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aventure - Page 29

  • L'ILE MYSTERIEUSE

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    © Infographie Arnaud CREACHCADEC / Photos Stéphane DUGAST

    CLIPPERTON (Pacifique)
    10° 17 Nord / 109° 13 Ouest

    Tête d'épingle perdue dans l'immensité du Pacifique, l'île de Clipperton est une possession française méconnue. Difficile d'accès et fréquemment visité par les bateaux de la Royale, cet atoll constitue une escale mythique chez les marins. Cette île mystérieuse a attisé, au fil des siècles, bien des convoitises et suscité bien des légendes... J'ai eu la chance de me rendre à deux reprises sur ce  «caillou de la République». Lors de ma seconde escale, j'y suis allé accompagné de l'explorateur polaire Jean-Louis Etienne. A cette occasion, j'ai réalisé mon premier film documentaire intitulé «Clipperton, l'île mystérieuse», diffusé sur FRANCE 3 THALASSA et la chaîne RFO dédiée à l'Outre-mer.

  • PUBLICATION STRATEGIQUE

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    © With the courtesy of Alhrep

    «Les Pôles», c'est la thématique du dernier numéro du Bulletin d'études de la Marine. Une publication référence sur les océans, la géopolitique maritime et ses acteurs.

    Les_poles.jpgLA CHRONIQUE Au pôle Nord comme au pôle Sud, les glaces sont reines. Situés aux deux extrémités du globe terrestre, l'Arctique et l'Antarctique sont deux déserts blancs longtemps restés à l'écart du monde.

    Si l'on néglige souvent de mentionner l'Antarctique comme le sixième continent de notre planète, l'Arctique est quant à lui en majeure partie un océan entouré de terres habitées, parsemées d'îles telles que le Groenland.

    Au sud, l'Antarctique est une vaste terre encerclée par le large océan austral, sur laquelle, exceptés quelques centaines de chercheurs et scientifiques de passage, aucun être humain n'habite.

    Soumises à des froids intenses, à la nuit polaire la moitié de l'année ainsi qu'à des phénomènes magnétiques longtemps restés inexpliqués, ces deux régions extrêmes de notre planète fascinent par leur beauté autant qu'elles effraient par la rudesse de leur climat, par les dangers encourus et leur isolement.

    Les pôles sont désormais au cœur des préoccupations géopolitiques, stratégiques et environnementales, dérèglements climatiques obligent. Autant de questionnements et d'approches que le dernier numéro du Bulletin d'études de la Marine  aborde dans un numéro spécial intitulé «Les Pôles».

    120 pages d'enquêtes et d'entretiens, dont une enquête «Dans les pas de Paul-Emile Victor», un portrait de l'aventurier polaire et l'interview de son fils, font de cette publication une référence pour les lecteurs (marins) curieux...

    Stéphane DUGAST

    *

    VERSION NUMERIQUE. A lire en intégralité sur le web à :  http://www.cedoc.defense.gouv.fr/Les-Poles-no47-Mars-2010

    VERSION PAPIER. Bulletin d'études de la Marine N°47. A commander en appelant le 01 44 42 82 13 ou en écrivant  au Centre d'Enseignement Supérieur de la Marine (CESM) - BP 8 - 00300 Armées.

  • O CAPITAINE, MON CAPITAINE 3|3

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    © DR

    Patrice Franceschi, 56 ans. Explorateur sur terre, sur mer dans les airs et sous l'eau. Écrivain, cinéaste et philosophe. Un «Docteur ès Aventures» lancé à bord du trois-mâts La Boudeuse dans «Terre-océan», une mission du Grenelle de la mer autour du monde.

    PFRANCESCHI3.jpgFlatteur et négociateur. Habilement, l'ex président de la société des explorateurs mais également cinéaste (une vingtaine de documentaires à son actif) glisse une anecdote avec la Royale lors de sa première expédition à bord de la jonque La Boudeuse. «La Marine m'a filé un sacré coup de main près de Djibouti !».

    L'aventurier à la silhouette longiligne, la peau tannée et à l'ancre de marine tatouée sur le biceps gauche sait flatter. «Trop !» selon ses détracteurs. Dans le monde de l'aventure, les rivalités sont exacerbées.  Rapidement, la discussion glisse sur sonexpédition à la rencontre des peuples de l'eau. À bord de sa nouvelle Boudeuse, il y aura des ethnologues, des anthropologues mais également des jeunes du monde entier choisis avec la bénédiction de l'Unesco.

    «Il ne s'agit pas de partir étudier ces populations d'un point de vue purement scientifique mais en s'intéressant aux comportements humains qui nous rapprochent malgré des connaissances et des niveaux technologiques différents». Une circumnavigation en quête de sens et jalonnés d'escales de rêves (Polynésie, Nouvelle-Guinée, Birmanie...). En somme, une aventure maritime rêvée. Mais en ce moment, Les soucis s'accumulent pour le «chef du projet». Les retards aussi.

    Son trois-mâts est  au chantier dans le port finistérien de Camaret. «Je dois adapter mon bateau aux normes et aux certifications françaises draconiennes». Les obstacles sont aussi financiers. «Il m'a fallu accumuler de la crédibilité pour convaincre les télévisions, les médias et les banquiers». D'interminables négociations et des sollicitations médiatiques nombreuses. 

    Alors, le marin-aventurier court et enchaîne les rendez-vous pour que la Boudeuse lève enfin l'ancre. Que l'ancre coule. Qu'on tourne des images de ses rencontres et de cette odyssée pour partager ces histoires. «Je ne ferai pas des documentaires, mais douze films d'aventures vécues».

    Cette odyssée autour du monde à la rencontre des «peuples de l'eau» réalisée, Patrice Franceschi est reparti , cet hiver,  pour une nouvelle expédition longue durée, l'esprit d'aventure chevillé au corps et au cœur. Fort cette fois d'une «lettre de mission» remise par le ministre de l'Ecologie et du développement durable, Jean-Louis Borloo, et ses secrétaires d'Etat,  Dominique Bussereau et Nathalie Kosciusko Morizet.

