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PORTRAIT - Page 8

  • BAINS REVELATEURS

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    Habituée des «bateaux gris», Marie Babey a embarqué sur le chasseur de mines Orion « un peu par hasard et surtout par curiosité ». Explications de la photoreporter passionnée.

    Depuis ses pérégrinations en mer Adriatique sur le porte-avions Foch en 1993 et ses « crapahutages » avec les commandos Marine à Lorient, à Djibouti ou en Albanie, la native de Franche-Comté a multiplié les embarquements tout en élargissant ses horizons à ceux du mécénat, comme notamment durant ses reportages à Madagascar, au Tchad ou au Mali au profit des pilotes d’Aviation Sans Frontières en mission humanitaire.

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    Si la photo-reporter – « au pied et au cœur marin » (de son propre aveu) - revient régulièrement naviguer sur les bâtiments de la Marine comme en 2001 sur le porte-avions Charles-de-Gaulle entre Toulon et Djibouti ou sur le Bâtiment de Projection de Commandement (BPC) Mistral en 2008, depuis Toulon jusqu’à Singapour, l’ex-journaliste a également consacré son énergie à de nombreux reportages menés dans le milieu hospitalier en suivant le parcours d’enfants de pays défavorisés, atteints de malformation cardiaque, tout en s’intéressant à « son cher » canal Saint Martin.

    Auteur de nombreuses parutions dans la presse et d’ouvrages parus en librairie, la photographe choisit donc savamment son mode opératoire : « Il s’agit de s’immerger, par le biais de reportages noir et blanc au long cours, dans des communautés humaines fermées, qui me sont étrangères et qui forment ce que j’appelle mes tribus ». Concernant d’ailleurs la tribu Marine, l’intéressée avoue désormais un « net penchant »  pour les petites unités. « On y sent la chaleur humaine, la solidarité et un esprit d’équipage prégnant ».

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    Son embarquement sur l’Orion l’a comblé. Comme à chaque immersion, la photoreporter a tenu à faire partager ses clichés aux lecteurs de Cols Bleus. Un leitmotiv chez elle. « Un photographe embarqué est un témoin de la petite histoire, sans que cette expression soit péjorative. On témoigne ainsi sur un lieu, des gens et des métiers ». A n’en pas douter, la photographe, basée à Paris, va continuer de témoigner sur les bateaux gris.

    « Qui sait ? », consent-elle malicieusement avant de subitement se souvenir d’un prochain événement Marine. Une exposition de ses clichés des commandos va ainsi être organisée l’automne prochain à Lanester. « Mon livre « Commandos Marine » sera d’ailleurs réédité pour cette occasion » s’enthousiasme la reporter toujours sur la brèche.

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    Fin des bavardages, Marie Babey doit vite filer : « J’ai rendez-vous chez les pompiers. C’est avec eux que j’ai  passé le réveillon de la Saint-Sylvestre. De sacrés bonhommes ! ». La photoreporter a, en effet, entrepris de suivre le quotidien de pompiers de banlieue appartenant à la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris.

    Depuis quelques mois, Marie Babey fréquente, en effet, avec assiduité différents centres de secours du département de la Seine-Saint-Denis afin de photographier « le quotidien difficile » de ceux qu’elle a baptisé les « pompiers des Cités». « Une nouvelle fois, je photographie par goût des autres et pour témoigner… ».

    Un témoignage à sa façon que révèlent ses photos noir et blanc, son mode d’expression préféré « pour les lumières et parce que la couleur distrait l’œil ». Voilà les marins non initiés au charme du reportage photographique prévenus !

