Lancé en 2007, le blog Embarquements cesse momentanément ses parutions.
A BORD DU CHARLES-DE-GAULLE
Joyau de l’aéronavale française, le porte-avions « Charles de Gaulle » a appareillé dimanche 20 mars du port militaire de Toulon, avec 1 800 hommes et une vingtaine d’avions à son bord afin de faire cap sur la Libye, et ainsi participer aux opérations militaires « Aube de l’Odyssée ». Il y a une décennie, c’est sur le porte-avions de la Marine que j’effectuais mes grands débuts comme reporter. Extrait d’un récit sur mon premier embarquement à bord d’un « bateau gris ».
« Premiers pas hésitants sur le grand « Charles ». Premier embarquement cauchemardesque. Du porte-avions, je n’ai qu’entraperçu son potentiel opérationnel. Si je n’ai vu aucun avion de chasse sur son pont d’envol, j’ai appréhendé la complexité de son équipage. Près de 2 000 hommes et femmes.Marins novices ou chevronnés. Marins ultra spécialisés ou opérateurs anonymes. Marins d’origine bourgeoise ou plus modeste. Marins non qualifiés ou ingénieurs. « En fait, il y a plusieurs bateaux à l’intérieur du bateau » m’a lancé un marin au cours de mon enquête. Cet aphorisme résume la réalité de ce bâtiment de guerre.
Grand, complexe, déconcertant au départ mais rigoureusement organisé. J’ai aussi compris la notion d’équipage. A la naissance d’un bâtiment, l’esprit d’équipage doit se façonner. Chacun de ses membres doit apprendre à fonctionner. Si cet esprit de cohésion est palpable et mieux mesuré par les anciens, l’apprentissage se fait plus difficilement pour les plus jeunes.Pour moi, il a été rudement contrarié. Seul, livré à moi-même. Sans point de contact. Les portes des grands pontes du bateau me sont restées fermées. Je suis resté un parfait étranger. Je n’ai en poche que de rares confidences de marins pour écrire ce premier long reportage que j’intitulerai pompeusement : « Charles-de-Gaulle, il était une foi… ».
J’y relatais ainsi les premiers essais à la mer du porte-avions sur lequel j’embarquerai deux ans plus tard au large des côtes pakistanaises pendant les opérations Enduring freedom. Durant cet embarquement d'un mois, j’y découvrirai un bateau pleinement opérationnel. »
Stéphane DUGAST
Photos © MARINE NATIONALE
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