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Point minuscule de l’océan Atlantique nord, Bear island (l'Île d'Ours) est plus précisément située au sud de l'archipel du Svalbard (Spitzberg pour nous les Français). Epris d’aventure, trois Norvégiens, les trois frères Wegge, ont préparé durant un an et demi leur séjour sur cette île inhabitée et hostile. Sur place, ils ont grimpé, fait du parachute ou de l'escalade, skié, nagé et surfé tout en devant prendre garde aux ours blancs. Une aventure totalement nature !
3 jours de festival, 17 films visionnés et sélectionnés, le jury des Ecrans de l’Aventure a rendu son verdict. La liste des lauréats du jury films ainsi que la Toison d'Or du livre d'aventures.
FILMS
La Toison d’Or du film d’aventure est attribuée au film Crossing the ice.
Le prix des jeunes est attribué au film Le vol du Woopy réalisé par Gilles Santantonio.
Une mention hommage est attribuée à Alain Colas pour son esprit et son message de liberté à travers le film Alain Colas, rêves d’océan réalisé par Eric Le Seney.
Le prix du jeune réalisateur est attribué à Justin Jones, pour son film Crossing the ice. (prix remis par Claire Colart, membre du jury et Juliette Barthaux de Ushuaïa-TV).
Le trophée Peter Bird est attribué à Laurent de Kalbermatten et Guy-Bertrand Jacquier pour le film Le vol du Woopy. (prix remis par Chloé Henry-Biabaud, membre du jury).
Le prix Jean-Marc Boivin est attribué au film Là où naissent les icebergs réalisé par Pierre Dutrievoz.
Le prix Alain Bombard (doté par EDF en Bourgogne) est attribué à Eric Brossier et France Pinczon du Sel pour le film réalisé par Hugues de Rosière intitulé Sur le grand océan blanc.
Le prix spécial du jury est attribué au film Una Boya Feliz réalisé par Jordi Muns Sola.
La Toison d’Or du film d’aventure (dotée par la ville de Dijon) est attribuée au film Crossing the ice.
La Toison d’Or de l’aventurier de l’année est attribuée aux membres du GMHM (Groupe Militaire de Haute Montagne) Prix remis par Sylvain Tesson.
LIVRES
La Toison d’Or du livre d’aventure vécue est attribuée au livre Éloge du voyage, sur les traces d’Arthur Rimbaud de Sébastien Courtois.
Une mention spéciale «hommage » est attribuée au livre Patrick Edlinger de Jean-Michel Asselin.
Découvrez les livres sélectionnés pour la Toison d’or du livre d’aventure 2013
HUMEURS Voilà ce que j'écrivais avant le festival.
J'aurais pu vous énumérer les banalités d'usage repiquées sur le dossier de presse du festival des Ecrans de l'Aventure 2013. Je n'ai pas voulu. Car l'intérêt du blog EMBARQUEMENTS, c'est de vous faire découvrir l'Aventure autrement en vous donnant des grilles de lecture. Pour éclairer vos choix, aiguiser vos appétits et mieux comprendre ce festival réputé, je vous présente tous les films en compétition tout en vous livrant pour chacun mon avis et parfois mon pronostic. Inutile ? Risqué ? Présomptueux ? Sûrement les trois. J'en assume la pleine responsabilité mais c'est cette «valeur-ajoutée» éditoriale que j'ai voulu vous offrir. Car mieux comprise, l'Aventure et ses valeurs se partagent et se diffusent. Dans une époque aux horizons rabougris, l’Aventure est, selon moi, une denrée d’utilité publique pour s’évader, rêver, s’interroger sur le monde et donner à un sens à notre passage sur Terre. Alors, prêt à embarquer vers des horizons lointains ?
Le festival international du film d’aventure de Dijon 2013 va se tenir du 10 au 13 octobre prochains aux cinémas Olympia et Darcy à Dijon. Ce festival est un rendez-vous incontournable pour ceux qui aiment l'aventure et l'exploration.
Membre du jury l'an dernier, j'ai participé à de nombreuses éditions de ce festival. C'est d'ailleurs à Dijon qu'est né le projet Dans les pas de Paul-Emile Victor primé en 2007. Une nouvelle fois, l'organisateur La Guilde du raid a reçu plus d'une centaine de films documentaires qui ont tous été visionnés. Une nouvelle fois, Cléo Poussier et son équipe nous ont concocté une sélection équilibrée et clairvoyante.
Terre, air, mer, exploits , biopic, glaces, sommets, mer, .. Il y en aura pour tous les goûts. Programme, films en compétition, extraits vidéos et avis d'un spécialiste... Tour d'horizon complet de la prochaine édition des Ecrans de l'Aventure à Dijon.
LE PROGRAMME au Cinéma OLYMPIA
JEUDI 10 OCTOBRE
9 h 30
Tierra del Fuego Un film réalisé et produit par Justine Curgenven Grande-Bretagne – 52 minutes – 2012 – inédit
En janvier 2011, Justine Curgenven et Barry Shaw ont tenté d’honorer l’esprit Yagan en faisant le tour de l’île de Tierra del Fuego. Si ces deux experts de la navigation en kayak de mer ont déjà réalisé des périples de grande envergure, cette nouvelle expédition de 1000 miles nautiques dans la partie la plus sud de la Patagonie ne sera pas sans surprise. Autorisations administratives, vents violents, côtes difficiles d’accès, activités humaines... mettront à rude épreuve leur rêve.
› MON AVIS : Du tout bon ou pas pour ce documentaire racontant les tribulations d'un couple anglais en kayak dans une région du globe assurément esthétique. À regarder de plus près la bande-annonce, on repère beaucoup d'images embarquées et une prise de son très amateur. La présence des deux aventuriers et leurs naturels supplanteront peut-être cette mauvaise impression de départ. À moins que la fraîcheur et l'énergie des protagonistes ne soient très communicatives. Autant d'arguments qui n'ont pas dû laisser de marbre le comité organisateur de la Guilde très rigoureux dans sa sélection de films. Le jury 2013 dira...
10 h 30
Le tour de la France exacte – Du Mont Blanc à la mer du Nord Un film de Lionel Daudet et Charlie Buffet
Production : Bonne Compagnie, Voyage France – 52 minutes – 2012
Au départ du Mont-Blanc et en quinze mois, Lionel Daudet part sur la ligne frontalière de la France. Sans aucun moyen de transport motorisé, le grimpeur suit les contours de l’Hexagone tels que la carte les dessine. Au fil de près de dix mille kilomètres, cette aventure collective se partage avec ceux que le hasard mettra sur son chemin et avec Véronique, son épouse, qui assure la logistique des étapes. Sa « France exacte » devient alors un exploit physique, sportif et humain.
› MON AVIS : L’exploit est assurément de taille. Suivre au plus près les frontières terrestres et le littoral de l’Hexagone sans utiliser de moyens motorisés. C'est une aventure «à l’ancienne» menée Lionel Daudet dit «Dod», un alpiniste et marin chevronné (VOIR LA CHRONIQUE). Si l’intéressé s’est évidemment filmé avec des caméras embarquées de type Go Pro nous faisant partager au plus près ses pérégrinations en kayak, en vélo ou en voilier, il a également fait appel à un réalisateur (également écrivain et journaliste) reconnu dans le milieu de la montagne : Charly Buffet. Exploit sportif, paysages à la fois époustouflants et familiers aux téléspectateurs, la réussite de ce doc’ tiendra dans son équilibre au montage à distiller tranches d’aventures, confidences du «Dod» et rencontres inopinées. Si cette belle aventure est incarnée, la «Toison d’Or 2013», ou le prix Jean-Marc Boivin récompensant l’esprit d’aventure, sont en vue.