    Stéphane DUGAST
    Photos
    © Marie BABEY & MARINE NATIONALE

     

    › Son site web : http://marie.babey.book.picturetank.com/


    COLSBLEUS.jpgRetrouvez sur CALAMEO
    l'intégralité du reportage de Marie Babey
    sur LA GUERRE DES MINES
    paru dans COLS BLEUS,
    le bi-mensuel de la
    Marine 


     

  • L’ETONNANT MONSIEUR KASPER 3|3

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    Un  atelier à quelques encablures de la capitale. S’y entasse une multitude d’objets hétéroclites, en majorité des sculptures. Une ambiance sans pareil. Un joyeux bric-à-brac « en constante mutation » dixit son propriétaire très bavard. Bienvenue chez Kasper. 

     

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  • L’ETONNANT MONSIEUR KASPER 2|3

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    A quelques encablures de la capitale, un atelier où s’entasse une multitude d’objets hétéroclites, en majorité des sculptures. Une ambiance sans pareil. Un joyeux bric-à-brac «en constante mutation» dixit son propriétaire d’emblée très affable. Bienvenue chez Kasper. Bienvenue en son royaume. Lui le terrien et sculpteur, devenu marin.

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  • L’ETONNANT MONSIEUR KASPER 1|3

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    Etrange atelier situé à quelques encablures de la capitale. S’y entasse une multitude d’objets hétéroclites, en majorité des sculptures. Une ambiance sans pareil. Un joyeux bric-à-brac « en constante mutation » dixit son propriétaire artiste, d’emblée très affable…  

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  • JEAN-FRANCOIS DENIAU, L'ETERNEL COMBATTANT

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    Ses nombreuses pérégrinations à travers la planète, sa carrière d’homme politique et de diplomate, son savoir-faire reconnu de médiateur et négociateur, ses talents d’écrivain, son sens inné de la communication et son auraen font l’une des figures incontournables de la cinquième république. Sur terre comme en mer, Jean François Deniau (1928-2007) a croqué la vie à pleines dents.

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  • SAVOYARD, TETE DE LARD !

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    Ancien élève de l'école normale de musique, Jean-Marie Chourgnoz a été tour à tour musicien, créatif, directeur d’une agence de publicité puis photographe et plasticien. Un embarquement sur la Jeanne a changé sa vie…

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  • THEO LE MATELOT

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    R97, c'est le numéro d'immatriculation de la Jeanne d'Arc et le titre (partiel) d'un album de bande dessinée librement inspiré des romans d'un ancien mécano du porte-hélicoptères, surtout connu pour sa carrière dans le septième Art et plus récemment en tant qu'écrivain...

    008_R97.jpgPrintemps 2005. Le dessinateur Christian Cailleaux bouillonne d'idées. Les récits de Bernard Giraudeau, le captivent. «Je soupçonnais que nos voyages et nos envies pourraient trouver là un terrain d'entente. Il a d'ailleurs réalisé ce film que je trouve admirable : Les Caprices d'un Fleuve. Or, j'ai une affection toute particulière pour Saint-Louis du Sénégal. C'est là où j'ai écrit l'un de mes albums intitulés Le Troisième Thé ».

    Inspiré, le dessinateur envoie « sans complexe » ses albums au comédien, réalisateur et écrivain tout en lui proposant de se rencontrer. « Le tout sans projet préconçu». Réponse positive de l'intéressé.

    Les deux hommes se rencontreront lors d'un festival malouin consacré à la littérature de voyage. Rapides discussions et mises au point. L'ancien mécano de la Jeanne avoue cependant ne rien connaître à l'univers bédé. L'initiateur de cette aventure est néanmoins sûr du bien fondé de l'entreprise : «Bernard Giraudeau est un homme d'images et de mots. C'est un excellent réalisateur. Je n'avais donc aucune raison d'être inquiet...».

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    Les principes de la collaboration sont ainsi établis. L'écrivain de Marine conseille  au dessinateur de relire son ouvrage «Le Marin à l'ancre» et de lui indiquer ce qui déclenche des envies graphiques. Le sujet est vite trouvé : la Jeanne, ses « matafs », ses escales ou les tribulations romancées de l'ancien quartier-maître chef.