    Comme un écho à travers les siècles de celle que reçu en son temps Louis-Antoine de Bougainville pour lancer sa frégate La Boudeuse autour du monde de 1766 à 1769. Bougainville était alors le premier des navigateurs à emmener avec lui des «savants» et, de ce fait, le premier à s'aventurer sur les mers pour des raisons scientifiques et non pas simplement pour des objectifs commerciaux, politiques, économiques, militaires ou diplomatiques.

    «Tout un symbole !», conclut le capitaine Franceschi dans un large sourire...  (FIN)

    Stéphane DUGAST

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    PORTRAIT AVENTURES
    DOCTEUR ès AVENTURES Volet 3|3

    logo cb.jpgReportage paru dans COLS BLEUS, l'hebdomadaire de la Marine nationale depuis 1945.

  • O CAPITAINE, MON CAPITAINE 2|3

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    © DR

    Patrice Franceschi, 56 ans. Explorateur sur terre, sur mer dans les airs et sous l'eau. Écrivain, cinéaste et philosophe. Un «Docteur ès Aventures» lancé à bord du trois-mâts La Boudeuse dans «Terre-océan», une mission du Grenelle de la mer autour du monde.

    PFRANCESCHI.jpgAventurier et analyste. Une pause, ouf ! Lui en profite pour desserrer le nœud de sa cravate bleu marine trop serrée et défaire le bouton de sa chemise blanche. Son «uniforme» en ces temps d'âpres négociations. Car, le «philosophe de l'Aventure» est reparti avec son bâton de pèlerin pour convaincre banquiers, patrons de presse, grands décideurs et institutionnels de l'aider dans ses aventures maritimes.

    Un tour du monde de 40 000 milles d'Est en Ouest en bateau à la rencontre des peuples des mers. Dans la droite ligne du Voyage autour du monde d'un aîné glorieux : Antoine de Bougainville. Sa Boudeuse à lui est un trois-mâts goélette de 42 mètres de long, construit en 1916, et utilisé ces dernières années comme navire école par une association suédoise.

    Sa sortie de la rade de Brest a, paraît-il, été remarquée. «Majestueuse» selon l'intéressé qui brandit, sous votre nez, les clichés de cette sortie en mer. Le titulaire d'une maîtrise de philosophie sur le tard est fier de son navire. Le précédent (également baptisé Boudeuse) était une réplique d'une jonque de guerre chinoise du XIXe siècle, qui a coulé en mars 2001 au large de Malte, sur le chemin du retour en France. Une déception dure à avaler.

    Et surtout beaucoup de tracasseries administratives et financières «Je continue toujours à rembourser les dettes» confie «Cap'tain Franceschi» sans pudeur. «Plus de 6 000 euros mensuels. Tous mes droits d'auteur y passent».

    Rapidement, la discussion change. Question de flair, le capitaine au long cours reparle d'aventure. Cette fois, c'est plus «terrain». Ses exploits défilent comme on lit les récits des Kessel, Londres et consorts.

    Ses reportages de guerre au Tchad ou au Liban. Ses aventures à pied, en ULM ou à dos de chameau. Inévitablement, on parle de l'Afghanistan, du commandant Massoud et de son combat aux côtés des Moujhadins.

    La situation du moment en Irak le préoccupe forcément, et l'inquiète «La méconnaissance et les mépris des traditions de l'islam ont fait croître cette haine de l'Amérique étendue à tous les Occidentaux, y compris les ONG qui sont désormais prises pour cibles».

    Prémonitoire puisque l'aventurier au teint hâlé tenait ses propos dès 2002. (A SUIVRE)

    Stéphane DUGAST

    *

    PORTRAIT AVENTURES
    DOCTEUR ès AVENTURES Volet 2|3

    logo cb.jpgReportage paru dans COLS BLEUS, l'hebdomadaire de la Marine nationale depuis 1945.

  • O CAPITAINE, MON CAPITAINE 1|3

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    © DR

    Patrice Franceschi, 56 ans. Explorateur sur terre, sur mer dans les airs et sous l'eau. Écrivain, cinéaste et philosophe. Un «Docteur ès Aventures» lancé à bord du trois-mâts La Boudeuse dans «Terre-océan», une mission du Grenelle de la mer autour du monde.

    PFRANCESCHI2.jpgBeau parleur et iconoclaste. Les mains moulinent au-dessus du steak-frites. Le regard noir balaye les trois convives équitablement. Chacun a le droit à son sourire. Ou mieux un doigt tendu dans sa direction.

    Tous se croient alors obligés d'opiner de la tête. Autour, des officiers de Marine attablés regardent discrètement la scène. Certains sont amusés, d'autres peut-être agacés par ce «one man show».

    Le principal intéressé s'en contrefiche et continue de prêcher sa bonne parole. Son auditoire boit littéralement ses paroles à défaut d'engloutir ce qu'il a dans son assiette. Lui continue son exposé. Il lui faut persuader ses interlocuteurs du bien fondé «De l'esprit d'aventure», son récent ouvrage.

    Tout y passe. Pêle-mêle. Confucius le Chinois, Socrate le Grec. Dieu, Moïse, la mort, Ulysse, Don Quichotte. Michel-Ange, Galilée. Ses préférences vont aux conceptions épicuriennes et stoïciennes de l'Antiquité. À Kant aussi, «l'un des plus fascinants aventuriers de la pensée». Les références sont nombreuses. Comme les anecdotes.

    On y parle philosophie mais surtout de la vie. Avec deux autres grands voyageurs, Gérard Chaliand et Jean-Claude Guilbert - «des gens avec qui (il) partage la même philosophie de vie» - Patrice Francesci s'est attelé à l'écriture d'un essai sous forme de dialogues pour proposer une conception renouvelée et originale de cet esprit si souvent associé, aujourd'hui, à l'exploit sportif ou à l'exploration. L'esprit d'aventure.

