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FEUILLETON - Page 14

  • JEAN GAUMY : LA TENTATION DU PAYSAGE

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    Photographe pour la prestigieuse agence Magnum depuis 1977, Jean Gaumy bourlingue et photographie le monde depuis plus de quatre décennies. Photographe de renom (devenu peintre de la Marine depuis 2008), le normand d'adoption s'est, l'an dernier, raconté chaque mois sur le blog EMBARQUEMENTS. Cette fois, le «pêcheur d’images» insatiable s'expose, ou plutôt expose sa Tentation du paysage. Un bains révélateur ?

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    "La Tentation du Paysage" : c'est l'actuelle exposition photographique de Jean Gaumy qui a lieu à l'Abbaye de Jumièges en Normandie jusqu'au 21 septembre prochain.

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    Photographies © Jean GAUMY / Magnum Photos
     

    > Voir le PORTFOLIO DE JEAN GAUMY

     

  • LA « LIGNE » 4|4

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    Passage du cercle polaire © RHM Malabar

    Franchir l'Equateur fait partie d'un rituel immuable dans la Marine. Cette cérémonie a laissé des souvenirs impérissables à des générations de marins embarqués, tout en laissant perplexe plus d’un terrien. Si les us et coutumes des gens de mer se vivent et, à coup sûr, ne se racontent pas (ou de manière partielle), ce rite est cependant chargé de symbolique...

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    LIRE L’ÉPISODE PRÉCÉDENT Au cours du dix-neuvième siècle, cette cérémonie marquant le franchissement de l’Equateur – et des tropiques au temps de la Marine à voile - s’étendra au franchissement de la ligne du cercle polaire, progrès des explorations maritimes obligent !

    En France, un dénommé Jules César Sébastien Dumont d'Urville, découvreur de la Terre Adélie, n’y serait d’ailleurs pas étranger.

    Pratiquée à bord des bateaux militaires et ceux de la marine marchande, la cérémonie de la Ligne s’est même étendue un temps à la navigation aérienne, notamment à bord des unités d'Air France à compter de l’après-guerre.

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    Concernant l’Histoire maritime, un refus de passer la Ligne est demeuré emblématique. Le passager était illustre. Il s’agissait de Napoléon embarqué sur le Northumberland, un bâtiment britannique de 600 tonnes, à destination de l’île de Sainte-Hélène. Le jour de la cérémonie, l’ex-empereur des Français, redevenu après sa seconde abdication le général Bonaparte (ce qu'il sera toujours resté pour les britanniques), restera toute la journée enfermé dans sa cabine, refusant les supplications de Neptune.

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    D'après le tableau de William Quiller Orchardson  

    Beau joueur, le contre-amiral George Cockburn déclarera que «le général Bonaparte a déjà passé la Ligne !». Un mensonge diplomatique qui évitera tout  incident. «L'empereur fut donc scrupuleusement respecté pendant cette saturnale qui d'ordinaire ne respectait jamais rien», confiera a posteriori Emmanuel de Las Cases, l’un de ses proches devenu son secrétaire particulier et son confident, avant de cependant préciser à propos de son mentor : «qu’ayant appris l'usage et le ménagement dont on usait à son égard, il ordonna qu'on distribuât cent napoléons au grotesque Neptune et à sa bande, ce à quoi l'amiral s'opposa, autant par prudence que par politesse».

    De son côté, le général Charles de Montholon, un autre compagnon d’exil, affirmera que «l'Empereur fit donner cinq cents napoléons à Neptune. Cette manière de faire connaissance fut le signal d'un hourra étourdissant de joie et de cris Vive Napoléon !».

    Cent Napoléons légués à des sujets de sa Majesté ? Cinq cents Napoléons ? Qu’importe ! L’honneur du Général-Empereur est demeuré sauf. Point à la « Ligne »… (FIN)

    Stéphane DUGAST
    Illustrations Marie Détrée, peintre de Marine

     

  • LA « LIGNE » 3|4

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    Extrait de R97 - Des hommes à terre © Christian CAILLEAUX (Casterman)

    Franchir l'Equateur fait partie d'un rituel immuable dans la Marine.Cette cérémonie a laissé des souvenirs impérissables à des générations de marins embarqués, tout en laissant perplexe plus d’un terrien. Si les us et coutumes des gens de mer se vivent et, à coup sûr, ne se racontent pas (ou de manière partielle), ce rite est cependant chargé de symbolique...

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    LIRE L’ÉPISODE PRÉCÉDENT Barbouillage, rasage, immersion et aspersion, la symbolique des serments est prégnante durant cette cérémonie. Spécialiste de sémantique maritime, le peintre de la Marine Michel Bez est formel : «La Ligne s’apparente aux rites d'initiation des sociétés primitives dans lesquels les principes sont identiques : mourir pour renaitre dans une vie nouvelle en tant qu’adulte, chef ou membre d’une société secrète».

