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CŒUR MARIN #6

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Tour à tour danseur professionnel puis artiste-peintre (Cf part 4), Pierre Auzias va se passionner pour les océans au point de devenir un marin navigateur émérite. (Cf part 5). Sixième épisode de sa vie qui va dorénavant s’écrire dans les embruns et dans les alizés.

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«Thalia», le premier voilier de Pierre Auzias ici à la Pointe d’Agon en 1979

« Premiers cabotages sur «Thalia», un sloop de 23 pieds. L’habitacle de mon petit voilier ne suffit plus pour étaler mes peintures dont les formats s’agrandissent avec l'expérience.

1982, l'argent de mes danses et des tableaux me permet d'envisager de revendre « Thalia » pour m'offrir deux mètres de plus.

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C'est sur la Rance au chantier de la mère Brosselin que je trouve le voilier qui restera le plus racé de tous ceux que j'ai possédé. Un plan Eugène Cornu de 32 pieds au joli cul canoë, construit en 1968 au chantier Hamel du Havre.

« Pen Coat III » que je ne débaptise pas s'est, paraît-il, illustré dans les courses comme celle de Cowes-Dinard ou de l'Edhec. Échouée sur d'immenses béquilles, démâtée et flanquée d'un taud intégral, elle m'attendait.

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« Pen Coat III » échouée sur la Rance avant prise de possession
 

UNE BUGATTI DES MERS

Son propriétaire, un célèbre avocat de Paris ne se souvenait plus du prix qu'il avait indiqué au chantier. Je lui fixe moi-même l'enchère, heureux qu'il l'accepte !

C’est un chef d'oeuvre de charpenterie marine. Les bordés en acajou rouge du Brésil sont rivetés cuivre sur des membrures en acacia aux reflets ambrés, sans colle ni calfat. Tout l’accastillage est en inox. C’est une Bugatti des mers.

Taillée pour remonter au vent, sa coque pendule sous le fort alizé à 45 degrés de la verticale sous roulis rythmique. Pour franchir les 90 degrés affichés au clinomètre, 1,8 seconde. 25 jours durant de Goméra à Fort de France. Bourrer une pipe tient du prodige et faire un oeuf au plat d’un sortilège.

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Avec mon vieil ami Édouart Marie en 1984 à bord de «Pen Coat III» 
au mouillage des Huguenans à Chausey avant ma premiére traversée de l’ Atlantique.
 

UN ESPRIT DE LIBERTÉ

Dans les canaux antillais, tout dessus, au travers de l'alizé, il s'envole comme une mouette que les dauphins joueurs ne parviennent à rattraper. Je n'ai jamais eu de pareil  bateau depuis.

Il n' y a que chez les chiens de traîneaux que je retrouve cette hargne à bousculer les éléments naturels. Ce bateau infernal en mer est au mouillage un atelier enchanteur que je partage avec Kukuli, un canari qui siffle pour moi la liberté.

La danse retrouvée auprès de la chorégraphe Martiniquaise Josiane Antourel, nous créons au Parc Floral sous la tutelle de Jean Paul Césaire, directeur du centre culturel du Sermac,l'atelier de danse contemporaine de Fort-de-France.

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 Arrivée de « Pen Coat III » à Fort de France le 30/12/1984

Cette expérience vécue, je repars à la voile visiter les îles du sud. Je vis de mes peintures prodiguant des portraits de yachts, de paysages, scènes de marché où je fais enrager les femmes qui refusent d'être croquées.

Je leur offre leurs portraits pour acheter leur amitié et regagne toujours mon bord chargé d'ignames et de bananes.

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CHEZ LES « GLOBES-FLOTTEURS »

Je vis simplement en dégustant mes pêches, découvre le monde et cette grande famille de «globe flotteur» au gré des mouillages des Caraïbes.

Avant que la douce indolence propre aux îles me gagne, j'offre «Pen Coat III» à un jeune couple de vagabonds qui attendaient un bébé.

À la mort de Kukuli, le petit canari qui ne supporta pas cette décision, je rentre sur l'Europe »

(À SUIVRE)

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