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  • SINGAPOUR SELON CAILLEAUX

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    Auteur, dessinateur et grand voyageur, Christian Cailleaux raconte ses pérégrinations en Asie. Direction Singapour pour un reportage-BD à bientôt paraître dans la revue trimestrielle Long cours. En exclusivité sur le blog Embarquements, premières planches et bons mots du "camarade" Christian artiste au long cours.

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  • THEO LE MATELOT

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    R97, c'est le numéro d'immatriculation de la Jeanne d'Arc et le titre (partiel) d'un album de bande dessinée librement inspiré des romans d'un ancien mécano du porte-hélicoptères, surtout connu pour sa carrière dans le septième Art et plus récemment en tant qu'écrivain...

    008_R97.jpgPrintemps 2005. Le dessinateur Christian Cailleaux bouillonne d'idées. Les récits de Bernard Giraudeau, le captivent. «Je soupçonnais que nos voyages et nos envies pourraient trouver là un terrain d'entente. Il a d'ailleurs réalisé ce film que je trouve admirable : Les Caprices d'un Fleuve. Or, j'ai une affection toute particulière pour Saint-Louis du Sénégal. C'est là où j'ai écrit l'un de mes albums intitulés Le Troisième Thé ».

    Inspiré, le dessinateur envoie « sans complexe » ses albums au comédien, réalisateur et écrivain tout en lui proposant de se rencontrer. « Le tout sans projet préconçu». Réponse positive de l'intéressé.

    Les deux hommes se rencontreront lors d'un festival malouin consacré à la littérature de voyage. Rapides discussions et mises au point. L'ancien mécano de la Jeanne avoue cependant ne rien connaître à l'univers bédé. L'initiateur de cette aventure est néanmoins sûr du bien fondé de l'entreprise : «Bernard Giraudeau est un homme d'images et de mots. C'est un excellent réalisateur. Je n'avais donc aucune raison d'être inquiet...».

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    Les principes de la collaboration sont ainsi établis. L'écrivain de Marine conseille  au dessinateur de relire son ouvrage «Le Marin à l'ancre» et de lui indiquer ce qui déclenche des envies graphiques. Le sujet est vite trouvé : la Jeanne, ses « matafs », ses escales ou les tribulations romancées de l'ancien quartier-maître chef.

    La trame du récit est rapidement établie. Il s'agira d'une campagne d'application imaginaire de la «Jeanne» se déroulant à la fin des années 1960. Théo, jeune matelot embarqué, inspiré des récits de l'écrivain de Marine, en sera le héros. Elaboration et «tricotage» d'un voyage autour du monde à quatre mains.

     

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    L'esprit Jeanne ?

    Dès lors, entre voyages et projets respectifs, les compères avancent à leur rythme. De son côté, le dessinateur aborde les premières esquisses et réalise rapidement un crayonné complet à demi format.

    «Une façon de mieux aborder le rythme entre les navigations et les escales». L'écueil de tout ouvrage consacré à un marin embarqué est évité. Alors officier de presse dans la Marine, Valérie Fourrier, elle-même ancienne de la Jeanne, flaire la «bonne affaire» et propose aux des deux artistes un embarquement sur la Jeanne.
     

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    Enthousiaste, Christian Cailleaux embarque seul lors de l'appareillage de Brest. «Je voulais saisir les émotions et les regards des marins qui partent pour six mois». Premier transit donc à destination de New York, suivi d'un second embarquement entre Toulon et Brest.

    Lors de l'escale à Lisbonne Bernard Giraudeau monte à bord et rejoint son compagnon pour deux semaines en mer et en commun. «L'idéal pour achever le story-board» estime Christian. Sur la Jeanne, l'équipage est immédiatement enthousiaste. Le «pacha» aussi, au point de laisser ses salons à la disposition des deux passagers. Séances de travail dans les appartements du commandant avec vue sur mer.
     
    In situ, les avantages sont nombreux. Les deux auteurs 029_R97.jpgdisposent d'un équipage sous la main. Une rencontre s'avère décisive, celle avec l'officier de manœuvre. Le marin enthousiaste corrige les rares approximations. Il inspirera d'ailleurs un personnage du récit. Autre bonheur embarqué pour les deux compagnons, celui de pouvoir s'accorder «une pure bouffée d'oxygène» en passerelle ou sur les extérieurs.

    Cette collaboration sur la Jeanne leur permet finalement de réorganiser le canevas définitif de la bande dessinée. Les hommes en mer sont heureux. Retour à terre, le projet s'affine au gré des emplois du temps respectifs.

    Les cases sont dessinées sans intégrer aucun dialogue. Les textes pourront ainsi être ciselés jusqu'au dernier moment. Comme pour tous ses albums - «à l'exception du premier» - Christian Cailleaux réalise lui-même la couleur sur ordinateur. «Ça autorise toutes les audaces. Ça permet surtout un travail en aplat comme en sérigraphie sans effets de couleurs ou de dégradés».

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    Printemps 2008, l'album «R97, les hommes à terre» sort en librairie. Les «bédévores» adorent. Le grand public suit. A l'exception de quelques esprits trop pudibonds, les frasques de Théo, le jeune matelot embarqué sur la Jeanne, passionnent donc.

    Fort de ce succès d'estime, l'écrivain de Marine et le dessinateur chevronné envisagent de récidiver. «Sans la Jeanne, cette fois» jure Christian. Librement inspiré de l'une des nouvelles de Bernard Giraudeau, ce prochain album, intitulé «Les longues traversées»,  racontera les tribulations de Théo, une décennie plus tard «De la Jeanne, il en sera tout de même un peu question» concède finalement amusé Christian Cailleaux...

    Stéphane DUGAST

    Illustrations: © Christian CAILLEAUX / Casterman éditions - Photograohies © Christian CAILLEAUX & Yann LE NY