CHRISTIAN CLOT ADAPTATION #3 : ET APRÈS ?

L'explorateur Christian Clot boucle un nouveau défi hors norme : quatre traversées successives des quatre milieux les plus extrêmes de la planète, durant 30 jours chacune ! Au-delà de l'extraordinaire défi et de la beauté magique des lieux, le but a consisté à réaliser les premières études sur la capacité d'adaptation humaine, principalement de notre système cognitif, in situ, dans de véritables conditions extrêmes. Troisième et dernier volet de l'entretien exclusif sur le blog Embarquements avec l'explorateur tout juste de retour des plaines glacées sibériennes.

(LIRE L'EPISODE PRECEDENT) - Le blog Embarquements : Vous venez de boucler avec succès ces quatre phases d'aventure extrême, en solo. Comment se poursuit l'expérience Adaptation ?

- Christian Clot : Les quatre expéditions de 2016-2017 que j'ai réalisées en solo préfigurent le programme de l'année prochaine.

Cette fois, c'est une équipe de 20 volontaires qui va vivre ces quatre aventures et participer au même programme scientifique en élargissant ainsi la population étudiée. Je tiendrais compte de mon expérience vécue au cours de cette première phase pour adapter le programme à un groupe de 20 personnes.

Par exemple, nous traverserons la Sibérie en modifiant le calendrier pour bénéficier de températures un peu moins extrêmes, ou certaines étapes pourraient être raccourcies.

- Comment avez vous constitué cette équipe de 20 personnes ?

- Nous avons lancé un appel à candidature et reçu plus 500 candidatures répondant aux critères ! Nous avons finalement retenu 160 candidats et nous sommes dans la dernière phase de sélection. Nous garderons un certain quota pour parer aux inévitables abandons pendant les phases d'entraînement.

Pourtant, le protocole de recrutement était plutôt ambitieux . Au delà d'un excellent état général et d'une aptitude à la vie en expédition, les recrues doivent par exemple être tous droitiers ! En effet il faut pouvoir comparer scientifiquement tous les individus et les caractéristiques du cerveau des droitiers et des gauchers sont différentes.

Autre particularité, ils ne doivent présenter aucun tatouage car les encres sont incompatibles avec l'IRM. Nous voulons également une stricte parité hommes/femmes. Une véritable gageure car à ma grande surprise nous avons reçu beaucoup plus de candidatures masculines que de candidatures féminines … les préjugés sont tenaces.

- Le grand public attend avec impatience de lire ou de voir vos aventures, comment comptez vous les restituer ?

- Rien n'est encore figé, mais au-delà des publications strictement scientifiques des différents laboratoires, je pense peut-être publier un livre de cette aventure unique. Nous avons aussi prévu un film.

A chacun de mes départ j'étais accompagné pendant les trois premiers jours par une équipe de 2 à 4 scientifiques et par une réalisatrice – cadreuse, l'exploratrice Mélusine Mallender. Une fois seul, j'ai continué à filmer… lorsque les conditions le permettaient !

Je disposais d'une caméra de poing, d'une caméra embarquée et d'un petit compact étanche, un dispositif léger et robuste qui permet des prises de vue en immersion.

- Portez-vous une attention particulière aux plus jeunes ?

- Oui, il faut faire naître les vocations ! Les 10-14 ans peuvent dès à présent se familiariser et rêver au magnifique métier d'explorateur avec l'ouvrage « Moi, Explorateur» qui vient d'être publié aux éditions Glénat-BD dans une série présentant des métiers aux jeunes lecteurs.

Un récit passionnant sur un métier surprenant, que j'ai souhaité loin des stéréotypes de l’aventurier, qui propose une réflexion sur le rôle de l’explorateur et son engagement éthique. Un livre superbement illustré par Hédi Benyounes. (FIN)

Crédit photo/illustration : Christian Clot / Agence Zeppelin

Propos recueillis par Dominique Simonneau