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GRAND FORMAT - Page 8

  • BIENTOT SUR LES ECRANS...

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    SORTIE EVENEMENT ETE 2011

    R97 LA JEANNE - ULTIME EMBARQUEMENT
    UN WEBDOCUMENTAIRE DE STÉPHANE DUGAST

    L’HISTOIRE CONTINUE…

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    // Qu’est-ce qu’un webdocumentaire ?

    Comme son nom l’indique, il s’agit d’un documentaire pour Internet qui utilise toutes les potentialités du web, à savoir de la vidéo, des photos, des sons, des textes, des dessins, des liens et de l’interactivité.

    Objet multimédia par excellence, le webdocumentaire permet d’explorer de nouvelles formes narratives, de raconter des histoires, autrement. La structure narrative délinéarisée et l’interactivité que le web autorise permettent au spectateur de ne plus être passif : il devient acteur et construit sa propre histoire.

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    « Le webdocumentaire est avant tout un documentaire, avec un regard d’auteur. C’est aussi une oeuvre collective qui fait intervenir des compétences diverses : un auteur-réalisateur, un photographe, un développeur web, un graphiste, un dessinateur, un designer sonore… C’est une nouvelle manière d’écrire, de travailler et de raconter des histoires, dans laquelle le spectateur est invité à s’impliquer »

    Olivier MALAPONTI, producteur Corner Prod

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    Le webdocumentaire, c’est déjà le journalisme de demain ! C’est celui qu’il faut aider, défendre et promouvoir.

    Disponible sur le Net, donc en tous points de la planète et en permanence, cette nouvelle forme narrative offre des pistes prometteuses en s’adressant à un large public. Seuls quelques pionniers se sont pour l’instant lancés dans l’aventure. Le champ des possibles est ouvert. L’Histoire est à écrire.

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    // Un objet unique

    « R97 LA JEANNE / Ultime embarquement » est un objet unique, dans le fond comme dans la forme.

    30 histoires multimédia structurent ce webdocumentaire combinant des séquences linéaires et des nouveaux usages du Net (liens hypertextes, partage, interactivité), permettant de donner à l’internaute une part centrale.

    Au total, le webdocumentaire offrira à l’internaute une heure de récit.

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    // Un programme partagé

    logo_Twitter.jpgGrâce aux réseaux sociaux, le web documentaire permet de maximiser le potentiel de dissémination du contenu via les fonctionnalités de partage. L’ensemble du web documentaire ainsi que chaque module du programme pourront être partagés.

    logo-facebook.jpgPour ce faire un compte Twitter et une page Facebook ont été crées. Ces outils permettront également de structurer la communauté, «buzzer» et faire vivre le sujet auprès des internautes.

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     // Les sources  

    Couv_JeanneDArc BD.jpgEnquête et photographies extraites du beau livre, « La Jeanne d’Arc, porte-hélicoptères R97 » . Enquête de Stéphane DUGAST. Photographies de Christophe GERAL (E/P/A éditions).  Prix du Beau Livre Académie de Marine 2010

     

    Images extraites du film documentaire 52 min, « Ultime embarquement sur la Jeanne» (Beta Production). Réalisation de Stéphane DUGAST. Diffusions sur TV Rennes, TY Télé & Tébéo.

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    // Le mot de l'auteur

    « Pourquoi un webdocumentaire sur la Jeanne d’Arc ? Ce projet multimédia va me permettre de raconter, via des nouveaux outils, la Jeanne, un bateau légendaire. Après avoir réalisé un livre et un film documentaire, j’ai voulu exploiter toutes les ressources dont je disposais pour raconter la Jeanne différemment. Lui offrir une deuxième vie grâce à Internet, la rendre accessible pour tous et pour toujours, et ainsi garder une trace numérique d’un navire phare du patrimoine naval aujourd’hui disparu »

    Stéphane DUGAST, auteur-réalisateur

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    Photographies © Christophe GERAL

    // REJOIGNEZ CETTE AVENTURE PIONNIERE

    Contactez
    : Olivier Malaponti
    olivier@cornerprod.com / +33 972 131 844 / www.cornerprod.com

     

     

  • DANS LES GLACES 2 |3

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     Il neige sur Brest ! En ces premiers jours du mois de décembre, un climat presque «polaire» règne sur la pointe Bretagne. De quoi raviver bien des souvenirs aux marins du Remorqueur de Haute Mer (RHM) Malabar. Six mois plus tard, le commandant raconte, avec ferveur, cette mission peu ordinaire. Là-haut, tout là-haut, «seuls les glaces et le temps sont maîtres» dit un proverbe inuit. Philippe Guéna, le pacha, et ses marins étaient prévenus…

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    - Commandant de goélettes, officier de manœuvre sur le porte-hélicoptères Jeanne d’Arc et désormais pacha du Malabar, vous êtes un marin chevronné, comment avez-vous plus précisément préparé cette mission ?

