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LE CAILLOU DE LA RÉPUBLIQUE

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Eric Chevreuil est un passionné de l’atoll de Clipperton. Basé aux Etats-Unis, il est devenu un observateur averti de la vie de ce «caillou de la République» perdu dans l’immensité du Pacifique mais pourtant si convoité. Extrait du compte-rendu de sa récente mission sur place.

« Après être allé à Clipperton avec les «voleurs», dans l’illégalité la plus complète à partir du Mexique, on m’a offert la chance unique d’y retourner avec la «police», à bord d’un navire de «La Royale» en mission de souveraineté et de contrôle des pêches.400505_336451906444606_808137975_n.jpg

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J’étais allé sur cet atoll français perdu à 1 200 kilomètres de la côte mexicaine pour y passer le nouvel an 2012. Au retour, la revue Tahiti-Pacifique avait publié deux articles un peu acerbes sur mon voyage, pendant qu’en métropole, blogs et une question à l’Assemblée Nationale propageaient les résultats de mon enquête.

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SUR INVITATION

Quelque part, mon nom s’est trouvé associé à Clipperton aussi bien à Tahiti qu’en France et début mai, je recevais l’aimable invitation du Contre- Amiral Régnier, le commandant supérieur des forces en Polynésie française, à accompagner le Prairial dans ses missions au profit de «mon» île.

(…) Aux vues de la météo, il a été décidé que seule la mission de souveraineté serait effectuée aujourd’hui, c’est-à-dire un débarquement, un tour d’inspection de l’île et la mise en place d’un pavillon neuf. Il va falloir aller sur l’atoll à la nage et ce coup-ci je serais accompagné de 4 plongeurs de bord dont le commandant qui est un ancien plongeur.

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DÉBARQUEMENT PROBLÉMATIQUE ?

Notre zodiac nous emmène là où les rouleaux se forment et nous apercevons des carottes de corail que nous n’avions pas vu et que la mer dévoile à chaque reflux. Elles me rappellent que l’épave du bulldozer Caterpillar que les américains ont laissé en 1945 et qui n’est visible qu’à marée basse est aussi dans les parages.

Il faudra éviter tout ça quand les vagues nous rejetterons sur le rivage et j’espère que les restes du «bull» ne seront pas sur notre trajectoire. A l’eau, une vague, apnée, tourbillons, palmer fort, respirer, une vague, essayer de se relever, tomber, une tasse, se relever, ôter les palmes et courir… la terre ferme… tout s’est bien passé en quelques secondes et nous sommes déjà en train de nous changer… chaussures de marche, contrôle radio…Tout est OK.

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GRIS ET TRISTE

Clipperton n’est pas sous son meilleur jour et tout est gris et triste. Nous progressons dans le sens des aiguilles d’une montre vers le «rocher», en bataille pour couvrir le maximum de terrain, suivi au large par le Prairial qui veille sur nous.

Trouverons-nous des traces du débarquement, de la drogue, une nouvelle épave ? La pluie fouette nos visages et même les crabes se cachent et restent à l’abri. Je savais qu’ils étaient «allergiques» au soleil et fortes températures mais ignorais qu’ils n’aimaient pas la pluie.

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Autre surprise, les fous sont encore en pleine période de nidification et les œufs sont visibles dans tous les nids. Je compte 11 types d’herbes différentes qui envahissent la couronne et chassent les fous qui ont besoin de zones nues pour décoller, atterrir et faire leurs nids.

Dans les entrailles du rocher, une petite sterne blanche toute seule et un couple de Phaéton à bec rouge nous accueillent parmi les fous bruns. Scellée sur la roche, une plaque commémorative a survécu en solitaire à la rapacité des visiteurs nombreux de l’île et rappelle le drame de la colonie mexicaine abandonnée le siècle dernier.

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VESTIGES & CUISINIÈRE

Le tour de l’île fait près de 12 kilomètres et la progression est parfois difficile sur les morceaux de corail ou le sable fin de certaines plages. Les fous et les frégates nous entourent pendant que nous inspectons les poubelles rejetées par l’océan aux deux extrémités de la couronne.

Ici et là, des bouées sonar-GP utilisées pour détecter les bancs de thons cohabitent avec des fûts de 200 litres chinois. La souche d’un palmier nous permet de voir une rate et ses petits à côté de leur mangeoire abritée remplie de carcasses de crabes. Dans le bois Bougainville nous saluons la «cuisinière Etienne» abandonnée en 2005 avant d’aller à la stèle remplacer mes drapeaux français et corse qui ont bien souffert depuis le mois de janvier.

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La cérémonie des couleurs est sobre et sans fanfare. Sous la pluie en plein vent, sur ce caillou français isolé au fin fond du Pacifique. Elle est quand même émouvante. Après un compte-rendu radio au Prairial que le pavillon français flotte à nouveau sur l’île, c’est la pause ration de combat.

DÉBARQUEMENT RISQUÉ

Il nous faudra encore quelques heures pour terminer le tour de l’île et la côte nord est la plus difficile, et en partie la plus polluée aussi. De retour à l’épave du Dixie Isle, je me charge de sable et de coquillages pour ramener à bord, conscient que ma flottabilité en prend un coup.

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Allongé sur le platier de corail, c’est l’extraction. Attendre la vague, baisser la tête, se cramponner aux coraux, «ramper» rapidement de quelques mètres, prendre la vague suivante, ramper encore, en prendre encore une et finalement s’élancer à la nage pour passer la suivante avant qu’elle ne se brise dans un rouleau qui pourrai me renvoyer à la case départ avec quelques bleus en souvenir.

Le fidèle zodiac nous attend au-delà des rouleaux et nous ramène sur le Prairial »

Eric Chevreuil
récit & photographies

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> EN SAVOIR PLUS

Le site référence de Clipperton conçu et alimenté par Christian Jost, géographe et éminent spécialiste de l'île de la Passion (le nom de baptême de Clipperton lors de sa découverte par des marins français un Vendredi Saint, jour de la Passion du Christ).

Le Facebook Clipperton Island Watch (en anglais) animé par Eric Chevreuil

 

Commentaires

  • Belle épopée, dommage que le mauvais temps ait un peu gâché la fête !

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