    Concernant la cérémonie des marins, chaque nouveau dignitaire reçoit à l’issue un certificat de passage, preuve de sa participation à ce rite qui, dans la Marine, s’est adouci au fil des années, lois sur le bizutage et féminisation obligent. Ainsi purifiés, voilà les «infâmes néos» devenus dorénavant des dignitaires de la Ligne.

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    Célébré avec une débauche de costumes et de mises en scènes soigneusement préparées, le passage de la «Ligne» est une cérémonie profane et parodique, teintée d’esprit carnavalesque.

    Si originellement cette cérémonie avait lieu au passage de certains endroits réputés dangereux, c’est le passage de l'Equateur qui s’est transmis jusqu’à nous.

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    Quant aux origines de ce rite, nombreux sont ceux perspicaces à y avoir décelé  un lien de parenté avec l’Antiquité tant les références lorgnent vers cette période de l’Histoire. Pourtant, la «Ligne» est une cérémonie plus «moderne».

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    © http://envelopmer.blogspot.com/

    Le latiniste objectera en citant d’évidentes analogies avec les «Saturnales», ces fêtes de l’antiquité romaine accompagnées de grandes réjouissances et célébrées en l'honneur du dieu Saturne, au cours desquelles les esclaves jouissaient d'une apparente liberté. Il aura en partie raison tant la hiérarchie est également bousculée lors du passage de la «Ligne».

    Quant aux historiens maritimes, ils dateront précisément les origines de ce rite. Les journaux de navigation attestent que cette pratique était en vogue dès le seizième siècle dans les Marines des pays de langues scandinave, anglo-saxonne ou latine.

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    Ainsi dans sa Relation du voyage de la mer du Sud publié en 1716, l’ingénieur militaire, également explorateur, botaniste, navigateur et cartographe du Roi Amédée François Frézier (1682-1773) écrit à ce propos que ce «baptême est en usage parmi toutes les nations». Cérémonie primitivement religieuse devenue burlesque, la « Ligne » va d’emblée s’avérer utile pour le commandement.

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    Car c’est un prétexte à varier l'uniformité des jours de mer surtout à l’approche de l’Equateur et de son pot au noir, comme l’atteste Eugène Pacini dans son ouvrage «La Marine» publié en 1844 : «Pendant les longs jours qui s'écoulent sous ce brûlant climat, les marins ont, pour se distraire, la pêche du requin avide qui abonde dans ces parages ; puis au passage de l'Equateur, on célèbre à bord la fête de la Ligne, véritable Saturnale dont les préparatifs occupent longtemps à l'avance les loisirs des matelots». (A SUIVRE

    Stéphane DUGAST
    Illustrations Marie Détrée, peintre de la Marine

  • LA « LIGNE » 2|4

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    Franchir l'Equateur fait partie d'un rituel immuable dans la Marine.Cette cérémonie a laissé des souvenirs impérissables à des générations de marins embarqués, tout en laissant perplexe plus d’un terrien. Si les us et coutumes des gens de mer se vivent et, à coup sûr, ne se racontent pas (ou de manière partielle), ce rite est cependant chargé de symbolique...

     

    LIRE L’ÉPISODE PRÉCÉDENT Démarrage des hostilités plage avant par une ode flamboyante de sa «Majesté» des mers : «Moi, Neptune qui suscite les tempêtes et commande les flots. Je vous souhaite la bienvenue ô fiers ! Navigateurs Vous ayant aperçus dans la flamboyante ondée du majestueux Phoebus, mercure rapide messager m’annonce l’audacieuse intrusion de votre nef aux confins de mon royaume et la fidèle Iris m’informe que vous êtes l’équipage de la … et que vous venez de France ! Soyez mes hôtes d’un jour».


    Aux néophytes (baptisés «infâmes néos»)  d’écouter les sacrements de l’évêque et les punitions infligées par un juge.

    Autant de «bons mots» qui attisent les fureurs de Neptune : «Salut à vous monsieur le Commandant, vous qui avez la lourde tache d’être responsable de tant d’ânes. Mais que vois je ? Quel est cet infâme troupeau que vous transportez là commandant ? Quelle honte de voir ces néophytes arrogants me gâcher ma journée ! Abject ! Des néophytes qui osent souiller ces lieux sacrés».

    C’est alors que débarque une horde de «sauvages». Les épreuves initiatiques infligées aux «infâmes néos», régulièrement arrosés plage avant, vont ainsi s’enchainer comme d’abord la visite médicale des «infirmiers», puis l’épreuve de rasage des « barbiers » et le pétrissage des «boulangers». Après un passage dans la farine et dans différentes mixtures vient le serment du baptême.

