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  • A BORD DU CHARLES-DE-GAULLE

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    Joyau de l’aéronavale française, le porte-avions « Charles de Gaulle » a appareillé dimanche 20 mars du port militaire de Toulon, avec 1 800 hommes et une vingtaine d’avions à son bord afin de faire cap sur la Libye, et ainsi participer aux opérations militaires « Aube de l’Odyssée ». Il y a une décennie, c’est sur le porte-avions de la Marine que j’effectuais mes grands débuts comme reporter. Extrait d’un récit sur mon premier embarquement à bord d’un « bateau gris ».

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    « Premiers pas hésitants sur le grand « Charles ». Premier embarquement cauchemardesque. Du porte-avions, je n’ai qu’entraperçu son potentiel opérationnel. Si je n’ai vu aucun avion de chasse sur son pont d’envol, j’ai appréhendé la complexité de son équipage. Près de 2 000 hommes et femmes.

    Marins novices ou chevronnés. Marins ultra spécialisés ou opérateurs anonymes. Marins d’origine bourgeoise ou plus modeste. Marins non qualifiés ou ingénieurs. « En fait, il y a plusieurs bateaux à l’intérieur du bateau » m’a lancé un marin au cours de mon enquête. Cet aphorisme résume la réalité de ce bâtiment de guerre.

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    Grand, complexe, déconcertant au départ mais rigoureusement organisé. J’ai aussi compris la notion d’équipage. A la naissance d’un bâtiment, l’esprit d’équipage doit se façonner. Chacun de ses membres doit apprendre à fonctionner. Si cet esprit de cohésion est palpable et mieux mesuré par les anciens, l’apprentissage se fait plus difficilement pour les plus jeunes.

    Pour moi, il a été rudement contrarié. Seul, livré à moi-même. Sans point de contact. Les portes des grands pontes du bateau me sont restées fermées. Je suis resté un parfait étranger. Je n’ai en poche que de rares confidences de marins pour écrire ce premier long reportage que j’intitulerai pompeusement : « Charles-de-Gaulle, il était une foi… ».

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    J’y relatais ainsi les premiers essais à la mer du porte-avions sur lequel j’embarquerai deux ans plus tard au large des côtes pakistanaises pendant les opérations Enduring freedom. Durant cet embarquement d'un mois, j’y découvrirai un bateau pleinement opérationnel. »

    Stéphane DUGAST
    Photos © MARINE NATIONALE

    + d’infos sur http://www.defense.gouv.fr/marine

  • BIENTOT SUR LES ECRANS...

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    SORTIE EVENEMENT ETE 2011

    R97 LA JEANNE - ULTIME EMBARQUEMENT
    UN WEBDOCUMENTAIRE DE STÉPHANE DUGAST

    L’HISTOIRE CONTINUE…

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    // Qu’est-ce qu’un webdocumentaire ?

    Comme son nom l’indique, il s’agit d’un documentaire pour Internet qui utilise toutes les potentialités du web, à savoir de la vidéo, des photos, des sons, des textes, des dessins, des liens et de l’interactivité.

    Objet multimédia par excellence, le webdocumentaire permet d’explorer de nouvelles formes narratives, de raconter des histoires, autrement. La structure narrative délinéarisée et l’interactivité que le web autorise permettent au spectateur de ne plus être passif : il devient acteur et construit sa propre histoire.

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    « Le webdocumentaire est avant tout un documentaire, avec un regard d’auteur. C’est aussi une oeuvre collective qui fait intervenir des compétences diverses : un auteur-réalisateur, un photographe, un développeur web, un graphiste, un dessinateur, un designer sonore… C’est une nouvelle manière d’écrire, de travailler et de raconter des histoires, dans laquelle le spectateur est invité à s’impliquer »

    Olivier MALAPONTI, producteur Corner Prod

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    Le webdocumentaire, c’est déjà le journalisme de demain ! C’est celui qu’il faut aider, défendre et promouvoir.

    Disponible sur le Net, donc en tous points de la planète et en permanence, cette nouvelle forme narrative offre des pistes prometteuses en s’adressant à un large public. Seuls quelques pionniers se sont pour l’instant lancés dans l’aventure. Le champ des possibles est ouvert. L’Histoire est à écrire.

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    // Un objet unique

    « R97 LA JEANNE / Ultime embarquement » est un objet unique, dans le fond comme dans la forme.

    30 histoires multimédia structurent ce webdocumentaire combinant des séquences linéaires et des nouveaux usages du Net (liens hypertextes, partage, interactivité), permettant de donner à l’internaute une part centrale.

