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marine - Page 5

  • FORTUNE FURTIVE 1|4

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    Afin de lutter contre la piraterie dans l’océan Indien, l’Union Européenne a lancé une opération militaire navale d’envergure. Nom de code de l’opération ? «EUNAVFOR/Atalante». L’été 2009, la frégate Aconit a participé activement à cette opération dans le Golfe d’Aden. Embarquement sur cette frégate furtive de la Marine pour une navigation sous haute surveillance. Premier des 4 volets de ce reportage signé Stéphane Dugast.

     

    5 heures 40 (2 heures 40 GMT). Branle-bas de combat au Central Opérations (CO). Six heures moinscarte globe.jpg vingt. C’est l’effervescence depuis un appel de détresse matinal sibyllin. Un boutre yéménite est en perdition. «Moteur en panne et voie d’eau à bord» a annoncé son capitaine aux marins français sur la VHF 16.

    «A bord de ce bateau, c’est visiblement la panique», analyse à chaud Rémy B., l’officier chef de quart opérations pendant le «quatre à huit». (NDLR : quart de 4 heures à 8 heures). D’après les autres bribes de la communication parvenues à bord, l’équipage souhaiterait même d’ores et déjà quitter le boutre. «A confirmer» annonce sèchement l’officier de quart filant briefer son pacha monté dard-dard au Central Opérations.

    Conciliabules inaudibles et premières décisions du capitaine de vaisseau, Guillaume G. commandant l’Aconit. Programme d’activités du jour logiquement bouleversé. La frégate française se déroute sur zone et abandonne temporairement sa patrouille. «Logique, c’est nous qui sommes les plus prêts», jauge le pacha. Bientôt sept heures.

    Décollage de l’aéronef embarqué imminent. Sur le pont d’envol, les équipes aviation sont déjà à pied d’œuvre afin de faire décoller le Panther dans les plus brefs délais tandis que les pilotes sont rapidement briefés sur les tenants et les aboutissants de la mission. Quant aux équipes de mise à l’eau d’embarcations, elles sont elles aussi sur le qui-vive. Au cas ou… Il est sept heures. Le jour se lève. Il est sept heures. Les marins de l’Aconit n’ont jamais sommeil.

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    IMG_2787 copie.jpgMatin brumeux au milieu du Golfe d’Aden. Dans cette baie enchâssée entre la corne de l'Afrique et la péninsule arabique et sous les feux de l’actualité depuis les nombreux actes de piraterie perpétués ces derniers mois. Sept heures passées de 30 minutes. L’horizon est désespérément vide depuis la passerelle de la frégate immatriculée F713. A l’inverse, l’écho du boutre en perdition est clairement identifié sur les écrans radars du Central Opérations (CO).

    Le calme qui y règne est néanmoins olympien. Ailleurs, les spéculations vont bon train. Bateau-pirate ? Embarcation leurre pour piéger les marins militaires français ? Bâtiment chargé d’immigrants clandestins ? Simple bateau de pêche ? Tous les scénarios sont envisagés quand de nouvelles bribes d’informations parviennent jusqu’à la frégate grâce au vol de reconnaissance du Panther.

    Le boutre a désormais un nom : Al Tarek. C’est un bateau de transport aux dimensions modestes battant pavillon indien. Treize marins à bord. Des indiens, dont le capitaine, des somaliens et des yéménites. «Ce bateau n’est pas classifié suspect en terme de piraterie » annonce les marins du bord spécialistes du renseignement après consultation de leur base de données. De leur côté, les pilotes de l’aéronef poursuivent prudemment leur survol. Quant à la cargaison du boutre, elle va étonner plus d’un marin. Al Tarek transporte des chèvres.