11 h 40 - 11 h 50 Actualités – Louis Meunier Hors compétition Après plusieurs années passées en Afghanistan, Louis Meunier se lance dans un nouveau projet : le tournage d’un film de fiction avec les comédiens afghans du Théâtre du Soleil. Ensemble ils veulent exprimer les luttes et les espoirs de la société afghane en racontant les aventures d’une bande d’amis qui décident d’ouvrir un centre culturel à Kaboul. La fiction s’ancre dans la réalité car ils rénoveront le plus grand cinéma de Kaboul tout au long du tournage…
14 h 00
Sur le grand océan blanc Un film de Hugues de Rosière, écrit par Véronique Ovaldé et Hugues de Rosière avec la participation d’Eric Brossier
Production : L’Envol productions, France Télévisions France – 52 minutes – 2012
À bord de Vagabond toute la famille Brossier a jeté l’ancre au bout du monde. Dans une baie de l’île Ellesmere, la plus au nord des îles arctiques canadiennes, à cinquante kilomètres d’une communauté Inuit, ils élèvent leurs deux petites filles au rythme des saisons et participent à la recherche glaciologique, marine et météorologique polaire. Cette île du Nunavut est aussi le théâtre d’une vie et d’une histoire particulière, qui donne une couleur singulière à ce Grand Nord.
› MON AVIS : Pour ce documentaire, mon impartialité est mise à défaut (LIRE LA CHRONIQUE). Je suis avec attention les aventures polaires de France, Eric et de leurs enfants sur Vagabond depuis plus de 10 ans. D’eux, j’apprécie leur humilité, leur philosophie et leurs missions. À contre-courant d’expéditions plus tapageuses, France et Eric œuvrent sans relâche au profit de la science et de l’aventure, indifférents aux jalousies ou aux effets de mode. Quant au réalisateur Hugues de Rosière, j’ai fait sa connaissance l’an dernier au jury des Ecrans d’Aventures 2012. Hugues m’a longuement parlé de «son» film, de sa vision, des conditions de tournage et des coulisses. Raconter le quotidien d’une famille prisonnière des glaces n’est pas un sujet facile. Hugues a su raconter, sans fard, ni ostentation, les nouvelles tribulations de la famille Brossier sur le voilier Vagabond. Hugues n’en est pas à son coup d’essai puisque c’est la seconde fois qu’il «met en images» une tranche de vie d’Eric, France et leurs enfants dans les galces. La confiance et le naturel des intéressés transpirent devant la caméra. J’ai vu ce film en avant-première, comme tous les spectateurs j’ai été frigorifié, intrigué et ému. À noter : la participation de Véronique Ovaldé (fort en vue dans les milieux littéraires) dans l’écriture des commentaires savamment ciselés. Une petite pépite qui devrait au moins rafler le prix des jeunes de la ville de Dijon ?
Coproduction : MC4 et la Société des Explorateurs Français avec la participation de Voyage France – 52 minutes – 2013
L’aventure est-elle le but premier ? S’agit-il toujours de franchir les limites, d’aller plus loin, là où c’est le plus difficile, le plus dangereux ? Les aventuriers témoignent. Bien sûr, aventuriers au départ, ils finissent souvent par devenir explorateurs. Leur terrain de jeu, c’est la planète et elle offre plein de possibilités ! Chercher dans les recoins du monde, là où personne ne va, des Graals toujours renouvelés, sont-ils devenus leur «raison d’être» ?
› MON AVIS : Un nouveau doc’ que j’ai vu en avant-première et un film «chorale» d’un réalisateur réputé dans le milieu. «Vieux routard» des films d’expédition et d’aventure, Alain Tixier était l’un des réalisateurs attitrés de l’émission TV «Ushuaïa» présentée par Nicolas Hulot. Cette fois, le cinéaste (également explorateur) laisse la parole à des aventuriers emblématiques qu’il a filmés sur fond noir, et dont les propos sont illustrés par les images de leurs exploits. Soutenu par la Société des Explorateurs Français (dont Alain Tixier est l’une des chevilles ouvrières), ce documentaire (issue d'une série diffusée sur la chaîne TV Voyage) manquait au paysage audiovisuel français de l’Aventure.
JEUDI 10 OCTOBRE
16 h 30
Le vol du Woopy Un film de Gilles Santantonio
Production : Films du Mille Pattes France - 52 minutes – 2013 - inédit
Dans le splendide décor des Alpes Suisses, Laurent de Kalbermatten, un inventeur de machines volantes, imagine une nouvelle aile ultra légère et révolutionnaire. Puis, suite à un accident, le projet s’arrête. Mais le pilote d’essai, Guy-Bertrand Jacquier, va faire renaître en lui le désir de reprendre ses recherches. Ensemble, ils vont se livrer à une incroyable aventure, mue par l’enthousiasme et l’audace de l’autre quand le doute s’installe chez l’un d’entre eux...
› MON AVIS : J’ai raté la diffusion de ce documentaire à la Société des Explorateurs Françaisen avril dernier, j’ai donc peu d’éléments tangibles pour m’en faire une réelle opinion. À lire cependant le résumé du film et parce que La Guilde l’a sélectionné, je pressens la «puissance» de cette aventure – qui à condition d’avoir été bien «mise en boîte» et bien montée – est en lice pour un prix. Une Toison d’Or en puissance ?
20 h 30 Ouverture officielle du palmarès Par Christine Martin, adjointe déléguée à l’animation de la ville, aux festivals et à l’attractivité, Thierry Robert, président du jury du film et Sylvain Tesson, président de La Guilde.
21 h 00
Raïba et ses frères, chronique du clan des Sakkudei Un film de Patrice Franceschi Production : Tantatuga production et L’Envol productions France – 52 minutes – 2013 – avant-première
En 1999, à bord de la jonque La Boudeuse, Patrice Franceschi se lance dans une série d’expéditions en Insulinde. Avec son équipage, il part à la découverte d’îles méconnues et de tribus isolées, comme les Sakuddei de Siberut. Quinze ans plus tard, il se demande ce qu’ont pu devenir ces hommes et ces femmes. Patrice Franceschi repart alors sur ses propres traces afin de témoigner de la problématique de ces peuples, désormais touchés par une mondialisation qui s’accélère et les entraîne vers un destin qu’ils n’ont pas choisi.
› MON AVIS : Dijonnais de naissance, Patrice Franceschi est chez lui aux Ecrans d’Aventure. Cette année, il ne nous présente pas un doc’ tourné sur l’un de ses bateaux d’expéditions. Faute de financements, sa Boudeuse est d’ailleurs clouée à quai. L’infatigable explorateur a dès lors astucieusement décidé de visiter un lieu qui l’avait profondément marqué lors de l'une de ses nombreuses expéditions. Quinze ans plus tard, il est ainsi revenu dans ses pas pour nous raconter le quotidien et surtout le devenir d’une tribu isolée en insulinde. En cinéaste (et écrivain confirmé), Patrice assure la réalisation de ce doc’ qu’il coproduit également. Les esprits chagrins ne manqueront pas de railler son omniprésence devant l’écran, les autres se laisseront gagner par ses belles images et par ses talents de conteur. Car capt’ain Franceschi sait raconter, avec faconde, force et profondeur, chacune de ses aventures. Un film à évidemment «dévorer» sur grand écran et en prime-time aux écrans de l'Aventure.