    Au total, le webdocumentaire offrira à l’internaute une heure de récit.

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    // Un programme partagé

    logo_Twitter.jpgGrâce aux réseaux sociaux, le web documentaire permet de maximiser le potentiel de dissémination du contenu via les fonctionnalités de partage. L’ensemble du web documentaire ainsi que chaque module du programme pourront être partagés.

    logo-facebook.jpgPour ce faire un compte Twitter et une page Facebook ont été crées. Ces outils permettront également de structurer la communauté, «buzzer» et faire vivre le sujet auprès des internautes.

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     // Les sources  

    Couv_JeanneDArc BD.jpgEnquête et photographies extraites du beau livre, « La Jeanne d’Arc, porte-hélicoptères R97 » . Enquête de Stéphane DUGAST. Photographies de Christophe GERAL (E/P/A éditions).  Prix du Beau Livre Académie de Marine 2010

     

    Images extraites du film documentaire 52 min, « Ultime embarquement sur la Jeanne» (Beta Production). Réalisation de Stéphane DUGAST. Diffusions sur TV Rennes, TY Télé & Tébéo.

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    // Le mot de l'auteur

    « Pourquoi un webdocumentaire sur la Jeanne d’Arc ? Ce projet multimédia va me permettre de raconter, via des nouveaux outils, la Jeanne, un bateau légendaire. Après avoir réalisé un livre et un film documentaire, j’ai voulu exploiter toutes les ressources dont je disposais pour raconter la Jeanne différemment. Lui offrir une deuxième vie grâce à Internet, la rendre accessible pour tous et pour toujours, et ainsi garder une trace numérique d’un navire phare du patrimoine naval aujourd’hui disparu »

    Stéphane DUGAST, auteur-réalisateur

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    Photographies © Christophe GERAL

    // REJOIGNEZ CETTE AVENTURE PIONNIERE

    Contactez
    : Olivier Malaponti
    olivier@cornerprod.com / +33 972 131 844 / www.cornerprod.com

     

     

  • VOEUX EXOTIQUES

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    HEUREUSE & JOYEUSE ANNEE 2011

    Bonheur, santé, prospérité, amour, félicité et beaux voyages !

     

    VANUATU (Pacifique)
    Ile de Tanna  19° 34 Sud / 169° 25 Est

    Instantané de reportage. Cérémonie traditionnelle à Tanna, l'une des 83 îles composant l'archipel du Vanuatu. A la rencontre d'étonnants habitants en compagnie des marins du Jacques Cartier et de Michel Bez, peintre de la Marine. Une escale inoubliable. 

    Là-bas, j'y ai d'ailleurs vu James Cook ! Si, si... En suivant ce blog en 2011, vous comprendrez. Embarquement prochain sur Tanna-la-volcanique. Décoiffant !  

    Photographie : © Stéphane DUGAST 

  • LE MARIN IMMOBILE épilogue

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    Claude Foko & Jean-Paul Hellequin

    Grâce à une forte mobilisation des « gens de mer » brestois, Claude Foko a pu enfin quitter  son cargo immobile. L’affaire est cependant loin d’être résolue...

    Lundi 6 décembre dernier, Claude Foko a enfin quitté Brest. Après 18 mois de galère sur le navire Ebba Victor, le marin mécanicien a pu rejoindre sa famille au Cameroun grâce à la solidarité des « gens de mer ».

    « L’affaire est gagnée mais en partie seulement puisque le propriétaire du navire doit de l’argent et doit rendre des comptes », a précisé, Jean-Paul Hellequin, porte-parole et secrétaire adjoint  du syndicat CGT des Marins du Grand Ouest. dans un communiqué de presse.

    Pour lui, la coque de l’Ebba Victor est désormais devenu un véritable casse-tête juridique : « Cet engin n’est enregistré sous aucun registre, il n’a donc ni pavillon, ni nationalité. Est-il seulement assuré ? Que se passera-t-il en cas d’incendie ou de naufrage ? Cet engin est  en parfaite illégalité avec les lois internationales de l’Organisation Maritime Internationale et autres. Les autorités sont officiellement informées de la situation de cette coque depuis le premier octobre dernier, que comptent-elles faire ? ».


    Dans un courrier adressé à Armand Fokam, propriétaire du navire (désormais considéré d’un point de vue administratif comme un engin flottant), Jean-Paul Hellequin a précisé ses ultimes exigences comme celle de saisir l’Ebba Victor le plus rapidement possible et de le détruire afin de récupérer l’argent nécessaire aux remboursements.

