Il s’appelait Pierre Mac Orlan (1882-1970). Son œuvre littéraire est colossal, et sous forte influence maritime.
L’image parait surannée. C’est une pipe au bec et un béret écossais éternellement vissé sur le crâne que se confiait Pierre Mac Orlan en vaillant octogénaire. Il y était alors souvent question de ses mille et une vies. Celles de cabaretier, de peintre, de parolier, d’écrivain «presque par accident» ou encore de producteur radiophonique.
Sa vocation littéraire aura ainsi été longue à se dessiner. Un temps apprenti instituteur à Rouen, mais «trop fainéant» de son propre aveu, c’est finalement à Paris que Pierre Dumarchey (pour l’état-civil) échoue en 1899.
Son rêve ? Devenir artiste-peintre à Montmartre. Pour survivre, le désormais dénommé Mac Orlan (qui s’est même inventé une ascendance écossaise) dessine et peint, tout en écrivant des paroles de chanson ou des ouvrages à caractère érotique. Plus confiant en ses talents littéraires, un rédacteur en chef l’incite à écrire. Sa destinée bascule.
Nouvelles et romans humoristiques s’enchainent ainsi jusqu’à sa mobilisation durant l’été 1914. Blessé mais décoré de la Croix de guerre, Pierre Mac Orlan revient à la vie civile. Il se dédiera dorénavant corps et âme à la littérature.
Sa réputation se façonne avec en point d’orgue, son roman «Le Quai des Brumes» paru en 1927 et porté à l’écran par le cinéaste Marcel Carné. Dans le même temps, l’écrivain devient également grand reporter et témoigne d’une période trouble.
1939, la guerre éclate de nouveau. L’auteur se réfugie dans sa propriété de Seine-et-Marne pour écrire loin des soubresauts de ce monde qui le révulse. Romans, poésie, chansons…
Sa plume lui vaudra tous les honneurs. Des prix, des distinctions et un fauteuil durant vingt ans à l'académie Goncourt. Quant à ses liens avec la Marine militaire, ils se sont tissés au fil de ses romans, de ses chansons ou d’ouvrages phares comme «Brest», illustré par Pierre Péron (1905-1988), peintre de la Marine.
De son œuvre, les biographes disent qu’elle est inspirée d’aventures souvent imaginaires, du Paris populaire ou de ports peuplés de marins de passage et de filles de joie.
C’est une ode aux êtres vivants, aux travailleurs et aux humbles, ajoutent-ils. Depuis 2005, un prix Mac Orlan récompense chaque année un ouvrage proche de l’univers de l’écrivain réputé «maître du roman d’aventures, à l’image de Stevenson et Kipling, qu’il admirait».
Avec «Cher amour», l’écrivain de Marine Bernard Giraudeau en a été d’ailleurs un brillant lauréat.
Stéphane DUGAST