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    L’eau tient une place prépondérante dans cette cérémonie. Comme dans la religion, l’eau comporte des vertus purificatrices. Son absence fait également cruellement défaut à certains moments. La coupure d'eau douce à bord rend ainsi impossible la toilette des néophytes maculés de farine et de graisse.

    Originellement, le baptême consistait en une immersion à fond de cale avant de se pratiquer, de manière plus civilisée, dans une piscine dévolue à cet effet.

    Toutes ces «agapes» se clôturaient jadis «dans un combat général dont les pompes à incendie, les seaux, les bailles, constituent la formidable artillerie, et dont la mer fournit les munitions. Quelques heures après, le pont est lavé et séché, l'équipage dégrimé et le service ordinaire reprend son cours», comme l’écrivait Jules Lecomte dans son Dictionnaire pittoresque de Marine paru en 1835. (A SUIVRE)

    Stéphane DUGAST
    Visuels © http://france-coree.pagesperso-orange.fr/

  • LA « LIGNE » 1|4

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    Franchir l'Equateur fait partie d'un rituel immuable dans la Marine.Cette cérémonie a laissé des souvenirs impérissables à des générations de marins embarqués, tout en laissant perplexe plus d’un terrien. Si les us et coutumes des gens de mer se vivent et, à coup sûr, ne se racontent pas (ou de manière partielle), ce rite est cependant chargé de symbolique...

    «Tremblez, néophytes !». C’est par cette formule prononcée d’une voix gutturale que démarre la cérémonie du passage de la «Ligne», autrement dit le passage de l’Equateur.

    Une épreuve redoutée par plus d’un marin novice, baptisé «néophyte» à l’occasion.Imposée par les «Chevaliers» (ayant déjà passé la Ligne une fois) et les «Dignitaires» (ayant franchir la Ligne à plus d’une reprise), une succession d’épreuves attend donc les «Néophytes» ayant préalablement reçu leur convocation par un facteur.

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    Par le passé, ce préambule à la «Ligne» était d’ailleurs souvent une épreuve gratinée. Le jour J et à l’heure H, c’est plage avant que sont rassemblés les «Néophytes» qu’on arrosera copieusement à l’aide de lance à incendie.

    Il est d’usage de confier une gaffe au plus jeune des «Néophytes» et de l’envoyer tout à l’avant afin qu’il tente d'attraper la Ligne lorsqu’il la verra !

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    Quant au cérémonial, il démarre quand Neptune et son épouse Amphitrite débarquent. Suivent l’archevêque de la Ligne, flanqué de deux astronomes munis de caricatures des instruments servant à faire le point, et un notaire (ou commissaire) chargé de faire l'appel à l'aide d'un rôle d'équipage dans lequel sont consignés les noms des «Néophytes».

    Notons que c’est au cours du dix-huitième siècle que Neptune et Amphitrite, divinités de l’Antiquité, ont succédé au «Bonhomme» (symbolisant La Ligne) et à son épouse. La mythologie était alors très en vogue. Cet attrait pour le monde de l’Antiquité sera d’ailleurs plus tard source de confusion. (A SUIVRE)

    Stéphane DUGAST

     

    © Photos DR / Illustration Christian CAILLEAUX
    « R97 – Des hommes à terre » (Casterman)

     

  • UN WEBROBINSON #6

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    Qui n'a pas rêvé un jour de larguer les amarres et de partir vivre seul sur une île déserte ? Gauthier Toulemonde a exaucé son rêve (LIRE LA CHRONIQUE) en vivant seul l'an dernier sur une île déserte perdue face à l’immensité du Pacifique. Dès retour en France, il s'est attelé à l’écriture d’un livre à paraître très prochainement. Derniers échos d'un Webrobinson heureux qui va repartir seul et sur une île bien sûr !

    › LE FUTUR PROCHE

    « Je vais publier à l’automne prochain un livre sur l’expédition Web Robinson. Il comportera de nombreux dessins réalisés par le graveur Pierre Albuisson et des photos. A la fin de l’ouvrage figurera un petit guide à l’usage des personnes désireuses de larguer les amarres, tout en continuant de travailler.

    Résolument pratique, je donne des indications sur la façon de vivre en autarcie sur une île déserte, comme la journée type du travailleur nomade, le fonctionnement d’une installation solaire ou la constitution d’une valise médicale… »

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    › LE FUTUR MOINS PROCHE

    « J’envisage à présent de me rendre seul sur une nouvelle île située dans un milieu particulièrement hostile. C’est un endroit maudit où l’homme n’a pas franchement sa place. J’espère pour autant y trouver toute la beauté du monde. Elle se cache parfois là où on ne l’attend pas !