    Al_Tarek (23) copie.jpg«Plus de 2300 !» précisera d’emblée son capitaine indien. Une conversation sur la VHF 16 menée en langue arabe permet d’en savoir plus. En transit entre le port de Bosasso, situé au nord de la Somalie, et Al Mukalla au Yémen, Al Tarek fait face à une avarie de ses machines. Ses réservoirs sont quasiment à sec. Les côtes éloignées. A plus de 60 nautiques (NDLR : 140 km).

    Les conditions météorologiques sévissant sur place font paniquer l’équipage. Sur l’Aconit, on est plus rationnel. Rapide analyse de la menace piraterie. A bord du Al Tarek, a priori aucune arme, ni grappins ou échelles pour aborder un autre navire mais des marins excités à la vue d’un hélicoptère de l’aéronautique navale française.

    Confirmations du pilote à la radio. «Ils veulent tous quitter le bord. Ils sont tous sur le pont pour nous faire signe de les embarquer». Après discussion avec son état-major, le «pacha» (NDLR : surnom du commandant à bord des bateaux gris) tranche: «J’envoie le plongeur pour investiguer les machines et analyser la situation». Dans quelques minutes, le boutre devrait être visible à l’œil nu depuis la frégate furtive. En attendant, l’opération de search and rescue (NDLR: recherche et sauvetage) est définitivement lancée, solidarité des gens de mer oblige... (A SUIVRE)


    Stéphane DUGAST

    *

    cols_bleus_n_2921_medium2.jpgREPORTAGE CHASSE AUX PIRATES
    FORTUNE FURTIVE
    Episode 1|4

    Reportage extrait paru dans COLS BLEUS N°2921, le magazine de la Marine nationale.

  • MOT MARIN : NŒUD

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    Tous les marins savent que les distances en mer se mesurent en milles marins. Ainsi 1 mille marin = 1 852 mètres. Ils savent aussi que la vitesse des bateaux s’exprime non pas en mille à l’heure mais en nœuds. Mais d'où vient cette unité de mesure ? Explications sans sac de nœuds.

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  • INDISCRÉTION : 2 NOUVEAUX POM !

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    Deux hommes du monde des Arts, Jacques Perrin et François Legrand, viennent de faire leur entrée dans le prestigieux corps des peintres officiels de la Marine (POM).

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  • DESSINE MOI UN BATEAU

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    Les deux compères n’en sont pas à leur coup d’essai dans le monde de l’édition. Ils récidivent cette fois en embarquant le lecteur à bord des navires de la Marine, ceux d’antan comme ceux contemporains aux lignes futuristes.

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    De la frégate époque Louis XVI aux frégates furtives les plus modernes, via les sous-marins Barracuda, ce nouvel ouvrage écrit par Michel Perchoc ouvre au lecteur le monde inconnu de l'intérieur des navires.

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    Quant aux dessins d'André Lambert, en apparence simplistes, ils valent tous les discours, grâce notamment aux vues de coupe des bâtiments. Un ouvrage pédagogique pour faire embarquer les lecteurs marins, qu’ils soient néophytes ou aguerris, sur les bateaux de la Marine.

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    › Embarquez ! de Michel Perchoc et d’André Lambert. 96 pages - 19 € (Marines Editions)

  • PÊCHEUR D'IMAGES & CHASSEUR DE TEMPÊTES...

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    Photographe infatigable arpenteur des océans (LIRE SON INTERVIEW), Philip Plisson n’a pas hésiter une seconde à s’envoler pour immortaliser la tempête Petra. Résultat ? Un bol d’embruns et un océan (vue du ciel) en furie. Magique !

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    CE QUE PHILIP PLISSON DIT  « Des hommes de mer, je partage les gestes et les rites, la patience qui souvent couronne la rapidité de l'action. Les formes, les nuages, la couleur de l'eau ou du ciel, le jeu des marées, la force et la direction du vent sont autant de signes qui me mettent en éveil et me conduisent là où je pressens qu'il faut jeter le filet. Inlassablement, je m'attache à les donner à voir »

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    © Philip PLISSON

     

  • MOT MARIN : MAE WEST

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    Reporter embarqué pendant plus d’une décennie, j’ai souvent enfilé une «Mae West». Je ne m’étais jamais interrogé sur cette appellation sibylline. De récentes recherches sur l'appellation de ce gilet de sauvetage m’ont mené jusqu'à Hollywood. Finalement, ce mot marin ne manque pas d'air !

