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LES PIRATES DE LA CORNE [ARCHIVES]
La Corne de l’Afrique a fait un retour tonitruant dans le «concert» de l’actualité mondiale au milieu des années 2000 à cause d’actes spectaculaires de piraterie en haute mer organisés depuis la Somalie. Pays en déliquescence depuis les années 1990, oublié depuis le fiasco américain de la bataille de Mogadiscio en octobre 1993 et le retrait précipité des casques bleus de l’ONU en mars 1995, la Somalie et sa région sont en proie aujourd’hui à tous les trafics. Extrait d’une enquête écrite par Stéphane Dugast et illustrée par Joël Alessandra.
Depuis des siècles, la corne de l’Afrique attire nombre de passants. Des voyageurs, des artistes, des commerçants, des trafiquants en tous genres, le poète Arthur Rimbaud et même un «vieux pirate» dénommé Henry de Monfreid. Son image est trouble. Trafiquant d’armes, de hachich et de perles. Opiomane invétéré. «Vieux pirate» selon l’écrivain Joseph Kessel qui s’inspirera d’ailleurs de son existence pour écrire son roman Fortune carrée, tout comme le dessinateur Hergé l’insérant dans l’album de Tintin Le Crabe aux pinces d’or.
Après une première vie sans relief en France, le jeune Henry plaque tout. Direction l’Afrique et sa corne. D’abord négociant en café et en cuirs, Henry se lasse vite. L’appel du large ? L’appât du gain ? C’est sur un boutre sillonnant la mer Rouge qu’il mènera désormais ses affaires.
Se succèdent des croisières avec de drôles de cargaisons, à la barbe des voisins anglais, tout comme des missions d’espionnage. Enquêtant sur le trafic d’esclaves, l’écrivain et reporter Joseph Kessel le pousse à publier ses écrits. Succès foudroyant avec Les secrets de la mer Rouge paru en 1931. Suivront 73 livres, traduits en plus de 12 langues, dont le Russe et le Chinois.
À la différence d’autres conteurs, tout ou presque est vécu par Henry de Monfreid. Ce que certains esprits perfides ne manqueront d’ailleurs pas de lui reprocher. Ses aventures en mer Rouge et dans les eaux bleues translucides du golfe d’Aden berceront l’imaginaire de nombreux Français, qui ne connaîtront de cette région du monde que les récits de Monfreid et consorts, avant que la piraterie maritime ne ressurgisse dans la corne de l’Afrique. Les raisons en sont diverses… (À SUIVRE)
Stéphane DUGAST
Illustrations Joël ALESSANDRA