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L’ÉPOPÉE DU CRABE 1|5
Un film au titre étrange : Le Crabe-Tambour. Un long-métrage signé Pierre Schoendoerffer, racontant une histoire non moins étrange de malentendu né d'une parole donnée et non tenue. «Monsieur cinéma» de la Marine pendant 3 décennies, Pierre Dubrulle, revient sur la genèse de ce long-métrage sorti en 1977 devenu un chef-d'œuvre dans son genre.
« L'histoire remonte à 1975 avec la visite au service de communication de la Marine de Pierre Schoendoerffer, écrivain et réalisateur déjà connu et reconnu. A cette époque, il a notamment déjà publié en 1963 le roman La 317ème section et réalisé le film éponyme en 1965 avec Jacques Perrin et Bruno Cremer.
Il a réalisé avec Dominique Merlin en 1967 La section Anderson qui obtiendra à Hollywood l'oscar du meilleur documentaire, et publié L'adieu au roi, couronné par le Prix Interallié 1969. C'est en sa qualité de romancier qu'il nous rend visite pour nous faire part du projet d'un nouvel ouvrage dont il a le sujet mais pas le décor.
Pierre Schoendoerffer nous dit avoir pensé à la Marine pour avoir tourné en 1963 un court métrage à bord d'un aviso-escorteur : Sept jours en mer, dont les images époustouflantes sont restées gravées dans la mémoire de bien des marins.
Mais s'il connaît bien les gens de l'Armée de Terre pour les avoir côtoyés pendant la guerre d'Indochine en qualité de correspondant de guerre de l'établissement cinématographique et photographique des Armées de l'époque. Il avoue moins bien connaître les marins.
Heureusement, le capitaine de vaisseau Pierre Bastard, commandant du service de communication de la Marine va avoir une idée lumineuse en lui proposant d’embarquer à bord du Bâtiment de Soutien Logistique (BSL) Loire qui assure alors la traditionnelle mission d'assistance et de surveillance des pêches sur les bancs de Terre-Neuve. Pierre Schoendoerffer est enthousiaste à cette idée.
Il reviendra nous voir un mois plus tard encore plus enthousiaste, certain d'avoir moissonné tous les ingrédients nécessaires à l'écriture de son nouveau roman qui s’intitulera finalement Le Crabe-Tambour et qui deviendra Grand prix du roman de l'Académie française.Un beau succès que les marins seront les premiers à apprécier.
LE GOÛT DU RÉALISME
Soucieux de restituer fidèlement la vie en haute mer, Pierre Schoendoerffer nous avait confié un premier tirage de son livre afin d'en corriger d'éventuelles inexactitudes.
En observateur averti, il avait parfaitement saisi tout ce qui fait la vie d'un escorteur en campagne, tout sauf un point de détail : à la fin de l'histoire, le commandant, trop malade pour continuer à exercer ses fonctions, transmet le commandement à son officier des pêches alors que la règle veut que ce soit à son officier en second.
Ce qui l'a conduit à préciser dans son roman : «Contre toutes les règles le commandant a transmis le commandement de l'EOLE à l'officier des pêches» (NDLR : Le Crabe-Tambour, page 252) »
(A SUIVRE)
Propos recueillis par Stéphane DUGAST
Photographies © archives Marine nationale / Fonds Patrick Chauvel
› FICHE TECHNIQUE
Le Crabe-tambour de Pierre Schoendoerffer.
Avec Jean Rochefort, Jacques Perrin, Claude Rich, Jacques Dufilho & Aurore Clément.
Sortie en salle le 9 novembre 1977.
César du meilleur acteur 78 : Jean Rochefort.
César du meilleur acteur dans un second rôle 78 : Jacques Dufilho.
César de la meilleure photographie 78 : Raoul Coutard.
Commentaires
Lorsque je fatigue et doute, je repense à Pierre et au "Crabe Tambour". Mes premiers romans étaient plus dans l'action pure et aujourd'hui je me rapproche de son regard... Lentement et avec respect j'approfondis ma vision des hommes.
Mon prochain roman, qui cherche encore son titre mais dont le manuscrit est terminé, sera plus dans la veine de Pierre.
Bon vent et bonne mer.