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MOT MARIN : SABORD
Terme phare du juron préféré du capitaine Haddock, le sabord est un objet 100% marin. Rapides explications.
L'usage du terme "sabord" coïncide avec la montée en puissance de l'artillerie à poudre au cours des XIVème et XVème siècles. Compte tenu de leur portée et surtout de leur poids croissant, les canons ne peuvent, en effet, plus êtres installés sur le pont, condamnant ainsi les gaillards[1] avant et arrière monumentaux devenus inutiles.
Les pièces d’artillerie vont dès lors trouver place sur les flancs afin de ne pas déséquilibrer le navire. Les canons passeront leur «gueule» à travers la coque, grâce à un volet pouvant s’ouvrir et se fermer : le «sabord».
Au cours du XVIIème siècle, les sabords vont devenir des éléments clefs de la tactique dite «de file». Les «murailles de bois» des grandes flottes de guerre hollandaises, anglaises ou françaises s’ouvrant de plusieurs centaines de sabords au moment du combat.
Autre avantage des sabords, celui de permettre d'aérer les vaisseaux sur lesquels s'entassent jusqu’à un millier de marins.
Avec l’émergence des cuirassés à la fin du 19ème siècle, les canons vont gagner les tourelles. Les sabords désigneront alors les ouvertures rectangulaires sur les coques, les hublots celles circulaires.
Quant aux sabords du midship (le surnom de l'aspirant dans la Marine), ils font référence aux stries de soie bleue qui barrent ses galons, sans que l’on connaisse la véritable origine.
Stéphane DUGAST
[1] : Gaillard avant/arrière. Dans l'ancienne marine à voile, terme désignant les deux parties surélevées, sises à l'avant et à l'arrière du pont supérieur d'un navire, avec leurs superstructures.