Lancé en 2007, le blog Embarquements cesse momentanément ses parutions.
D’ORMUZ & D’AILLEURS
Jean Rolin (LIRE SON PORTRAIT) aime la mer, Britney Spears, les bateaux, les villes, les ports, les chiens, les marins et… le détroit d'Ormuz ! Reliant le golfe Persique au golfe d'Oman, ce point chaud du globe est «l’élément dramaturgique fort» de son dernier roman au titre sobre et élégant.
Le détroit d’Ormuz, Jean Rolin l’a ainsi franchi personnellement à maintes reprises. Les deux premières fois sur un cargo «dans un climat très tendu» pendant la guerre Iran/Irak dans les années 1980, la troisième fois sur un boutre (à moteur) pour un reportage sur la contrebande de l’or, et la quatrième fois sur un pétrolier-ravitailleur de la Marine : La Meuse, ou plus récemment sur la frégate Cassard pendant un transit entre Mascate et Bahreïn avec à la clef une longue escale à Doha dans le cadre d’un salon d’armement naval.
C'est aucun doute dans ses embarquements qu'il faut chercher les germes de ce roman qui n’est évidemment ni un traité géopolitique, ni un guide de voyage.
Unissant le golfe Persique à la mer d'Arabie, le détroit d’Ormuz est, en effet, la voie royale du trafic international, emprunté d’ailleurs par plus de 30% du commerce mondial de pétrole. Outre l'Iran et les Émirats arabes unis, Ormuz commande l'accès à d'autres «gros» pays producteurs d'hydrocarbures comme l’Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar, le Bahreïn et Irak.
C’est ce détroit sous forte surveillance que Wax, héros un brin mythomane et plus tout jeune, forme le projet de traverser à la nage, depuis la rive perse jusqu'à la rive arabe. Une entreprise à hauts risques requérant des repérages, des prises de contacts et de fines analyses de la situation politico-militaire parfois tordue que nous détaille dans ce roman un narrateur, également chargé de la chronique de l’exploit en question.
Cette étonnante odyssée, Jean Rolin la raconte avec saveur, sans se départir de son regard ironique qui lui est propre. Quant à son œuvre littéraire, elle ne manque pas de sel. Depuis, il a en effet embarqué, deux mois durant, sur le patrouilleur austral de la Marine nationale L’Albatros à destination des Terres Australes et Antarctiques Françaises[1]. «J’aime les immersions», concède sobrement l’intéressé. Autant d’arguments qui devraient inciter les gens de mer à lire cet écrivain affectionnant comme eux la vie sur les océans.
Stéphane DUGAST
› Ormuz de Jean Rolin. 217 pages - 16€ (P.O.L)
[1] : De cet embarquement austral, Jean Rolin a publié un court récit de 56 pages intitulé L'albatros est un chasseur solitaire paru chez l’éditeur grenoblois Cent pages.