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TERRE DES HOMMES [RÉACTUALISÉ]
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Autant adulé (que détesté par certains), le cinéaste Yann Arthus-Bertrand a sorti son dernier film sur grand écran ( à la TV et sur le web) avec un titre sans équivoque : HUMAN. Un film choc sur les maux de l'humanité. J'ai vu et j'ai...
Plus fort que HOME, son précédent long-métrage ? Des chiffres sont parlants quand il s'agit d'évoquer le dernier film de Yann Arthus-Bertrand.
HUMAN, ce sont 2020 témoignages, en 63 langues, dans 60 pays, 2 500 heures de rushes et trois ans de production.
Pour sa sortie, le film jouit d'un dispositif XXL : 400 salles de France, projection le jour même au siège de l'Onu à New York, et hors compétition lors de la Mostra de Venise ou encore lors de la Fête de l'Humanité. Mais que raconte ce film ?
HUMAN plonge le public au plus profond de l’être humain à travers des témoignages et des images aériennes saisissants, filmés dans 60 pays.
À l’écoute du passé et tourné vers l’avenir, HUMAN se veut un plaidoyer pour tous les citoyens du monde.
MON AVIS
On peut dresser tous les procès d’intention à Yann Arthus-Bertrand. Celui de multiplier les heures d’hélicoptères (un vrai désastre en bilan carbone) afin de saisir la magie de la Nature.
Celui de nous asséner – en voix-off – des propos moralisateurs sur l’état désastreux de la planète. Celui de profiter de sa fortune, présumée colossale, pour ne s’adonner qu’à ses passions. Celui de n’avoir jamais été à l’usine pour gagner son pain quotidien… Bref, Yann Arthus-Bertrand est un coupable tout désigné.
Pour son nouveau film, le cinéaste de la Terre vue du ciel – un succès colossal en librairie et à la TV - s’est focalisé, cette fois, sur l’Homme. Yann Arthus-Bertrand et ses équipes ont ainsi interrogé plus de 2 000 personnes à travers le monde. La grille des interviews était rôdée. Un même questionnaire administré aux 2 000 interviewés. Des questions type : votre plus grand bonheur ? Quand et comment votre vie a basculé ? …
À la clef ? L’équipe du film Human a forcément recueilli des moments de grâce et d’émotions. Des témoignages précieux que YAB et sa monteuse ont su habilement tisser, égrenant ainsi les maux de l’humanité.
Pour rythmer la dramaturgie, Human intercale des images d’entretien sur fond noir à des images de la Terre vue du ciel cadré «au poil» au point de voir devant nos yeux des tableaux de grands maîtres s’animer.
Si le procédé est certes répétitif, on se laisse cependant gagner par les émotions qui se dégagent des entretiens. Quant aux images aériennes, elles offrent des instants d’onirisme qui permettent de souffler.
Cette narration, sans début, ni fin au sens littéral de la grammaire cinématographique, peut désarçonner. Le film au cinéma dure plus de 3 heures. YAB souhaitait à l’origine réaliser un long-métrage de 12 heures.
Des images léchées, des propos forts, des témoignages poignants, une bande-son rythmée-comme-il-faut. J’ai plongé dans Human. Car l’atout du film de YAB est bien de nous renvoyer un miroir de nos propres émotions et de nos propres réflexions sur la Terre, ses habitants, ses drames et tous ses maux.
La projection achevée, j’ai écouté religieusement les propos de YAB et de son équipe. Les propos du réalisateur, trop convenus et formatés, m’ont agacé. Mention en revanche à la monteuse et à la journaliste d’origine ukrainienne parlant toutes les deux autant avec l’intellec que le cœur et les tripes.
Et c’est bien là tout le mérite du cinéaste, celui de s’entourer de talents. La marque YAB n’en a pas fini de briller, et de faire parler. À voir donc avant de pérorer ou de juger !
Stéphane DUGAST
EN SAVOIR +
Sur le site web du film HUMAN.
Commentaires
Le monde selon YAB, c'est que des gens richissimes comme lui prennent l'avion et l'hélico comme on prend le bus et t'expliquent que tu ne dois pas trop consommer les ressources de la planète.
Certes mais sans ses vols pas d'images de la Terre vue du ciel.
Mais il est vrai que le discours moralisateur est pour le moins déstabilisant...
Quoiqu'il en soit l'engagement de Yann Arthus-Bertrand et de sa fondation est réel et pas marketing
A suivre donc
Stéphane Dugast
Son activité nécessite l'utilisation de l'avion et l'hélico. Pourquoi la mienne ou celle des autres n'aurait-elle pas le droit de l'utiliser ? Son activité de photo aérienne vaut autant que la mienne, pas plus, pas moins.
Je tiens à vous remercier Stéphane pour cet article analyse qui me permet de mettre des mots sur un ressenti que j'avais du mal à définir. Comme vous l'expliquez, YAB peut-être taxé de connaître le "Sans scrupule"... Néanmoins on ne peut ne pas lui attribuer une approche didactique fondamentalement tournée vers l'Humain.
L'émotion envahit au fil de ces interviews ; Nous sommes tous différents...et pourtant si semblables ! Il faut savoir sortir de ses bornes préconçues pour élargir son horizon. ...Et cela vous le dîtes très bien.
Merci pour votre fidélité Valérie