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  • L’ESPRIT COMBATTANT

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    Du Sang et des Larmes, c’est le long-métrage inspiré du récit Le Survivant, signé Marcus Luttrell (qui récidive d'ailleurs en signant une suite : Retour au Combat). Deux livres donc et un film sur l'engagement américain en Afghanistan et en Irak. Focus sur un long-métrage narrant de l’intérieur une opération de commandos américains en Afghanistan. Un film de guerre plus subtil qu'il n'y parait...

    Les adeptes de film de guerre vont être aux anges avec l’adaptation du récit de Marcus Luttrell sur grand écran le 1er janvier prochain. Ce long métrage nerveux, signé Peter Berg (Very bad things, Le Royaume), va sans conteste combler leurs attentes un brin douchées par Forces Spéciales, long-métrage français souvent jugé trop simpliste (LIRE LA CHRONIQUE), et ce malgré la participation remarquée de Marius (VOIR L'ENTRETIEN).

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    Si la presse, ou l’opinion peu aux faits des «choses» militaires, devraient logiquement railler la dimension trop patriotique et trop héroïque de ce long-métrage inspiré d’une histoire vraie, les plus curieux vont y trouver leur compte.

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    Si je n’ai pas encore lu les deux ouvrages de Marcus Luttrell, j’ai vu en avant-première le film Du Sang et des Larmes. Et j’ai apprécié !

    Adepte de film du genre, j'ai trouvé celui de Peter Berg est réussi et abouti. Car le réalisateur (et scénariste) s’est parfaitement imprégné de l’univers des Navy Seals, de leur technicité au combat, de leur fraternité et de leur esprit de corps.

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    Si le patriotisme (parfois exacerbé) d’outre-Atlantique peut prêter à sourire, ce long-métrage a le mérite de nous plonger au cœur d’une opération militaire à hauts risques en nous dévoilant sa préparation sans faille, son déroulé contrarié et ses risques (pour ne rien vous dévoiler de plus du scénario haletant).

    L'implication des acteurs (un judicieux casting) est palpable à chaque séquence, voire à chaque plan. Par l'entremise de Marcus Luttrel (le vrai Navy Seals), tout a été minutieusement étudié et pensé pour coller au mieux à la réalité, et rendre ainsi hommage aux soldats engagés dans cette opération qui va se révéler meurtrière.

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    Car la réalité est terrifiante. Infiltrés dans une zone montagneuse d’une province reculée de l’Afghanistan, quatre Navy Seals vont se faire prendre en chasse par des talibans enragés. L'issue de cette opération Red wings (lire le récit de l'opération en vrai sur Wikipedia), consistant à localiser et neutraliser un chef taliban, va se révéler tragique.

    Si le film de Peter Berg fait résonance, c'est grâce à sa réalisation, et notamment ses  plans séquences filmés à hauteur d’hommes. La guerre, les opérations, ses dilemmes, ses horreurs et ses surprises se révèlent alors aux yeux du spectateur.

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    Ce film, couplé à ces deux livres, vous immergent au cœur de l’engagement militaire américain en Afghanistan. En France, des récits de qualité racontant l’engagement militaire en Afghanistan ont été publiés mais rien ne devrait filtrer au cinéma.

    Ce genre semble effrayer la production hexagonale qui, à mon sens, préfère nous distraire avec moult comédies guimauves où le centre du monde parait tourner autour de Paris, de sa rive gauche, de ses grands magasins et boutiques, de ses appartements avec 3 mètres 50 de hauteur de plafond et de la vie (bourgeoise) trépidante de ses personnages.