    La trame du récit est rapidement établie. Il s'agira d'une campagne d'application imaginaire de la «Jeanne» se déroulant à la fin des années 1960. Théo, jeune matelot embarqué, inspiré des récits de l'écrivain de Marine, en sera le héros. Elaboration et «tricotage» d'un voyage autour du monde à quatre mains.

     

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    L'esprit Jeanne ?

    Dès lors, entre voyages et projets respectifs, les compères avancent à leur rythme. De son côté, le dessinateur aborde les premières esquisses et réalise rapidement un crayonné complet à demi format.

    «Une façon de mieux aborder le rythme entre les navigations et les escales». L'écueil de tout ouvrage consacré à un marin embarqué est évité. Alors officier de presse dans la Marine, Valérie Fourrier, elle-même ancienne de la Jeanne, flaire la «bonne affaire» et propose aux des deux artistes un embarquement sur la Jeanne.
     

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    Enthousiaste, Christian Cailleaux embarque seul lors de l'appareillage de Brest. «Je voulais saisir les émotions et les regards des marins qui partent pour six mois». Premier transit donc à destination de New York, suivi d'un second embarquement entre Toulon et Brest.

    Lors de l'escale à Lisbonne Bernard Giraudeau monte à bord et rejoint son compagnon pour deux semaines en mer et en commun. «L'idéal pour achever le story-board» estime Christian. Sur la Jeanne, l'équipage est immédiatement enthousiaste. Le «pacha» aussi, au point de laisser ses salons à la disposition des deux passagers. Séances de travail dans les appartements du commandant avec vue sur mer.
     
    In situ, les avantages sont nombreux. Les deux auteurs 029_R97.jpgdisposent d'un équipage sous la main. Une rencontre s'avère décisive, celle avec l'officier de manœuvre. Le marin enthousiaste corrige les rares approximations. Il inspirera d'ailleurs un personnage du récit. Autre bonheur embarqué pour les deux compagnons, celui de pouvoir s'accorder «une pure bouffée d'oxygène» en passerelle ou sur les extérieurs.

    Cette collaboration sur la Jeanne leur permet finalement de réorganiser le canevas définitif de la bande dessinée. Les hommes en mer sont heureux. Retour à terre, le projet s'affine au gré des emplois du temps respectifs.

    Les cases sont dessinées sans intégrer aucun dialogue. Les textes pourront ainsi être ciselés jusqu'au dernier moment. Comme pour tous ses albums - «à l'exception du premier» - Christian Cailleaux réalise lui-même la couleur sur ordinateur. «Ça autorise toutes les audaces. Ça permet surtout un travail en aplat comme en sérigraphie sans effets de couleurs ou de dégradés».

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    Printemps 2008, l'album «R97, les hommes à terre» sort en librairie. Les «bédévores» adorent. Le grand public suit. A l'exception de quelques esprits trop pudibonds, les frasques de Théo, le jeune matelot embarqué sur la Jeanne, passionnent donc.

    Fort de ce succès d'estime, l'écrivain de Marine et le dessinateur chevronné envisagent de récidiver. «Sans la Jeanne, cette fois» jure Christian. Librement inspiré de l'une des nouvelles de Bernard Giraudeau, ce prochain album, intitulé «Les longues traversées»,  racontera les tribulations de Théo, une décennie plus tard «De la Jeanne, il en sera tout de même un peu question» concède finalement amusé Christian Cailleaux...

    Stéphane DUGAST

    Illustrations: © Christian CAILLEAUX / Casterman éditions - Photograohies © Christian CAILLEAUX & Yann LE NY

  • O CAPITAINE, MON CAPITAINE 3|3

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    © DR

    Patrice Franceschi, 56 ans. Explorateur sur terre, sur mer dans les airs et sous l'eau. Écrivain, cinéaste et philosophe. Un «Docteur ès Aventures» lancé à bord du trois-mâts La Boudeuse dans «Terre-océan», une mission du Grenelle de la mer autour du monde.