    Mon idée, c’est à nouveau de faire la promotion des énergies renouvelables et du travail à distance en totale autonomie. Le terrain, les aléas, la solitude, la liberté, la peur, les imprévus, les couchers ou lever de soleil, mes méditations… Tout ça me manque terriblement ! »

     

  • FORTUNE FURTIVE 4|4

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    En mission de lutte contre la piraterie, la frégate de la Marine nationale Aconit croise dans le Golfe d’Aden quand le boutre Al Tarek lance un appel détresse. Malgré l'aide des marins français, le boutre battant pavillon indien menace de couler. Il est évacué. Quatrième et ultime volet  de ce reportage paru en 2009 signé Stéphane Dugast. 

    LIRE L'ÉPISODE PRÉCÉDENT 18 heures 30 (15 heures 30 GMT). Énièmes rotations entre le boutre et la frégate de la Marine Aconit. Cette fois, les premiers marins du boutre Al Tarek débarquent. Hagards, déboussolés mais vite rassurés par les sourires des militaires français.

    DSC_0131 copie.jpgA quelques encablures de là, l’ultime rotation de l’hélicoptère s’annonce périlleuse. Il faut ré-embarquer la pompe Goniva dans l’aéronef pour le ramener sur l’Aconit. Le plongeur est exténué. Depuis 7 heures ce matin, il multiplie les hélitreuillages. «J’ai eu très peur. C’est à la voix que je l’ai motivé. J’ai tout de suite compris que William n’allait pas fort. Heureusement, c’est un battant et un marin consciencieux», confiera a posteriori Michaël Joly, pilote de l'hélicoptère Panther.

    A dix neuf heures moins dix, ce dernier poussera un ouf de soulagement en posant son aéronef sur le pont d’envol de la frégate furtive. Fin des manœuvres aviation. Déshydraté et exténué, William H., plongeur de l’hélicoptère, filera vite à l’infirmerie. Quant aux treize marins du Al Tarek recueillis, ils passent à table après s’être douchés, avoir été interrogés et auscultés médicalement.

    Tous affichent des mines réjouies. Seul le capitaine indien du boutre fait grise mine suite à la perte de sa cargaison : «J’ai perdu 2 300 chèvres d’une valeur de 25 dollars chacune, faîtes le calcul…».

    En passerelle, les marins de quart continuent de garder un contact visuel sur le boutre abandonné. Le commandant de l’Aconit (le «pacha» dans le jargon), quant à lui, en profite pour aller dîner soulagé : «Ça a été une opération de longue haleine. Après avoir épuisé toutes les solutions, il a fallu se résoudre à évacuer l’équipage pour des raisons évidentes de sécurité». Quant au devenir du boutre désormais sans équipage, les marins de l’Aconit garderont bien évidement un œil dessus toute la nuit afin d’éviter toute collision et fortune de mer à un navire croisant dans les parages.

    *

    DSC_0152 copie.jpgIl est vingt et une heures dans le Golfe d’Aden. La nuit enveloppe peu à peu la frégate. La silhouette du boutre livré aux soubresauts de l’océan devient fantomatique.

    Le calme règne en passerelle. Les marins de quart se préparent à veiller toute la nuit le bateau abandonné quant un marin aux yeux de hibou réveille l’assistance : «Il coule, il coule… Le Tarek est en train de couler…».

    Branle-bas de combat instantané en passerelle. Les projecteurs se braquent sur le boutre dont on ne distingue plus qu’une masse sombre ballotée par les flots. «On ne voit plus que le bloc passerelle» jauge le marin aux yeux perçants. De lointains bêlements se font entendre. Les chèvres. La nuit tombe définitivement.

    La lumière des projecteurs semble de plus en plus faible. Silence religieux sur les extérieurs. Les marins français semblent recueillis. La nuit et les flots engloutissent définitivement le boutre Al Tarek. Vingt deux heures, plus aucun écho sur les écrans radars de navigation. Dehors, le vent ne faiblit pas.

    La mer se creuse. Plus aucune silhouette ou masse sombre visible sur bâbord. «Le boutre Al Tarek a coulé». Les bêlements de plus en plus lointains s’évanouissent dans l’infini de la nuit. Al Tarek a été englouti par l’océan. «A moins qu’il ne flotte entre deux eaux. Ce qui rend bien évidemment la navigation dangereuse pour les autres navires», tempère le pacha. Le lendemain matin, un vol de reconnaissance de l'hélicoptère Panther officialisera le naufrage du Al Tarek.

