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expédition - Page 11

  • BULLES MARINES

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    Jean-Yves Delitte aime les océans et les marins. Dessinateur chevronné, l’artiste s’est fait une spécialité, celle de mettre en bande-dessinée des épisodes clefs de l’histoire maritime. 

    À l’actif de ce peintre officiel de la Marine belge (français de nationalité), des séries forts prisées des adeptes du genre comme «Belem», «U-Boot» ou encore «Black Crow». C’est d’ailleurs, via cette série, que le dessinateur s’est cette fois penché sur un mythe : l’expédition de La Pérouse.

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    Commandée par le roi Louis XVI pour redorer le prestige de la Marine Royale, alors amoindrie par la toute puissante marine britannique, une expédition d’envergure est lancée.

    À sa tête, Jean-François de Galaup, comte de  La Pérouse, se lance dans une course autour du monde inspirée de celle de l’illustre explorateur James Cook. Plutôt que les conquêtes à des fins militaires, le natif d’Albi privilégiera le commerce,  la science et les découvertes.


    De Monsieur de Lapérouse et des 220 marins du Roy partis explorer en  1788 des terrae incognitae, on restera longtemps sans nouvelles jusqu’à ce qu’un dénommé Peter Dillon ne découvre quatre décennies plus tard des restes du naufrage de L’Astrolabe et de La Boussole dans le Pacifique, à Vanikoro précisément, dans les îles Salomon[1].

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    En lisant cette BD, les aficionados reconnaitront sans peine la patte Delitte, ses décors esthétiques, ses fiers vaisseaux et ses personnages récurrents. Les autres se régaleront des dessins forts réalistes, conçus à partir d’une documentation étoffée.

    Si cet album offre une version un brin romancée des faits, il vaut par son lot d’anecdotes historiques, et surtout par son découpage dynamique valorisant les scènes d’embarquements.

    Pour le prochain album de cette série d’ores et déjà prévu, Jean-Yves Delitte s’intéressera à une nouvelle expédition mythique : celle de la Bounty.

    Mer et bande-dessinée font décidément bon ménage.

    Stéphane DUGAST

     



    [1] : Initiées par l’association Salomon et soutenues par la Marine nationale, les expéditions Vanikoro 2005 et Vanikoro 2008 permettront à des scientifiques et des spécialistes de se rendre sur place afin d’éclaircir (en partie) le mystère La Pérouse.

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    › À LIRE
    La Boussole et l’Astrolabe. L’expédition de La Pérouse de Jean-Yves Delitte. Collection Black Crow raconte. 48 pages -14 € (Glénat).


    › BONUS

    La malédiction de Lapérouse
     : un livre de Dominique Le Brun publié aux éditions Omnibus et une enquête  qu’il raconte sur France Info.

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    © Editions Omnibus

  • UNDER THE POLE II : IVRESSES POLAIRES

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    22 mois d'exploration entre le cercle polaire arctique et l'extrême pointe nord du Groenland, c’est le second volet d’Under the pole, une expédition polaire sous-marine audacieuse.

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  • CHARCOT, EXPLORATEUR & GENTLEMAN

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    Médecin par tradition, explorateur par vocation et marin par passion, Jean-Baptiste Charcot (1867-1936) est l’une des figures du monde de l’Aventure du vingtième siècle. Celui que ses pairs avaient surnommé (ironiquement ?) le «gentleman polaire» a également été un marin d’Etat.

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  • DANS LE SILLAGE DE SHACKLETON

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    Traverser les mers du Grand Sud à bord d'un modeste canot, dans des conditions (quasi) identiques à celles de l'explorateur polaire Ernest Shackleton (1874-1922), c’est le pari osé de Tim Jarvis. Appareillage imminent…

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    D’abord, une brève piqûre de rappel historique. 1914, Ernest Shackleton se lance à l'assaut des mers du Sud. A bord de L'Endurance, 27 hommes se dirigent vers l’Antarctique afin de tenter une traversée à pied de ce continent. Leur objectif ? Relier la mer de Weddell à la mer de Ross.

    L'aventure va finalement durer deux ans mais se solder par un sauvetage qui va achèvera de forger la légende de celui qui deviendra Sir Ernest Shackleton.