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    Soit, selon le porte-parole syndicaliste : « 5 800 €  d’arriérés de salaires à verser à Claude Foko, 2 000 € de frais du Lamanage ainsi que les frais engagés par l’Association pour la Gestion des Institutions Sociales Maritimes, l’AGISM ».

    Au propriétaire du navire Ebba Victor, le syndicat CGT des Marins du Grand Ouest a également exigé qu’aucun marin ne puisse rejoindre bord avant le paiement de tous les salaires dus à Claude Foko, le marin oublié. 

    Des copies de ce courrier ont aussi été adressées aux administrations françaises concernées afin qu’elles puissent jauger la situation. Déterminés, Jean-Paul Hellequin et ses amis vont continuer de suivre, avec attention, cette affaire jusqu’à son dénouement.

    « C’est une affaire de principe et d’engagement ! » selon eux.

    Stéphane DUGAST

    Photographies :© Association MOR GLAZ

    A VOIR : LE REPORTAGE VIDEO SUR CLAUDE FOKO


    Réalisation : Quoi 2 neuf

  • L'AMIRAL ECRIT

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    Ancien préfet maritime de l'Atlantique après avoir été préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord puis commandant de la zone maritime de l’océan Indien (Alindien), l’Amiral Laurent Mérer est devenu écrivain depuis 2006. Les océans et les marins inspirent forcément son œuvre.

    Comment avez-vous eu l’idée de coucher sur le papier ces destins de marins ?

    - Laurent MERER : Ce livre est d'abord le résultat d'une rencontre avec mon ami Vladimir Fedorovski, lui même écrivain et directeur de la collection « Le roman des lieux et destins magiques » aux éditions du Rocher. Il m'avait proposé plusieurs fois de publier dans sa collection, sur des ports célèbres ou des villes d'escales.

    Il m'a relancé en décembre dernier: « Alors amiral, mon livre ? - « Je veux bien vous faire « le roman des marins » - « Quelle bonne idée! ». C'est parti comme cela, sur un bon mot. Je ne pouvais plus reculer !

    J'avais quelques anecdotes en mémoires, quelques notes ici ou là. J'ai évidemment puisé dans mon expérience de tant d'années à bord des bateaux. J'ai voulu mettre en scène  des marins de tous grades. Des vies de quartiers-maîtres comme celles d’officiers mariniers ou de commandants. Mes cinq histoires, chacune constitue un petit roman, se déroulent sur des patrouilleurs comme sur des frégates, en  Atlantique, en océan Indien, dans le Pacifique ou dans les mers  du Nord…

    J’ai aussi voulu traiter de toutes les situations, la navigation, le mauvais temps, les mers du sud, mais aussi l'incendie, la guerre d'aujourd'hui... Et les hommes dans cette vie: l' équipage, l'amitié, la solitude, une femme, une famille, un enfant au loin... Voilà! C’est ainsi que le 15 janvier dernier, je me suis mis à la table de travail à raison de 5 à 6 heures par jour. J'ai terminé mi-mai.

    PORTRAIT LAURENT MERER 125 c.jpgDevenir écrivain après avoir occupé de hautes fonctions dans la Marine, n’est-ce pas une expérience parfois dure à assumer ?

    - C’est une autre vie. En prenant la plume, ou plutôt le clavier, j’ai recommencé à zéro... Vous savez, plus de 60 000 livres paraissent chaque année en France. Dans ce paysage encombré, il faut trouver sa place. C'est excitant !

    C'est vrai, mon quotidien a indéniablement changé ! Il n'y a pas de feuille de service ni d'agenda pour organiser la journée. C’est à moi de décider. Et je n'ai pas de retour avant plusieurs mois. C'est parfois vertigineux. Publier un ouvrage, c'est aussi le faire savoir et le faire connaître: un vrai challenge dans lequel l'auteur doit aussi s'investir.

    Après avoir écrit sur les océans et ses acteurs, votre prochain ouvrage sera forcément marin. S’agira-t-il d’un roman ?

    - Figurez-vous que j’ai déjà pratiquement fini le suivant ! Depuis le 15 mai, j'ai eu le temps... (Rires). Plus sérieusement, il y sera sûrement question de marins et d’océans puisque c’est ma passion. Quant au genre, toutes les possibilités s’offrent à moi : essais, roman historique, enquête…

    Propos recueillis par Stéphane DUGAST

    Photographie : © DR

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    PAGE 34 sur CALAMEO

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  • UN VASTE CHANTIER !