    PFRANCESCHI3.jpgFlatteur et négociateur. Habilement, l'ex président de la société des explorateurs mais également cinéaste (une vingtaine de documentaires à son actif) glisse une anecdote avec la Royale lors de sa première expédition à bord de la jonque La Boudeuse. «La Marine m'a filé un sacré coup de main près de Djibouti !».

    L'aventurier à la silhouette longiligne, la peau tannée et à l'ancre de marine tatouée sur le biceps gauche sait flatter. «Trop !» selon ses détracteurs. Dans le monde de l'aventure, les rivalités sont exacerbées.  Rapidement, la discussion glisse sur sonexpédition à la rencontre des peuples de l'eau. À bord de sa nouvelle Boudeuse, il y aura des ethnologues, des anthropologues mais également des jeunes du monde entier choisis avec la bénédiction de l'Unesco.

    «Il ne s'agit pas de partir étudier ces populations d'un point de vue purement scientifique mais en s'intéressant aux comportements humains qui nous rapprochent malgré des connaissances et des niveaux technologiques différents». Une circumnavigation en quête de sens et jalonnés d'escales de rêves (Polynésie, Nouvelle-Guinée, Birmanie...). En somme, une aventure maritime rêvée. Mais en ce moment, Les soucis s'accumulent pour le «chef du projet». Les retards aussi.

    Son trois-mâts est  au chantier dans le port finistérien de Camaret. «Je dois adapter mon bateau aux normes et aux certifications françaises draconiennes». Les obstacles sont aussi financiers. «Il m'a fallu accumuler de la crédibilité pour convaincre les télévisions, les médias et les banquiers». D'interminables négociations et des sollicitations médiatiques nombreuses. 

    Alors, le marin-aventurier court et enchaîne les rendez-vous pour que la Boudeuse lève enfin l'ancre. Que l'ancre coule. Qu'on tourne des images de ses rencontres et de cette odyssée pour partager ces histoires. «Je ne ferai pas des documentaires, mais douze films d'aventures vécues».

    Cette odyssée autour du monde à la rencontre des «peuples de l'eau» réalisée, Patrice Franceschi est reparti , cet hiver,  pour une nouvelle expédition longue durée, l'esprit d'aventure chevillé au corps et au cœur. Fort cette fois d'une «lettre de mission» remise par le ministre de l'Ecologie et du développement durable, Jean-Louis Borloo, et ses secrétaires d'Etat,  Dominique Bussereau et Nathalie Kosciusko Morizet.

    Comme un écho à travers les siècles de celle que reçu en son temps Louis-Antoine de Bougainville pour lancer sa frégate La Boudeuse autour du monde de 1766 à 1769. Bougainville était alors le premier des navigateurs à emmener avec lui des «savants» et, de ce fait, le premier à s'aventurer sur les mers pour des raisons scientifiques et non pas simplement pour des objectifs commerciaux, politiques, économiques, militaires ou diplomatiques.

    «Tout un symbole !», conclut le capitaine Franceschi dans un large sourire...  (FIN)

    Stéphane DUGAST

    *

    PORTRAIT AVENTURES
    DOCTEUR ès AVENTURES Volet 3|3

    logo cb.jpgReportage paru dans COLS BLEUS, l'hebdomadaire de la Marine nationale depuis 1945.

  • O CAPITAINE, MON CAPITAINE 2|3

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    © DR

    Patrice Franceschi, 56 ans. Explorateur sur terre, sur mer dans les airs et sous l'eau. Écrivain, cinéaste et philosophe. Un «Docteur ès Aventures» lancé à bord du trois-mâts La Boudeuse dans «Terre-océan», une mission du Grenelle de la mer autour du monde.