    Je vais me répéter mais c’est énormément de préparation. C’est une lecture attentive des Retex avant le départ de la mission. C’est également prendre conscience de vivre une mission rare. Il faut anticiper les dangers.

     Grosso modo, l’essentiel consiste à éviter, à tout prix, la combinaison des glaces, du mauvais temps et de la mauvaise visibilité. Vous savez, le mauvais temps crée des retours de mer sur les radars si bien que parfois on ne peut pas voir les échos de la glace. Si on ne les voit pas à l’optique, on court le risque de ne rentrer en collision avec un bloc de glace à une vitesse peu adaptée.

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    Il faut ainsi être très attentif à la météo et aux conditions de visibilité ainsi qu’à la température de l’eau. Cette donnée est la plus pertinente pour appréhender l’apparition des glaces. Nous, on a ainsi évolué dans des eaux dont la température la plus basse était de -3,5° C.

    Nous avons aussi approché les icebergs, tout en restant à distance de ces derniers pour ne pas « cabaner ». Sous ces latitudes, un marin doit toujours garder en tête que ce qu’il voit du bloc de glace émergé cache une partie immergée. On a ainsi étudié avec soin les icebergs classés selon une classification précise. Car, certains sont plus dangereux que d’autres.

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    Pour se faire une idée plus précise de la quantité de glaces sous l’eau, on a également utilisé le sextant afin de procéder à des calculs trigonométriques en fonction de l’angle et de la hauteur immergée pour mieux évaluer le volume total d’un iceberg.

    Les plus hauts icebergs que l’on a rencontrés culminaient ainsi à 40 mètres. Quant à la plus forte concentration de glaces rencontrée, elle a été de l’ordre de 70-80%.

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    Pour naviguer dans telles conditions, quel(s) dispositif(s) aviez-vous mis en place à bord ?

    J’avais des veilleurs. Compte tenu du spectacle proposé, je n’ai d’ailleurs eu aucun mal à trouver des volontaires ! (Rires) En passerelle navigation, nous étions concentrés et appliqués surtout concernant la surveillance des fonds même si la coque d’un RHM est étudiée pour résister à ces conditions.

    Comme le dit le proverbe : « Deux précautions valent mieux qu’une ».  Quant à l’avant mission, j’ai accentué l’entraînement de l’équipage sur des exercices de sécurité dont le thème principal était la voie d’eau avec déchirure de la coque.

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    Sur place, nous avons dû également nous adapter. Car nous avons du affronter des conditions de navigation loins d’êter optimales à cause d’une une brume persistante. A cette période de l’année et sous ces latitudes, les bans de brume sont légions.

    Tout marin a en tête ce cliché de la Jeanne d’Arc navigant dans un banc de brume, pour nous ça a été l’inverse. En mer, on rencontre parfois ces phénomènes d’évaporation ou de condensation. Pour nous, en juin, la température de l’air se réchauffait tandis que la température de l’eau se maintenait d’où des bans de brume et une visibilité très mauvaise à cette période de l’année. (A SUIVRE)

     

    Propos recueillis par Stéphane DUGAST
    Photos
    © RHM MALABAR

     

    CB2961.jpgRetrouvez l'intégralité du REPORTAGE paru dans COLS BLEUS, le bi-mensuel de la  Marine sur CALAMEO
    - Le récit des marins du Malabar
    - L'édito 
    - & l'entretien
    du pacha en intégralité.

     

  • DANS LES GLACES 1 |3

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    Il neige sur Brest ! En ces premiers jours du mois de décembre, un climat presque «polaire» règne sur la pointe Bretagne. De quoi raviver bien des souvenirs aux marins du Remorqueur de Haute Mer (RHM) Malabar. Six mois plus tard, le commandant raconte, avec ferveur, cette mission peu ordinaire. Là-haut, tout là-haut, «seuls les glaces et le temps sont maîtres» dit un proverbe inuit. Philippe Guéna, le pacha, et ses marins étaient prévenus…

    - Expliquez-nous le pourquoi et le comment de cette mission aux accents nordiques de votre bâtiment, le RHM Malabar ?