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    Du sang et des larmes rompt cette monotonie, offrant aux adeptes du genre, et à ceux qui savent dépasser les préjugés, un film de guerre savamment ciselé et diablement efficace.

    Quant aux récits de Marcus Luttrell (tous les deux parus chez Nimrod éditions), ils embarquent littéralement le lecteur au cœur du cauchemar en Afghanistan et de l’enfer en Irak, l’obligeant à s’interroger sur ce que signifie «servir son pays», et revenir à la vie civile marquée par le fer rouge de la guerre.

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    Même si ce film de guerre carbure fort au patriotisme (Hollywood oblige !), son principal atout est de nous plonger dans les coulisses d’une opération militaire, au plus près de ses hommes.

    À l’instar d’un Apocalypse now (1979) au Vietnam, de La ligne rouge (1998) ou de 317ème Section (1965) du regretté Pierre Schoendoerffer - VOIR L'HOMMAGE), Du Sang et Des larmes fait partie de ces films majeurs du genre, car il évite le manichéisme exagéré ou la vision trop romantique de la guerre.


    Souvent scotché à son fauteuil, le spectateur déguste dès lors ce long métrage plus subtil qu’il n’y parait. C’est là tout le tour de force de Peter Berg en parfait «chef d’orchestre» de ce long-métrage sur vitaminé.

    Stéphane DUGAST

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    * À LIRE : Le survivant de Marcus Luttrel et Patrick Robinson. 330 pages - 21 euros (Nimrod éditions) + Le retour au combat de Marcus Luttrel et James D. Hornfischer. 330 pages - 21 euros (Nimrod éditions)

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    › À VOIR
    Du sang et des Larmes de Peter Berg avec Mark Wahlberg, Taylor Kitsch, Emile Hirsch, Ben Foster et Eric Bana. USA - 121 minutes. Au cinéma le 1er janvier 2014.

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    › BONUS

    Les confidences de Marcus Luttrel lors de l'émission 60 minutes (en anglais)



     

  • DROIT AU BUT (RÉACTUALISÉ)

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    Nom d’usage ? Marius. Matricule ? 0585-3861. Signes particuliers ? «Petite frappe» du milieu marseillais devenue commando Marine puis directeur de sécurité d'un port et comédien sur le petit comme le grand écran. Sa vie est assurément romanesque. Cette fois, il la raconte dans un récit autobiographique. Net, clair et précis...

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  • D’ORMUZ & D’AILLEURS

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    Jean Rolin (LIRE SON PORTRAIT) aime la mer, Britney Spears, les bateaux, les villes, les ports, les chiens, les marins et… le détroit d'Ormuz ! Reliant le golfe Persique au golfe d'Oman, ce point chaud du globe est «l’élément dramaturgique fort» de son dernier roman au titre sobre et élégant.

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    Le détroit d’Ormuz, Jean Rolin l’a ainsi franchi personnellement à maintes reprises. Les deux premières fois sur un cargo «dans un climat très tendu» pendant la guerre Iran/Irak dans les années 1980, la troisième fois sur un boutre (à moteur) pour un reportage sur la contrebande de l’or, et la quatrième fois sur un pétrolier-ravitailleur de la Marine : La Meuse, ou plus récemment sur la frégate Cassard pendant un transit entre Mascate et Bahreïn avec à la clef une longue escale à Doha dans le cadre d’un salon d’armement naval.

    C'est aucun doute dans ses embarquements qu'il faut chercher les germes de ce roman qui n’est évidemment ni un traité géopolitique, ni un guide de voyage.

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    Unissant le golfe Persique à la mer d'Arabie, le détroit d’Ormuz est, en effet, la voie royale du trafic international, emprunté d’ailleurs par plus de 30% du commerce mondial de pétrole. Outre l'Iran et les Émirats arabes unis, Ormuz commande l'accès à d'autres «gros» pays producteurs d'hydrocarbures comme l’Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar, le Bahreïn et Irak.

