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LA VOIE ROYALE #8

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Danseur professionnel, artiste-peintre et marin émérite, Pierre Auzias a un jour décidé de poser son sac au Danemark. Une escale scandinave longue durée (Cf part 7) durant laquelle il va multiplier les bonnes et belles rencontres. Huitième épisode de la vie de Pierre le franski qui devient peu à peu prophète dans son nouveau pays…

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« Je sélectionne mes peintures par thèmes que je propose  sur différents lieux comme les bibliothèques et les « Kunstforening ».

Ces associations d'art que toutes les grandes sociétés danoises et scandinaves cultivent sont des systèmes efficaces qui leur permettent d'investir et de placer de l'argent en achetant des oeuvres d'art tout en permettant à leurs employés d'en profiter.

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Les employés, qui sont membres de ces associations d'art, cotisent d'une somme symbolique qui leur permet chaque année d'acquérir une oeuvre originale lors d'une loterie organisée par leur société.

Connu ou peu connu, l'artiste peut ainsi toujours se présenter aux Kunstforenings  de Novo Nordisk, DSB ou Danmark Radio et y établir une clientèle parallèle à celle des galeries.

Il faut alors être très incompétent pour ne pas ainsi arriver à être reconnu au Danemark afin de vivre normalement de ses productions. Les sociétés danoises sont de véritables musées et le cadre de vie des travailleurs est ainsi très agrémenté. De plus, les achats d' oeuvres d'art sont déduits des impôts.

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COQUE ILLUSTRE

Je propose mes services aux chantiers archéologiques qui ont lieu un peu partout sur le territoire danois comme lors de quelques belles journées de printemps mémorables dans les marais des environs de Sønderborg où fut découvert entre 1859 et 1863 par Conrad Engelhardt trois navires datant de l'âge de fer, dont le fameux Nydambåd (250/500 après JC). 

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Ces humbles expériences vécues comme « une mouche sur un mur » m'apportent le merveilleux extrait de la boue. Je croque un peu de tout, des lances, des haches, des flèches, des fibules, des onyx marqués de runes, des débris d'épaves, des scènes d'excavations ou encore des portraits d'archéologues qui séduits m'amènent à exposer certains de ces originaux au musée national de Copenhague.

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LES POUVOIRS DE LA FRÉGATE

Ayant pris un peu d'assurance, je suis tenté d'aller visiter l'impressionnant chantier de restauration de la frégate Jylland mise en cale sèche en la ville d'Ébeltoft.

C'est en 1864 que la frégate Jylland sous le commandement de la frégate (et sister-ship) Niels-Juel ainsi que la corvette Hjemdal anéantiront la flotte prussienne au large de l'île d' Helgoland.

Il est 16 heures un soir d'été, un travailleur en bleu me ferme la porte au nez. J'ai du avoir l'air surpris en restant là, les yeux rivés sur les 86 mètres hors tout de ce navire.

Le grand viking à moustache se retourne :

- « Elle te plaît ? C’est actuellement la plus grande frégate du monde construite en chêne ! US Convention tiendrait dans ses structures… Tu dessines ? Alors attends moi là ! »

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UNE FOLLE NUIT

Bernt Kure est en fait l'architecte en chef du projet de restauration. On part au pub et après avoir « râflé » au jeu de dés une bonne partie de la nuit on rend visite aux femmes qui admirent son côté bohème et qui comme lui sont insomniaques.

Nous buvons bières et café ici et là pour finalement, le jour pointant, griller des saucisses et du bacon dans un wagon tiré au milieu d'un champ au pied de 5 éoliennes géantes vibrant « arrière toute » comme un 500 tonneaux !

Il y a dans ce champ des dizaines de haches et des pointes en silex multicolores datant de l’âge de pierre. Il suffit de se baisser pour les ramasser…

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PREMIERS PAS

De retour au chantier Bernt me présente au personnel. Une quarantaine de charpentiers de marine et de forgerons taillés comme des armoires. Peu loquaces, je les trouve néanmoins sympathiques d'allure :

- « Pierre peint les bateaux et il aimerait suivre la restauration, étudier votre travail. Je crois que c'est une bonne idée, on lui propose le job de peintre si Jørgen accepte ? »

Certains gars sourient en branlant du chef, d'autres haussent les épaules :

- « Et pourquoi faire ? »

Bernt leur répond:

- « Pour actualiser notre vieille iconographie… »

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Jørgen Petersen, directeur du projet, ex-directeur de la Croix Rouge Internationale, homme d'affaire réputé et redoutable fut capable durant 6 ans d'amasser la somme de 400 millions de couronnes (soit 53 millions d'euros) nécessaires à la restauration du navire.

Jørgen, l'introduction de Bernt terminée, lisse sa barbe, me pénètre de son regard bleu terriblement intimidant  et lance comme irrité à Bernt :

- «  OK ! Quand commence t'il ? »

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Vue du fond du radoub où l’hélice est montée sur élévateur afin qu’elle ne soit pas endommagée par les boulets des canons ennemis. Jylland, Sealland, Niels Juhl et Fyn étaient les 4 premières frégates mixtes danoises équipée de moteur à vapeur (Pierre Auzias)

 

NAVIRE-ÉTENDARD

Je reviendrai sur place quatre fois par an, durant 5 ans, accumulant ainsi une iconographie qui décore aujourd'hui le musée.

Jylland avait résisté au temps. 132 ans après sa construction, le 24 mars 1994, l'armateur Mærks McKinney Møller restitue à son Altesse Royale le Prince Consort Henri du Danemark, protecteur du projet, ce fabuleux navire de 231 pieds de long et de haut, totalement restauré et depuis ouvert au public. Y défilent désormais à son bord 250 000 visiteurs chaque saison.

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Peinture de Pierre Auzias, exécutée sur place lors de la restauration de la frégate Jylland, représentant le remplacement de la pièce d’étrave (Pierre Auzias)


Durant ces 5 ans, deux fois par an, au printemps et à l'automne, un déjeuner protocolaire organisé par le directeur Jørgen Petersen, regroupaient 350 directeurs de sociétés entourant le Prince Consort, le Chambellan de sa Majesté et l'armateur Mærks McKinney Møller.

Invité avec les travailleurs  à ces festivités, j'ai eu le plaisir de pouvoir chaque fois échanger quelques mots en ma langue natale avec le Prince Henri qui au fil du temps se montra curieux de mes progrès… »

À SUIVRE
Photographies : DR - Peintures : Pierre Auzias


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