    - Après une période d'entretien, nous avons appareillé de Brest, le 25 mai 2010, pour huit semaines de mission de police des mers et de contrôle des pêches dans le grand nord. Une mission effectuée dans le cadre d'une organisation européenne à laquelle sont associées la Russie et l'Islande.

    C'est la CPANE (Commission des pêches de l'Atlantique nord-est), qui met en œuvre ce type de mission pour laquelle chaque pays membre est tenu d'y participer  même si aucun de ses navires ne travaille dans les parages. De fait, on a embarqué trois contrôleurs à notre bord pour exécuter ces vérifications qui se sont tenues dans les zones limitrophes des zones économiques exclusives (ZEE) des États membres, ceux-ci étant responsables de leurs propres zones.

    Quant à notre zone de surveillance, elle était située en mer d'Irminger, au dessus de la dorsale Reykjanes, à 200 milles au sud-ouest de l'Islande, une zone réputée très riche en poissons. Une quarantaine de navires venus de toute l'Europe y pêchent notamment des sebastes, des poissons évoluant par grands fonds.

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    Nous concernant plus spécifiquement, il s’agissait de mener à bien cette mission, régie dans un cadre européen, consistant à s'assurer de la réglementation internationale sur la pêche et donc la préservation des ressources halieutiques.

    Au cours de ce périple nordique, comme j’aime à la qualifier, le Malabar a franchi le cercle polaire avant de faire escale à Saint-Pierre-et-Miquelon, notre ville marraine depuis 1982. Autre moment fort de cette mission, l’escale à Nuuk capitale du Groenland.

    Nous étions  le second bâtiment de la Marine nationale française depuis 1970 à trouver refuge dans un port de cette province autonome du Danemark. On a ainsi navigué dans des zones peu fréquentées par des bateaux gris comme la mer du Labrador, le détroit de Davis ou la côte occidentale du Groenland.

    A une époque où le réchauffement climatique est sur toutes les lèvres et où le passage du nord-ouest devient stratégique, nous avons ainsi pu montrer le pavillon tricolore dans cette région du globe sur laquelle sont désormais braqués les projecteurs.

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    - Dans cette région du globe proche du cercle polaire, comment navigue t’on ? Quelles sont les précautions que doit prendre tout  commandant d’une unité militaire ?

    - D’abord, c’est une mission que l’on prépare soigneusement en amont. J’ai beaucoup lu les RETEX (NDLR : Retour d’Expérience ») du Tourville. Par ailleurs, cette mission a été rendue possible grâce aux aptitudes du Remorqueur de Haute Mer, taillé pour des navigations dans ce milieu.

    N’oublions pas de mentionner que le RHM est classé comme brise-glaces. En quittant notre zone de patrouille de pêche plutôt que prévu à cause d’une tempête sur le sud du Cap Farewell, nous avons eu le loisir de naviguer dans des zones peu connues mais mythiques pour tout marin.

    On a pu non seulement voir des icebergs mais les approcher tout en allant chercher la glace. Nous n’allions cependant pas à l’aventure car les remorqueurs avaient par le passé déjà menés ce genre d’opérations. Je pense aux missions de surveillance des pêches sur les bans de Terre-neuve.

    Notre mission a donc eu du piquant d’autant plus, qu’à ma connaissance, aucun RHM n’avait mené ce genre de missions depuis 20 ans. (A SUIVRE)

    Propos recueillis par Stéphane DUGAST

     

    CB2961.jpgRetrouvez l'intégralité du REPORTAGE paru dans COLS BLEUS, le bi-mensuel de la  Marine sur CALAMEO
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    - & l'entretien
    du pacha en intégralité.