    PFRANCESCHI.jpgAventurier et analyste. Une pause, ouf ! Lui en profite pour desserrer le nœud de sa cravate bleu marine trop serrée et défaire le bouton de sa chemise blanche. Son «uniforme» en ces temps d'âpres négociations. Car, le «philosophe de l'Aventure» est reparti avec son bâton de pèlerin pour convaincre banquiers, patrons de presse, grands décideurs et institutionnels de l'aider dans ses aventures maritimes.

    Un tour du monde de 40 000 milles d'Est en Ouest en bateau à la rencontre des peuples des mers. Dans la droite ligne du Voyage autour du monde d'un aîné glorieux : Antoine de Bougainville. Sa Boudeuse à lui est un trois-mâts goélette de 42 mètres de long, construit en 1916, et utilisé ces dernières années comme navire école par une association suédoise.

    Sa sortie de la rade de Brest a, paraît-il, été remarquée. «Majestueuse» selon l'intéressé qui brandit, sous votre nez, les clichés de cette sortie en mer. Le titulaire d'une maîtrise de philosophie sur le tard est fier de son navire. Le précédent (également baptisé Boudeuse) était une réplique d'une jonque de guerre chinoise du XIXe siècle, qui a coulé en mars 2001 au large de Malte, sur le chemin du retour en France. Une déception dure à avaler.

    Et surtout beaucoup de tracasseries administratives et financières «Je continue toujours à rembourser les dettes» confie «Cap'tain Franceschi» sans pudeur. «Plus de 6 000 euros mensuels. Tous mes droits d'auteur y passent».

    Rapidement, la discussion change. Question de flair, le capitaine au long cours reparle d'aventure. Cette fois, c'est plus «terrain». Ses exploits défilent comme on lit les récits des Kessel, Londres et consorts.

    Ses reportages de guerre au Tchad ou au Liban. Ses aventures à pied, en ULM ou à dos de chameau. Inévitablement, on parle de l'Afghanistan, du commandant Massoud et de son combat aux côtés des Moujhadins.

    La situation du moment en Irak le préoccupe forcément, et l'inquiète «La méconnaissance et les mépris des traditions de l'islam ont fait croître cette haine de l'Amérique étendue à tous les Occidentaux, y compris les ONG qui sont désormais prises pour cibles».

    Prémonitoire puisque l'aventurier au teint hâlé tenait ses propos dès 2002. (A SUIVRE)

    Stéphane DUGAST

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    PORTRAIT AVENTURES
    DOCTEUR ès AVENTURES Volet 2|3

    logo cb.jpgReportage paru dans COLS BLEUS, l'hebdomadaire de la Marine nationale depuis 1945.

  • O CAPITAINE, MON CAPITAINE 1|3

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    © DR

    Patrice Franceschi, 56 ans. Explorateur sur terre, sur mer dans les airs et sous l'eau. Écrivain, cinéaste et philosophe. Un «Docteur ès Aventures» lancé à bord du trois-mâts La Boudeuse dans «Terre-océan», une mission du Grenelle de la mer autour du monde.

    PFRANCESCHI2.jpgBeau parleur et iconoclaste. Les mains moulinent au-dessus du steak-frites. Le regard noir balaye les trois convives équitablement. Chacun a le droit à son sourire. Ou mieux un doigt tendu dans sa direction.

    Tous se croient alors obligés d'opiner de la tête. Autour, des officiers de Marine attablés regardent discrètement la scène. Certains sont amusés, d'autres peut-être agacés par ce «one man show».

    Le principal intéressé s'en contrefiche et continue de prêcher sa bonne parole. Son auditoire boit littéralement ses paroles à défaut d'engloutir ce qu'il a dans son assiette. Lui continue son exposé. Il lui faut persuader ses interlocuteurs du bien fondé «De l'esprit d'aventure», son récent ouvrage.

    Tout y passe. Pêle-mêle. Confucius le Chinois, Socrate le Grec. Dieu, Moïse, la mort, Ulysse, Don Quichotte. Michel-Ange, Galilée. Ses préférences vont aux conceptions épicuriennes et stoïciennes de l'Antiquité. À Kant aussi, «l'un des plus fascinants aventuriers de la pensée». Les références sont nombreuses. Comme les anecdotes.