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    Bloquée dans les glaces puis broyée par les glaces en décembre 1915, L'Endurance est abandonnée par le capitaine et ses hommes. Les naufragés polaires se réfugient sur Elephant Island, sise à la pointe nord de la calotte antarctique.

    LA FOLLE ÉPOPÉE

    Conscient de leur isolement total, cap’tain Shackleton épaulé par cinq de ses hommes entreprend une expédition de la dernière chance dans l'espoir de rejoindre l’île de Géorgie du Sud où se trouve une station baleinière, des équipements et surtout des rations alimentaires.

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    Après bien des péripéties, l’aventurier polaire et ses compagnons parviendront à la la station baleinière et organiseront les secours pour le restant de l’équipage resté à Elephant Island.

    C’est à cette incroyable épopée polaire que rend hommage la prochaine expédition de Tim Jarvis. Sin aventure consistant d’abord à embarquer  sur une réplique du James Caird, le canot de sauvetage à bord duquel Shackleton était parti chercher du secours afin de sauver ses hommes.

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    À L’ANCIENNE

    Appareillage le 3 janvier prochain depuis Elephant Island. Cap sur South Georgia Island pour quelque 800 nautiques (environ 1 300 kilomètres) de traversée. A l’issue, Tim Jarvis et 2 compagnons traverseront à pied l’île montagneuse de Géorgie du Sud afin de rejoindre comme leurs glorieux aïeux la station balnéaire de Stromness.

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    Shackleton Epic Expedition c’est le nom de cette aventure  qui devrait durer 2 mois. A sa tête donc, Tim Jarvis. Un aventurier anglo-australien réputé autant pour ses qualités d’explorateur que celles d’écrivain, de réalisateur ou d’orateur.

    Un hommage donc grandeur nature à l'une des épopées polaires les plus fameuses. (SD)

    Photographies Frank Hurley (anciennes) / (modernes) Shackleton Epic Expedition


    > EN SAVOIR PLUS


    Le site web de l'expédition (en anglais)
    http://shackletonepic2013.com
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  • LE GROENLAND DE MICHA

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    Fidèle compagnon de l'explorateur polaire Paul-Emile Victor, Michel Pérez (dit «Micha») a lui aussi écrit ses carnets de route pendant leurs expéditions au Groenland dans les années 1930. Près de 80 ans plus tard, les récits de «Micha» sont enfin publiés...

    Août 1934, quatre jeunes explorateurs intrépides débarquent sur la côte orientale du Groenland depuis le navire « Pourquoi Pas ? », alors commandé par Jean-Baptiste Charcot (1867-1936). Parmi eux : Michel Pérez, ingénieur fraîchement diplômé et passionné de montagnes.

    Ami de longue date de Paul-Emile Victor, le Suisse a accepté d’emblée de se joindre à la première « expédition scientifique française sur la côte orientale du Groenland ». Aux côtés des deux amis, deux autres compagnons : Robert Gessain, médecin-antropologue et Fred Matter-Stevenier, cinéaste.

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    Exhumés des archives familiales par François, l'un de ses fils, ces carnets sont les notes personnelles que Michel Pérez (1909-1994) a rédigées pendant ses séjours groenlandais avec ceux que l’on appelait alors les « Eskimos ».

    Préfacé par Joëlle Robert-Lamblin, anthropologue et spécialiste de l’œuvre des « Quatre du Groenland », cet ouvrage permet d’appréhender autrement les expéditions menées par Paul-Emile Victor (1907-1995).

    Un récit de voyage écrit sans fard, ni fausse pudeur, qui plonge immanquablement le lecteur au cœur de ces expéditions sillonnant alors une région du globe jusqu’alors peu explorée et encore pas cartographiée. 
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    Ce récit resté trop longtemps confidentiel est signé par l'un des plus fidèles compagnons de route de Paul-Émile Victor qui deviendra après-guerre l’un des co-fondateurs des Expéditions Polaires Françaises (EPF) avant de poursuivre ses activités au sein du monde de l'entreprise et des Nations Unies.

    Grâce à la ténacité de son fils François Pérez et de Lionel Bedin, un éditeur audacieux basé dans les Alpes, les écrits de « Micha » ressuscitent. De quoi ravir les férus de récits d'exploration. (SD)

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    A LIRE // Carnets du Groenland (1934-35) de Michel Pérez. 192 pages – 17 euros. Collection « Mondes ouverts » aux Editions Livres Du Monde. Un livre à commander sur www.livresdumonde.net 

  • AU COEUR DES GLACES

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    WI.D.E pour Wilderness Diving Exploration Greenland, c'est le nom d'une une expédition polaire sur et sous la glace menée par deux explorateurs qui nous donnent rendez-vous en mer inconnue.