22 h 00
1 000 km à la rame sur le Zambèze Un film de Mike Magidson Production : Bienvenue ! Productions et Docside Production France - 52 minutes – 2013 – avant-première
Fin 2012, Sophie de Courtivron et Christophe Saint-Joanis ont parcouru le fleuve Zambèze
à bord d’un canoë biplace gonflable. Ils ont ainsi pagayé cinq semaines dans la partie la moins explorée de ce cours d’eau, depuis Chavuma, près de la frontière avec l’Angola, jusqu’aux fameuses chutes Victoria, une partie très peu explorée. Ils ont rencontré les nombreuses tribus qui tirent leur subsistance du fleuve, côtoyé une faune pas toujours accueillante, affronté les rapides…
› MON AVIS : De cette aventure, je n’en connais que la déclinaison papier parue dans la revue outdoor Wider. Et cette expédition ne manque pas de piquant ! À noter que le réalisateur Mike Magidson n'est pas allé sur le terrain. Car les 2 aventuriers se sont filmés eux-mêmes. Un film fraîcheur donc, épaulé par un réalisateur de renom. Un cocktail gagnant ?
VENDREDI 11 OCTOBRE
9 h 30
Una Boya Feliz Un film de Jordi Muns Sola et Eloi Tomàs
En septembre 2010, l’Espagnol Jordi Muns a réalisé une aventure sans précédent : naviguer plus de 1 300 km le long des côtes brésiliennes, en kite-surf, en solitaire et en autonomie. Au-delà d’un record inédit, son voyage est une épreuve personnelle, émotionnelle et physique, digne d’une véritable odyssée. Suspendu entre deux éléments, entre les caprices de l’Atlantique et de la météo, c’est aussi l’illustration du grand respect qu’il porte à l’océan et au ciel.
› MON AVIS : Chaque sélection des Écrans d’Aventure 2013 aborde désormais l'exploration par ce que les adeptes du genre appellent le fun. Un documentaire à coup sûr réalisé avec les moyens du bord. Les téléspectateurs ne bouderont cependant pas le plaisir de visionner sur grand écran de belles et esthétisantes chevauchées iodées. Quant aux protagonistes, leur énergie et leur passion semble contagieuses. Un prix Jeune Réalisateur en puissance ?
10 h 30
Quatorze deux mille ou la nouvelle expédition Un film de Cécile Cusin
Production : Y.N. Productions France – 52 minutes – 2012
Ni extrême, ni à l’autre bout du monde, Sandrine et Cécile partent à l’aventure aux portes de chez elles. Elles vont tenter l’ascension des 14 montagnes les plus élevées du massif des Bauges, au cœur des pré-Alpes, comme un clin d’œil aux 14 « 8000 » que compte la Terre. Mais au-delà de la conquête des sommets, leur objectif est le cheminement et la découverte des enjeux du milieu qu’elles traversent… Une histoire teintée d’humour, d’amitié, de respect et de poésie.
› MON AVIS : Nouveau documentaire sur lequel je dispose de peu d’éléments tangibles pour m’en faire une réelle opinion. Un film de montagnes dans la grande tradition des films sélectionnés chaque année par les organisateurs des Ecrans d’Aventures. Le doc' dédié l’an dernier à Erhard Loretan (LIRE LA CHRONIQUE) était épatant. Un prix Jean-Marc Boivin en vue ? À coup sûr un prix du Jeune réalisateur si l'intéressée est éligible.
11 h 40-11 h 50
Actualités - On a survolé la terre : le désert
d’Atacama Un film de Clémentine Bacri, Adrien Normier et Samy El Hourch Coproduction : Gédéon Programmes, Universcience, CNDP, ORA. France - 4 minutes - 2013 - hors compétition
À bord de leur fragile esquif aérien, Clémentine et Adrien découvrent les lagunes du salar d’Atacama : une immense région où les eaux descendues de la montagne se sont chargées en sel formant des oasis de couleurs dans l’immensité de sable. Derrière la beauté de ces paysages, des énormes enjeux économiques se cachent avec la présence dans le sol de lithium, un composant essentiel pour les batteries de nos portables... Plus loin, ils aperçoivent les antennes du radiotélescope Alma tournées vers le ciel.
14 h 00
Terminus boréal Un film de Bruno Peyronnet Production : Eliocom France – 52 minutes – 2012
Mars 2012, départ de Savoie pour une expédition en Pays Saami. Ils sont 6 à
embarquer dans les trains qui vont traverser l’Europe. Destination plein Nord, la Laponie suédoise, pour traverser à ski le massif du Sarek : «l’Alaska d’Europe». Cette aventure nordique originale milite pour une «mobilité douce», pour démontrer que l’on peut voyager loin avec, pour seul moyen de transports, des techniques qui permettent de s’immerger en pleine nature, en polluant le minimum.
› MON AVIS :«Réalpiniste», c’est par le nom de la société audiovisuelle créée parBruno Peyronnet, le réalisateur de ce doc’. L’intéressé intervient ainsi sur tous les terrains. Il a dès lors tourné de nombreuxdocumentaires d’expéditions. De ce cinéaste, je ne connais que son film d’une aventure australe menée par Isabelle Autissier et Lionel Daudet (tiens encore lui) sur l'île de la Géorgie du Sud. Pour «Terminus Boréal», difficile par contre de m'en faire une idée précise. Le court extrait diffusé (ci-contre) me laisse toutefois sur ma faim. Si les images sont belles, le montage rythmé et le propos léché, je ne garantis pas le sel de cette aventure. A juger sur pièce!
15 h 00
Crossing the ice Un film de Justin Jones
Production : Quail Television Pty Ltd Australie – 44 minutes – 2012 – avant-première
En Antarctique, les aventuriers australiens, Justin Jones et James Castrission, se lancent dans une première mondiale : une expédition aller-retour au pôle Sud sans assistance. Mais il y a déjà un explorateur polaire beaucoup plus expérimenté qu’eux sur place, avec le même défi et une longueur d’avance. Justin et James font néanmoins face au désert blanc, au froid, aux crevasses, aux pannes de matériel et aux blessures, tout en traînant 160 kg sur la glace, pour transformer cette folie en course.
› MON AVIS : Du film polaire à la sauce australienne. De la glace, des barbes, des pleurs, des rires, des gercures, des rires, des confidences et des blizzards. Tout y est ! Cette aventure semble huilée, très huilée. Cette bande-annonce cacherait-elle une pépite ? ou un énième film d'expédition utilisant les grosses ficelles ?
16 h 30
Pierre Mazeaud, la vie en face(s) Un film de Gilles Chappaz Production : Seven Doc France – 52 minutes – 2013 – avant-première
Ce film nous fait découvrir le destin unique de Pierre Mazeaud qui a réussi à marier au plus haut niveau trois passions en apparence inconciliables : le droit, la politique et la montagne. À l’heure des bilans, le premier Français au sommet de l’Everest ose ce constat apaisé : «Mes plus grandes joies, je les ai éprouvées en montagne. Cela peut faire sourire, j’y ai trouvé la vraie amitié (...). Plus que tout la montagne a été jusqu’au bout ma passion. C’est là que l’être humain s’accomplit !»
› MON AVIS : À cadence régulière, Gilles Chappaz régale les spectateurs et spectatrices de Dijon grâce à un film de montagne qu'il a concocté avec science, patience et passion. Car ce réalisateur est un véritable artisan, un orfèvre du documentaire. Cette fois, Monsieur Chappaz nous raconte le destin d'un montagnard hors pair. Nul doute que l'on va une nouvelle fois communier avec un géant des sommets. Du cousu main. Et un prix Jean-Marc Boivin garanti ?
