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SAVOYARD, TETE DE LARD !

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Ancien élève de l'école normale de musique, Jean-Marie Chourgnoz a été tour à tour musicien, créatif, directeur d’une agence de publicité puis photographe et plasticien. Un embarquement sur la Jeanne a changé sa vie…

Mars 1980, port de New York. Grand pavois sur le porte-hélicoptères R97. La Jeanne parade. Premier embarquement sur un bâtiment de guerre pour un photographe plutôt rompu aux croisières de luxe. «Sur le paquebot France, j’avais même une cabine réservée à l’année !». 

De la Marine militaire et de ses bateaux gris, Jean-Marie Chourgnoz ne connaît rien jusqu’à ce qu’un ami parisien lui présente un Amiral lors d’un dîner mondain. L’officier général convainc le photographe de partir à la rencontre d’une institution, alors plutôt hermétique aux objectifs des photographes civils.

Arrivée à New York City. Les matelots chargés de le ramener à bord se perdent sur le chemin du retour. Lui, le passager connaît la «Grosse Pomme» dans ses moindres recoins, il lui a même consacré un livre. Beau joueur, il les guide vers les quais de Manhattan où est amarré le navire français.

Arrêt devant l’imposante «dame en gris». Premier impair lors de la montée à bord. Le baroudeur emprunte sans le savoir la mauvaise coupée. «Celle du commandant !». Volée de «bois vert» du gradé de service qui prend ce passager, aux longs cheveux et à la barbe hirsute, pour un appelé du contingent.

«A l’époque, les traditions étaient vivaces. On ne badinait pas avec les grades…» se remémore le photographe qui vexé sur le moment songe même à quitter le bord. In extremis, l’artiste reste sur la Jeanne.

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Fulgurante acclimatation aux us et coutumes de la «maison». «Au milieu de ces 800 marins venant de tous les horizons, d’origines sociales, de formations ou de religions différentes, je me suis tout de suite senti à l’aise. Ce qui est incroyable, c’est que cet assemblage a priori hétéroclite donne un équipage cohérent et efficace».

Une passion pour l’univers marin se révèle. Pendant trois décennies, le photographe embarquera régulièrement aussi bien sur les bateaux gris que sur les sous-marins ensuite - des «formidables et énigmatiques vaisseaux noirs» - ou au côté des commandos dans le chaud désert djiboutien.

«C'est un cœur pur marin»

A la clef de chacun de ces reportages, des «beaux livres», autoproduits grâce à la société d’édition qu’il a lui-même créée. En point d’orgue à cette passion indéfectible, sa nomination comme peintre de la Marine en 1983.

«Un hommage à mon travail de photographe. Je ne peins pas mais je garde ce même souci du cadre et des couleurs». Depuis cette intronisation, trois grands noms de la photographie sont devenus également peintres de Marine : Philip Plisson, Yan Arthus-Bertrand et Jean Gaumy.

Quant à la Jeanne, elle est restée chère dans le cœur de Jean-Marie Chourgnoz, tant «la moisson photographique à la mesure des océans» a été conséquente. Trente ans de bourlingues océanes et une demi-douzaine d’embarquements longue durée sur le porte-hélicoptères vous forgent de solides convictions. «La Jeanne, c’est  un mélange intime de puissance et de grandeur, de tendresse, de cocasserie parfois, un monde particulier et complexe où les règles ne sont pas exactement ce qu’elles sont à terre ou ni même sur les autres bâtiments de la Marine».

De toutes ses productions artistiques, l’ouvrage sobrement intitulé La Jeanne - réalisé à partir de ses clichés pris durant deux campagnes (celles de 1987-88 et celle de 1988-89) restera son œuvre-phare et désormais une référence. «Ce livre sera un véritable sésame tout au long de ma carrière» confie l’artiste voyageur depuis sa dunette du quatorzième arrondissement de la capitale.

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Dans son atelier parisien, la Jeanne est d'ailleurs omniprésente. Des photos grand formats aux murs. Des clichés souvenirs comme celui évoquant la rencontre à Bora Bora de Paul-Emile Victor. «La Jeanne, c’est le bateau révélateur de mes passions marines» souffle le «Maître» dans un large sourire avant de se replonger dans ses créations.

Car, Jean-Marie «80 printemps tout rond» continue de créer des images. Dorénavant, par un savant jeu de découpage et de collage. N'évoquez pas le prochain retrait du service actif du porte-hélicoptères R97,  vous risqueriez de voir l’homme chaleureux s’enfermer dans un troublant mutisme.

«Savoyard, tête de lard !», jure-t-il comme pour mieux évacuer la question avant d’enchaîner sur son récent embarquement à bord du porte-avions Charles-de-Gaulle. «C’est un bateau incroyable avec un pacha en or». Nouveau pied de nez de Jean-Marie-le-facétieux. «Il est incorrigible», confient ses proches. L’artiste est devenu un vrai marin, pudique et sensible. «C’est un cœur pur marin» corrige un ami étoilé, compagnon de longue date…

Stéphane DUGAST

 

Extrait du Beau-Livre « La Jeanne d’Arc, porte-hélicoptères R97 » (E/P/A éditions)

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Photographies © Jean-Marie CHOURGNOZ / CF CHOVE / Yann LE NY

 

A LIRE
La Jeanne
de Jean-Marie Chourgnoz, peintre de la Marine. 315 pages - 53.40 €. (Ouest-France éditions). Disponible sur Internet et sur commande.

Commentaires

  • Impressionnant ce parcours ! Un sacré bonhomme.

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