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    Destination la côte orientale du Groenland. « Un territoire sauvage très peu exploré, en perpétuel changement et touché par le réchauffement climatique », de l’aveu des deux aventuriers, passionnés de plongée et avides de rencontres avec toute faune méconnue et rare.

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    C’est à bord de deux kayaks qu’Alban Michon et Vincent Berthet – tous les deux présents sur l’aventure Under The Pole - comptent se faufiler entre les icebergs. Leur zone de travail ? Le village d’Ittoqqoortoormiit et celui de Tasiilaq plus au sud, les seules régions habitées de la côte orientale du Groenland.

    Les deux compagnons tenteront même d’explorer le Scoresby Sund, un vaste fjord dans lequel se concentre nombre de mammifères polaires.

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    Au programme donc : 2 mois et demi d'expédition et 1000 kilomètres de pérégrinations ponctuées par une trentaine de plongées. Appareillage à la mi-août et retour au mois d’octobre prochain, soit juste avant que ne s’installe la nuit polaire…

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    A noter que les deux aventuriers partent en duo et en autonomie complète pour la première fois, avec dans leur sillage les premiers jours et à la fin de l’expédition, le réalisateur aguerri Thierry Robert, auteur de nombreux documentaires d'aventures et d'expéditions.

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    « Une immersion en caméra embarquée intimiste et à fleur de peau pour raconter le récit d’un voyage au cœur des glaces. Notre aventure sera le tout premier témoignage d’un monde du silence totalement inconnu », tels sont les vœux formulés par Alban et Vincent qui vont ainsi vivre sur et sous la glace d'une région jadis sillonnée par de glorieux anciens comme les explorateurs Jean-Baptiste Charcot ou encore Paul-Emile Victor.


    Photographies Nicolas Dubreuil 



    EN SAVOIR +

    Le Facebook de l'expédition
    https://www.facebook.com/WideExpedition

     

  • BIEN GIVRÉS !

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    Traverser l’océan arctique glacial à la voile, sans moteur, en autonomie complète, entre eaux libres et glace sur un drôle d’engin, à la fois catamaran et char à glace, un pari a priori insensé…

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  • LA PLANÈTE CLIPPERTON #2

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    C’est en enquêtant sur Clipperton, tête d’épingle perdue dans l’immensité du Pacifique et propriété définitive de la France depuis 1931, que j’ai fait la connaissance d’Alain F6BFH (alias Alain Duchauchoy), membre actif du Clipperton DX Club.

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  • LA PASSION DES GLACES

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     OCEAN ARCTIQUE (RUSSIE)

    Banquise à perte de vue, lumière tamisée et soleil bas au-dessus de l'horizon. La montre affiche pourtant 16 heures tapantes.

    Juste devant nous s'étend l'océan Arctique glacial. Derrière, la terre la plus septentrionale en Sibérie. Hormis quelques bidons d'essence et une cabane enfouis dans l'épaisse couche de neige, rien ne distingue la terre de l'océan gelé.

    Grand départ pour Frédéric Chamard-Boudet. Son rêve ? Devenir le premier Français à atteindre le pôle Nord en solitaire et sans ravitaillement.

    Sa quête sera brisée nette dès le deuxième jour de son expédition. La faute à une banquise devenue fragile. Il chutera dans une eau à -2°C. La température de l'air oscillant jusqu'à -30°C et ne disposant d’aucune source de chaleur, le marin des glaces attendra dans des conditions extrêmes pendant trois jours ses sauveteurs.

    Six ans plus tard, le marin d’Etat (devenu entre-temps officier de Marine marchande) est toujours autant passionné par les pôles. Il envisage une prochaine expédition en Antarctique au moyen d’un moyen de locomotion insolite : un chars à voile adapté à la glace. Le site de son expédition : www.odyssee-antarctique.fr/

    Stéphane DUGAST
    Photographie © Stéphane DUGAST

  • BELEM DO BRASIL

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    © Stéphane DUGAST

    AMAZONE (Brésil)
    0° 2 Nord / 51° 3 Ouest

    Destination le Brésil, l'Amazonie et la Guyane pour le trois-mâts «Belem». Sur les traces de son passé glorieux et en route pour une traversée mythique, voire magique que je vais vivre de l'intérieur. Le «Belem» retrouve les routes de son histoire dont celles de l'Amérique du sud et des Antilles presque un siècle plus tard» Une odyssée haute en couleurs. Du Brésil à la Guyane via l'estuaire de l'Amazone pour un retour aux sources et un grand reportage choc...