21 h 00
Là où naissent les icebergs Un film de Pierre Dutrievoz Coproduction : MC4, Montagne TV. France – 52 minutes – 2013 – avant-première
Tout au nord, il existe un lieu secret où naissent les icebergs, où la calotte glaciaire libère des géants éphémères avant de les laisser dériver. Au printemps 2013, au terme d’un périple de 400 km à travers un immense territoire balayé par les tempêtes et parcouru par l’ours blanc, un père et ses deux fils (Pierre, Lorentz et Niels) y sont parvenus à ski. Sur le miroir du Groenland, ils ont écrit, avec leurs compagnons Inuit, l’une des plus belles histoires polaires.
› MON AVIS : Peu d’infos à nous mettre sous la dent pour l’instant. Seule certitude, le réalisateur est un homme de convictions rompu aux expéditions en tous genres. Compte tenu du sujet choisi, ce film incite autant à l’évasion qu’à l’interrogation. Car, les déserts blancs sont plus que jamais des baromètres du climat de notre planète.
22 h 00
Alain Colas, rêves d’océan Un film de Eric Le Seney Production : Injam Production, France Télévisions et l’INA France – 52 minutes – 2013
De 1968 à 1978, Alain Colas est devenu une légende de la course à la voile en solitaire, avant de disparaître à bord de son trimaran Manureva. Cette tragédie a ému la planète. Mais peu de gens savent qui était ce marin et cet aventurier du XXème siècle. En s’appuyant sur des archives de l’INA - ainsi que sur les témoignages de proches, de journalistes et d’amis - ce film dévoile la route héroïque, unique et fulgurante de cet enfant de la Nièvre que rien ne prédestinait à devenir «une étoile du large».
› MON AVIS : Chaque année, Dijon met en lumière un film 100% marin. Plébiscité aux Ecrans de la Mer 2012 (le festival «jumeau» organisé par La Guilde), les organisateurs ont donc retenu dans leur filet ce doc’ racontant une figure légendaire de l’histoire maritime dont la disparition demeure toujours énigmatique. C’est selon moi la «rolls» du biopic d’aventure de cette année. Du tragique, de l'émotion mais de la retenue.
SAMEDI 12 OCTOBRE
9 h 30 Le retour de la baleine boréale Un film de Guilhem Rondot
Production : Production Nova Média Canada – 52 minutes – 2013 – avant-première
Dans les étendues de l’Arctique canadien, l’ours blanc n’est pas le seul à symboliser la fragilité de l’écosystème. L’imposante baleine boréale est tout aussi vulnérable. Tout comme l’ensemble des grands mammifères marins de la planète, elle a subi pendant des siècles les assauts répétés des hommes, au point qu’elle a bien failli disparaître. Pour y remédier, Bernard Leblanc, biologiste au laboratoire de Winnipeg, a dédié sa carrière à la surveillance de la baleine franche du Groenland.
› MON AVIS : Le monde polaire fait décidément recette. Cette fois, il s'agit d'un documentaire de nous cousins québécois mettant l'accent sur la Nature. A en jauger par la qualité de la bande-annonce, et notamment des images terrestres et sous-marines, ce film a été savamment pensé. Quant à sa réalisation, elle rappelle d'emblée les productions de Thierry Robert, le président du jury. Suffisant pour se démarquer des autres productions ?
10 h 30
J’ai demandé la lune au rocher Un film réalisé et produit par Bertrand Delapierre
France – 15 minutes – 2013 – avant-première
Après avoir brillé en compétition, après avoir ouvert des voies et après avoir accompli des réalisations très spectaculaires sur les plus belles parois de la planète, Stéphanie Bodet revient à ses premiers engouements. Car en marge de l’escalade pure, l’écriture est sa deuxième vocation. Sur les roches polies des Aiguilles de Bavella, en Corse, elle laisse libre court à sa plume. Toujours au contact de la pierre, Stéphanie nous montre une voix nouvelle où s’exprime tout son «amour du lisse».
11 h 00
Two on K2 Un film réalisé et produit par Dariusz Zaluski Pologne – 43 minutes – 2013 – inédit
Ralf Dujmovits et Gerlinde Kaltenbrunner sont des alpinistes qui ont un beau palmarès international. Et c’est aussi au pied des géants que leur amour s’est forgé. Aujourd’hui le couple allemand, multiplie les réussites partout sur la planète. Accompagnés de quatre alpinistes, les voici partis à la conquête du K2 par la face nord. Car Ralf tient à offrir à Gerlinde son quatorzième et ultime sommet de 8 000 m. En soixante sept jours d’expédition, les 8 611 m ne se laissent pas gagner.
› MON AVIS : Un nouveau documentaire dédié à l'exploration en haute montagne. Cett fois, il s'agit d'un film polonais avec des grimpeurs allemands partis à la conquête du K2. Si ce film évite les écueils du genre - comme un récit trop chronologique et linéaire ou des confidences se bornant à nosu décrireles conditions atmosphériques, le spectateur n'est pas à l'abri d'une bonne surprise.
12 h 00 - 12 h 10
Actualités - Charles Rozoy Hors compétition Charles Rozoy est devenu champion paralympique à Londres en 2012. D’abord nageur valide, un accident de moto lui paralyse le bras gauche en 2008. Il lui faudra beaucoup de ténacité pour reprendre l’entraînement à la force d’un seul bras et aller jusqu’au bout de son rêve. Un parcours riche en rebondissements qu’il désire partager lors de cette 22ème édition.
14 h 00
Tewet le Dayak aux mille grottes Un film de Luc-Henri Fage
Production : Docside/Félis Production France – 24 minutes – 2013 – hors compétition – avant-première
Juin 2013. Tewet et deux amis remontent un fleuve de Bornéo, puis la Marang dont les eaux claires proviennent d’une grotte au pied des pitons karstiques. Depuis 50 ans, il explore ce massif à la recherche des nids d’hirondelles. Bien que la production ait chuté, il continue régulièrement sa tournée. Mais il faut se rendre à l’évidence : les hirondelles ont disparu, sauf dans une grotte géante. Mais Tewet couve un autre trésor qui va peut-être sauver sa communauté…
› MON AVIS : Lui aussi est un habitué de Dijon ! Régulièrement, le cinéaste-explorateur «livre» un documentaire dans lequel il raconte sa dernière expédition sous terre. Si Luc-Henri-Fage s’est lancé dans la spéléologie depuis l’adolescence avec passion, il raconte chacune de ses expéditions caméra au poing. Les années passants, il sillonne désormais le monde en quête de grottes inconnues et de peintures rupestres encore jamais dévoilées au grand public. La ténacité et la passion de ce cinéaste-spéléologue me fascine. De surcroît, ses films documentaires sont à chaque fois d’excellente facture. Une figure du monde de l’exploration à (re)découvrir.
14 h 40
Prisonniers de l’Himalaya Un film de Louis Meunier
Production : Taimani Films, Nilaya Productions France – 52 minutes – 2012 – hors compétition
Les Kirghizes d’Afghanistan forment la communauté d’altitude la plus isolée de la planète. Pourtant, à seulement quelques kilomètres se trouvent la Chine, le Tadjikistan et le Pakistan. Mais les frontières se sont fermées avec l’histoire, emprisonnant ces nomades sur le toit du monde. Reclus par petits groupes dans des campements de montagne à 4 300 m d’altitude, ils ne sont plus que 1 200 à subsister tant bien que mal. Doivent-ils imaginer leur avenir ailleurs ?