    Après plus de trois décennies de bourlingues en tout genre, l'écrivain aventurier a eu envie de s'interroger avec ses deux complices sur leur parcours respectif et l'histoire des sociétés. La quête est ambitieuse. «Revaloriser l'esprit d'entreprise dans tous les domaines par rapport au principe de précaution et au risque zéro que préconisent nos sociétés occidentales».

    Séduisant. Surtout lorsque l'orateur émaille son cours magistral d'anecdotes. L'aventurier a belle allure. La tchatche facile. De quoi faire succomber la gente féminine facilement ? Lui,  sourit et corrige le cliché : «Je suis très fidèle dans la vie». D'ailleurs, le «philosophe de l'aventure» est marié et père de deux enfants.

    Quant à la réussite sociale, elle ne l'intéresse guère. «Je n'ai ni voiture, ni appartement. Quand elle arrive, je l'utilise pour continuer à avancer».  Mais alors comment rester dans et en dehors du système ? La réponse est sobre. «Le voyage et l'esprit d'aventure». Ou plus pragmatique : «Apprendre à piloter un avion ou lire Kant, c'est un tout». Et la mort dans tout çà ? «La fonction de l'aventurier est d'épuiser le «champ du possible» à n'importe quel prix, jusqu'à en perdre la vie s'il le faut».

    Intransigeant et résolument anti-conformiste dans une société très sécuritaire et occultant la mort. Pour l'explorateur, c'est tout simplement l'aptitude au risque, l'une des vertus de l'esprit d'aventure. Ite messa est. (A SUIVRE)

    Stéphane DUGAST

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    PORTRAIT AVENTURES
    DOCTEUR ès AVENTURES Volet 1|3

    logo cb.jpgReportage paru dans COLS BLEUS, l'hebdomadaire de la Marine nationale depuis 1945.

  • BANQUISE MEURTRIERE

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    BRISE NET !
    Récit et photographies de Stéphane DUGAST

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    © Infographie - Arnaud Créachcadec

    Un rêve : être le premier Français à atteindre le pôle Nord en solitaire et sans ravitaillement. Une quête brisée nette après 18 kilomètres de marche...

    FCB pic 5 W.jpgImpossible de fermer l'œil malgré la fatigue, les 6 heures de décalage horaire à digérer, les 25 décollages et atterrissages en 2 jours et les 32 heures du voyage retour. La nuit a été presque blanche. Et cauchemardesque. Comme une prémonition.

    Au réveil, la radio crachouille ses flashs infos du matin. La litanie habituelle des catastrophes en France et à l'étranger. Les résultats sportifs du week-end aussi. De grandes épopées également comme le tour du monde à l'envers victorieux de Jean-Luc Van Den Heede après trois tentatives infructueuses.

    Pendant ce temps, «Le Cham» alias Frédéric Chamard-Boudet poursuit son aventure à lui. «Là-haut» sur la banquise, à quelques kilomètres de Cape Archtcheschy tout au nord de la Sibérie. Là où nous l'avons laissé sur la banquise à -40°C dans sa tentative en solo et en autonomie complète. Le pôle est encore loin, 980 kilomètres exactement. Encore 60 jours d'effort...

    Entre terre et océan

    La banquise blanche à perte de vue. La lumière est comme tamisée. Le soleil bas au-dessus de l'horizon. LaFCB pic 9 W.jpg montre affiche pourtant 16 heures tapantes.

    Juste devant nous s'étend l'océan Arctique glacial. Derrière, la terre la plus septentrionale en Sibérie. Hormis quelques bidons d'essence et une cabane enfouis dans l'épaisse couche de neige, rien ne distingue la terre de l'océan gelé.

    Posé depuis quelques minutes sur ce sol immaculé, les deux hélicoptères de l'aviation civile russe tranchent avec le paysage dépouillé. Autour des deux carlingues à la robe orange et bleue, on s'affaire religieusement autour de deux pulkas.

    Dominik Ardouin, l'aventurière franco-finnoise est rapidement prête à en découdre avec le grand blanc, sa pulka jaune solidement arrimée.

    Frédéric Chamard-Boudet range méthodiquement ses effets après avoir essayé son fusil dans le froid. Pour s'attaquer au pôle, chaque aventurier embarque une arme. Les rencontres avec un ours polaire sont courantes.

    Marin dans la brume

    FCB pic 20 W.JPGLes ultimes préparatifs des deux aventuriers se font sans précipitation et dans le calme. Les deux sont presque muets. Complètement dans leur bulle.

    Derniers réglages. Sanglage de la pulka et des boots de traction sur le baudrier. Ajustage du masque sur le visage pour se protéger du vent polaire. Dernières accolades avec les accompagnateurs. Personne ne pipe un mot. I

    ndifférents à cette préparation quasi silencieuse, les pilotes multiplient les allers-retours entre les hélicoptères et la cabane. Il faut refueler les deux hélicos pour rentrer à la base de Sredny à une heure et quart de vol.

    Dominik Ardouin s'est déjà élancée depuis quelques minutes lorsque le marin et sa pulka couleur pomme et cerise s'ébrouent. Derniers regards. Ultimes encouragements.

    En guise de salut, les bras et les bâtons de skis s'élèvent et s'agitent. L'aventurière haute comme trois pommes et sa pulka de 50 kilos ont déjà disparu à l'horizon.

    Plus que le bruit des skis raclant la neige. La brume enveloppe le «marin des glaces». La nuit polaire ne va pas tarder à tomber.

    «Il a échappé de peu à la mort...» 