     

  • LE MARIN IMMOBILE

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    Seize mois seul à bord. Treize mois sans salaire à travailler pourtant quotidiennement sur un cargo qui ne repartira probablement jamais. C’est le drôle de destin de Claude Foko, un  marin mécanicien de nationalité camerounaise, naïf mais soucieux de travailler. Des gens de mer de Brest (même) se sont heureusement mobilisés…

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  • LA JEANNE EN HERITAGE

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    © Christophe GERAL

    D’un coup de peinture, son numéro de coque et son nom ont été récemment effacés de sa coque. Depuis un mois, le porte-hélicoptères R97 «Jeanne d’Arc» n’est plus. Pourtant son patrimoine va continuer de perdurer…

    1166-24  46.JPG«Jeanne d’Arc». Et de battre son cœur s’est arrêtée ?  Depuis son retour à Brest, son port d’attache, le 27 mai dernier, la «Jeanne» - comme l’ont toujours appelé affectueusement ses marins - a cessé de naviguer. Durant tout l’été, le porte-hélicoptères a même subi une sérieuse cure d’amaigrissement.

    Privé de son mât, de son armement et de ses superstructures sur les ponts, le désormais ex-navire école de la Marine est en phase de déconstruction, jaugeant dorénavant 5 000 tonnes contre 12 000 tonnes. «Les fluides ont été expurgés. Les éléments mécaniques dispatchés sur d’autres bâtiments, les biens mobiliers inventoriés et mis à l’abri. Il ne reste plus rien à bord ou presque !», confiait son pacha, le capitaine de vaisseau Patrick Augier avant de quitter ses fonctions lors d’une ultime cérémonie qui s’est déroulée en septembre dernier.

    Le patrimoine «Jeanne» va néanmoins perdurer puisque décision a été prise par les autorités de la Marine de léguer pièces, objets, voire locaux emblématiques du bâtiment anciennement immatriculé R97. Après inventaire, les pièces phares du bateau ont ainsi été identifiées et repertoriées, du fond de la cale jusqu’en haut de la mâture, de la prou à la poupe. Fort de cet inventaire à la Prévert transmis au bureau du patrimoine, des propositions ont ensuite été adressées aux unités Marine ainsi qu’aux villes marraines et au musée de la Marine.

    Eclaircissements avisé du commissaire général Olivier Laurens, délégué au patrimoine de la Marine quant au modus operandi de cette valorisation et préservation du patrimoine : «Concernant l’après Jeanne, nombreux étaient nos interlocuteurs à avoir de bonnes idées tant ce bateau est emblématique du fait de sa longue et riche carrière nautique. Les initiatives, plus ou moins farfelues, étaient légions. Notre ligne de conduite a ainsi consister à valoriser les initiatives pérennes et à privilégier celles d’interlocuteurs ayant tissé des liens forts avec la Jeanne».

    C’est ainsi que Domrémy en Lorraine, la ville natale de l’héroïne de l’Histoire de France, a hérité d’une douzaine d’objets emblématiques dont la cloche. L’ancre du porte-hélicoptères et une plaque de tourelle ont été légués à la ville de Rouen, l’une des autres villes marraines du porte-hélicoptères. L’école navale a, quant à elle, hérité de l’une des deux plaques de coque et de nombreuses autres pièces.

    Quant à Brest, son port d’attache, la municipalité aurait l’ambition de développer sur le plateau des Capucins un espace dédié à la «Jeanne» afin d’y exposer notamment sa ligne d’arbre. Des éléments de la passerelle devraient être également confiés au musée de la Marine tandis que les machines, symbole d’une ère industrielle révolue, pourraient être confiés tout ou en partie au conservatoire national des arts et des métiers (Cnam) afin d’y être exposé.

    Autant d’initiatives qui prouvent qu’au-delà de la déconstruction d’un bâtiment, son patrimoine peut perdurer même disséminé à terre. Domrémy, Crozon, Brest, Rouen, Paris… L’empreinte «Jeanne» est décidément inoxydable…

    Stéphane DUGAST

    Illustration : © Anne SMITH / Photographie :© Christophe GERAL

  • EN IMMERSION NAUTIQUE

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    LE REPORTAGE
    Dès la fin des années 1980, la force maritime des fusiliers marins et commandos (FORFUSCO) prend conscience de la nécessité de se doter d'embarcations très rapides afin de mener des opérations commandos en haute mer.

    Il y a 15 ans la première embarcation de ce type est livrée. A Lorient, une unité dédiée à l'entretien et au pilotage de ces embarcations naîtra 5 ans plus tard. Depuis, la dimension nautique est montée en puissance chez les fusiliers marins et commandos.

