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L’EXPÉDITION AU PAYS DES FOURRURES #8

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Une expédition dans le Grand Nord canadien librement inspirée des Voyages Extraordinaires de Jules Verne, c’est l'expédition menée par les «marcheurs du Grand Nord» : Dominique Simonneau et Pascal Hémon. Dernier épisode de leur aventure  entre taïga, toundra et banquise. Stationnée à Yellowknife, Dominique perdrait-elle le Nord ? Elle n’a pourtant juste qu’à aller Behind.

(LIRE L’ÉPISODE PRÉCÉDENT) «Hannah, où habite ton inséparable amie ?». Sans lever le nez de son dessin, l'enfant tend fermement le bras. «La maison verte». Je suis du regard la direction de sa main raidie. Par la fenêtre, je vois qu'elle pointe exactement une maison verte éloignée sur une colline.

Ce matin là, je voulais savoir où allaient se tenir les jeux inuit organisés à l'occasion des fêtes du phoque qui célèbrent l'arrivée du printemps. «Behind», me répond-on. Derrière ? Mais derrière quoi, se demande mon esprit occidental bien cartésien.

Je dois certainement être bien la seule ici à Kugluktuk à ne pas savoir où se trouve «Behind».

DSC02462_DxO.jpgJohnathan et Jeffrey montrant une direction à la cabane Dismal

«Behind» insiste l'homme. Cette fois, voyant mon désarroi, il tend son bras et sa main indique l'extrémité Est du village. Ce n'est pas un « par là bas derrière » désigné d'un vaste geste évasif.

Il s'agit bien d'une direction précise. Je pars donc «Behind» et en effet j'arrive sur les lieux de la fête. Sur la banquise, juste à l'embouchure de la rivière Coppermine. Derrière.

Les hommes d'ici sont Inuinnait. Autrefois, on les appelait Esquimaux du Cuivre. Peut être faut-il avoir comme eux un sens si aigu de la géographie du territoire pour comprendre le chemin naturel pour voyager «nunakkut», au travers du pays. Un geste ample et précis indique une direction, un mouvement ondulé de la main avertit d'un terrain accidenté, la paume tendue en un mouvement circulaire prévient du changement de direction.

Le regard attentif perçoit le moindre élément remarquable sur cette toundra qui semble pourtant si uniforme. Avec eux, la topographie semble couler de source. Et la carte dessinée à grand renfort d'images aériennes et de satellites confirme la description silencieuse ». (FIN)

Dominique, à Yellowknife

Chronique inspirée des travaux de la géographe Béatrice Collignon, « Les Inuit, ce qu'ils savent du territoire », L'Harmattan 1996.

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