    FCB pic 12 W.jpgKlaxon et bruit de sirènes. Paris la nuit. Paris le jour. Réveil difficile. Rapidement déballer le sac de reportage et laver le linge sale avant de foncer à la rédaction de l'hebdomadaire de la Marine.

    L'odyssée sibérienne est terminée. Les rêvasseries aussi lorsque retentit la sonnerie du téléphone. «Frédéric a déclenché sa balise Argos. Il a échappé de peu à la mort...». À l'autre bout du fil, la voix de son épouse Véronique s'étrangle. Stupeurs et tremblements.

    Autre coup de fil, Cerpolex les organisateurs français des expéditions polaires de Frédéric, Christine Janin, Jean-Louis Etienne et de tant d'autres. «Frédéric est en mauvaise posture. D'après son coup de téléphone, il est tombé dans une eau à -1.8°C pendant 4 minutes. Il aurait quand même réussi à monter son bivouac et tente de se réchauffer les mains».

    Tout va très vite dans la tête. L'eau à -2°C. La température de l'air oscillant jusqu'à -30°C. Aucune source de chaleur excepté une tente à monter et un réchaud à allumer mais avec les pieds et les mains gelés...

    Un vrai martyre ! Je me rappelle mon retour dans l'hélicoptère. Mes mains et mes pieds gelés que j'ai eu mille peines à réchauffer près d'une source de chaleur. Si dérisoire par rapport à ce que doit endurer le «marin des glaces».

    Pendant 3 jours, les secours s'organisent. Les coups de téléphones seront innombrables. Les marques d'affection aussi. Viendra la plus belle, celle d'un officier de marine épris lui aussi d'aventure : «Le vrai défi est bien celui dont l'issue reste incertaine...».

    Frédéric sera sauvé.  Le précédant à son départ depuis la terre la plus septentrionale, Dominik Ardouin disparaîtra deux jours plus tard. Jamais son corps ne sera retrouvé, «englouti» par la banquise meurtrière cette année là.

    «Là-haut», tout là-haut, sur la banquise, la moindre erreur peut s'avérer fatale...

    logo cb.jpgRécit publié dans Cols Bleus, l'hebdomadaire de la Marine nationale depuis 1945.

  • RECIT POLAIRE 3|3

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    EN COULISSES 3|3
    Récit et photographies de Stéphane DUGAST

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    Sept décennies après ses hivernages au Groenland oriental, j'ai glissé mes pas dans ceux de Paul-Emile Victor (1907-1995) afin de raconter le destin d'une des figures emblématiques de l'aventure polaire du vingtième siècle et une région du globe en pleine mutation. Ultime volet du récit de cette aventure polaire racontée dans un livre, une exposition, un film documentaire et dans la presse.

    FCB pic 15 W.jpgC'est lors d'un quart pendant une nuit étoilée que l'idée de réaliser ces voyages-expéditions en milieu polaire a germé. Sur le pont détrempé de la goélette de la Marine nationale Belle Poule, le Groenland et Paul-Emile Victor se sont enfin conjugués. Clin d'œil à ma vocation polaire, le marin-aventurier Frédéric Chamard-Boudet, dit «Le Cham'», achevait sa carrière dans la Royale sur ce navire-école.

    Frédéric, je lui dois ma première expérience polaire. Solide gaillard bâti comme un deuxième ligne de rugby, ancien radio transmetteur chez les commandos Marine, le «Cham'» est un passionné de voyages et d'expéditions.

    En digne héritier des marins explorateurs comme Pierre Loti ou Jules Dumont d'Urville, découvreur de la terre Adélie, ce fondu de voile a décidé de marcher sur un océan et de rejoindre, en solitaire et sans ravitaillement, le pôle nord depuis la Sibérie. 

    Reporter «officiel» de son expédition, c'est à cette occasion que j'ai découvert le monde polaire. En Sibérie centrale durant l'hiver 2004, j'ai ainsi effectué mes premiers pas au pays des glaces.

    Au cap Arkitcheski, à la pointe de l'île Severnaya zemiya, j'ai pu contempler la banquise pour la première fois de ma vie. D'abord, depuis le hublot de l'Iliouchine 8, l'un des deux hélicoptères de l'aviation civile russe dans lesquels avec d'autres membres d'expéditions nous avons embarqué. Vue du ciel, cette  vaste étendue blanche à perte de vue, avec ses longues cicatrices et ses fractures causées par les courants, m'a instantanément fasciné. Au sol, le silence de cathédrale qui y règne m'a figé.

    Ce jour là s'étendait l'océan arctique glacial à perte de vue. Droit devant, le pôle nord à 980 kilomètres. Pour l'atteindre, 60 jours de marche au moins. Posés depuis quelques minutes sur ce sol immaculé, les deux hélicoptères de l'aviation civile russe semblaient perdus dans cette immensité malgré leur taille imposante. Tandis qu'autour des deux carlingues à la robe orange et bleu aventuriers et accompagnateurs s'affairaient, j'ai pris le temps de m'isoler et de me perdre dans une «forêt» de blocs de glaces sculptés par les marées et les vents.

    Le silence absolu seulement rythmé par ma respiration bruyante m'a saisi. Méditant quelques minutes à l'écart, je me suis imprégné du moment. Dans ce paysage dépouillé calme et fureur de la Nature se mélangeaient. De ces instants trop furtifs sur l'océan arctique gelé est née une intime conviction : revenir s'immerger dans un univers similaire. Russie ? Alaska ? Canada ? Antarctique ? Je ne le savais pas encore.

    L'idée d'un reportage en milieu polaire ne me quittera plus. En Sibérie central, les pieds gelés, les mains engourdies, les lèvres gercées, la chaire de poule en continu et les onglées nombreuses, j'y ai appris un univers et ses dures lois. En me rendant deux ans plus tard sur la côte orientale du Groenland, j'allais de nouveau être aimanté comme «Pôle»-Émile Victor !