    C’est ce détroit sous forte surveillance que Wax, héros un brin mythomane et plus tout jeune, forme le projet de traverser à la nage, depuis la rive perse jusqu'à la rive arabe. Une entreprise à hauts risques requérant des repérages, des prises de contacts et de fines analyses de la situation politico-militaire parfois tordue que nous détaille dans ce roman un narrateur, également chargé de la chronique de l’exploit en question.

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    Cette étonnante odyssée, Jean Rolin la raconte avec saveur, sans se départir de son regard ironique qui lui est propre.  Quant à son œuvre littéraire, elle ne manque pas de sel. Depuis, il a en effet embarqué, deux mois durant, sur le patrouilleur austral de la Marine nationale L’Albatros à destination des Terres Australes et Antarctiques Françaises[1]. «J’aime les immersions», concède sobrement l’intéressé. Autant d’arguments qui devraient inciter les gens de mer à lire cet écrivain affectionnant comme eux la vie sur les océans.

    Stéphane DUGAST

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    Ormuz de Jean Rolin. 217 pages - 16€ (P.O.L)



    [1] : De cet embarquement austral, Jean Rolin a publié un court récit de 56 pages intitulé L'albatros est un chasseur solitaire paru chez l’éditeur grenoblois Cent pages.

  • BULLES MARINES

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    Jean-Yves Delitte aime les océans et les marins. Dessinateur chevronné, l’artiste s’est fait une spécialité, celle de mettre en bande-dessinée des épisodes clefs de l’histoire maritime. 

    À l’actif de ce peintre officiel de la Marine belge (français de nationalité), des séries forts prisées des adeptes du genre comme «Belem», «U-Boot» ou encore «Black Crow». C’est d’ailleurs, via cette série, que le dessinateur s’est cette fois penché sur un mythe : l’expédition de La Pérouse.

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    Commandée par le roi Louis XVI pour redorer le prestige de la Marine Royale, alors amoindrie par la toute puissante marine britannique, une expédition d’envergure est lancée.

    À sa tête, Jean-François de Galaup, comte de  La Pérouse, se lance dans une course autour du monde inspirée de celle de l’illustre explorateur James Cook. Plutôt que les conquêtes à des fins militaires, le natif d’Albi privilégiera le commerce,  la science et les découvertes.


    De Monsieur de Lapérouse et des 220 marins du Roy partis explorer en  1788 des terrae incognitae, on restera longtemps sans nouvelles jusqu’à ce qu’un dénommé Peter Dillon ne découvre quatre décennies plus tard des restes du naufrage de L’Astrolabe et de La Boussole dans le Pacifique, à Vanikoro précisément, dans les îles Salomon[1].

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    En lisant cette BD, les aficionados reconnaitront sans peine la patte Delitte, ses décors esthétiques, ses fiers vaisseaux et ses personnages récurrents. Les autres se régaleront des dessins forts réalistes, conçus à partir d’une documentation étoffée.

    Si cet album offre une version un brin romancée des faits, il vaut par son lot d’anecdotes historiques, et surtout par son découpage dynamique valorisant les scènes d’embarquements.

    Pour le prochain album de cette série d’ores et déjà prévu, Jean-Yves Delitte s’intéressera à une nouvelle expédition mythique : celle de la Bounty.

    Mer et bande-dessinée font décidément bon ménage.

    Stéphane DUGAST

     



    [1] : Initiées par l’association Salomon et soutenues par la Marine nationale, les expéditions Vanikoro 2005 et Vanikoro 2008 permettront à des scientifiques et des spécialistes de se rendre sur place afin d’éclaircir (en partie) le mystère La Pérouse.

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    › À LIRE
    La Boussole et l’Astrolabe. L’expédition de La Pérouse de Jean-Yves Delitte. Collection Black Crow raconte. 48 pages -14 € (Glénat).


