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L’ESPRIT COMBATTANT
Du Sang et des Larmes, c’est le long-métrage inspiré du récit Le Survivant, signé Marcus Luttrell (qui récidive d'ailleurs en signant une suite : Retour au Combat). Deux livres donc et un film sur l'engagement américain en Afghanistan et en Irak. Focus sur un long-métrage narrant de l’intérieur une opération de commandos américains en Afghanistan. Un film de guerre plus subtil qu'il n'y parait...
Les adeptes de film de guerre vont être aux anges avec l’adaptation du récit de Marcus Luttrell sur grand écran le 1er janvier prochain. Ce long métrage nerveux, signé Peter Berg (Very bad things, Le Royaume), va sans conteste combler leurs attentes un brin douchées par Forces Spéciales, long-métrage français souvent jugé trop simpliste (LIRE LA CHRONIQUE), et ce malgré la participation remarquée de Marius (VOIR L'ENTRETIEN).
Si la presse, ou l’opinion peu aux faits des «choses» militaires, devraient logiquement railler la dimension trop patriotique et trop héroïque de ce long-métrage inspiré d’une histoire vraie, les plus curieux vont y trouver leur compte.
Si je n’ai pas encore lu les deux ouvrages de Marcus Luttrell, j’ai vu en avant-première le film Du Sang et des Larmes. Et j’ai apprécié !
Adepte de film du genre, j'ai trouvé celui de Peter Berg est réussi et abouti. Car le réalisateur (et scénariste) s’est parfaitement imprégné de l’univers des Navy Seals, de leur technicité au combat, de leur fraternité et de leur esprit de corps.
Si le patriotisme (parfois exacerbé) d’outre-Atlantique peut prêter à sourire, ce long-métrage a le mérite de nous plonger au cœur d’une opération militaire à hauts risques en nous dévoilant sa préparation sans faille, son déroulé contrarié et ses risques (pour ne rien vous dévoiler de plus du scénario haletant).
L'implication des acteurs (un judicieux casting) est palpable à chaque séquence, voire à chaque plan. Par l'entremise de Marcus Luttrel (le vrai Navy Seals), tout a été minutieusement étudié et pensé pour coller au mieux à la réalité, et rendre ainsi hommage aux soldats engagés dans cette opération qui va se révéler meurtrière.
Car la réalité est terrifiante. Infiltrés dans une zone montagneuse d’une province reculée de l’Afghanistan, quatre Navy Seals vont se faire prendre en chasse par des talibans enragés. L'issue de cette opération Red wings (lire le récit de l'opération en vrai sur Wikipedia), consistant à localiser et neutraliser un chef taliban, va se révéler tragique.
Si le film de Peter Berg fait résonance, c'est grâce à sa réalisation, et notamment ses plans séquences filmés à hauteur d’hommes. La guerre, les opérations, ses dilemmes, ses horreurs et ses surprises se révèlent alors aux yeux du spectateur.
Ce film, couplé à ces deux livres, vous immergent au cœur de l’engagement militaire américain en Afghanistan. En France, des récits de qualité racontant l’engagement militaire en Afghanistan ont été publiés mais rien ne devrait filtrer au cinéma.
Ce genre semble effrayer la production hexagonale qui, à mon sens, préfère nous distraire avec moult comédies guimauves où le centre du monde parait tourner autour de Paris, de sa rive gauche, de ses grands magasins et boutiques, de ses appartements avec 3 mètres 50 de hauteur de plafond et de la vie (bourgeoise) trépidante de ses personnages.
Du sang et des larmes rompt cette monotonie, offrant aux adeptes du genre, et à ceux qui savent dépasser les préjugés, un film de guerre savamment ciselé et diablement efficace.
Quant aux récits de Marcus Luttrell (tous les deux parus chez Nimrod éditions), ils embarquent littéralement le lecteur au cœur du cauchemar en Afghanistan et de l’enfer en Irak, l’obligeant à s’interroger sur ce que signifie «servir son pays», et revenir à la vie civile marquée par le fer rouge de la guerre.
Même si ce film de guerre carbure fort au patriotisme (Hollywood oblige !), son principal atout est de nous plonger dans les coulisses d’une opération militaire, au plus près de ses hommes.
À l’instar d’un Apocalypse now (1979) au Vietnam, de La ligne rouge (1998) ou de 317ème Section (1965) du regretté Pierre Schoendoerffer - VOIR L'HOMMAGE), Du Sang et Des larmes fait partie de ces films majeurs du genre, car il évite le manichéisme exagéré ou la vision trop romantique de la guerre.
Souvent scotché à son fauteuil, le spectateur déguste dès lors ce long métrage plus subtil qu’il n’y parait. C’est là tout le tour de force de Peter Berg en parfait «chef d’orchestre» de ce long-métrage sur vitaminé.
Stéphane DUGAST
* À LIRE : Le survivant de Marcus Luttrel et Patrick Robinson. 330 pages - 21 euros (Nimrod éditions) + Le retour au combat de Marcus Luttrel et James D. Hornfischer. 330 pages - 21 euros (Nimrod éditions)
› À VOIR
Du sang et des Larmes de Peter Berg avec Mark Wahlberg, Taylor Kitsch, Emile Hirsch, Ben Foster et Eric Bana. USA - 121 minutes. Au cinéma le 1er janvier 2014.
› BONUS
Les confidences de Marcus Luttrel lors de l'émission 60 minutes (en anglais)