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    Diplômée de l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, Marie Détrée est devenue peintre officiel de la Marine depuis avril dernier. Celle qui vit et travaille dans la Manche peint et dessine au gré de ses embarquements ou de ses pérégrinations dans les ports. Passionnée de bateaux, l’artiste a décidé cet automne de se rendre dans un port phare de la côte Atlantique afin de témoigner de la naissance d’un navire. «Un bateau gris de surcroît» s’enthousiasmait-elle…

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    Quelles raisons vous ont poussée à venir sur le chantier du Bâtiment de Projection et de Commandement (BPC) Dixmude ?

    - Marie Détrée : Mon idée, c’était de suivre la construction d’un bâtiment de la Marine. Renseignements pris, j’ai su que le Dixmude était en cours de construction.

    Même si j’arrive un peu tard, ça fait 10 mois que le chantier est réellement lancé et j’ai raté la pose symbolique du premier bloc, c’était à mes yeux important d’aller peindre ce géant des mers. J’en suis à mon deuxième séjour ici à Saint-Nazaire.

    Ma première gouache, je l’ai réalisée dans les bureaux de la Marine qui se trouvent à proximité de la cale sèche où se  construit en ce moment le Dixmude. J’ai réalisé cette gouache au chaud à cause de la pluie ce jour là. J’ai d’emblée voulu peindre le bateau dans son environnement, dans sa cale avec les grues et les échafaudages, le tout baigné par une lumière grise.

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    Que vous inspirent les chantiers STX, et plus globalement Saint-Nazaire ?  

    - Ce qui est sûr c’est que je suis plutôt habitué aux lumières de la  Manche  où je réside ou à celles du nord de la Bretagne. C’est en venant sur le chantier du Dixmude que j’ai fait la rencontre de Saint-Nazaire.

    Cette ville, meurtrie par les bombardements de la seconde guerre mondiale et reconstruite à la hâte, a beaucoup de charme malgré ses blessures.

    Cette ville est pour moi une source d’inspiration inépuisable grâce à ses nombreux éléments et vestiges industriels. En même temps, c’est coloré, ce qui confère à l’ensemble une ambiance portuaire dont je suis fana.

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    Dans votre travail artistique, vous vous êtes également intéressée aux hommes du chantier ?

    - Et aux femmes ! J’ai ainsi réalisé une gouache en  forme de clin d’œil à l’équipe qui travaille ici. C’est une vue lors d’une réunion de chantier dans le radier du Dixmude.

    C’est une peinture symbolique mais j’ai voulu réunir les différents intervenants du chantier. Il y a la Marine nationale bien évidemment au centre, STX le constructeur et la DGA.

    Cette peinture s’est imposée pour des raisons pratiques. Le radier, c’est l’un des rares endroits en intérieur où il y a de la lumière naturelle. Vous savez, peindre un BPC en construction çà n’est pas évident… En intérieur, ce ne sont que des lumières avec des néons, on ne voit pas grand-chose. Ce jour là le radier du Dixmude était baigné par une belle lumière. J’ai pu ainsi jouer sur les ombres chinoises… (EXTRAIT COLS BLEUS, bi-mensuel de la Marine n°2959)

    Propos recueillis par Stéphane DUGAST

    Photographies : © Bernard BIGER / STX Europe
    Gouaches : © Marie DETREE


    LE BLOG DE MARIE DETREE, PEINTRE DE LA MARINE

     

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  • LA UNE QUE VOUS NE VERREZ PAS

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    L'ENQUETE - «Marin, homme venu de la terre face à la mer qui l'appelle, face à la mer qu'il redoute /  Relever le défi / Se décider à s'aventurer loin des côtes» écrivait Pierre Dubrulle, ancien officier devenu le «Monsieur cinéma» de la Marine pendant plus de trois décennies. A ces écrits poétiques, la nouvelle directive édictée cette année par les autorités de la Marine nationale quant aux finalités du métier de marin d’Etat répond de façon plus dogmatique : «Etre marin, c’est être combatif. En tout lieu et en tout temps, le métier de marin demande un niveau d’exigence élevé. Nul ne peut se contenter de vivre sur ses acquis. Au contraire, il faut être capable de faire face».

    Marin d’état, plus qu’un métier, un état d’esprit qui s’est forgé à travers les générations. En s’intéressant à un livre-hommage dédié à une école «fabriquante» de marins valeureux ainsi qu’à des personnalités emblématiques du monde maritime, Cols Bleus raconte dans ce numéro des «Destins de marins» à l’empreinte inoxydable. Qu’ils s’agissent des mousses, du commandant Philippe Kieffer, de l’académicien Jean-François Deniau, de l’explorateur Paul-Emile Victor ou du navigateur Eric Tabarly, leur expérience dans la Marine leur a forgé leur caractère, et souvent infléchi la courbe de leur destin.