    Aucune trace de sa coque ni de sa cargaison sur des flots devenus plus calmes. Quant aux treize rescapés, ils seront débarqués l’après-midi même dans le port d’Al Mukalla afin d’être remis aux autorités yéménites. Ainsi en ont décidé les tractations diplomatiques. Jadis, les marins de cette région du globe réputée dangereuse à la navigation à cause de ses moussons et de ses vents imprévisibles devaient souvent leur bonne fortune à leur boutre et sa voile (de fortune) de forme carrée.

    Quand l’écrivain-voyageur Joseph Kessel (1898-1979) écrira une fiction ayant pour cadre la mer Rouge, l'Éthiopie, l'Érythrée, la Somalie et le Yémen, le titre était tout trouvé : «Fortune carrée».

    Sept décennies plus tard, la bonne fortune a cette fois été furtive pour les treize marins du boutre Al Tarek(FIN)

     

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    REPORTAGE CHASSE AUX PIRATES
    FORTUNE FURTIVE

    Episode 4|4

    Reportage extrait du COLS BLEUS N°2921, le magazine de la Marine nationale.

  • FORTUNE FURTIVE 3|4

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    La frégate de la Marine nationale Aconit croise dans le Golfe d’Aden quand le boutre Al Tarek lance un appel détresse. Les marins français ont pu réparer l'avarie du boutre battant pavillon indien. La frégate furtive va pouvoir poursuivre sa mission de de lutte contre la piraterie dans l’océan Indien, sauf contretemps. Troisième et avant-dernier volet de ce reportage paru en 2009 signé Stéphane Dugast.

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    LIRE L'ÉPISODE PRÉCÉDENT 13 heures 10 (10 heures 10 GMT). Les marins militaires peuvent enfin souffler quand retentit un nouvel appel de détresse. A l’autre bout du fil, le capitaine de l’Al Tarek sur la VHF canal 16 : «On prend des paquets d’eau par l’arrière. Nos pompes ne suffisent plus. On s’enfonce. On va couler. Venez nous sauver…».

    Les déclarations du capitaine indien encouragent peu à l’optimisme. Nouveau décollage de l'hélicoptère Panther embarqué sur la frégate française. Pas de répit pour les équipes aviation. Une stratégie est rapidement mise sur pied. Trois nouveaux experts militaires sont dépêchés sur les lieux pour de nouvelles investigations.

    André D., chargé de la prévention et de la sécurité à bord, accompagnera Alexandre D., mécanicien, et Sébastien G., chef machine de la frégate. Sur l’Aconit, la mécanique est huilée. Décollage moins de vingt minutes plus tard. Hélitreuillages effectués sans anicroches. Manœuvres aviation une nouvelle fois rondement menées. Les experts de l’Aconit sont vite à l’œuvre.

    Premier bilan alarmant. «L’une des pompes du boutre est hors service. L’eau monte rapidement, trop rapidement…», diagnostique le chef machine. «Réparation impossible !» selon le chargé de prévention et de la sécurité à bord de l'Aconit dépêché sur le boutre. « L’équipage veut abandonner le navire. Leurs valises sont déjà prêtes !» explique le traducteur.

    Rapides Al_Tarek (28).JPGcogitations du pacha et de ses équipes qui ne cèdent néanmoins pas à la panique. Afin d’évacuer le trop plein d’eau et permettre au boutre de continuer sa route, le pacha décide d’envoyer une pompe sur Al Tarek. «Une pompe Godiva avec un débit de 20m3 par heure pour écoper» précise des marins manœuvriers déjà affairés à empaqueter cet outil devenu précieux.

    Nouvelle rotation de l’hélicoptère embarqué. Seize heures quarante. La Godiva est à poste. «Y a plus qu’à, faut qu’on…» ironisent certains marins en passerelle. «Le boutre s’enfonce de plus en plus» remarquent néanmoins des observateurs, oiseaux de mauvaises augures. Confirmations à la VHF. La montée inexorable du niveau d’eau a finalement noyé les moteurs. Verdict sans appel des marins français au chevet du Al Tarek : « On ne peut plus redémarrer les machines. Elles sont complètement noyées ».

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    Tension extrême sur l’Aconit. Le temps suspend sa ronde infernale. Le boutre continue quant à lui sa sarabande sur une mer de plus en plus hachée. En passerelle, l’ordre du pacha tombe comme un couperet : «Vous évacuez. Évacuation des marins du Al Tarek ainsi que des membres de l’équipe d’investigation ».

    Pendant ce temps, à l’arrière de la frégate française, on s’active. Michel F., le capitaine d’armes (NDLR : sous-officier en charge de la discipline) et ses «hommes verts» s’affairent à préparer l’accueil des réfugiés dans le hangar aviation. Bancs de musculation et vélo d’appartement ont vite été remisés au profit de lits picots.