    De prime abord sauvage, hostile et figé, les univers polaires révèlent leurs mille et une facettes à qui sait patiemment les arpenter, les regarder, les ausculter, les sentir et les écouter attentivement. On dit d'ailleurs que c'est à ce prix que les icebergs respirent, murmurent, chuchotent puis vous parlent... (FIN)

    «Dans les pas de Paul-Émile Victor» sur Internet, rendez-vous sur : www.danslespasdepaulemilevictor.fr

  • RECIT POLAIRE 2|3

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    EN COULISSES 2|3
    Récit et photographies de Stéphane DUGAST

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    Sept décennies après ses hivernages au Groenland oriental, j'ai glissé mes pas dans ceux de Paul-Emile Victor (1907-1995) afin de raconter le destin d'une des figures emblématiques de l'aventure polaire du  vingtième siècle et une région du globe en pleine mutation. Deuxième volet du récit de cette aventure polaire racontée dans un livre, une exposition, un film documentaire et dans la presse.

    PEV 11 W.jpgEn suivant le sillage de Paul-Emile Victor sept décennies après ses séjours sur la côte orientale du Groenland, pénétrer au cœur des traditions et de l'âme Inuit a été notre leitmotiv. Une suite d'enquêtes minutieuses nous a permis de retrouver les empreintes laissées par «l'ami Paul-Émile», comme nous l'appelons désormais affectueusement.

    Durant ce voyage au fil des glaces, nous avons eu le bonheur de rencontrer les derniers survivants Inuits (désormais octogénaires), témoins des passages du kratouna («blanc» en tunumiutut) «qui écrivait tout le temps et imitait le singe pour faire rire les enfants».

    Tout au long de ce voyage initiatique, notre parcours a également été jalonné par de lumineuses rencontres. Tobias le chasseur, Silba, Gerti ou Max l'étonnant professeur marseillais, tous nous ont raconté, avec ferveur et enthousiasme, la vie contemporaine et celle des «temps anciens».

    En écho aux récits épiques et aux clichés artistiques de «l'ami Paul-Émile», j'ai  été conquis par la magie de cette région du globe pourtant menacée par les effets du réchauffement climatique. Tandis que les glaciers fondent inexorablement, la banquise - le territoire de prédilection des chasseurs Inuits -  se réduit, aussi bien en superficie qu'en épaisseur.

    Les répercussions de ces dérèglements climatiques sont  d'ores et déjà palpables pour la communauté Inuit. En s'amincissant, la banquise a ainsi rendu tout déplacement en traîneaux aléatoire le long de la côte orientale du Groenland. A cause de la disparition de la banquise hivernale dans les fjords durant la dernière décennie écoulée, les Inuits privilégient désormais les bateaux à moteur au détriment des chiens, privés d'activité faute de banquise.

    En réponse à ces changements, la majorité des chasseurs a également préféré tuer ses chiens plutôt que d'en assurer l'entretien. L'utilisation du bateau à moteur s'est systématisée été comme hiver. Les habitants d'Ammassalik sont aux premières loges du réchauffement climatique. Paradoxalement, la plupart des 3 000 Inuits peuplant cette région froide du globe semblent moins inquiets de ces récents bouleversements que les Occidentaux.

    «Les hivers sont plus courts et en plus il fait moins froid !» entend-on dans les rues de Tasilaaq, la principale agglomération concentrant le 2/3 des habitants. À l'inverse des sédentaires déconnectés de leur environnement, la poignée de chasseurs - une soixantaine tout au plus - est, quant à elle, préoccupée par ces dérèglements climatiques.

    Si il est difficile pour les Inuits d'imaginer tous les scenarii d'évolutions climatiques envisagés par la communauté scientifique internationale plutôt alarmiste quant à l'impact de la fonte des glaciers au Groenland sur les activités humaines (élévation du niveau des océans, instabilité des modèles météorologiques,  inflexion des courants marins...), ces récents dérèglements climatiques visibles dans la région d'Ammassalik envoient des signaux forts au reste de la Terre. Les régions polaires sont plus que jamais le baromètre de la planète en surchauffe...

    (A SUIVRE)


    «Dans les pas de Paul-Émile Victor» sur Internet, rendez-vous sur  : www.danslespasdepaulemilevictor.fr

  • RECIT POLAIRE 1|3

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    EN COULISSES 1|3
    Récit et photographies de Stéphane DUGAST

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    Sept décennies après ses hivernages au Groenland oriental, j'ai glissé mes pas dans ceux de Paul-Emile Victor (1907-1995) afin de raconter le destin d'une des figures emblématiques de l'aventure polaire du  vingtième siècle et une région du globe en pleine mutation. Le récit et les coulisses de cette aventure polaire racontée dans un livre, une exposition, un film documentaire et dans la presse.

    DANSLESPAS 4 W.jpgAnimé par les mêmes valeurs humaines et humanistes que notre illustre aîné, j'ai initié, en compagnie de Xavier Desmier, photographe à l'agence photographique Rapho, deux voyages-expéditions au Groenland oriental. Là même où Paul-Emile Victor a séjourné entre 1934 et 1937.

    Avec Xavier, photoreporter rompu et aguerri aux reportages en milieu polaire aux côtés de  Jean-Louis Etienne ou du cinéaste Luc Jacquet (NDLR : le réalisateur du film «La marche de l'empereur»), nous nous sommes rendus pendant l'hiver 2006 dans cette région située juste au-dessous du cercle polaire (66°33' N).

    Au cours de nos pérégrinations en traîneaux à chiens, en bateau, en raquettes ou à pied, nous avons d'abord souhaité partager, en toute simplicité et sans fard, le quotidien des derniers chasseurs nomades afin de mieux comprendre leurs réalités.

    L'été suivant, nous sommes revenus dans cette région polaire accompagnés, cette fois, de Stéphane, l'un des fils de Paul-Émile Victor, et d'Emmanuel Pittet, caméraman et producteur. Avec les mêmes chasseurs Inuits et leurs familles (un privilège rare), nous avons vécu une chasse nomade estivale comme les effectuaient jadis les Eskimos.