16 h 20
Profession Explorateur : Antoine de Maximy Un film de Alain Tixier
Coproduction : MC4 et la Société des Explorateurs Français avec la participation de Voyage France – 26 minutes – 2013 – hors compétition
Doit-on encore présenter Antoine de Maximy ? Peut-être que oui. Car l’auteur-animateur-routard de la série à succès : «J’irai dormir chez vous» a d’autres compétences de réalisateur et d’aventurier. On lui doit de grands reportages sur des scènes de conflit aussi bien à Beyrouth qu’en Iran-Irak. Réalisateur, présentateur et cameraman, il s’est aussi rendu dans quatre-vingts pays en vingt ans de carrière, en tant que spécialiste de l’aventure, de films animaliers et d’expéditions scientifiques.
17 h 00 Annonce du palmarès au cinéma Olympia.
DIMANCHE 13 OCTOBRE 14 h 00 – 17 h 00 Projection de 3 films primés au cinéma Darcy.
LES ÉCRANS DE l’AVENTURE EN BREF
Rendez-vous incontournable de l’Aventure, le Festival est une occasion exceptionnelle de voir les meilleures productions audiovisuelles internationales et de rencontrer les professionnels de l’image, aventuriers et voyageurs. Cet événement permet à un public toujours plus nombreux d’assister aux projections, débats, expositions, rencontres et de partager des moments d’intense émotion avec les nombreux invités du Festival. Un événement au cœur de la ville de Dijon aux cinémas Olympia et Darcy.
LE JURY
Les noms des membres du jury films 2013 de la 22ème édition des Ecrans de l'aventure sont désormais connus ! Le réalisateur et président du jury films 2013 Thierry Robert sera entouré de : Simon Allix, graphiste, voyageur, réalisateur, écrivain / Claire Colart, responsables des achats documentaires pendant plus de vingt ans à la RTBF / Chloé Henry-Biabaud, réalisatrice et journaliste reporter d’images et Louis Meunier, réalisateur. Plus d'infos sur leur parcours : http://aventure.la-guilde.org/spip.php?article1669
LES PRIX
5 prix pour les films
› La Toison d’or du film d’aventure (doté de 5 000 € par la ville de Dijon)
› Le Prix spécial du jury
› Le Prix Jean-Marc Boivin
› Le Prix jeune réalisateur (parrainé par Ushuaïa TV)
› Le Prix des jeunes de la ville de Dijon (doté par la librairie Chapitre Lib de L’U)
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UN DOSSIER CONCOCTÉ ET MITONNÉ PAR STÉPHANE DUGAST REPORTER d'abord | AUTEUR & RÉALISATEUR aussi | CRÉATEUR du Blog EMBARQUEMENTS | L’Aventure autrement
Médecin par tradition, explorateur par vocation et marin par passion, Jean-Baptiste Charcot (1867-1936) est l’une des figures du monde de l’Aventure du vingtième siècle. Celui que ses pairs avaient surnommé (ironiquement ?) le «gentleman polaire» a également été un marin d’Etat.
«Sur les traces de Tintin», c’est le titre d’une collection de cinq films documentaires invitant le téléspectateur (curieux) à un voyage inédit. Celui de marcher dans les pas stricto sensu du reporter à la houpette. Cinq documentaires, cinq périples et cinq pépites.
Qui n’a jamais rêvé d’accompagner Tintin dans ses voyages au bout du monde ? Destination les sommets enneigés du Népal, les déserts du Maros ou la forêt amazonienne.
Deux années de refléxion et d'essais, c'est le temps d'incubation qu'il aura fallu à la société de production Gédéon et à Moulinsart, la société détentrice des droits sur Tintin, pour bâtir les cinq volets de cette série réussie.
Le propos de cette série documentaire est ambitieux. Car, il s'agit de donner vie à cinq albums d'Hergé : Les Cigares du Pharaon, Le Lotus Bleu, Le crabe aux Pinces d'or, Le Temple du Soleil et Tintin au Tibet.
Le récit de chaque épisode suit ainsi l’histoire et l’itinéraire d’un album. On redécouvre les péripéties de Tintin en parcourant aujourd’hui les pays qu’il a lui même visités.
Complété par des images d’archives, des témoignages d’Hergé ou de spécialistes, cette série documentaire nous montre comment l’auteur et dessinateur s’est inspiré des événements de son époque, comment il a nourri ses dessins de mille et une évocations, clins d’oeil et anecdotes sur des cultures et des civilisations très diverses.
On découvre également comment Hergé a intégré des éléments de sa vie personnelle pour imaginer l’univers de Tintin.
Grâce à un astucieux procédé - l’incrustation des vignettes d'Hergé dans des images vidéo filmées sur le terrain. - Tintin et ses compagnons reprennent vie à l’écran.
Une autre façon de (re)découvrir Tintin et son auteur, Hergé. Des films documentaire entre réel et bande-dessinnée pour les petits et les grands, de 7 à 77 ans selon une formule consacrée.
Photos Gédéon Programme / édition du Moulinsart
A REGARDER // Sur les traces de Tintin :Les Cigares du Pharaon et un voyage en Egypte. Le Lotus Bleu (Chine), Le Crabe aux Pinces d'Or (Maroc), Le Temple du Soleil (Pérou) et Tintin au Tibet (Népal). Une série documentaire (260 mn) réalisée par Henri de Gerlache, Marc Temmerman, Laurent Joffrion et Florence Tran. En association avec Moulinsart, la société en charge de l’oeuvre d’Hergé et Gédéon Programmes.
De l’océan Arctique, on ne connaissait que les immenses étendues de glace de plus en plus fracturées…
Peu d’explorateurs s’était jusque là aventuré sous la banquise. C’est chose faite grâce à Deepsea under the pole, l’expédition parrainée par l’explorateur polaire Jean-Louis Etienne.
Buts avoués de cette aventure polaire ? Etudier et photographier la face sous-marine de la banquise, ses paysages et ses écosystèmes depuis le pôle Nord jusqu’au Canada.
En menant l’enquête in situ tout en conduisant moult programmes scientifiques, les explorateurs (soutenus par la fondation Rolex) ont ainsi non seulement ramené des images - glanées sous la glace - époustouflantes mais également un témoignage inédit sur l'univers de la banquise que l’on découvre là sous un nouveau jour.
Parfois à l’endroit, souvent à l’envers. « On y découvre tout simplement la face cachée de la banquise », clament en chœur ses auteurs qui ont su habilement entrecouper leur journal de bord de témoignages concoctés par des spécialistes de l’Arctique.
Au-delà d’un énième récit d’expédition, ce Beau-Livre est donc avant tout un témoignage précieux sur un univers menacé à cause du réchauffement climatique.
Soit autant de preuves qu’une aventure rondement pensée et bien menée peut s’avérer didactique et surtout fort utile.
Stéphane DUGAST
On a marché sous le pôle - Deepsea Under The Pole. Textes de Ghislain Bardout & Emmanuelle Périé. Photographies de Benoît Poyelle. Préface de Jean-Louis Etienne. 256 pages - 35.00 € (Le Chêne)
Les Longues traversées : c’est le titre du nouvel album de bande dessinée signé Christian Cailleaux et Bernard Giraudeau. Une œuvre (en partie) posthume dans laquelle souffle un indéniable parfum d’aventure.