    On y parle philosophie mais surtout de la vie. Avec deux autres grands voyageurs, Gérard Chaliand et Jean-Claude Guilbert - «des gens avec qui (il) partage la même philosophie de vie» - Patrice Francesci s'est attelé à l'écriture d'un essai sous forme de dialogues pour proposer une conception renouvelée et originale de cet esprit si souvent associé, aujourd'hui, à l'exploit sportif ou à l'exploration. L'esprit d'aventure.

    Après plus de trois décennies de bourlingues en tout genre, l'écrivain aventurier a eu envie de s'interroger avec ses deux complices sur leur parcours respectif et l'histoire des sociétés. La quête est ambitieuse. «Revaloriser l'esprit d'entreprise dans tous les domaines par rapport au principe de précaution et au risque zéro que préconisent nos sociétés occidentales».

    Séduisant. Surtout lorsque l'orateur émaille son cours magistral d'anecdotes. L'aventurier a belle allure. La tchatche facile. De quoi faire succomber la gente féminine facilement ? Lui,  sourit et corrige le cliché : «Je suis très fidèle dans la vie». D'ailleurs, le «philosophe de l'aventure» est marié et père de deux enfants.

    Quant à la réussite sociale, elle ne l'intéresse guère. «Je n'ai ni voiture, ni appartement. Quand elle arrive, je l'utilise pour continuer à avancer».  Mais alors comment rester dans et en dehors du système ? La réponse est sobre. «Le voyage et l'esprit d'aventure». Ou plus pragmatique : «Apprendre à piloter un avion ou lire Kant, c'est un tout». Et la mort dans tout çà ? «La fonction de l'aventurier est d'épuiser le «champ du possible» à n'importe quel prix, jusqu'à en perdre la vie s'il le faut».

    Intransigeant et résolument anti-conformiste dans une société très sécuritaire et occultant la mort. Pour l'explorateur, c'est tout simplement l'aptitude au risque, l'une des vertus de l'esprit d'aventure. Ite messa est. (A SUIVRE)

    Stéphane DUGAST

    *

    PORTRAIT AVENTURES
    DOCTEUR ès AVENTURES Volet 1|3

    logo cb.jpgReportage paru dans COLS BLEUS, l'hebdomadaire de la Marine nationale depuis 1945.

  • LE «VIEUX PIRATE»

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    Voyageurs, artistes, commerçants, trafiquants... La Corne de l'Afrique a attiré bon nombre de passants. Des écrivains-aventuriers comme Joseph Kessel ou des aventuriers devenus écrivains comme Henry de Monfreid. Sa vie trépidante et des rencontres opportunes le feront devenir un homme de lettres.

    01_Henry_de_Monfreid.jpgL'image est trouble. Trafiquant d'armes, de haschich et de perles. Opiomane. «Vieux pirate» selon l'écrivain-nomade Joseph Kessel. «Chef adoré de son équipage mais mari et père très peu attentionné» dixit l'académicien Jean-François Deniau.

    Abd el Haï pour les habitants d'Abyssinie. «Marginal converti à l'islam mais aussi patriote qui essaiera de donner Cheikh-Saïd à la France» selon toujours l'écrivain académicien.

    «Un personnage à mille coudées au-dessus de l'image du pirate qu'il avait lui-même accréditée» pour Daniel Grandclément, journaliste et biographe de L'incroyable Henry de Monfreid.

    Écrivain-pirate à l'autre bout du monde, Henry de Monfreid l'a été tardivement. Enfance et adolescence dans le sud de la France. Échec à Centrale. Dizaine de petits métiers : vendeur, planteur, chauffeur, entrepreneur...

