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PAS SI SAUVAGE FINALEMENT ?
La ville de Paris est célébrée pour la beauté de son architecture et la richesse de son patrimoine, moins pour ses milliers d’animaux qui viennent s’y installer mais doivent s'adapter à la vie urbaine et cohabiter avec les hommes. Un livre - et un documentaire diffusé sur M6 le 1er janvier prochain - racontent cette histoire étonnante mais en la mettant en scène. Un parti-pris qui a étonné Pascal Hémon, chroniqueur sur le blog Embarquements. Explications.
Lorsque j'ai reçu le livre sur la vie sauvage à Paris, j'ai d'abord été ravi de l'opportunité d'en apprendre un peu plus sur ce phénomène qui permet à des animaux dits "sauvages" de s'installer, ou de se réinstaller, dans la capitale.
La première de couverture, un faucon en gros plan survolant la tour Eiffel, m'évoque le Paris d'Adèle Blanc-Sec, et cultive le mystère et le symbole. En ouvrant le livre, on découvre de belles photos dont certaines fascineront le lecteur : citons subjectivement le renard devant la Grande Bibliothèque, les ragondins de l'île Saint-Louis et bien d'autres.
L'auteur, Frédéric Fougea, également le réalisateur du film documentaire diffusé sur M6 le 1er janvier 2017, précise son intention dans un avant-propos.
Puis viennent les chapitres, un par animal, dont on imagine qu'ils sont également ceux du film, avec dans l'ordre : les oies cendrées, le renard, les ragondins, le faucon pèlerin, le bombyx, les corneilles, les silures, les pigeons ramier, les canards et pour terminer les chevaux de l'école militaire et les abeilles de l'apiculteur de Paris.
Dans chaque chapitre on trouve une mise en situation du lieu ou du monument de Paris impliqué dans le territoire de l'animal, ainsi qu'une page scientifique décrivant l'espèce et certaines particularités.
C'est dans le dernier chapitre "Les coulisses" que la vérité est dévoilée : la plupart des animaux ont été dressés ou imprégnés, c'est à dire que l'animal a été élevé tout bébé par et en présence de l'homme dans le seul but du tournage. Nul doute que le travail des dresseurs et imprégnateurs soit de qualité et réalisé avec passion.
En revanche pourquoi ne pas l'avoir précisé clairement : quel crédit en réalité doit-on accorder à ce que rapporte le livre sur la présence de ces animaux dans Paris ?
En tant que riverain, une famille de hérissons vit sur le pas de ma porte, les chauve-souris se gavent d'insectes à la tombée du jour et le renard se montre parfois au bout de l'allée qui borde la voie ferrée.
La vie sauvage à Paris n'est donc pas un mythe, mais ce livre, et j'imagine aussi le film, nous entraîne sur un terrain qui privilégie les belles images, certes, mais qui a manifestement peu à voir avec la vérité.
Il ne manque pourtant pas de photographes animaliers talentueux à l'image d'un Fabien Bruggmann qui a photographié les castors en pleine ville de Lyon (Le castor en région lyonnaise de Fabien Bruggmann et Bruno Fouillat).
Malgré tout en cette période de fêtes, les fictions animalières du livre et du film, les tribulations du renardeau dans la ville lumière ou les vols majestueux des oies sous les ponts de Paris séduiront petits et grands.
Pascal Hémon
Photographies © Frédéric Fougea
La plus belle ville du monde, la vie sauvage à Paris par Frédéric Fougea, texte de Catherine Sauvat, préface d'Anne Hidalgo. 192 pages - 32 € (éditions de La Martinière).