    Le but de ce voyage estival consistait cette fois à atteindre le fjord sauvage et inhabité de Kangerlussuatsiaq, le «Presque-pas-tout-à-fait-grand-fjord» en tunumiutut (le dialecte local). C'est sur cette île aux dimensions modestes (2 kilomètres au plus de diamètre) que l'explorateur et ethnologue français a hiverné, entre l'été 1936 et l'été 1937, en compagnie de chasseurs eskimos.

    A Kangerlussuatsiaq distant de 150 kilomètres du village le plus proche, Paul-Émile Victor (dit «Wittou» par ses amis eskimos) a partagé, auprès de sa compagne eskimo Doumidia, le quotidien précaire et authentique de sa famille d'adoption. L'ethnographe y a poursuivi sa méticuleuse enquête ethnologique. Comme ses compagnons, il a chassé également l'ours et le phoque.

    Après 14 mois de vie «comme un Eskimo parmi les Eskimos», de multiples voyages en traîneaux, le scorbut, la faim et d'intenses moments de partage, Wittou a quitté à regrets sa «famille» lors de la débâcle de la banquise.

    De retour en France en septembre 1937, Paul-Émile Victor écrira deux récits de son odyssée au pays des Eskimos. Publiés respectivement en 1938 et 1939, «Boréal» et «Banquise» connaîtront un franc succès auprès du grand public.

    Multipliant conférences et articles dans la presse, l'écrivain-ethnographe deviendra un homme populaire et un infatigable conteur de la société des Eskimos qu'il baptisera : la «civilisation du phoque». (A SUIVRE)

  • L'ESPRIT FUSS 2|2

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    Un père et trois fils, tour à tour commandos, fusiliers et marins. Le destin singulier des Fuss. Une famille lorraine au cœur marin. Après le père et le fils aîné « bidel », c'est autour de tous les fils...

    PORTRAIT FUSS 7 W.jpgEn guise de préambule, une piqûre de rappel sémantique. Dans la marine de guerre, le «bidel» désigne un homme à poigne, écouté et respecté pour sa grande expérience. C'est un officier marinier (NDLR : sous-officier) de spécialité fusilier, occupant les fonctions de capitaine d'armes.

    Il est alors temps de présenter la famille Fuss avec d'abord Nicolas le père, Michel, Alain et Jean-Marc, les trois fils. «Par ordre d'apparition ! » plaisante Michel, lui aussi «bidel» mais sur la frégate Aconit depuis 2007. Auparavant, Michel Fuss a été capitaine d'armes sur une autre frégate furtive. «Le La Fayette, la frégate qui parraine la préparation militaire marine de Metz. Un vrai clin d'œil familial !».

    Le regard de celui devenu capitaine d'armes en 2002 s'éclaire de nouveau à l'évocation de son affectation précédente : «La frégate de surveillance Nivôse. Ma première affectation comme bidel». Auparavant, son parcours militaire a été dense. «Comme son père», serait-on tenter de dire.

    Intégration à l'école des fusiliers pour le brevet élémentaire en 1985. Certifié commando, Michel Fuss rejoint ensuite le commando Jaubert jusqu'en 1991. Passage dans la foulée à la compagnie des fusiliers marins de Toulon où il obtient son cours de plongeur de bord. Affectation ensuite à la Flottille Amphibie - la Flophib - alors en pleine création.

    Brevet supérieur de fusiliers marins en poche en 1996, il goûte alors aux affectations embarquées. D'abord sur la Frégate Lance-Missiles (FLM) Duquesne. «Celle avec la grosse boule dans sa mâture» plaisante le «Bidel» de l'Aconit, avant de préciser doctement « qu'il s'agissait du radar tridimensionnel DRBI-23, abrité par un spectaculaire dôme en fibre de verre de 11,25 mètres de diamètre le préservant des fumées, embruns et vent, constituant le principal moyen de détection du navire».

    C'est sur le Duquesne que le fusilier «Fuss junior» prend goût à la vie embarquée. Désigné comme instructeur au Centre d'Instruction Navale de Saint Mandrier en 1999, il surmonte sa déception et fait tout pour permuter. «J'ai réussi après 2 mois !». Affectation à bord du Bâtiment de Commandement et de Ravitaillement (BCR) Marne comme adjoint au capitaine d'armes.

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    MICHEL, ALAIN & CO

    Le fils deviendra ensuite lui aussi «bidel». « En 2002 sur le Nivôse ». La boucle est bouclée pour le maître principal (NDLR : grade de sous-officier) Fuss, pressé de raconter le destin de ses cadets. A commencer par celui d'Alain. Aujourd'hui premier maître (NDLR : grade de sous-officier)  et responsable du bureau sport de la base navale de Toulon.

    Alain intègrera l'école des fusiliers marins en 1987. Béret vert en poche, il sera affecté au commando Jaubert. «On y sera ensemble quelques mois» concède le frère attendri. A l'issue du son Brevet d'Aptitudes Techniques (BAT) en 1989, Alain rejoint le commando Trepel jusqu'en 1992 avant d'intégrer la compagnie des fusiliers marins de Lorient. Changement de cap en 1993.

    « Alain passe son monitorat de sport à Fontainebleau ». Les affectations deviennent alors variées. L'école des Fourriers dans la Manche. Une campagne de deux ans en Nouvelle-Calédonie avant une affectation à la base aéronavale de Nîmes Garons en 1998 et le Brevet Supérieur (BS) de fusilier en 1999.

    Moniteur de sport sur l'île du Levant, Alain Fuss part ensuite en campagne pour une affectation embarquée en 2002 sur le bâtiment-ravitailleur Var. « Sa première affectation embarquée. On fera d'ailleurs ensemble plusieurs escales communes car moi j'étais sur la frégate Nivôse» s'amuse le grand frère.