    «L'homme s'affirme à force d'expérience toujours renouvelée / Apprendre à faire du vent son complice, à faire de la mer sa voie royale / Ainsi naissent les marins» écrivait également l’auteur réalisateur Pierre Dubrulle avant de conclure avec emphase : «A bord, des marins sont à l'œuvre, ils font équipage  / Ils veillent / Les autres pêchent les trésors de la mer ou emportent les richesses de la terre/ Ils veillent pour que ceux-là arrivent à bon port / Ils sont là, toujours et partout, pour prévenir toute menace, pour préserver la liberté des mers /  Ils sont, avec les autres, tous venus de la terre / On les appelle les gens de mer».

    Enquête de Stéphane DUGAST


    Dossier paru dans le bi-mensuel de Marine nationale
    + d'infos à : http://www.defense.gouv.fr/marine

  • LA JEANNE EN HERITAGE

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    © Christophe GERAL

    D’un coup de peinture, son numéro de coque et son nom ont été récemment effacés de sa coque. Depuis un mois, le porte-hélicoptères R97 «Jeanne d’Arc» n’est plus. Pourtant son patrimoine va continuer de perdurer…

    1166-24  46.JPG«Jeanne d’Arc». Et de battre son cœur s’est arrêtée ?  Depuis son retour à Brest, son port d’attache, le 27 mai dernier, la «Jeanne» - comme l’ont toujours appelé affectueusement ses marins - a cessé de naviguer. Durant tout l’été, le porte-hélicoptères a même subi une sérieuse cure d’amaigrissement.

    Privé de son mât, de son armement et de ses superstructures sur les ponts, le désormais ex-navire école de la Marine est en phase de déconstruction, jaugeant dorénavant 5 000 tonnes contre 12 000 tonnes. «Les fluides ont été expurgés. Les éléments mécaniques dispatchés sur d’autres bâtiments, les biens mobiliers inventoriés et mis à l’abri. Il ne reste plus rien à bord ou presque !», confiait son pacha, le capitaine de vaisseau Patrick Augier avant de quitter ses fonctions lors d’une ultime cérémonie qui s’est déroulée en septembre dernier.

    Le patrimoine «Jeanne» va néanmoins perdurer puisque décision a été prise par les autorités de la Marine de léguer pièces, objets, voire locaux emblématiques du bâtiment anciennement immatriculé R97. Après inventaire, les pièces phares du bateau ont ainsi été identifiées et repertoriées, du fond de la cale jusqu’en haut de la mâture, de la prou à la poupe. Fort de cet inventaire à la Prévert transmis au bureau du patrimoine, des propositions ont ensuite été adressées aux unités Marine ainsi qu’aux villes marraines et au musée de la Marine.

    Eclaircissements avisé du commissaire général Olivier Laurens, délégué au patrimoine de la Marine quant au modus operandi de cette valorisation et préservation du patrimoine : «Concernant l’après Jeanne, nombreux étaient nos interlocuteurs à avoir de bonnes idées tant ce bateau est emblématique du fait de sa longue et riche carrière nautique. Les initiatives, plus ou moins farfelues, étaient légions. Notre ligne de conduite a ainsi consister à valoriser les initiatives pérennes et à privilégier celles d’interlocuteurs ayant tissé des liens forts avec la Jeanne».

    C’est ainsi que Domrémy en Lorraine, la ville natale de l’héroïne de l’Histoire de France, a hérité d’une douzaine d’objets emblématiques dont la cloche. L’ancre du porte-hélicoptères et une plaque de tourelle ont été légués à la ville de Rouen, l’une des autres villes marraines du porte-hélicoptères. L’école navale a, quant à elle, hérité de l’une des deux plaques de coque et de nombreuses autres pièces.

    Quant à Brest, son port d’attache, la municipalité aurait l’ambition de développer sur le plateau des Capucins un espace dédié à la «Jeanne» afin d’y exposer notamment sa ligne d’arbre. Des éléments de la passerelle devraient être également confiés au musée de la Marine tandis que les machines, symbole d’une ère industrielle révolue, pourraient être confiés tout ou en partie au conservatoire national des arts et des métiers (Cnam) afin d’y être exposé.

    Autant d’initiatives qui prouvent qu’au-delà de la déconstruction d’un bâtiment, son patrimoine peut perdurer même disséminé à terre. Domrémy, Crozon, Brest, Rouen, Paris… L’empreinte «Jeanne» est décidément inoxydable…

    Stéphane DUGAST

    Illustration : © Anne SMITH / Photographie :© Christophe GERAL

  • SAVOYARD, TETE DE LARD !