    Bouteilles d’eau IMG_3168 copie.jpgminérale et cartons de biscuits s’entassent à proximité. Le «Bidel» (NDLR : le surnom du «capitaine d'armes») est aux anges. Rompu à ce genre d’opérations d’assistance comme lors de la mission «Balyste» au large des côtes libanaises, l’accueil de treize marins en perdition ne l’effraye pas le moins du monde : «C’est une mission de sauvetage et d’assistance ». Pour lui, l’esprit de la mission est clair : «Sourire, hospitalité mais sérieux. On procèdera à des palpations de sécurité».

    Même sens du détail chez «Monsieur le Commissaire», l’officier en charge de la logistique: «Auscultations médicales pour tout l’équipage du boutre suivies d’une interrogation des marins afin d’établir l’identité précise de chacun. On pourra ainsi informer plus précisément les autorités diplomatiques ». Il est dix-huit heures. Les marins de l’Aconit demeurent sereins. Pour l'instant... (A SUIVRE)

    Stéphane DUGAST

     

    cols_bleus_n_2921_medium2.jpgREPORTAGE CHASSE AUX PIRATES
    FORTUNE FURTIVE
    Episode 3|4

    Reportage extrait du COLS BLEUS N°2921, le magazine de la Marine nationale.

  • FORTUNE FURTIVE 2|4

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    En mission de lutte contre la piraterie dans l’océan Indien, la frégate furtive Aconit croise dans le Golfe d'Aden quand le boutre Al Tarek lance un appel détresse aux marins français. Une opération de sauvetage est lancée, solidarité des gens de mer oblige. Survol aérien du boutre balloté par les flots. Second des 4 volets de ce reportage paru en 2009 signé Stéphane Dugast.

     

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    LIRE L'ÉPISODE PRÉCÉDENT 8 heures 30 (5 heures 30 GMT). Depuis l'hélicoptère Panther de la frégate française volant à l'applomb du Al Tarek, le plongeur, William H., descend sans encombres sur le pont en bois du boutre. Premiers éléments d’information: «Machines en rade confirmées».

    Compte tenu de la situation, le commandant de l'Aconit décide d'emblée d’envoyer des experts à bord du boutre. Deux nouveaux membres d’équipage vont ainsi être hélitreuillés afin de porter assistance aux marins en détresse. Wassim L., un marin «arabisant», fera office de traducteur tandis qu'Alexandre D., mécanicien de métier, évaluera les dégâts. «Faîtes tout pour réparer…» souffle le pacha.

    L’opération de sauvetage est en cours. Un évènement galvanisant pour tout marin embarqué. «C’est pour des missions de ce genre qu’on fait ce métier» glisse un jeune matelot enthousiaste. A bord de l’Aconit, on demeure cependant appliqué et concentré. «Tout peut vite déraper !».

    Le commandant a mis en garde ses hommes. Dix heures moins vingt. Désormais visible depuis la frégate, Al Tarek danse sur les vagues. Roulis et tangage prononcés du boutre battant pavillon indien. C’est désormais aux jumelles que les marins scrutent la suite des opérations tout en étant à distance raisonnable du bateau bringuebalé par les flots. «Sécurité nautique oblige» selon l’officier chef de quart. 

    P1050448 copie.jpgLa mer est hachée. Les vents soutenus. De prime abord, le sauvetage ne va pas être aisé. Confirmations du commandant, le «pacha» dans le jargon : «La situation est plus compliquée qu’elle en a l’air. Avec l’arrêt des moteurs, les pompes de cales ont pu se stopper. Le trop plein d’eau n’est plus évacué. Comme le boutre est déjà une véritable coquille de noix ballotée par les flots et les courants, cela ne laisse rien présager de bon…».

    A bord, le mécanicien expert dépêché sur place confirme la panne sèche du Al Tarek. Une réparation des moteurs semble néanmoins possible. Un ravitaillement en gasoil est immédiatement déclenché.

    Trois possibilités s’offrent au pacha et à ses 160 marins. Un ravitaillement par voie maritime en utilisant l’embarcation de drome opérationnel (EDO) (NDLR : embarcation rapide). «Efficace sauf si la houle est conséquente. Le transbordement de bidons devient alors trop dangereux» estime le bosco.Un ravitaillement «plus traditionnel» est également étudié : «On tend une aussière entre nous et le boutre afin de faire ensuite passer les bidons d’un bord à l’autre».

    Même atout et même handicap que pour le premier mode opératoire. Une troisième solution consiste à ravitailler par voie aérienne en multipliant les rotations hélicoptères. «L’ultime recours en cas de non faisabilité des deux premiers modes opératoires».

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    Finalement, la mer et les conditions météorologiques du jour vont décider le pacha. Compte tenu de la houle et des vents, l’embarquement et le débarquement de futs de gasoil par embarcation sont jugés d’emblée trop dangereux. Quant à tirer une aussière entre les deux bords, le bosco et ses manœuvriers vont tout tenter pendant une heure. En vain. Le bosco et ses équipes pestent.

