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LÀ-HAUT, AU-DESSUS DES NUAGES

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Pierre Schoendoerffer, 83 ans, vient de perdre sa dernière bataille. Lui le survivant de Diên Biên Phu, réputé pour avoir su raconter la guerre en littérature comme au cinéma, s’est éteint le mercredi 14 mars, des suites d'une opération à l'hôpital militaire de Percy à Clamart. Pour les marins et les férus d’aventure, son œuvre sera à jamais associé au roman et au film Le Crabe-Tambour, sorti en 1977 sur grand écran.


Inspiré de la vie du lieutenant de vaisseau Pierre Guillaume, le « Crabe-Tambour » fait référence au surnom de cet officier toujours accompagné dans le film d'un chat noir.

Pourquoi ce sobriquet ? Pierre Schoendorffer s’en expliquera : « J’ai dédié mon roman à mon fils cadet, Ludovic, parce qu’enfant, il avait un petit ventre rond sur lequel il tambourinait, et comme il marchait à quatre pattes et de travers, je l’appelais le crabe. D’où le choix du Crabe-Tambour ! ».

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Un souvenir très personnel qui souligne à point nommé les libertés qu’a pris le romancier (puis réalisateur) avec le « vrai » destin de Pierre Guillaume. 

« C’était un de ces capitaines légendaires ! Donc, on a fait connaissance, et l’on s’est pris de sympathie. Quand j’ai commencé à écrire mon livre Le Crabe-Tambour, je me suis dit qu’il y avait dans son histoire quelque chose qui m’intéressait. Ce n’est pas sa vie, ce n’est pas la mienne. C’est autre chose… C’est mon histoire telle que je l’ai rêvée » précisera, lors la sortie en salle du film, Pierre Schoendoerffer.

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Construit autour du dialogue entre un « pacha » (Jean Rochefort) et le médecin de bord (Claude Rich), le film alterne les séquences de mers et les flash-back narrant les tribulations de Willsdorff, dit le « Crabe-tambour » (Jacques Perrin), un ancien de la Royale devenu capitaine d’un chalutier.

A cette narration croisée se mêlent des séquences de vie embarquée, des plans oniriques de l'escorteur Jauréguiberry dans le gros temps et des séquences poétiques comme l’inoubliable tirade du chef mécanicien (Jacques Dufilho) racontant un recteur fou en pays bigouden.

La scène au bar la Morue joyeuse, durant laquelle un vieux marin refait la bataille de l’Atlantique avec des verres sur le comptoir de l’établissement tandis qu’un téléviseur diffuse des images de la guerre du Vietnam, reste également marquante.

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Les anecdotes à la guerre en Indochine sont nombreuses et ne sont pas sans rappeler l’univers d’un autre film du même genre presque contemporain : Apocalypse Now, le chef-d’œuvre de Francis Ford Coppola, librement adapté du roman Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad.

Conrad, Kipling, Melville, Stevenson ou Kessel, l’influence des écrivains-voyageurs et nomades est manifeste non seulement dans Le Crabe-tambour mais également dans toute l’œuvre de Pierre Schoendorffer qui n’aura également eu de cesse de s’interroger sur « l'inexplicable et court passage de l'Homme, sur la terre, aussi éphémère que la vie d'un papillon ».

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Là-haut, un roi au-dessus des nuages, L’honneur d’un capitaine, L'Adieu au roi… Autant de romans ou de films, à (re)lire et (re)voir, tant ils font partie intégrantes de l’ADN de tout féru d'aventures en quête perpétuelle de nouveaux horizons…

Stéphane DUGAST


BONUS //
À voir le reportage vidéo consacré à Pierre Schoendoerffer réalisé par l’ECPAD, «sa première maison». Engagé en 1952 comme photographe puis reporter cameraman au Service Cinématographique des Armées (SCA), le désormais «soldat de l’image» va alors découvrir l’Indochine et se passionner pour le cinéma.

> http://www.ecpad.fr/pierre-schoendoerffer-une-lecon-de-cinema

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FICHE TECHNIQUE //

Le Crabe-tambour de Pierre Schoendoerffer.
Avec Jean Rochefort, Jacques Perrin, Claude Rich, Jacques Dufilho & Aurore Clément.

Sortie en salle le 9 novembre 1977.
César du meilleur acteur 78 : Jean Rochefort.

César du meilleur acteur second rôle 78 : Jacques Dufilho.
César de la meilleure photographie 78 : Raoul Coutard.

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