    Vie plutôt rangée avec femme et un enfant de sa compagne. À 32 ans, il largue les amarres. Direction l'Abyssinie. D'abord négociant en café et en cuirs, le natif de la Franqui va vite se lasser. L'appel du large ? Du gain ? Le goût de l'aventure ? Henry décide de vivre sur un boutre.

    La mer Rouge n'aura plus de secrets pour lui. L'intégration est totale. Changement de nom. Conversion à l'Islam. D'incessantes croisières avec de drôles de cargaisons à la barbe des Anglais.

    La prison à Djibouti suite à un dénonciation pour trafic d'armes. Des missions d'espionnage. Henry mène la vie d'aventurier. Une rencontre va façonner le mythe. Celle avec Joseph Kessel qui enquête sur le trafic d'esclaves en mer Rouge. L'écrivain-reporter à succès pousse l'aventurier à publier ses écrits. Succès immédiat avec Les secrets de la mer rouge.

    Suivront 73 livres, traduits en plus de 12 langues dont le Russe et le Chinois. À la différence des conteurs, tout ou presque est vécu par Henry de Monfreid. Ce que lui reprocheront certains. En parallèle à cette carrière d'écrivain-aventurier, Henry a également photographié et peint ses impressions colorées de la Corne de l'Afrique. Bien plus qu'un simple passant...

    Stéphane DUGAST

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    LES PASSANTS DE LA CORNE
    Episode 3|3

    logo cb.jpgReportage paru dans COLS BLEUS, l'hebdomadaire de la Marine nationale depuis 1945.

  • ATTENTION PIETON...

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    Voyageurs, artistes, commerçants, trafiquants... La Corne de l'Afrique a attiré bon nombre de passants. Des aventuriers et des écrivains comme l'écrivain-nomade Joseph Kessel ou «Arthur l'Africain», le poète maudit...

    Rimbaud.jpgMême Monsieur Perette, son professeur de quatrième, est perplexe : «Il finira mal. En tout cas, rien de banal ne germera dans sa tête : ce sera la génie du bien ou du mal».

    Confirmation quelques années plus tard. Première fugue à seize ans, en pleine guerre entre la Prusse et la France. Rebelote quelques semaines plus tard à Bruxelles et à Douai. Puis, le déjà jeune poète débarque à Paris et s'installe dans le cercle familial de Verlaine avec qui il a entretenu une correspondance.

    La lecture de son Bateau ivre devant le tout parnasse lui ouvre le cercle des poètes. Suivra une vie d'errance avec son compagnon Paul Verlaine. Une querelle fameuse. Verlaine le blesse d'un coup de revolver. Un adieu à la poésie avec Une saison en enfer et «l'homme aux semelles de vent», comme l'appelait son ami Verlaine, tourne définitivement la page de la poésie.

    Petits boulots et séjours à travers l'Europe. Arthur Rimbaud part ensuite chercher fortune à Aden, Harar, Tadjourah ou le Caire. «Arthur l'Africain» troque les lettres contre les chiffres. Une carrière de poète contre celle improbable de commerçants. Un trafic de fusils et de cartouches pour un puissant prince éthiopien qui devait lui rapporter une fortune tourne au fiasco total.

    Il persiste malgré tout dans les affaires. Une douleur au genou l'oblige à rentrer à Marseille où il est amputé de la jambe droite gangrenée. La maladie progresse. Les hallucinations viennent. Arthur Rimbaud s'éteint le 10 novembre 1891, à l'âge de 37 ans. Un destin tragique.

    Un talent de poète gâché Un goût pour l'autodestruction. L'incarnation du poète maudit. «Je suis un piéton, rien de plus» disait-il. Un «piéton» de passage dans la Corne de l'Afrique...

    Stéphane DUGAST

     

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    LES PASSANTS DE LA CORNE
    Episode 2|3

    logo cb.jpgReportage paru dans COLS BLEUS, l'hebdomadaire de la Marine nationale depuis 1945.