    Depuis, le cadet a été affecté au bureau sport de Lorient avant de rejoindre en 2006 le bâtiment-ravitailleur  Somme. Même profil de carrière dense pour le petit dernier. Comme ses frères, Jean-Marc intègre l'école des fusiliers marins. «Lui, c'est en 1993». Stage commando dans la foulée. «Et remise du béret vert par le paternel. Un moment fort et intense» souligne Michel comme recueilli.

    Jean-Marc rejoindra le commando de Penfentenyo. BAT en 1996 et brevet supérieur en 1998. «Il sort major de promotion à chaque fois» précise admiratif le grand frère. Retour ensuite pour Jean-Marc dans les forces.

    D'abord au commando Jaubert pendant un an avant d'être muté au commando de Montfort. Court intermède dans la capitale en 2004 au centre Marine de la Pépinière à Paris. Trois ans plus tard, Jean-Marc revient dans le milieu commandos en devenant maître de cours et instructeur pour les élèves officiers fusiliers commandos. L'esprit Fuss en somme...

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    LES FILS (SPIRITUELS) FUSS

    Le passé défile devant les yeux du maître principal Michel quand ce dernier s'enthousiasme de nouveau : «Il y a les Fuss mais également des fils « adoptifs...» Sébastien C. s'est engagé en 1993. Mohamed M. en 1996.

    Tous les deux sont premier-maître. Tous les deux sont également « bérets verts » (NDLR : certification commando marine). Ils ont été «couvés» par «Fuss père» lors de leur passage à la préparation militaire marine de Metz. « Comme ils habitaient à l'époque dans le quartier où résidait la famille, mon père les a vite pris sous son aile ».

    Quant à Michel et Alain, les deux frères aînés, ils n'ont jamais hésité, durant leurs permissions, à faire découvrir aux jeunes l'entraînement lié à la spécialité de fusiliers comme la topographie les parcours, les marches, la natation et le footing. «Sébastien et Mohamed vont vite accrocher et s'accrocher...». Actuellement Sébastien est affecté à l'école des fusiliers comme instructeur au stage commandos. Mohamed est quant à lui au commando Trepel. «Ils n'ont jamais quitté le milieu commando depuis leur engagement» annonce fièrement le 'cipal de l'Aconit avant d'engager la discussion sur une nouvelle recrue.

    Encore un émule Fuss ? «Une Fuss. Marina. C'est ma fille, elle veut s'engager ! Son dossier est en cours. Secrétaire ? Sitel (NDLR : Système d'Information et de Télécommunications) ? Elle tergiverse encore».

    Le père est fier mais prudent. «Mais c'est elle qui fera son choix» concède Michel Fuss. Après Nicolas puis Michel, Alain, Jean-Marc, Mohamed et Sébastien, Marina a donc poussé les portes d'un centre d'information et de recrutement.

    «Le même que pour nous tous. Le centre de recrutement de Metz !», lance Michel Fuss enchanté avant de conclure dans un large sourire  :  «La Marine ? C'est notre deuxième famille !»...       (FIN)

    Stéphane DUGAST

    Photographies / © Marine nationale

    *

    CB2922.jpgPRESSE GUEULES DE MARINS
    L'ESPRIT FUSS
    Episode 2|2

    Reportage extrait du COLS BLEUS N°2922, l'hebdomadaire de la Marine nationale.

  • L'ESPRIT FUSS 1|2

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    Un père et trois fils, tour à tour commandos, fusiliers et marins. Le destin singulier des Fuss. Une famille lorraine au cœur marin.

    PORTRAIT FUSS 4 W.jpgLui, c'est le fils aîné : Michel. Michel Fuss, le capitaine d'armes de la frégate (de type La Fayette) Aconit en mission de lutte contre la piraterie maritime dans l'océan Indien,  dans le cadre de l'opération militaire navale Atalanta. Après 15 jours d'une patrouille sans anicroches, ponctuée par le sauvetage de treize marins d'un boutre battant pavillon indien, le maître principal (NDLR : grade de sous-officier) au regard franc dispose de quelques heures dans son emploi du temps avant l'accostage dans le port omanais de Salalah.

    D'emblée, il est question de sa famille et de son incroyable saga déjà évoquée, clichés noir et blanc à l'appui, dans la magazine Cols Bleus datant «vraisemblablement» du second trimestre 1993. «J'ai encore son titre en tête : Fusiliers de père en fils» s'enthousiasme le maître principal de l'Aconit en empoignant un récent exemplaire de l'hebdomadaire de la Marine depuis 1945. Chez les Fuss, on est donc fusilier de père et fils. P

    remier de la lignée : Nicolas Fuss, major honoraire de la Marine national. Matricule 60. « Il est désormais un adhèrent actif de l'amicale des anciens combattants de Metz ainsi que de l'amicale des anciens fusiliers marins de l'Est dont le président est un ancien du commando de Penfentenyo en Algérie », complète le fils avant de détailler les étapes phare du curriculum vitae militaire de son père.

    Début de la longue idylle entre la famille et la Marine à l'orée des années 1960. « Le matelot Fuss incorpore le centre Siroco » (NDLR : Installé au cap Matifou, « la plus belle vue sur Alger et sa baie » selon des esthètes, le site de Sirocco en Algérie a vu défilé plusieurs «générations» de fusiliers-marins de 1945 à 1962).

    Intégration conclue par l'incorporation au commando de Penfentenyo jusqu'en 1962. Après une période de plongeur de bord, « Fuss père » suit le cours de nageur de combat et intègre le prestigieux commando Hubert dans les années 1960 et 1970. «Une seule coupure durant cette période : le brevet supérieur fusilier » précise le fils admiratif. « Après il vivra une seconde carrière sur les bateaux comme capitaine d'armes. Comme bidel... ».