    Les récentes opérations de lutte contre la piraterie au large de la Somalie ou les opérations de lutte contre le narco trafic dans les Antilles l'attestent. L'ETRACO (Embarcation Très RApide COmmandos), et bientôt son successeur l'ECUME (Embarcation Commando à Usage Multiple Embarquable), sont des vecteurs opérationnels essentiels dans les opérations combinant air, terre et mer.

    Immersion au sein du secteur nautique de la base des fusiliers marins et des commandos, installé à la pointe de l'espérance dans la rade de Lorient.

    Photographies de Christophe GERAL
    Enquête de Stéphane DUGAST

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    Portrait-interview du commandant Luc Gander

     

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    Ci-dessus, l'Embarcation Très RApide des COmmandos (ETRACO) et la soute ou l'atelier réparations
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    L'ETRACO en situation...
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    Comme à bord...
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    A la Base des FUSiliers-marins et des COmmandos (FUSCO) de Lorient

    *

    COMMANDO couv.jpgLE SUJET Au sein de la Force maritime des fusiliers-marins et commandos (Forfusco) basée à Lorient, la dimension «nautique» se décline en quatre secteurs.

    Il y a d'abord «le secteur plongée» dédié aux plongeurs d'armes, aux plongeurs de bord et palmeurs. Le secteur des «engins» est en charge de la mise en oeuvre de la vedette et du Chaland de Transport de Matériel (CTM).

    C'est le secteur «nautique» qui est dédié aux embarcations légères. Quant à l'appui opérationnel aussi bien pour des entraînements que des missions, il est assuré par le «Secteur Vecteur Nautique Commando» (SVNC) ou le «s-vneuce» dans le langage des initiés.

    Deux reporters de Cols Bleus se sont immergés pendant une semaine au sein de «la nautique» comme dénommée par abus de langage.

    A la clef une moisson d'images décoiffantes, des portraits insolites et les «bon mots» de marins peu habitués à se confier, confidentialité de leurs métiers obligent...


    Plus de renseignements sur le site Internet de la Marine nationale à : http://www.defense.gouv.fr/marine

    Reportages photographiques Défense sur le site web de Christophe GERAL à  : http://www.christophegeral.com

  • L'ETONNANT VOYAGEUR

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    Un volcan, des fumées, des contrariétés pour un timbre spécial Jeanne néanmoins tamponné à date. Revue de détails de cette singulière histoire...

    JEANNE 10 CB Bailhache 2 w.jpgLe contretemps est fâcheux. «C'est même totalement rageant !» tempête Alain Bailhache, bloqué à terre. La faute aux éruptions intempestives du volcan situé près du glacier Eyjafjallajokull en Islande.

    «Je me suis même rendu à deux reprises à Roissy. En vain. Je n'ai jamais pu avoir mon vol» se justifie le peintre de la Marine. Les fumées du volcan islandais ayant paralysé les vols longs courriers en Europe du Nord, l'artiste septuagénaire n'a donc pas pu se rendre à Saint Pierre et Miquelon.

    «Quel dommage ! Je ne pourrai pas y signer le timbre-hommage» soupire l'artiste d'origine creusoise. A l'occasion du mouillage du porte-hélicoptères R97 les 22 et 23 avril derniers dans l'archipel français de l'Amérique du Nord, Alain Bailhache devait ainsi y signer un timbre hors programme, édité par des philatélistes locaux, reproduisant l'un de ses dessins sur le motif dédié à la Jeanne.

    «J'aime ce bateau. Son profil, son élégance,  ses lignes architecturales et sa multitude de détails» confesse le «Maître» féru de ces «détails que je ne comprends pas toujours en dessinant. J' y sens cependant la main de ceux qui les ont imaginés et fabriqués».

    Concernant son œuvre, autant ses détails que son graphisme ou son style étonnent et détonnent. «Tout est finesse et solidité mais également poésie» énoncent d'ailleurs doctement les critiques d'Art avant de souligner la magie des couleurs consécutive à un séjour longue durée en Iran. «Douze ans exactement» précise d'emblée l'intéressé.

    C'est en 1967 que l'architecte d'intérieur de formation part enseigner à Téhéran comme professeur à l'école des Arts décoratifs. Cessation de ses activités à la chute du Shah en 1979 après plus d'une décennie de «réjouissances artistiques éclectiques et enrichissantes».

