Lancé en 2007, le blog Embarquements cesse momentanément ses parutions.
DANS LES GLACES 2 |3


Je vais me répéter mais c’est énormément de préparation. C’est une lecture attentive des Retex avant le départ de la mission. C’est également prendre conscience de vivre une mission rare. Il faut anticiper les dangers.
Grosso modo, l’essentiel consiste à éviter, à tout prix, la combinaison des glaces, du mauvais temps et de la mauvaise visibilité. Vous savez, le mauvais temps crée des retours de mer sur les radars si bien que parfois on ne peut pas voir les échos de la glace. Si on ne les voit pas à l’optique, on court le risque de ne rentrer en collision avec un bloc de glace à une vitesse peu adaptée.

Nous avons aussi approché les icebergs, tout en restant à distance de ces derniers pour ne pas « cabaner ». Sous ces latitudes, un marin doit toujours garder en tête que ce qu’il voit du bloc de glace émergé cache une partie immergée. On a ainsi étudié avec soin les icebergs classés selon une classification précise. Car, certains sont plus dangereux que d’autres.

Pour se faire une idée plus précise de la quantité de glaces sous l’eau, on a également utilisé le sextant afin de procéder à des calculs trigonométriques en fonction de l’angle et de la hauteur immergée pour mieux évaluer le volume total d’un iceberg.
Les plus hauts icebergs que l’on a rencontrés culminaient ainsi à 40 mètres. Quant à la plus forte concentration de glaces rencontrée, elle a été de l’ordre de 70-80%.

Pour naviguer dans telles conditions, quel(s) dispositif(s) aviez-vous mis en place à bord ?
J’avais des veilleurs. Compte tenu du spectacle proposé, je n’ai d’ailleurs eu aucun mal à trouver des volontaires ! (Rires) En passerelle navigation, nous étions concentrés et appliqués surtout concernant la surveillance des fonds même si la coque d’un RHM est étudiée pour résister à ces conditions.
Comme le dit le proverbe : « Deux précautions valent mieux qu’une ». Quant à l’avant mission, j’ai accentué l’entraînement de l’équipage sur des exercices de sécurité dont le thème principal était la voie d’eau avec déchirure de la coque.

Tout marin a en tête ce cliché de la Jeanne d’Arc navigant dans un banc de brume, pour nous ça a été l’inverse. En mer, on rencontre parfois ces phénomènes d’évaporation ou de condensation. Pour nous, en juin, la température de l’air se réchauffait tandis que la température de l’eau se maintenait d’où des bans de brume et une visibilité très mauvaise à cette période de l’année. (A SUIVRE)
Propos recueillis par Stéphane DUGAST
Photos © RHM MALABAR
Retrouvez l'intégralité du REPORTAGE paru dans COLS BLEUS, le bi-mensuel de la Marine sur CALAMEO
- Le récit des marins du Malabar
- L'édito
- & l'entretien du pacha en intégralité.





Impossible de fermer l'œil malgré la fatigue, les 6 heures de décalage horaire à digérer, les 25 décollages et atterrissages en 2 jours et les 32 heures du voyage retour. La nuit a été presque blanche. Et cauchemardesque. Comme une prémonition. 
Klaxon et bruit de sirènes. Paris la nuit. Paris le jour. Réveil difficile. Rapidement déballer le sac de reportage et laver le linge sale avant de foncer à la rédaction de l'hebdomadaire de la Marine. 

C'est lors d'un quart pendant une nuit étoilée que l'idée de réaliser ces voyages-expéditions en milieu polaire a germé. Sur le pont détrempé de la goélette de la Marine nationale Belle Poule, le Groenland et Paul-Emile Victor se sont enfin conjugués. Clin d'œil à ma vocation polaire, le marin-aventurier Frédéric Chamard-Boudet, dit «Le Cham'», achevait sa carrière dans la Royale sur ce navire-école. 
En suivant le sillage de Paul-Emile Victor sept décennies après ses séjours sur la côte orientale du Groenland, pénétrer au cœur des traditions et de l'âme Inuit a été notre leitmotiv. Une suite d'enquêtes minutieuses nous a permis de retrouver les empreintes laissées par «l'ami Paul-Émile», comme nous l'appelons désormais affectueusement. 
Animé par les mêmes valeurs humaines et humanistes que notre illustre aîné, j'ai initié, en compagnie de Xavier Desmier, photographe à l'agence photographique Rapho, deux voyages-expéditions au Groenland oriental. Là même où Paul-Emile Victor a séjourné entre 1934 et 1937. 