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    Ancien élève de l'école normale de musique, Jean-Marie Chourgnoz a été tour à tour musicien, créatif, directeur d’une agence de publicité puis photographe et plasticien. Un embarquement sur la Jeanne a changé sa vie…

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  • BOUQUET FINAL

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    A l'occasion de son retour définitif à Brest, son port base, marins et terriens n'ont pas manqué de fêter la «vieille Dame».

    1171 031.JPGTonnerre de Brest ! Jeudi 27 mai 2010, 13 heures 20. Vingt-et-un coups de canon, tirés depuis le porte-hélicoptères R97, résonnent dans la rade de Brest. Retour en grande pompe du bateau-école de la Marine dans la cité du Ponant.

    Quai Malbert la foule se presse autour des barrières de sécurité ceinturant le futur point d'accostage. Les terriens aiment la Jeanne !

    Impatients, le chanteur Pierre Perret et les enfants de l'association Louis Carlessimo guettent l'arrivée de leur «bateau gris fétiche» dixit son président Honoré Carlessimo à l'enthousiasme contagieux : «La Jeanne et notre association, c'est une longue histoire d'amour. Voilà plus de douze ans que la Jeanne et ses marins redonnent de l'espoir aux enfants malades. A notre tour, nous avons voulu lui donner, tout lui donner... Nous avons voulu des adieux joyeux. D'où la présence de l'un de nos parrains, de trois clowns et d'une délégation d'enfants».

    Même ferveur sur les quais environnants noirs de monde au fur et à mesure que la Jeanne approche.  «Nous sommes là pour dire adieu à ce bateau mythique et à ses marins» témoigne une brestoise quinquagénaire qui souhaite rester anonyme devant la cohorte de journalistes.

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    Un édito signé Jean Guisnel, publié dans un hors-série spécial du Télégramme de Brest dédié au porte-hélicoptères, a préalablement donné la mesure : «Aucun bâtiment de la Marine n'est banal. Mais Jeanne la Brestoise, fierté du grand port du Ponant, porte une charge affective encore plus considérable que les autres».

    Durant ce week-end de festivités organisées conjointement par les autorités de la Marine et la mairie de Brest, l'attachement du public à la Jeanne a été constamment palpable.

    «C'est plus qu'une page qui se tourne, c'est un livre qui se referme. Profitons de cet instant rare !»

    1171 028.JPGChaque jour, dès potron-minet, une file ininterrompue de visiteurs va même serpenter les quais.

    C'est par millier que les visiteurs venus du Finistère, de Bretagne, des terres ou des montagnes se pressent afin de pouvoir monter à bord d'un bateau gris devenu légendaire. Malgré parfois trois à quatre heures d'attente en moyenne, ils seront plus de 10 000 visiteurs à se rendre à bord de la Jeanne d'Arc.

    Parmi tous ces visiteurs, une foule de passionés et de curieux ainsi que des anciens marins de la Jeanne «émus et fiers de rendre un ultime hommage» comme le confie, ému, Claude Idot «amoureux de sa Jeanne».

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    A ses côtés, Francis Welche, un autre ancien - «un copain de chambrée de Nanard Giraudeau. Poste Kilo O10» - savoure : «C'est plus qu'une page qui se tourne, c'est un livre qui se referme. Profitons de cet instant rare !».

    En cette fin mai, l'heure est donc à la célébration. La Jeanne d'Arc s'offre un ultime baroud devant un public conquis et friand d'anecdotes. Durant ces dernières heures à la mer, les temps forts ont été nombreux.

    L'escale à Rouen, ponctuée d'une rencontre avec le trois-mâts barque Belem ou les 5 000 visites du bord, a marqué les esprits.

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    La dernière nuit en mer reste également un moment chargé d'émotions comme le précisera a posteriori le commissaire en chef du bord Xavier Prache : «Contrairement aux idées reçues, l'ambiance à bord était très sereine. Ca n'était pas de la nostalgie mais un profond recueillement. On a chacun ressenti énormément d'émotions que l'on a pas voulu forcément partager. On voulait profiter de ces ultimes moments pour voir les étoiles sur le pont d'envol ou pour écouter les machines sous nos pieds». 

    Deux jours avant cet ultime accostage, les machines ont d'ailleurs ronronné. Et la Jeanne filée grand train. A près de 30 nœuds au large du Cotentin. Un ultime tour de force qui a fait la fierté du pacha et de son équipage.

    «Une véritable cure de jouvence» selon les mécaniciens plus promptes qu'à l'accoutumée pour rendre hommage à leur bateau.

