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QUAND BABOUCHKA PARLE !
Babouchka, l’enfer du pôle : c’est un film documentaire (52mn) narrant les tribulations du voilier-traîneau Babouchka en route pour une première mondiale : la traversée sans assistance de l’Océan Arctique, via le pôle Nord. Un film diffusé ce vendredi soir sur France 3 Thalassa. J'étais à l'avant-première lundi soir. Rapides auscultation de ce film d'exploration polaire.
› L’AVENTURE Sébastien Roubinet est formel : «C’est une première mondiale! Une des plus grandes aventures maritimes jamais envisagées. Amener le premier voilier de l’histoire de l’humanité au Pôle Nord ! C'est traverser l’Océan Arctique sans assistance d’une terre à l’autre, soit un périple long de 3 000 kilomètres»
Rien ne peut décourager, Sébastien qui a conçu un prototype hightech, baptisé Babouchka. Pour l’accompagner dans cette nouvelle aventure, il s’est choisi nouvel équipier aguerri à la navigation polaire : Vincent Berthet, héros du documentaire Le piège blanc (LIRE LA CHRONIQUE) et participant de l’expédition sous-marine Under the Pole (LIRE LA CHRONIQUE).
Les deux ’’marins des glaces’’ connaissent bien ce milieu hostile pour l’avoir côtoyé à plusieurs reprises, parfois à leurs dépens. En 2011, Sébastien Roubinet et son coéquipier avaient parcouru 650 kilomètres en direction du Pôle Nord à bord d’un «catamaran polaire» avant d’être stoppés dans leur élan à cause de la défaillance de leur seul lien avec la terre: la batterie de leur radio.
› MON AVIS Le film de cette expédition a été piloté par un auteur-réalisateur chevronné : Thierry Robert (LIRE LA CHRONIQUE). À nouvelle expédition, nouveau film et nouvelles ambitions : «Je suis repartie avec ma fine équipe. Comme je ne souhaite toujours amené un plus, j’ai choisi cette fois de faire des images de drone jamais-vu pour que le téléspectateur voit la banquise comme jamais».
Avec la complicité de son ami musicien et ami Tristan Nihouarn (LIRE LA CHRONIQUE), il a choisi une musique plus épurée pour illustrer ses séquences. Bien joué ! Quant aux commentaires et à la narration, l’auteur-réalisateur s’est, une nouvelle fois, donné du mal pour les ciseler. C’est même devenu sa marque de fabrique.
Toutes ces ambitions artistiques, je les ai vérifiées de visu lors de la projection du film lundi soir à la maison des Océans de l’Institut Océanographique de Paris. L’ami Thierry a fait une nouvelle fois mouche. Quant au choix narratif de faire parler le bateau comme une personne, c’est une jolie trouvaille de sa part qui va faire des émules et des envieux !
Si contrairement à La voie du pôle, les images paraissent parfois moins léchées, c’est dixit le réalisateur et les aventuriers «la faute aux caméras embarquées, de type Go Pro, dernière génération moins performantes dans le froid». Restent que ces images nous embarquent littéralement dans l'aventure.
Concernant les autres images esthétiques à souhait, Thierry et son équipe les ont tournées à l’occasion du transit entre Anchorage en Alaska et Barrow depuis le remorqueur français Le Manguier (LIRE LA CHRONIQUE) qui a assuré la logistique à la fois de l’équipe de tournage et aux deux membres de l’expédition.
Autre belle trouvaille de ce documentaire, l’utilisation d’images aériennes captées grâce au drone et à la dextérité de Guillaume Marion, le chef opérateur. Des images aériennes à couper le souffle, permettant de se rendre compte de la banquise, de son étendue et de ses états.
Bref, tout est parfaitement maitrisé et orchestré. «Trop !» jugeront certains esprits railleurs préférant les expéditions filmées sur le vif.
Personnellement, j’aime l’esprit cinématographique que Thierry Robert sait insuffler dans chacun de ses films d’aventure. Le cinéaste met ses talents au service de «ses» explorateurs, qui assurent d’ailleurs eux-mêmes une grande partie du tournage.
Quant aux images fabriquées souvent en amont, et qui sont ensuite habilement égrenées dans le montage, elles ne dénaturent pas l’expédition, bien au contraire ! Elles permettent de s’approcher de la réalité d’une aventure. Des réalités souvent impossibles à filmer pour les explorateurs alors plus préoccupés par leur quoitidien, voire leur survie, que par saisir une caméra.
Diffusion de ce documentaire polaire grand public ce vendredi soir à France 3 Thalassa barré par l’insubmersible Georges Pernoud. Qu’on se le dise, le pôle Nord n’en a pas fini d’aimanter !
Stéphane DUGAST
› Babouchka, l’enfer du pôle (version 52 mn). Un film documentaire de Thierry Robert, Sébastien Roubinet, et Vincent Berthet. Une production Le cinquième rêve. Avec la participation de France Télévisions magazine Thalassa.
› BONUS
LE LIVRE Durant les étés 2011 et 2013, le navigateur Sébastien Roubinet a tenté à deux reprises un projet audacieux : traverser l’océan arctique sur un bateau-traîneau pour être le premier à atteindre le pôle nord. Grâce à ce livre fait-main, découvrez les moments forts des deux expéditions menées, tambour battant, successivement avec Rodolphe André puis Vincent Berthet. Bienvenue dans l’intimité de trois audacieux aventuriers-navigateurs du 21ème siècle.
La voie du pôle de Rodolphe André, Vincent Berthet & Sébastien Roubinet. 100 pages - 20 € (+ 2€ de frais de port). Disponible à la vente sur le site web de Sébastien Roubinet.