  • PUBLICATION STRATEGIQUE

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    © With the courtesy of Alhrep

    «Les Pôles», c'est la thématique du dernier numéro du Bulletin d'études de la Marine. Une publication référence sur les océans, la géopolitique maritime et ses acteurs.

    Les_poles.jpgLA CHRONIQUE Au pôle Nord comme au pôle Sud, les glaces sont reines. Situés aux deux extrémités du globe terrestre, l'Arctique et l'Antarctique sont deux déserts blancs longtemps restés à l'écart du monde.

    Si l'on néglige souvent de mentionner l'Antarctique comme le sixième continent de notre planète, l'Arctique est quant à lui en majeure partie un océan entouré de terres habitées, parsemées d'îles telles que le Groenland.

    Au sud, l'Antarctique est une vaste terre encerclée par le large océan austral, sur laquelle, exceptés quelques centaines de chercheurs et scientifiques de passage, aucun être humain n'habite.

    Soumises à des froids intenses, à la nuit polaire la moitié de l'année ainsi qu'à des phénomènes magnétiques longtemps restés inexpliqués, ces deux régions extrêmes de notre planète fascinent par leur beauté autant qu'elles effraient par la rudesse de leur climat, par les dangers encourus et leur isolement.

    Les pôles sont désormais au cœur des préoccupations géopolitiques, stratégiques et environnementales, dérèglements climatiques obligent. Autant de questionnements et d'approches que le dernier numéro du Bulletin d'études de la Marine  aborde dans un numéro spécial intitulé «Les Pôles».

    120 pages d'enquêtes et d'entretiens, dont une enquête «Dans les pas de Paul-Emile Victor», un portrait de l'aventurier polaire et l'interview de son fils, font de cette publication une référence pour les lecteurs (marins) curieux...

    Stéphane DUGAST

    *

    VERSION NUMERIQUE. A lire en intégralité sur le web à :  http://www.cedoc.defense.gouv.fr/Les-Poles-no47-Mars-2010

    VERSION PAPIER. Bulletin d'études de la Marine N°47. A commander en appelant le 01 44 42 82 13 ou en écrivant  au Centre d'Enseignement Supérieur de la Marine (CESM) - BP 8 - 00300 Armées.

  • BANQUISE MEURTRIERE

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    BRISE NET !
    Récit et photographies de Stéphane DUGAST

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    © Infographie - Arnaud Créachcadec

    Un rêve : être le premier Français à atteindre le pôle Nord en solitaire et sans ravitaillement. Une quête brisée nette après 18 kilomètres de marche...

    FCB pic 5 W.jpgImpossible de fermer l'œil malgré la fatigue, les 6 heures de décalage horaire à digérer, les 25 décollages et atterrissages en 2 jours et les 32 heures du voyage retour. La nuit a été presque blanche. Et cauchemardesque. Comme une prémonition.

    Au réveil, la radio crachouille ses flashs infos du matin. La litanie habituelle des catastrophes en France et à l'étranger. Les résultats sportifs du week-end aussi. De grandes épopées également comme le tour du monde à l'envers victorieux de Jean-Luc Van Den Heede après trois tentatives infructueuses.

    Pendant ce temps, «Le Cham» alias Frédéric Chamard-Boudet poursuit son aventure à lui. «Là-haut» sur la banquise, à quelques kilomètres de Cape Archtcheschy tout au nord de la Sibérie. Là où nous l'avons laissé sur la banquise à -40°C dans sa tentative en solo et en autonomie complète. Le pôle est encore loin, 980 kilomètres exactement. Encore 60 jours d'effort...

    Entre terre et océan

    La banquise blanche à perte de vue. La lumière est comme tamisée. Le soleil bas au-dessus de l'horizon. LaFCB pic 9 W.jpg montre affiche pourtant 16 heures tapantes.

