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L'HISTOIRE DU MANGUIER

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Les «bateaux gris» peuvent parfois mener une étonnante seconde vie. Ancien bâtiment de la Marine nationale en service jusqu’en 1998, Le Manguier est désormais un remorqueur… à voiles à vocation polaire ! Récit d’une étonnante transformation.

Navire alternatif au service des océans pour les générations futures, telle est désormais devenue la destinée du Manguier, ancien remorqueur de rade 700 chevaux en service à Toulon jusqu’en 1998.

Fin des années 1950. Tandis que la réfection de la base navale de Toulon s’achève, la Marine se lance dans un vaste programme de construction de navires de service. Si les remorqueurs portuaires de 250 chevaux portent des noms d’oiseaux (La Macreuse, le Toucan…), ceux de 700 chevaux (dont le Manguier) destinés au remorquage en rade, prennent des noms d’arbres.

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Quant aux plus puissants, les 1 000 chevaux, affectés au remorquage côtier, ils afficheront leur ténacité et leur bravoure. En témoignent les noms de Lutteur ou de Courageux.

Victime de l’évolution des modes de propulsion, Le Manguier est retiré du service actif – RSA dans le jargon technico-administratif – en 1998. Mis en vente aux Domaines et racheté par Philippe Hercher, le bateau est remorqué jusqu’en Arles afin d’y subir pendant trois ans d’importantes transformations.

OPÉRATIONS À COQUE OUVERTE

Exit le bruyant moteur Marep-Grosshans-et-Ollier (MGO) 12 cylindres, place  à un Baudouin 6 cylindres de 450 chevaux. D’autres installations emblématiques sont démontées et débarquées comme les « volos » – ces arceaux qui enjambent le pont pour empêcher le câble de remorque de s’accrocher quelque part – et le croc de remorquage. Le pont arrière est, quant à lui, entièrement dégagé afin d’y construire une cabine de 10 mètres par 4.

En 2003, l’association «Exploration Pacifique», dont l’objectif est de dresser un inventaire du plus vaste océan du monde, voit le jour. Philippe Hercher (dit « Phil le Marin ») et son équipage sont fins prêts pour larguer les amarres. Faute de financements, le projet va pourtant s’étioler. Le Manguier prend alors ses quartiers en Corse, à Bastia, d’où est originaire son capitaine.

NOUVEAU LIFTING

Après moult réflexions, une nouvelle phase de travaux est engagée, visant cette fois à transformer le remorqueur en « bateau alternatif ». Une volonté farouche de son ardent et infatigable «commandant» : «Le Manguier est ainsi désormais doté de mâts et de voiles, de panneaux et de capteurs solaires».

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But avoué de cet imposant «lifting» ? Trouver des solutions ad hoc afin de diminuer la consommation en gasoil d’un bâtiment de ce type alors gourmand en énergie. Un handicap de taille qui n’a jamais entamé la motivation de Philippe Hercher, convaincu dès son achat des qualités de son Manguier : «J’ai choisi ce bateau en premier lieu pour ses qualités de construction et de robustesse. Par sa taille, son poids et sa conception, il était également tout à fait représentatif de la flotte des navires marchands, à échelle réduite».

LE PASSAGE DU NORD-EST

Fin avril 2009, Le Manguier appareille. Cap sur Sand Point en Alaska via les côtes du nord de la Russie. Navigations concluantes puisque la destination finale est atteinte sans encombres malgré une route semée d’embûches.

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Le remorqueur à la livre rouge et blanche est ainsi devenu le quatrième bateau étranger au monde à réussir le passage de la route Maritime du Nord-Est en une seule saison et sans l’assistance d’un brise glaces. Un exploit prouvant selon son nouveau propriétaire  «la qualité de construction de ce type de navire».  

Bâtiment jadis de servitude, Le Manguier est désormais taillé  pour toutes les mers. «C’est même devenu un vagabond de l’extrême»  de l’aveu de son capitaine à l’enthousiasme inoxydable.

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Après avoir traversé douze mers et rejoint l’Alaska, l’ancien remorqueur de rade a réalisé deux expéditions, une en 2010 dans le golfe d’Alaska et une seconde en 2011 en mer de Béring. Deux expéditions accompagnées d’échanges et de rencontres avec les pêcheurs.

Actuellement, le remorqueur se prépare à hiverner dans les glaces au nord du Canada, près du petit village inuit de Paulatuk.

Autant de preuves avérées que les «bateaux gris» peuvent mener d’étonnantes secondes vies…

Stéphane DUGAST
Photographies © Association Le Manguier

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À LIRE //

L'Insensé Périple d'un remorqueur à voiles. De Corse en Alaska par la route des glaces. Un livre de Philippe Hercher, Karin Huet, Aude Larmet, Cécile Marion, Judith Puzzuoli, Philippe Rigaud, Cécile Zawieja et Agathe Hercher-Zawieja. Le récit de la surprenante aventure maritime, polaire et culinaire du Manguier durant l’été 2009, par le passage (mythique) du Nord-Est. Beau-Livre. 176 pages -  34 € (Editions des Mangonautes). À commander sur www.navirelemanguier.com

Commentaires

  • Les premières lignes invitent au départ de cette aventure. Et les hommes découvrent que leur volonté n'a pas de limite. Je viens de commander ce livre.... c'est une formidable aventure bravo à tous.....

  • Quand les "bateaux-la guerre" deviennent rouges, cela me plait !

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