    Précision sémantique. Dans la marine de guerre, le «bidel» désigne un homme à poigne, écouté et respecté pour sa grande expérience. C'est un officier marinier (NDLR : sous-officier) de spécialité fusilier, occupant les fonctions de capitaine d'armes, le marin chargé de la discipline à bord d'un bateau.

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    Affectation d'abord sur un escorteur anti-aérien : La Bourdonnais. Le quatorzième d'une série de 18 escorteurs d'escadre, mis sur cale à Brest le 7 décembre 1954 dans la bassin 8 de Laninon, lancé le 15 octobre 1955 et admis au service actif le 3 mars 1958 avant d'être désarmé  en juillet 1976 et devenir le Q577 en novembre 1977. La Bourdonnais terminera ses jours comme brise-lames à l'Ile Longue, puis sera mouillé à Landevennec avant de servir de cible au sous-marin Ouessant qui lui infligera un tir de missile Exocet SM39 fatal en mai 1992. I

    l y aura également une affectation sur l'île d'Oléron. Un navire unique. « Un bâtiment d'essais et d'expérimentation à l'histoire riche et originale » dixit le capitaine de corvette Jean-Michel Roche, féru de culture maritime militaire et fondateur du foisonnant site netmarine consacré à la Marine d'hier et d'aujourd'hui.

    Les archives fourmillent d'ailleurs d'anecdotes sur ce bâtiment au destin si singulier. Lancé à Wesermünde en  mars 1939 sous le nom de Mur, l'île d'Oléron est alors un cargo mixte de transport fruitier battant pavillon allemand. Réquisitionné en 1942 par la Kriegsmarine, il est alors transformé en « forceur de barrage ». En 1944, les Allemands le modifient en navire hôpital de 450 lits et le rebaptisent Munchen.

    A la libération amarré à un quai de Saint-Nazaire, le navire-hôpital intact échoit à la Marine française. Le Munchen devient l'Ile d'Oléron en août 1945 et servira cette fois de bateau transport. Nouvelle refonte en 1959, l'Ile d'Oléron est désormais un bâtiment d'essais et d'expérimentations. Un BEE. A ce titre, il tirera des centaines de missiles pendant quarante-quatre ans. « Des Malafon, Masurca, Exocet, Otomat, Milas et des Aster. De quoi faire pâlir les artilleurs d'aujourd'hui» s'enthousiasme le fils.

    L'Ile d'Oléron testera aussi tous les radars de la Marine. L'Histoire navale défile. Le fils Fuss reprend son souffle avant de reprendre le fil de l'histoire familiale. Ultime affectation de «Fuss père» sur La Charente avant d'entamer une fin de carrière à terre. A Saint Mandrier.

    Le lien avec la Marine ne sera ensuite jamais rompu grâce à des périodes de réserve. Le maître principal Nicolas Fuss devient instructeur à la Préparation Militaire Marine (PMM) pendant 15 ans à Metz. « Notre fief ! ». C'est en Lorraine et à la PMM que « Fuss père » verra d'ailleurs défiler ses trois fils. Tous marins !   (A SUIVRE)

    Stéphane DUGAST

    Photographies / © Marine nationale

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    CB2922.jpgPRESSE GUEULES DE MARINS
    L'ESPRIT FUSS
    Episode 1|2

    Reportage extrait du COLS BLEUS N°2922, l'hebdomadaire de la Marine nationale.

    Photos © Marine nationale

  • DIFFUSIONS HIVERNALES

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    DIFFUSIONS DU FILM 52 MN «DANS LES PAS DE PAUL-EMILE VICTOR»
    SAMEDI 23 JANVIER - 09.25
    DIMANCHE 24 JANVIER - 01.20
    LUNDI 1 FEVRIER - 21.40
    MARDI 2 FEVRIER - 00.50
    JEUDI 4 FEVRIER - 16.00

    DIMANCHE 7 FEVRIER - 16.35

    95c36b2fa9ed245f400fb5894a61e2c7.jpgRESUME
    Aventurier, ethnographe, meneur d'expéditions polaires, pionnier de l'écologie, écrivain et dessinateur de talent, homme d'influence et médiatique, Paul-Emile Victor (1907-1995) a marqué son époque et influencé bon nombre de vocations dans notre siècle. La vie du célèbre aventurier consacrée à l'exploration des pôles et à des séjours au Groenland oriental (entre 1934 et 1937) a fortement marqué son oeuvre. 70 ans plus tard, Stéphane Victor, l'un de ses fils, est revenu sur cette terre polaire si chère à son père...

    COULISSES

    « C'est grâce à la Guilde à laquelle Stéphane Victor est très attaché depuis de nombreuses annéesba_paul_emile_victor_web.jpg qu'il a pu rencontrer le reporter et réalisateur Stéphane Dugast. Ce dernier a eu l'initiative de ce voyage au Groenland oriental et a proposé à Stéphane de faire partie de son équipe, alors constituée du photographe Xavier Desmier. Le but de l'aventure était de retourner marcher dans les pas de Paul-Emile Victor. Lors de ses séjours à la fin des années 30, les Eskimo (désormais les « Inuit ») étaient essentiellement des chasseurs nomades. Aujourd'hui cette société a changé. Dans ce documentaire truffé d'images magnifiques et émouvantes - des icebergs, des paysages cristallins et des visages Inuit, il sera question de ces profondes mutations, de Paul-Emile Victor et de son oeuvre »

    DANS LES PAS DE PAUL-EMILE VICTOR, L'AVENTURE POLAIRE
    Réalisation /  Stéphane Dugast
    Production/  Méchant Loup Production
    Diffusions / VOYAGE (Groupe FOX) & TV5 Monde
    Prix du jeune réalisateur "Ecrans d’aventures 2007"

    Voyage TV est une chaîne de télévision consacrée à la découverte et à l'évasion à travers les voyages.