    › BONUS

    La malédiction de Lapérouse
     : un livre de Dominique Le Brun publié aux éditions Omnibus et une enquête  qu’il raconte sur France Info.

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    © Editions Omnibus

  • CROQUER LA MER (RÉACTUALISÉ)

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    À l’occasion de l'exposition du musée de la Marine de Paris consacrée à Mathurin Méheut (1882-1958) prolongée jusqu'au premier septembre 2013, pleins feux sur un artiste breton aux mille et une facettes.

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    Le monde marin l’a fasciné. Ses reproductions - sous toutes les formes et sur tous les supports - de crustacés, de poissons ou d’algues sont restées fameuses. Les gens de mer l’ont également inspiré. Natif de Lamballe, Mathurin Méheut a suivi sa formation d’abord à l’école des Beaux-arts de Rennes puis à l’Ecole des Art Décoratifs de Paris.

    Très tôt, il collabore à la revue « Art et Décoration », côtoyant les initiateurs de l’Art Nouveau. Etabli dans la capitale, l’artiste aux mille et un talents restera cependant toujours fidèle à sa Bretagne natale qu’il sillonnera inlassablement, fréquentant goémoniers, paludiers, marins pêcheurs et gens de mer, « fabriquant » ainsi de précieux témoignages de la vie quotidienne de son époque.

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    1914, une année décisive dans sa carrière d’abord entamée par un voyage à l’autre bout du monde. Grâce à une bourse de la fondation Albert Kahn, Mathurin Méheut se rend ainsi à Hawaï et au Japon où, dixit les spécialistes « il trouve une confirmation de ses choix iconographiques et techniques, la représentation de l’essentiel, la traduction de l’instantané par un trait vif et précis, l’usage de l’aplat et le choix de cadrages originaux ».

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    « Mathurin Méheut,
    c’est un fin observateur de la nature, du monde maritime,
    de la vie rurale et d’une société alors en pleine mutation »

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    Voyage écourté à cause de la mobilisation. Retour « fissa » dans sa patrie meurtrie. Témoin à sa façon de  la « grande guerre », l’artiste réalise alors des milliers de croquis, dont notamment ceux frappants de la vie dans les tranchées.

    En témoin méticuleux et artiste appliqué, Mathurin Méheut croque avec instantanéité sur tous les supports et selon les commandes. Egalement céramiste de talent, il multipliera les collaborations dont celles remarquées avec les faïenceries de Quimper, décorant des services de table devenus « collector ».

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    Mathurin Méheut doit aussi sa renommée à ses talents d’illustrateur. Pratiquant la gravure sur bois, la lithographie et la zincographie, il illustrera ainsi moult ouvrages dont ceux de Colette ou encore de Pierre Loti. Autre preuve de son éclectisme, son travail de décoration entrepris sur neuf paquebots, dont le Normandie.

    Palais de Chaillot, un bel hommage est donc rendu à un artiste nommé peintre de la Marine en 1921. Mathurin Méheut ou une œuvre protéiforme. Une référence incontestable du monde maritime des Arts et des Lettres du vingtième siècle. À (re)découvrir.

    Stéphane DUGAST

     

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    > EN SAVOIR PLUS

    Le musée a vu grand ! Décors taille XXL, dessins, croquis ou  livres illustrés de Mathurin Méheut s’étendent sur 1 000 m². Prolongations. Rendez-vous jusqu'au 1er septembre prochain au musée national de la Marine de Paris au palais de Chaillot.

    + d’infos sur http://www.musee-marine.fr

  • À TOUTES VOILES

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    Construire un grand voilier école dédié à la jeunesse, c’est le défi relevé, en plein marasme économique, par dix-neuf «gens de mer» à la volonté inoxydable.