    «Impossible de tendre une aussière dans ces conditions». Le boutre n’est d’ailleurs plus véritablement maître de sa route et de sa vitesse. Le transfert des bidons d’essence par voie maritime est impossible. Onze heures du matin, l’hélicoptère Panther va donc assurer le ravitaillement en gasoil du boutre. Treize heures. Pas moins de 5 allers-retours ont finalement été nécessaires pour transborder les 700 litres d’essence et récupérer les membres d’équipage impliqués. Mission rondement menée.

    Le boutre peut reprendre sa route cap au nord vers les côtes yéménites et la cité de Mukkalah tandis que l’Aconit va poursuivre sa patrouille dans le Golfe d’Aden sur un rail Ouest-Est, le long de l’International Recommended Transit Corridor. L’IRTC dans le jargon militaire, la route la plus sécurisée pour les navires vulnérables. Soient tous ces bateaux les plus prisés par les pirates sévissant dans le Golfe d'Aden... (A SUIVRE)

    Stéphane DUGAST


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    cols_bleus_n_2921_medium2.jpgREPORTAGE CHASSE AUX PIRATES
    FORTUNE FURTIVE
    Episode 2|4

    Reportage extrait du COLS BLEUS N°2921, le magazine de la Marine nationale.

  • FORTUNE FURTIVE 1|4

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    Afin de lutter contre la piraterie dans l’océan Indien, l’Union Européenne a lancé une opération militaire navale d’envergure. Nom de code de l’opération ? «EUNAVFOR/Atalante». L’été 2009, la frégate Aconit a participé activement à cette opération dans le Golfe d’Aden. Embarquement sur cette frégate furtive de la Marine pour une navigation sous haute surveillance. Premier des 4 volets de ce reportage signé Stéphane Dugast.

     

    5 heures 40 (2 heures 40 GMT). Branle-bas de combat au Central Opérations (CO). Six heures moinscarte globe.jpg vingt. C’est l’effervescence depuis un appel de détresse matinal sibyllin. Un boutre yéménite est en perdition. «Moteur en panne et voie d’eau à bord» a annoncé son capitaine aux marins français sur la VHF 16.

    «A bord de ce bateau, c’est visiblement la panique», analyse à chaud Rémy B., l’officier chef de quart opérations pendant le «quatre à huit». (NDLR : quart de 4 heures à 8 heures). D’après les autres bribes de la communication parvenues à bord, l’équipage souhaiterait même d’ores et déjà quitter le boutre. «A confirmer» annonce sèchement l’officier de quart filant briefer son pacha monté dard-dard au Central Opérations.

    Conciliabules inaudibles et premières décisions du capitaine de vaisseau, Guillaume G. commandant l’Aconit. Programme d’activités du jour logiquement bouleversé. La frégate française se déroute sur zone et abandonne temporairement sa patrouille. «Logique, c’est nous qui sommes les plus prêts», jauge le pacha. Bientôt sept heures.

    Décollage de l’aéronef embarqué imminent. Sur le pont d’envol, les équipes aviation sont déjà à pied d’œuvre afin de faire décoller le Panther dans les plus brefs délais tandis que les pilotes sont rapidement briefés sur les tenants et les aboutissants de la mission. Quant aux équipes de mise à l’eau d’embarcations, elles sont elles aussi sur le qui-vive. Au cas ou… Il est sept heures. Le jour se lève. Il est sept heures. Les marins de l’Aconit n’ont jamais sommeil.

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    IMG_2787 copie.jpgMatin brumeux au milieu du Golfe d’Aden. Dans cette baie enchâssée entre la corne de l'Afrique et la péninsule arabique et sous les feux de l’actualité depuis les nombreux actes de piraterie perpétués ces derniers mois. Sept heures passées de 30 minutes. L’horizon est désespérément vide depuis la passerelle de la frégate immatriculée F713. A l’inverse, l’écho du boutre en perdition est clairement identifié sur les écrans radars du Central Opérations (CO).

    Le calme qui y règne est néanmoins olympien. Ailleurs, les spéculations vont bon train. Bateau-pirate ? Embarcation leurre pour piéger les marins militaires français ? Bâtiment chargé d’immigrants clandestins ? Simple bateau de pêche ? Tous les scénarios sont envisagés quand de nouvelles bribes d’informations parviennent jusqu’à la frégate grâce au vol de reconnaissance du Panther.

