Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

CHRISTIAN CLOT ADAPTATION #2 ET LA SCIENCE DANS TOUT ÇA ?

Pin it!

L'explorateur Christian Clot boucle un nouveau défi hors norme : quatre traversées successives des quatre milieux les plus extrêmes de la planète, durant 30 jours chacune ! Au-delà de l'extraordinaire défi et de la beauté magique des lieux, le but a consisté à réaliser les premières études sur la capacité d'adaptation humaine, principalement de notre système cognitif, in situ, dans de véritables conditions extrêmes. Second volet de l'entretien exclusif sur le blog Embarquements avec l'explorateur tout juste de retour des plaines glacées sibériennes.

(LIRE L'EPISODE PRECEDENT) - Embarquements : Chacune de ces traversées fait l'objet d'études scientifiques, quels en sont les enjeux ?

- Christian Clot : Ces études s'organisent selon deux grands axes. Tout d'abord, la cognition. On analyse la physiologie pure du cerveau, plus précisément le lobe préfrontal qui est le siège des prises de décisions.

On étudie la plasticité du cerveau, sa transformation lorsqu'il est soumis à des situations extrêmes. Cet axe d'études est coordonné par le LNC, laboratoire des neurosciences cognitives qui est une unité INSERM/ Ecole Normale Supérieure.

L'autre axe d'études s'attache aux sciences humaines, la psychologie et le fonctionnement du cerveau. Ce second axe est piloté par le laboratoire COMET, unité mixte INSERM/CHU de Caen.

FB_brain_plasticity_info.jpg

- Seul au milieu de ces déserts extrêmes, vous étiez aussi véritable cobaye de laboratoire ?

- Les protocoles d'études étaient très stricts, quotidiens ou hebdomadaires.

Je devais avaler une gélule qui enregistrait des mesures brutes et j'effectuais régulièrement un électro-encéphalogramme. Je devais aussi faire des exercices très codifiés de mesures des capacités de mémoires, de gestion de la peur. Dès mes retours de chacune des quatre étapes je passais une IRM pour mesurer la transformation de mon cerveau avant et après l'expédition.

Les données subjectives viennent compléter ces données brutes. Ainsi, je tenais aussi un carnet d'humeur et je me filmais pour l'analyse des quantités de mots, débit de parole, expressions faciales.

CD2-108.jpg

- Mais tout ce travail de recherche est déjà régulièrement réalisé à l'occasion de multiples expéditions ?

- L'expérience Adaptation est unique car pour la première fois, les mesures sont faites dans quatre types de conditions extrêmes subies par un individu unique ! Et les équipements techniques ont tellement évolué que ce que nous avons réalisé n'aurait pu se faire il y a cinq ans seulement.

C'est une expérience tout à fait nouvelle et je suis très fier d'en être à l'origine et d'être le moteur de ces études.

Infographie-ADAPTATION.jpg

- De nombreux laboratoires sont impliquées dans le programme, n'y a t-il pas un risque de dispersion ?

- Pour chaque expérience, un des laboratoires a un rôle de leader et l'ensemble des données est accessible à tous. Même si chaque laboratoire garde une parfaite maîtrise de la confidentialité de ses résultats, nous avons obtenu après des années d'efforts que tous travaillent en décloisonnant les disciplines.

Je me sens pionnier dans cette nouvelle façon de réfléchir à ces études. Et tous ont accepté une mission de vulgarisation auprès du public !

- Ce programme scientifique est ambitieux, comment est-il financé ?

- Pour cette première phase en solo, j'ai moi même financé mes quatre expéditions et chaque laboratoire a financé son programme scientifique.

Pour la seconde phase en groupe, nous cherchons encore des partenaires pour boucler le budget. Les grandes institutions nationales de financement de la recherche restent encore un peu frileuses devant notre projet complexe et très novateur ! (LIRE LA SUITE)

Crédit photo/illustration : Christian Clot / Agence Zeppelin

Propos recueillis par Dominique Simonneau

Les commentaires sont fermés.