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    Jeudi 27 mai, 15 heures à Brest, manœuvres accostage de la Jeanne d'Arc. Le capitaine de vaisseau Patrick Augier va devoir se résoudre à prononcer le fatidique «Terminés barre et machines !» devant une forêt de caméras et d'objectifs. 15 heures 15. Silence de cathédrale en passerelle avant la phrase couperet et une longue allocution du commandant diffusée dans tout le bord. 

    Massée sur les quais, la foule des terriens gronde. Les retrouvailles sont imminentes. «Jeanne la brestoise» brillera de mille feux tout au long de cette «escale» organisée en son honneur. A Brest (même), la «vieille Dame» sera  étincelante jusque dans son dernier souffle. Adieu Jeanne, merci la Jeanne !

    Stéphane DUGAST
    Clichés © Christophe GERAL

  • THEO LE MATELOT

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    R97, c'est le numéro d'immatriculation de la Jeanne d'Arc et le titre (partiel) d'un album de bande dessinée librement inspiré des romans d'un ancien mécano du porte-hélicoptères, surtout connu pour sa carrière dans le septième Art et plus récemment en tant qu'écrivain...

    008_R97.jpgPrintemps 2005. Le dessinateur Christian Cailleaux bouillonne d'idées. Les récits de Bernard Giraudeau, le captivent. «Je soupçonnais que nos voyages et nos envies pourraient trouver là un terrain d'entente. Il a d'ailleurs réalisé ce film que je trouve admirable : Les Caprices d'un Fleuve. Or, j'ai une affection toute particulière pour Saint-Louis du Sénégal. C'est là où j'ai écrit l'un de mes albums intitulés Le Troisième Thé ».

    Inspiré, le dessinateur envoie « sans complexe » ses albums au comédien, réalisateur et écrivain tout en lui proposant de se rencontrer. « Le tout sans projet préconçu». Réponse positive de l'intéressé.

    Les deux hommes se rencontreront lors d'un festival malouin consacré à la littérature de voyage. Rapides discussions et mises au point. L'ancien mécano de la Jeanne avoue cependant ne rien connaître à l'univers bédé. L'initiateur de cette aventure est néanmoins sûr du bien fondé de l'entreprise : «Bernard Giraudeau est un homme d'images et de mots. C'est un excellent réalisateur. Je n'avais donc aucune raison d'être inquiet...».

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    Les principes de la collaboration sont ainsi établis. L'écrivain de Marine conseille  au dessinateur de relire son ouvrage «Le Marin à l'ancre» et de lui indiquer ce qui déclenche des envies graphiques. Le sujet est vite trouvé : la Jeanne, ses « matafs », ses escales ou les tribulations romancées de l'ancien quartier-maître chef.

    La trame du récit est rapidement établie. Il s'agira d'une campagne d'application imaginaire de la «Jeanne» se déroulant à la fin des années 1960. Théo, jeune matelot embarqué, inspiré des récits de l'écrivain de Marine, en sera le héros. Elaboration et «tricotage» d'un voyage autour du monde à quatre mains.

     

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    L'esprit Jeanne ?

    Dès lors, entre voyages et projets respectifs, les compères avancent à leur rythme. De son côté, le dessinateur aborde les premières esquisses et réalise rapidement un crayonné complet à demi format.

    «Une façon de mieux aborder le rythme entre les navigations et les escales». L'écueil de tout ouvrage consacré à un marin embarqué est évité. Alors officier de presse dans la Marine, Valérie Fourrier, elle-même ancienne de la Jeanne, flaire la «bonne affaire» et propose aux des deux artistes un embarquement sur la Jeanne.
     

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    Enthousiaste, Christian Cailleaux embarque seul lors de l'appareillage de Brest. «Je voulais saisir les émotions et les regards des marins qui partent pour six mois». Premier transit donc à destination de New York, suivi d'un second embarquement entre Toulon et Brest.

    Lors de l'escale à Lisbonne Bernard Giraudeau monte à bord et rejoint son compagnon pour deux semaines en mer et en commun. «L'idéal pour achever le story-board» estime Christian. Sur la Jeanne, l'équipage est immédiatement enthousiaste. Le «pacha» aussi, au point de laisser ses salons à la disposition des deux passagers. Séances de travail dans les appartements du commandant avec vue sur mer.
     
    In situ, les avantages sont nombreux. Les deux auteurs 029_R97.jpgdisposent d'un équipage sous la main. Une rencontre s'avère décisive, celle avec l'officier de manœuvre. Le marin enthousiaste corrige les rares approximations. Il inspirera d'ailleurs un personnage du récit. Autre bonheur embarqué pour les deux compagnons, celui de pouvoir s'accorder «une pure bouffée d'oxygène» en passerelle ou sur les extérieurs.

