des possibles est large. Cependant, les sujets marins et Marine m'attirent irrésistiblement.
A la demande de Centre Instruction Naval de Brest, je prépare un nouveau livre pour 2010 qui sera traité de la même manière que l'ouvrage «Les Chevaliers de la mer». Il s'agira d'un livre d'entretiens dans lequel dix-huit merveilleux témoins raconteront l'école des Mousses, lieu emblématique de la Marine qui vient de rouvrir de nouveau ses portes, et qui a façonné tant de marins, tant de destins allais-je dire...»
Propos recueillis par Stéphane DUGAST
Photographie une de Yann LE NY / Marine nationale
Photographies de Julien CABON / Marine nationale
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SUR COMMANDE
Adieu, Jeanne, Adieu ! de Christophe Penot. 48 pages - 24X18 cm. Edition d'art sur papier Rives vergé ivoire. 29 €. 690 exemplaires exclusivement vendu par correspondance. Contact : Cristel éditeur d'Art. 7, avenue Jules Simon - 35400 Saint Malo ou sur le web à : www.editions-cristel.com
Reportage paru dans COLS BLEUS n°2926, l'hebdomadaire de la Marine nationale depuis 1945