CE QU'ON EN DIT //
- Roman graphique à la fois poétique et mélancolique, "Les Longues traversées" est un voyage au coeur de l'humanité. (Direct Matin Plus)
- "Les Longues Traversées" invite(nt) le lecteur à embarquer pour un voyage immobile avec, en guise de carte et de boussole, l'attrait de l'air du grand large, les envies d'ailleurs et le goût des histoires qui font rêver, même ? et surtout ? si elles sont inventées. (Rolling Stone / Christophe Quillien)
- "Une mise en images forte du texte sensible de Bernard Giraudeau. (Tribune & Moi/ Alexandre Sumpf)
- "Les dessins de Christian Cailleaux apportent toute leur poésie à ce portrait craché du comédien, avide comme le personnage principal d'amour et de voyages. Au final, cette traversée n'est pas assez longue... (Version Fémina / Valérie Robert)
- Tout ce que mettent en scène Giraudeau et Cailleaux dans ces "Longues Traversées", avec une économie de moyens rappelent le trait et la narration de Pratt. Entre rêve et réalité. (Métro / Guillaume B. Decherf)
- Illustré par le trait ciselé et les belles couleurs de Christian Cailleaux, ce récit écrit et dialogué par Bernard Giraudeau nous plonge avec émotion dans l'univers marin, cher à l'acteur disparu. (Télé 7 jours / Jean-Baptiste Drouet)
- Un album d'une très grande beauté, secoué par la houle, habité par la nuit, noyé de couleurs. (Le Parisien-Aujourd'hui en France/ Pierre Vavasseur)
- Captivant bien que plutôt contemplatif, ce récit au ton parfois très littéraire déborde d'exaltation humaniste (20 MN / Olivier Mimran)
- Cailleaux habille avec élégance les mots de l'écrivain Giraudeau (Le Figaro Littéraire / Bruno Corty)
LES REFERENCES //
Les longues traversées de Bernard Giraudeau et Christian Cailleaux. Bande dessinée. 80 pages en couleur – 15.95 € (Dupuis)
Ancien chef du service « cinéma-showbusiness » de l’hebdomadaire Gala et rédacteur en chef du quotidien France Soir, Bertrand Tessier s’est construit une spécialité : celle de croquer, en mots ou en images, les grands du cinéma comme Jean-Paul Belmondo, Patrick Dewaere, Alain Delon et Romy Shneider. Cette fois, le journaliste, biographe et réalisateur de documentaires s’est penché sur le destin de Bernard Giraudeau. Un drôle de marin devenu comédien, réalisateur et écrivain à succès. « Un aventurier en quête d’horizons, un écrivain voyageur et un baroudeur romantique » de l’aveu même de son biographe.
Propos recueillis par Stéphane DUGAST
« Racontez-nous votre ouvrage « Bernard Giraudeau, le baroudeur romantique », s’agit-il d’une biographie au sens classique du terme ?
- Bertrand Tessier : Il s’agit d’une biographie consécutive à une véritable enquête. Pour l’écrire, j’ai eu la chance exceptionnelle d’être aidée par ses proches : ses deux frères, sa sœur, ses deux enfants, sa compagne de longue date, Annie Duperey, ainsi que par des compagnons de route comme d’anciens marins.
Tous m’ont raconté Bernard Giraudeau lorsqu’il était enfant, adolescent, marin, acteur, réalisateur puis écrivain. Grâce à eux, j’ai pu recueillir des témoignages précieux, et même des documents inédits comme sa correspondance avec sa sœur quand il était jeune marin sur la Jeanne d’Arc.
Tous ces éléments m’ont permis de mieux comprendre le personnage, ses traits de caractère, ses interrogations et sa construction. Mon enquête m’a ainsi mené à Paris, à La Rochelle et à Brest où j’ai rencontré cinq marins qui l’avaient connu pendant ses deux tours du monde sur la Jeanne.
Ce livre raconte donc l’incroyable destin de Bernard Giraudeau, soit cinquante-cinq années d’un puzzle que l’intéressé rassemblera les dix dernières années de sa vie.
Comédien, réalisateur puis écrivain à succès, Bernard Giraudeau a été également un marin. En quoi cette expérience l’a t’elle façonné ?
Pourquoi Bernard est-il devenu marin d’Etat ? C’est un mystère. Hormis son père militaire, il n’y avait dans sa famille a priori aucun lien évident avec la Marine de guerre. Certes, il y avait ce grand-père cap-hornier dont il nous a parlé dans différents récits.
En enquêtant, je vais faire une découverte étonnante, celle d’un grand-père paternel marin d’Etat. Un aïeul sous marinier à une époque où l’on expérimentait le périscope, les ballasts ainsi que la double propulsion électrique et diesel.
J’ai ainsi découvert non seulement l’existence d’Albert, sous-marinier entre 1902 et 1904, mais également celle d’une flotte sous-marine française florissante. Je ne savais alors pas que la France disposait de soixante-dix sous-marins pendant la guerre 1914-18.
Quant à cet aïeul marin d’Etat et sous-marinier au temps des pionniers, Bernard Giraudeau n’en a jamais parlé. Je ne sais même pas s’il était au courant de son existence.
Jeune marin affecté sur la Jeanne, Bernard Giraudeau découvre les océans et le monde. Le voyage a été forcément initiatique ?
La Jeanne, ça n’a pas été une partie de plaisir. Il l’a d’ailleurs relaté dans ses écrits. Si le bizutage a été habituel, un plus rude l’a marqué : une simulation de strangulation.
Cette épreuve, il a fallu l’encaisser, ne pas moufter car lorsque l’on est un homme, un vrai, on ne moufte pas. Les marins ont du caractère à cette époque.
Quant à Bernard Giraudeau, ses camarades le décrivent alors comme un jeune homme réservé. C’est sur la Jeanne qu’il va cependant faire sa mû. Ses écrits et sa correspondance révèlent un jeune homme d’une maturité stupéfiante, disposant d’un regard surprenant sur son destin.
Les germes du futur personnage sont déjà en lui. Les escales et les rencontres vont le rendre plus indépendant, plus rebelle.
Bernard Giraudeau quittera pourtant avec fracas la Marine. Quelles en sont les raisons ?
Il simulera même la folie au point, je crois, d’être dépassé par les événements. Son affectation sur la frégate Dufresne après deux tours du monde va lui faire « péter les plombs » comme on dit.
Cloué à terre puisque la frégate est au bassin, le jeune marin Giraudeau ne s’y fait pas. Son affectation sur le porte-avions Clemenceau n’y changera rien. Il va alors exploser et quitter la Marine. Le retour à la Rochelle sera douloureux. Autant vous dire qu’il ne sera pas accueilli chaudement après cette démission.
Comment va-t-il dès lors entamer sa reconstruction ?
Son père va lui trouver un poste à l’usine Simca de la Rochelle. A ce sujet les imprécisions sont d’ailleurs nombreuses. Combien de temps est-il réellement resté ? Une chose est sûre, sa sœur me confiera qu’il n’y aura jamais de bulletin de paie à la fin du premier mois.
Qu’a fait Bernard Giraudeau pendant ce temps ? Il a sûrement dû errer sur le port de la Palisse en rêvant à de nouveaux horizons. C’est pourtant une rencontre qui va le décider à s’engager pour une compagnie de théâtre plutôt que d’embarquer sur le premier grumier à destination de l’Afrique.
Il intègre ainsi une compagnie de théâtre et devient machino. De fil en aiguilles, il va donner la réplique. La metteuse en scène décèle en lui de réelles aptitudes mais lui conseille de faire de la danse pour acquérir plus de souplesse. Il a encore sûrement en lui la démarche du marin chaloupant.
