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PARFUMS PORTUAIRES #4

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Après une enfance ensoleillée (Cf part 1 & part 2), Pierre Auzias est devenu un danseur professionnel chevronné (Cf part 3) quand sa vie va prendre un nouveau tournant en Normandie. Quatrième épisode d’une tranche de vie savoureuse à plus d’un titre…

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« 1976. Je pars voir mes parents en résidence au centre de thalassothérapie de Granville. Coup de foudre !

La situation géographique de la ville, sa beauté tout comme celle de la côte que l'oeil balaye du nord de la Hague au Cap Fréhel à l'ouest, m'inspirent une halte. La « haute ville » austère, ceinturée de remparts, semble mystérieusement endormie sur son histoire.

Là, sous le cri des goélands qui planent au dessus des vieux toits d'ardoises, je découvre l’île de Chausey et plus haut Jersey.

Le marnage, modifiant sans cesse ce vaste paysage marin, me fascine également. Le bassin du port de pêche est plein de magnifiques « pêche-arrière », des chalutiers construits en chêne au chantier Servain et encore produits à un rythme soutenu.

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COUREURS & PELLETAS

De jeunes marins, comme à Saint Malo, dans un sain climat de flibuste, peuplent alors les cafés avant de s'élancer dans les premières grandes courses océaniques.

Je revois le grand sloop « Pristis » qui s'apprête à courir Le Triangle Atlantique ou « Révolution », le superbe tonner flushdeck. Je me souviens aussi du passage de l'énorme « Club Med » avec Alain Colas seul à la barre passant fièrement l'écluse sous les applaudissements de la foule.

Je me rappelle également d’Éric Tabarly, dit « Pépé », grand fidèle des régates de doris de Chausey et tant d'autres.

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La plaisance est alors en plein essor. On construit la toute nouvelle marina qui fait tousser quelques vieux « pelletas ».

Image pittoresque et quotidienne de ces vieux loups de mer silencieux, assis sur le granit du quai, la casquette vissée sur le crâne. Ils ne comprennent pas les parisiens qui, soudain, viennent désormais ici par centaines se faire laver pour le plaisir !

PREMIERS CROQUIS

Je retrouve les souvenirs de mon enfance à Cannes. C’est je crois cette nostalgie de la vie maritime qui me pousse à griffonner mes premiers croquis.

Des courbes ou des lignes coques échouées dans l'avant port, des scènes de vie quotidienne des gens de mer... Il y aura également des inspirations plus terrestres avec les ruines des abbayes, comme celles de Hambye ou de La Lucerne.

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1977. Je reviens à Granville et y trouve un logis peu étanche sous les toits de la haute ville. L'eau de pluie goutte du plafond, directement sur mon papier. C'est pratique pour mes aquarelles !

Je suis ici heureux. Je retrouve l'air qui me manquait à Paris. De Granville, je peux cependant vite regagner la capitale ou d'autres villes pour y danser.

St Lô, Coutances, Bayeux, Caen… Je crée des associations dans ces « grandes villes » de Normandie pour y enseigner la danse.

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D’ART & D’ESSAIS

Dans la petite maison de la place Cambernon dans la « haute ville », je racle, je m'acharne. Je fais des trous dans le papier. Je colle. Je récupère des sacs de patates que je maroufle. Je mélange et je broie mes poudres.

Je rencontre aussi de nombreux artistes qui ont tous choisi de travailler dans cette région. Toujours avide d'apprendre, je rends visite au fabuleux graveur Patrick Vernet à la générosité marquante.

Je retrouve aussi souvent sur le port le peintre Guy Désert. Il aime la pluie et m'explique ses gris vibrant déposés sur des fonds colorés.

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Monsieur Marc P. Châtaigner Père, directeur de l'Aquarium du Roc, aquarelliste très sollicité m'enseigne quant à lui l’art des reflets aquatiques saisissants.

Je fais aussi la connaissance de Bernard Chenez, dessinateur chroniqueur au journal Le Monde, un interlocuteur respecté et très attendu chaque fin de semaine….

Je prends peu à peu goût à un autre beau métier, celui d’artiste-peintre, grâce à ces personnalités.

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Pierre Imbourg, alors directeur de la revue « L'Amateur d'Art », publie l'oeuvre qu'il m’achète au salon des Bas Normands de Caen en 1977 et m'impose une côte. Du coup, les galeries me contactent.

Si une porte semble vouloir se fermer sur ma carrière de danseur, j'essaie bien au contraire de mener désormais ces deux activités de front.

« NE CRAIGNEZ PAS DE MOUILLER ! »

Plus tard ayant ainsi vaincu le stade des salissures, je décide d'aller consulter le « Maître de Chausey » qui me reçoit très gentiment une bière sur la table de la cuisine dont je me rappellerai encore longtemps.

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Il étudie longtemps silencieux les études de bateaux que je lui ai apporté et de son franc parler littéraire conclut : « Je vois que vous ne confondez pas balancine et pataras, continuez donc ! Il n' y a pas de recettes, sinon mouiller ! Oui mouillez bien votre papier, mouillez ! Ne craignez pas de mouiller, vous verrez ! ».

Depuis ce jour là, la voix de Marin Marie a toujours été ma corne de brume et mon phare.

1980. L’illustre Marin Marie, peintre de la Marine depuis 1935, me propose d'entrer en contact avec un de ses collègues peintre titulaire de la marine pour me conseiller, en vue de postuler. 

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MARIN-MARIE BIENVEILLANT

J'attends 1982 pour présenter à Monsieur Henri Plisson (1908–2002), peintre titulaire, mon travail : « Vous serez pris, c'est excellent ! »

Échec ! Je ne suis pas retenu. Dans les couloirs du Musée de la Marine : un officier, casquette et toile sous le bras, tout aussi défait que moi, je suis blême, il est rouge de rage: « Ils ne prennent que des vieux c... 60 piges minimum! »

A la mort le 11 Juin 1987 de Monsieur Marin Marie, je perds un père spirituel. Décédé peu de temps après mon père, j'aurai le sentiment d'en perdre deux.

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Aujourd'hui dans mon petit atelier au Groenland, je salue chaque jour religieusement le portrait que j’ai alors fait de lui pour l'immortaliser.

Coiffé d'une casquette de marin pêcheur « La Granvillaise », il me regarde par dessus ses demi foyers en souriant. Comme un clin d'oeil... » (À SUIVRE)

LIRE L'ÉPISODE 5

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