    GVE3.jpgDe l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace ! Paraphrasant Danton, cette devise l'association Grand Voilier Ecole en a fait sienne. «Il est vain de reprocher aux gens de ne rien comprendre aux choses de la mer. Il faut les y emmener», précise d'ailleurs d’emblée l’Amiral Pierre-François Forissier, ancien chef d'état-major de la Marine et président de cette jeune association, avant de se faire plus précis sur «son» projet ambitieux : «Aujourd’hui, la France ne dispose pas d’un grand voilier Ecole, outil unique et performant pour enseigner aux jeunes les valeurs d’engagement, de solidarité, de travail et de générosité».


    Dans le but de promouvoir les valeurs humaines et professionnelles de la marine à voile notamment auprès de la jeunesse, dix-neuf acteurs du monde maritime ont ainsi conjugué leurs énergies en octobre dernier afin de fonder l’association Grand Voilier École, soutenue et domiciliée au siège du Cluster Maritime Français à Paris.

    Outil d’excellence, le futur grand voilier est prévu d’être avant tout un vecteur de formation, de transmission de savoirs et de valeurs. Il sera aussi un carrefour de la communauté des marins, forgeant une compréhension et un langage communs entre jeunes de toutes origines. Il s’agit également, avec ce projet, de doter la France d’un nouvel outil de rayonnement sur tous les océans du globe.
     


    Présidente d’honneur de l'association, Jacqueline Tabarly est, quant à elle, ravie par ce projet faisant écho à celui de son mari Eric Tabarly : «Un grand voilier moderne pour l’éducation des jeunes, c'est forécemnt un projet qui fait écho. Eric a lui aussi été à la fois un marin éducateur et novateur. et puis comme lui, plusieurs fondateurs de ce projet sont des officiers de Marine et même du plus haut rang, comme l’ancien Chef d’Etat-major, Pierre-François Forissier, président, et l’ancien directeur du personnel militaire de la marine, Olivier Lajous, vice-président. En outre, Armel Le Strat, commandant de Marine marchande et président historique de La Touline, apporte ses compétences. Ce projet est donc pour moi en adéquation parfaite avec les valeurs d'Eric. Il est dès lors naturel que je soutienne cette initiative et m'y associe pleinement».
     

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    Navire école porteur de valeurs fortes comme celle de solidarité, de courage, de partage, d’universalité ou d’égalité des chances, le grand voilier école permettra, de l'aveu de ses initiateurs, la transmission de ces valeurs auprès de la jeunesse tout en permettant de hisser haut les couleurs de la France.

    Partager, restituer et transmettre tout ce que la mer a pu donner aux fondateurs est donc l’âme de ce futur voilier. Les 19 fondateurs du projet en sont convaincus : la mer est une formidable école de la vie, elle donne ses meilleures leçons à bord d’un voilier.

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    Si l'Amiral Forissier et ses 18 compagnons affichent clairement leurs ambitions, ils n'en ont pas oublié, en marins avisés, de déjà plancher sur le futur grand voilier et ses «mensurations» tout simplement imposantes sur le papier : 90 mètres de long, 55 mètres de haut et 2 240 m2 de voiles. Leur fier navire sera armé par un équipage de 26 hommes et femmes qui formeront 80 élèves.

    Autre volonté farouche de ses fondateurs, celle de transformer rapidement leur association en une fondation d’utilité publique afin de lever des fonds, mieux communiquer et rayonner vers tous les horizons.

    En attendant, les membres de l’association Grand Voilier Ecole sont sur le pont à l’occasion de l'Armada de Rouen, événement nautique phare de cette fin de printemps 2013, afin d’alerter le grand public et les relais d’opinion.

    Bons vents donc à l'Amiral Forissier et ses 18 compagnons d'équipage pour ce projet maritime qui ne manque pas de souffle. Une bonne idée salvatrice et audacieuse par les temps qui courent...

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    > EN SAVOIR PLUS

    Le site web de l’association Grand Voilier École