Dans la danse, il va s’y engager avec une rage incroyable au point d’en faire cinq heures par jour. Toujours cette rage… Finalement, il choisira le théâtre avant ensuite de faire carrière dans le cinéma. Il deviendra cet acteur magnifique. Bernard Giraudeau, c’est alors ce jeune premier aux dents blanches et aux yeux bleus.
A l’apogée de sa carrière de star du cinéma, il va pourtant tout casser et vouloir répondre à ses envies. Figure du cinéma populaire, il renonce à la facilité pour se lancer dans sa propre voie à compter du long-métrage Les spécialiste (1985) de Patrice Leconte, un énorme succès populaire. Dans le registre du jeune premier, il étouffe.
Si il n’est ni Depardieu, ni Dewaere, il est toutefois devenu ce qu’on appelle une star. Pourtant, Bernard Giraudeau va s’engager dans une voie plus risquée. Ce cinéma populaire ne le satisfait plus.
Il veut réaliser ses propres projets et jouer des compositions plus audacieuses. Une nouvelle fois, il est d’une exigence folle et d’un jusqu’au-boutisme absolu.
Au point de se lancer dans la réalisation du long-métrage ambitieux « Les Caprices d’un fleuve » ?
C’est effectivement un film emblématique. C’est celui qui lui ressemble le plus. De ce long-métrage, l’un des acteurs, Richard Bohringer, dira même que c’est « du Lawrence d’Arabie cramé par la passion du cinéma ».
Durant le tournage, Bernard Giraudeau est omniprésent : le premier lever, le dernier couché. On le surnommera d’ailleurs « Gyrophare » ou « Le Président » tant il veut tout faire et tout contrôler.
Il est le réalisateur, le scénariste et le premier rôle. Il n’est alors pas rare de le voir la perruque de travers pendant les prises. Il est tellement enthousiaste qu’il va porter son film et tout Saint Louis du Sénégal où a lieu le tournage.
Malgré un budget ricrac et un sujet délicat, un éloge à la différence, son film va faire un million d’entrées ce qui est loin d’être un échec commercial.
Pourtant, c’est un échec aux yeux de Bernard Giraudeau. Ce n’est désormais plus dans le cinéma qu’il va s’accomplir…
Au point de devenir écrivain. Pourquoi s’adonne-t’il à l’écriture ?
L’écriture a toujours été omniprésente dans sa vie. Il y a ses correspondances incroyables lorsqu’il est marin sur la Jeanne, puis toutes les autres. Il a toujours aimé fixer par écrit ses émotions, son vécu et les décors traversés.
Dans les années 1990, il va entretenir une correspondance, où qu’il soit dans le monde, avec Roland un myopathe. Quand ce dernier décède, sa famille lui envoie ses lettres. C’est là qu’il constate qu’il y a matière à écrire un livre.
Fort de ces récits, il rencontre Anne-Marie Métaillé, éditrice de renom. Cette dernière d’abord sceptique va cependant prendre le temps de lire ses textes et être agréablement surprise par leur qualité littéraire.
C’est même elle qui lui donnera de précieuses recommandations pour densifier son récit. Publié sous le titre Le marin à l'ancre, ce premier livre va finalement se vendre à plus de 40 000 exemplaires.
C’est un véritable succès en libraire qui va donner confiance à Bernard Giraudeau, lui l’autodidacte seulement titulaire de diplômes techniques est devenu un écrivain.
Auteur à succès, devenu écrivain de Marine, Bernard Giraudeau va revenir sur la Jeanne, sa Jeanne. Racontez nous ses retrouvailles ?
Imaginez vous l’ancien quartier-maître mécanicien, revenir quarante ans plus tard comme capitaine frégate littéraire. Il éprouvait une véritable fierté à porter cet uniforme d’écrivain de Marine.
C’était une revanche et sûrement aussi une psychothérapie face à la maladie qu’il venait déjà d’affronter lors de son premier cancer du rein.
La Jeanne a eu de réels pouvoirs cathartiques. Il revenait mettre ses pas là où sa vie d’homme avait démarré. La symbolique était forte… »
A LIRE // Bernard Giraudeau, le baroudeur romantique de Bertrand Tessier. Biographie. 298 pages – 19.95 € (Editions l’Archipel).
Bernard Giraudeau en 8 dates
Juin 1947 Naissance à La Rochelle
1963 Entre à l’école des apprentis mécaniciens de la flotte
1964-1966
Marin sur le porte-hélicoptères R97 Jeanne d'Arc
1970 Premier prix de comédie classique et moderne au Conservatoire
1973 Premiers pas au cinéma dans Deux hommes dans la ville de José Giovanni
1987 Devient réalisateur tout en continuant d’être acteur.
2000 Ablation du rein gauche consécutif à un cancer
Juillet 2010 Décède à Paris
Illustration Christian Cailleaux / Photographies DR
Seableue.fr, c’est le site web d’une ancienne voix de Radio France Internationale (RFI), celle des actualités maritimes et des bulletins marines. Une voix qui a bercé les quarts de nombreux navigateurs guettant le grain ou le coup de vent salvateur. Depuis l’hiver dernier, Arielle Cassim a lancé son propre site web (seableue.fr) dédié à l’actualité du monde de la mer.
« Pendant des années sur RFI j’ai parlé de vous, je vous ai rencontré, interviewé, que vous soyez du monde de la voile, de la plaisance, de la marine marchande ou de la marine nationale… Aujourd'hui cette aventure et ces rencontres se poursuivent sur Seableue.fr », résume-t-elle sobrement dans un édito visible sur la une de son site web.
Le week-end dernier, la rédactrice-en-chef de Seableue a mis à l’honneur « Zeraq - La mer sur le vif », un ouvrage marin. Forcément...
Les mots d’Arielle Cassim, des photos, des sons et des vidéos sur la mer et ses acteurs. RDV sur http://www.seableue.fr
Les Longues traversées, c’est le titre du nouvel album de bande dessinée signé Christian Cailleaux et Bernard Giraudeau. Une œuvre (en partie) posthume dans laquelle souffle un indéniable parfum d’aventure.
Marin mécanicien devenu acteur au cinéma et au théâtre, réalisateur de films et romancier à succès, Bernard Giraudeau s’était essayé à toutes les audaces dont celle d’écrire pour la bande dessinée. C’est donc fort du succès de leur premier album intitulé R97 - des hommes à terre, paru chez Casterman en 2008, que Christian Cailleaux et Bernard Giraudeau avaient décidé d’entamer une seconde collaboration s’inscrivant dans la continuité de leur première œuvre commune.
En partie autobiographique et mélancolique, R97 - des hommes à terre était une ode à la Marine, aux marins, aux escales et aux voyages. Ce second album en est le parfait prolongement servi par le dessin poétique et évocateur de Christian Cailleaux (l’auteur de la remarquée série Les Imposteurs). Quant à la plume de Bernard Giraudeau, écrivain de Marine, elle est toujours autant aiguisée et inspirée.
A l’instar de son géniteur, Théo quitte la Marine et se cherche un avenir en errant d’abord sur les quais du port de la Palice. Ses pérégrinations l’emmèneront ensuite à Lisbonne où il y fera d’étonnantes rencontres dont celle de Diego, un marin bloqué à quai.
Au fil des pages, on vit donc intensément les tribulations de Théo, l’apprenti-écrivain, et de Diego, le marin angolais, réinventant chacun leur vie dans l’attente d’un départ qui n’a jamais lieu.