    Cette collaboration sur la Jeanne leur permet finalement de réorganiser le canevas définitif de la bande dessinée. Les hommes en mer sont heureux. Retour à terre, le projet s'affine au gré des emplois du temps respectifs.

    Les cases sont dessinées sans intégrer aucun dialogue. Les textes pourront ainsi être ciselés jusqu'au dernier moment. Comme pour tous ses albums - «à l'exception du premier» - Christian Cailleaux réalise lui-même la couleur sur ordinateur. «Ça autorise toutes les audaces. Ça permet surtout un travail en aplat comme en sérigraphie sans effets de couleurs ou de dégradés».

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    Printemps 2008, l'album «R97, les hommes à terre» sort en librairie. Les «bédévores» adorent. Le grand public suit. A l'exception de quelques esprits trop pudibonds, les frasques de Théo, le jeune matelot embarqué sur la Jeanne, passionnent donc.

    Fort de ce succès d'estime, l'écrivain de Marine et le dessinateur chevronné envisagent de récidiver. «Sans la Jeanne, cette fois» jure Christian. Librement inspiré de l'une des nouvelles de Bernard Giraudeau, ce prochain album, intitulé «Les longues traversées»,  racontera les tribulations de Théo, une décennie plus tard «De la Jeanne, il en sera tout de même un peu question» concède finalement amusé Christian Cailleaux...

    Stéphane DUGAST

    Illustrations: © Christian CAILLEAUX / Casterman éditions - Photograohies © Christian CAILLEAUX & Yann LE NY

  • LA JEANNE DE A à Z / "K" COMME...

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    A l'occasion de l'ultime campagne de la Jeanne d'Arc, l'hebdomadaire de la Marine nationale depuis 1945 Cols Bleus raconte autrement le porte-hélicoptères R97. Cette semaine, gros plan sur la lettre «K» afin de raconter un passager pas comme les autres...

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    © Christophe GERAL

    « K »

    (POSTE) KILO 010 Soixante douze marins répartis par travées de douze avec trois bannettes sur chaque hauteur. Soit  le plus vaste des postes dédiés aux matelots et aux quartiers-maîtres de la Jeanne d'Arc. Parmi les nombreux «passagers» de ce poste spartiate, un invité de marque. Un marin affecté à la brigade sécurité, section ventilation.
    Mécanicien de spécialité. Deux campagnes «au trou» dans le monde des machines vous forgent d'ailleurs d'intimes convictions. Pour lui, les mécanos «font corps, solides derrière les brûleurs, avec un instinct sans faille. Ils sont le silence au milieu du vacarme». Il affectionne ce lieu où les communications s'effectuent par signes et par gestes tant le bruit est assourdissant.
    Concédant que «(s)es quarts sont dans les brumes de (s)a mémoire», le souvenir est néanmoins prégnant quarante six plus tard : «Des heures à mélanger la sueur avec les flaques de graisse, à regarder les lampes, se refléter dans l'eau stagnante, balancées par la houle. Il y avait des dessins jaune et bleu sous les godillots. Une machine ça baigne monsieur, ça baigne dans un bouillon d'eau salée et d'huile sombre». Lui est un ancien «chouffe», un ex quartier-maître embarqué pendant les campagnes 1964-65 et 1965-66.
    Lui, c'est un marin devenu comédien, réalisateur et écrivain de Marine. Lui, c'est Bernard Giraudeau. Fin 2005, l'ancien «chouffe» est revenu voir la Jeanne, sa Jeanne, «après 40 années loin du poste K010 et de la machine arrière, loin des odeurs de fuel et de la peinture fraîche».
    Un retour aux sources et un voyage initiatique empreint de jubilations pour des carnets de bord publiés dans Cols Bleus. Fin mai prochain, à l'heure du «Terminées barre et machines» qui retentira une ultime fois en machines lors de l'accostage de la Jeanne d'Arc à Brest, les écrits du mécanicien Giraudeau résonneront à l'infini. Le poste Kilo 010, les odeurs, les machines, les senteurs, les escales, des rencontres, des tranches de vie... «C'est tout çà la Jeanne !» philosophent d'ailleurs ses marins.
    Stéphane DUGAST

    *

    Couv_JeanneDArc BD.jpgEXTRAIT DU LIVRE
    LA JEANNE D'ARC, porte-hélicoptères R97

    (E/P/A – Les éditions du Chêne)
    Photographies de Christophe Géral
    Enquête de Stéphane Dugast