    Juste devant nous s'étend l'océan Arctique glacial. Derrière, la terre la plus septentrionale en Sibérie. Hormis quelques bidons d'essence et une cabane enfouis dans l'épaisse couche de neige, rien ne distingue la terre de l'océan gelé.

    Posé depuis quelques minutes sur ce sol immaculé, les deux hélicoptères de l'aviation civile russe tranchent avec le paysage dépouillé. Autour des deux carlingues à la robe orange et bleue, on s'affaire religieusement autour de deux pulkas.

    Dominik Ardouin, l'aventurière franco-finnoise est rapidement prête à en découdre avec le grand blanc, sa pulka jaune solidement arrimée.

    Frédéric Chamard-Boudet range méthodiquement ses effets après avoir essayé son fusil dans le froid. Pour s'attaquer au pôle, chaque aventurier embarque une arme. Les rencontres avec un ours polaire sont courantes.

    Marin dans la brume

    FCB pic 20 W.JPGLes ultimes préparatifs des deux aventuriers se font sans précipitation et dans le calme. Les deux sont presque muets. Complètement dans leur bulle.

    Derniers réglages. Sanglage de la pulka et des boots de traction sur le baudrier. Ajustage du masque sur le visage pour se protéger du vent polaire. Dernières accolades avec les accompagnateurs. Personne ne pipe un mot. I

    ndifférents à cette préparation quasi silencieuse, les pilotes multiplient les allers-retours entre les hélicoptères et la cabane. Il faut refueler les deux hélicos pour rentrer à la base de Sredny à une heure et quart de vol.

    Dominik Ardouin s'est déjà élancée depuis quelques minutes lorsque le marin et sa pulka couleur pomme et cerise s'ébrouent. Derniers regards. Ultimes encouragements.

    En guise de salut, les bras et les bâtons de skis s'élèvent et s'agitent. L'aventurière haute comme trois pommes et sa pulka de 50 kilos ont déjà disparu à l'horizon.

    Plus que le bruit des skis raclant la neige. La brume enveloppe le «marin des glaces». La nuit polaire ne va pas tarder à tomber.

    «Il a échappé de peu à la mort...» 

    FCB pic 12 W.jpgKlaxon et bruit de sirènes. Paris la nuit. Paris le jour. Réveil difficile. Rapidement déballer le sac de reportage et laver le linge sale avant de foncer à la rédaction de l'hebdomadaire de la Marine.

    L'odyssée sibérienne est terminée. Les rêvasseries aussi lorsque retentit la sonnerie du téléphone. «Frédéric a déclenché sa balise Argos. Il a échappé de peu à la mort...». À l'autre bout du fil, la voix de son épouse Véronique s'étrangle. Stupeurs et tremblements.

    Autre coup de fil, Cerpolex les organisateurs français des expéditions polaires de Frédéric, Christine Janin, Jean-Louis Etienne et de tant d'autres. «Frédéric est en mauvaise posture. D'après son coup de téléphone, il est tombé dans une eau à -1.8°C pendant 4 minutes. Il aurait quand même réussi à monter son bivouac et tente de se réchauffer les mains».

    Tout va très vite dans la tête. L'eau à -2°C. La température de l'air oscillant jusqu'à -30°C. Aucune source de chaleur excepté une tente à monter et un réchaud à allumer mais avec les pieds et les mains gelés...

    Un vrai martyre ! Je me rappelle mon retour dans l'hélicoptère. Mes mains et mes pieds gelés que j'ai eu mille peines à réchauffer près d'une source de chaleur. Si dérisoire par rapport à ce que doit endurer le «marin des glaces».

    Pendant 3 jours, les secours s'organisent. Les coups de téléphones seront innombrables. Les marques d'affection aussi. Viendra la plus belle, celle d'un officier de marine épris lui aussi d'aventure : «Le vrai défi est bien celui dont l'issue reste incertaine...».

    Frédéric sera sauvé.  Le précédant à son départ depuis la terre la plus septentrionale, Dominik Ardouin disparaîtra deux jours plus tard. Jamais son corps ne sera retrouvé, «englouti» par la banquise meurtrière cette année là.

    «Là-haut», tout là-haut, sur la banquise, la moindre erreur peut s'avérer fatale...

    logo cb.jpgRécit publié dans Cols Bleus, l'hebdomadaire de la Marine nationale depuis 1945.