Comme eux, on devient habité par les fantômes du passé, peuplé de femmes réelles, imaginaires ou disparues. Aux récits de voyages s’entremêlent ainsi les fantasmes et le vécu des personnages, une subtile trouvaille narrative. La figure d’Ines de Florès, femme-pirate du dix-huitième siècle, hante les pages de cet album dans lequel se mêlent donc habilement voyages réels et imaginaires.
Le souffle épique baignant cet ouvrage n’est pas sans rappeler celui traversant l’œuvre de Bernard Giraudeau trop prématurément achevée.
Empreint du souvenir de son compagnon et « associé », de leur amitié, des moments passés, l’émotion (sûrement) à fleur de peau, Christian Cailleaux a su retranscrire avec à–propos le style flamboyant et puissant Bernard Giraudeau, tout en s’affranchissant des pièges inhérents à cet exercice si délicat consistant à finir seul une œuvre imaginée à deux.
Dès les premières pages, on perçoit l’attrait du dessinateur pour la littérature et la poésie de son « compagnon de cordée » ainsi que leurs goûts prononcés pour la mer, les voyages, les escales, l’amitié, l’amour, les rêves, le destin et les rencontres.
Un bien bel hommage à l’ex-quartier-maître mécanicien de la Royale devenu une star du cinéma, un écrivain de renom et un auteur de bande dessinée à part.
De voyages lointains en rêveries immobiles, Les longues traversées embarquent littéralement le lecteur, le transportant loin de son (morne) quotidien.
Que Bernard et Théo soient rassurés, Christian a tenu bon la barre malgré les vents contraires. Les longues les traversées sont parfois aussi incroyablement douces...
Partie du Pérou pour traverser l’océan Pacifique en kiteboat, Anne Quéméré traçait sa route vaille que vaille sans lien avec la terre. Seule « en mer et contre tout » jusqu'au dimanche 15 mai au petit matin quand le « Comus of Sark », un ketch de 17m parti de Papeete à sa rencontre entre en contact avec elle. Premier contact humain après 74 jours de navigation dont 50 jours sans communication. Récit de son équipe rassurée...
L’émotion a dû être totale lorsque la navigatrice a échangé par VHF avec Ronan Quéméré, son père et coach technique embarqué sur le voilier « Comus of Sark ». A bord de son Kiteboat « Adrien », la Quimpéroise aura parcouru plus de 3 000 milles nautiques (5 528 kilomètres) seule, sans assistance et sans aucun échange possible avec son équipe ou ses proches.
Une solitude accentuée par le « vide » de l’océan Pacifique où elle n’a croisé aucun bateau, ni requin ou autre poisson. « À partir du 110/115 W, j’ai été plongée dans un monde angoissant, vide de tout où il n’y avait plus rien. Je ne pouvais compter que sur moi-même pour anticiper la météo ou prévoir ma trajectoire. Je n’aurai jamais imaginé vivre une telle expérience»
Anne va bien, malgré une fatigue extrême et un fort amaigrissement. En effet, elle a du se rationner ces dernières semaines afin de conserver l’énergie nécessaire pour avancer et avancer encore… Ce dimanche, son équipe lui a transmis un tonneau étanche rempli de nourriture lyophilisée et de fruits frais ainsi qu’un téléphone Iridium.
Par ailleurs, son Kiteboat porte lui aussi les stigmates de cette aventure incroyable. Outre le safran cassé qui lui a fait perdre en manœuvrabilité depuis le 26 mars dernier, son palonnier est hors d’usage et deux ailes sont déchirées et inutilisables.
Face à son immense fatigue et aux détériorations du kiteboat, Anne et son équipe ont décidé de définir comme ligne d’arrivée l’entrée de l’archipel des Tuamotu à la longitude 138°50’W, entre les atolls de Puka Puka et Napuka. Soit encore 110 milles nautiques à parcourir à bord de son kiteboat, avec des alizés faibles de secteur Est. Une navigation difficile qui ne va pas épargner la navigatrice jusqu’au dernier mille.
D’ici 2-3 jours, Anne Quémére devrait donc achever ce défi et nous raconter en détails cette odyssée à l’ancienne, sans liens avec la terre.
C’est en enquêtant sur Clipperton, tête d’épingle perdue dans l’immensité du Pacifique et propriété définitive de la France depuis 1931, que j’ai fait la connaissance d’Alain F6BFH (alias Alain Duchauchoy), membre actif du Clipperton DX Club.
L’océan Indien et la Corne de l’Afrique ont attiré nombre de passants. Des voyageurs, des artistes, des commerçants, des trafiquants… et un «vieux pirate» dénommé Henry de Monfreid. L’image est trouble. Trafiquant d’armes, de haschich et de perles. Opiomane. «Vieux pirate» selon l’écrivain Joseph Kessel qui s’inspirera d’ailleurs de son existence dans son roman Fortune carrée tout comme le dessinateur Hergé dans Le Crabe aux pinces d’or.
«Chef adoré de son équipage mais mari et père très peu attentionné» dixit l’académicien et écrivain de Marine Jean-François Deniau. Abd el Haï («l’esclave du vivant») pour les habitants d’Abyssinie.
«C’est un personnage à mille coudées au-dessus de l’image du pirate qu’il avait lui-même accréditée » écrira Daniel Grandclément, son biographe.
Ecrivain de ses propres aventures, Henry de Monfreid (1879-1974) le deviendra finalement tardivement. Enfance et adolescence à la Franqui dans l’Aude. Echec aux classes préparatoires. Henry enchaîne alors une kyrielle de petits boulots.
Il devient tour à tour vendeur, planteur ou chauffeur. A 27 ans, il devient chef de service, responsable de la récolte de la crème à la Société Laitière Maggi puis chimiste. Premier coup de tête deux ans plus tard.
Il achète sa propre ferme à Melun afin de produire et de commercialiser lui-même son lait. Première faillite. Divorce avec sa première compagne. Le jeune trentenaire largue les amarres. Direction l’Afrique et sa Corne.
D’abord négociant en café et en cuirs, Henry se lasse vite. L’appel du large ? Du gain ? C’est sur son boutre sillonnant la mer Rouge qu’il mènera désormais ses affaires. Se succèdent des croisières avec de drôles de cargaisons, à la barbe des voisins Anglais, tout comme des missions d’espionnage.
Enquêtant sur le trafic d’esclaves, l’écrivain-reporter Joseph Kessel le pousse à publier ses écrits. Succès immédiat avec Les secrets de la mer rouge paru en 1931. Suivront 73 livres, traduits en plus de 12 langues dont le Russe et le Chinois.
À la différence d’autres conteurs, tout ou presque est vécu par Henry de Monfreid. Ce que lui reprocheront certains.
Suite à des connivences avec les Italiens, il est emprisonné par les Anglais. Durant la seconde Guerre mondiale, c’est au Kenya qu’il résidera en liberté surveillée avec sa seconde épouse.
Retour en France en 1947. Il s’installe dans l’Indre. A Ingrandes. L’artiste dépareille. C’est souvent vêtu d’un pagne, chaussé de sandalettes et coiffé d’un turban qu’il se rend chez l’épicier local pour peser ses têtes de pavots et les diviser en doses journalières.
Bons princes, les autorités tolèrent alors la consommation de stupéfiants d’artistes «non conventionnels». Inspiré, l’incroyable Henry continue de créer.
Il peint, il joue du piano, et surtout il écrit jusqu’à son décès à l’age de 95 ans. A Obock ou dans le Golfe de Tajoura, son empreinte paraît inoxydable.