    Le boutre a désormais un nom : Al Tarek. C’est un bateau de transport aux dimensions modestes battant pavillon indien. Treize marins à bord. Des indiens, dont le capitaine, des somaliens et des yéménites. «Ce bateau n’est pas classifié suspect en terme de piraterie » annonce les marins du bord spécialistes du renseignement après consultation de leur base de données. De leur côté, les pilotes de l’aéronef poursuivent prudemment leur survol. Quant à la cargaison du boutre, elle va étonner plus d’un marin. Al Tarek transporte des chèvres.

    Al_Tarek (23) copie.jpg«Plus de 2300 !» précisera d’emblée son capitaine indien. Une conversation sur la VHF 16 menée en langue arabe permet d’en savoir plus. En transit entre le port de Bosasso, situé au nord de la Somalie, et Al Mukalla au Yémen, Al Tarek fait face à une avarie de ses machines. Ses réservoirs sont quasiment à sec. Les côtes éloignées. A plus de 60 nautiques (NDLR : 140 km).

    Les conditions météorologiques sévissant sur place font paniquer l’équipage. Sur l’Aconit, on est plus rationnel. Rapide analyse de la menace piraterie. A bord du Al Tarek, a priori aucune arme, ni grappins ou échelles pour aborder un autre navire mais des marins excités à la vue d’un hélicoptère de l’aéronautique navale française.

    Confirmations du pilote à la radio. «Ils veulent tous quitter le bord. Ils sont tous sur le pont pour nous faire signe de les embarquer». Après discussion avec son état-major, le «pacha» (NDLR : surnom du commandant à bord des bateaux gris) tranche: «J’envoie le plongeur pour investiguer les machines et analyser la situation». Dans quelques minutes, le boutre devrait être visible à l’œil nu depuis la frégate furtive. En attendant, l’opération de search and rescue (NDLR: recherche et sauvetage) est définitivement lancée, solidarité des gens de mer oblige... (A SUIVRE)


    Stéphane DUGAST

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    cols_bleus_n_2921_medium2.jpgREPORTAGE CHASSE AUX PIRATES
    FORTUNE FURTIVE
    Episode 1|4

    Reportage extrait paru dans COLS BLEUS N°2921, le magazine de la Marine nationale.

  • YVAN BOURGNON : AU SEL DU COURAGE (RÉACTUALISÉ)

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    Le premier tour du Monde en voilier non habitable et sans GPS. Un défi extrême autour du globe de 50 000 kilomètres avec escales. Une aventure humaine et maritime à l'ancienne, au sel du courage, de l’instinct et de l’adaptation permanente de l’homme à l'océan. C’est le défi du navigateur Yvan Bourgnon lancé en ce momentdans une traversée Tahiti / Raiatea. Echos du bord.

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  • LA GLACE, LE CIEL & Mr CLAUDE [BEST-OF]

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    La Glace
    et le ciel : c’est le titre du prochain film du cinéaste Luc Jacquet dédié à une grande figure du monde polaire : Claude Lorius. Rendez-vous au printemps 2015.

    Luc Jacquet est formel : «Claude Lorius est l’un des scientifiques français les plus éminents et l’un des rares à être entré dans les livres d'histoire de son vivant». Et pour cause, il a été le premier à prouver la part de l'activité humaine dans les bouleversements climatiques sur lesquels le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC)  revient ces derniers jours en étudiant les glaces de l'Antarctique.

    «Claude Lorius est un grand scientifique mais aussi un grand bonhomme» affirme le cinéaste - réalisateur des remarqués La marche de l’empereur ou Il était une forêt - qui a décidé de lui rendre hommage. Son film  retracera ainsi la vie de ce chercheur et explorateur polaire reconnu mondialement pour ses études de la composition des inclusions gazeuses des glaces polaires indiquant les climats anciens de la Terre.

    Claude Lorius est le premier, avec Jean Jouzel à avoir mis en évidence le lien entre la concentration atmosphérique en gaz à effets de serre et l'évolution du climat.

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    En menant l’enquête pour co-écrire la biographie de Paul-Émile Victor (en cours de préparation), j’ai eu la chance d’interviewer de nombreuses personnalités, dont des anciens des Expéditions Polaires Françaises (EPF) dont fait partie Claude Lorius. Car ce scientifique chevronné a été également un explorateur des temps héroïques de l’exploration polaire française en Antarctique notamment.

    À compter de son premier hivernage en Terre Adélie à la base Charcot en 1957, le Franc-Comtois d’origine a pris part à plus de vingt expéditions polaires entre les années 1960 et 1980, principalement en Antarctique dans le cadre des missions polaires françaises et internationales, notamment à la base Vostok (LIRE LA CHRONIQUE).

    De cet entretien filmé chez lui dans les Alpes, je garde un souvenir attendri et ému. Malgré sa mémoire parfois défaillante, Claude m’a raconté, avec malice et sincérité, ses liens avec le patron des EPF et son apport pour la Science.