    Des travaux cartésiens consacrés à l'architecture et des productions plus poétiques dédiées principalement à l'illustration de livres pour enfants «En visitant là-bas caravansérails et mosquées, j'ai également éduqué mon œil à ce souci constant du détail».

    «C'est grâce à un copain d'armée !»

    JEANNE 10 CB Bailhache 3 w.jpgRetour «brutal» en France. Le persan de cœur s'établit entre Paris et la Bretagne, la terre natale de sa femme. «A Dinard précisément».

    S'ensuivent des productions imprégnées de cultures orientales, d'autres dédiés au littoral breton. 1987, une rencontre inopinée avec Serge Marko, sur les rivages malouins va bousculer le destin d'Alain Bailhache.

    A la vue de ses oeuvres bigarrées, verdict sans appel du peintre de la Marine chevronné : «J'emmène vos toiles tout de suite au salon de la Marine». Le jury les sélectionnera régulièrement jusqu'à sa nomination définitive en 1997 comme peintre officiel de la Marine.

    Signant dorénavant ses œuvres avec une ancre, le natif de Guéret se donne alors du temps - «une denrée savamment cultivée par les Orientaux» - afin de croquer ses envies tout en conciliant ses influences orientales et occidentales. Le virtuose des perspectives peint également la mer et les «bateaux gris». «Au gré des rencontres et des propositions d'embarquement».

    Quant au récent timbre édité en l'honneur de la «vieille Dame», l'acte était loin d'être prémédité. «C'est grâce à un copain d'armée !» s'enthousiasme le peintre. Un demi-siècle plus tard, les ex-soldats Bailhache et Oliveiro de la Condition d'Action Psychologique (CDP) numéro 4 renouent grâce à l'Internet.

    Philatéliste invétéré, Jean-Jacques Oliveiro propose à son «frère d'armes» d'éditer un timbre. «Il a tout géré. Il a fait lui-même la maquette !» précise l'artiste qui autorise la reproduction de l'une de ses œuvres dédiée au bateau-école de la Marine depuis 1964.

    «C'est la Jeanne à quai. A Brest ou pendant l'armada de Rouen, je ne me souviens plus très bien...». Ce dessin estampillé Brest sera astucieusement fondu avec un cliché de Saint-Pierre et Miquelon vue depuis la mer. Imprimé en «offset et taille-douce» à Périgueux, le timbre est prêt pour un tamponnage à date in situ.

    Un rendez-vous manqué par son concepteur bloqué à Paris. «Dommage» soupire le «Maître». La prochaine disparition de la Jeanne le chagrine également : «Une merveille va s'en aller. C'est tout un monde des bateaux gris qui s'évanouit. J'espère que l'on saura conserver une trace de ce monument du patrimoine naval. Il y avait à bord de la poésie ».

    Et cette multitude de détails si chers à Alain Bailhache, l'étonnant artiste-voyageur flânant éternellement entre Orient et Occident...

    Stéphane DUGAST

    Image d'ouverture : © Eyegate

  • QUAI N°9 DE DJIBOUTI 3|3

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    Récit et photographies de Stéphane Dugast

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    Port autonome international de Djibouti dans la Corne de l'Afrique. Contigu au quai dédié aux escales des bâtiments militaires français de plus en plus nombreux, le poste numéro 9. Bienvenue chez les «fusiliers». Bienvenue chez les «fus'».

    IMG_2735w 2.jpgTreize heures au poste 9. Effervescence à peine perceptible. Les «hommes en vert» sont rôdés. Enfilage rapide du gilet de sauvetage noir. Perception des armes auprès du gradé. Prise en main des embarcations situées en contrebas.

    Si l'ombre de la frégate furtive Aconit contiguë parait immense, les «fus'» (NDLR : appellation familière désignant les fusiliers-marins) n'ont cure de cet étonnant spectacle, déjà appliqués à préparer leur patrouille.

    Ultimes recommandations de leur commandant sur la mission et la posture à tenir. Bertrand* a déjà sauté dans son embarcation. Son binôme est également paré. La chaleur est toujours autant pesante.

    «C'est notre principale ennemie. Tout acte a des conséquences multipliées par trois à Djibouti. Ici, il faut demeurer très attentif. Il faut penser à boire et à bien récupérer. Des messages que je martèle à mes hommes» prévient Antoine* avant de «dégainer» des chiffres éloquents : «En saison chaude, c'est  5 à 8 litres d'eau  par  jour  et par individu. Ce sont des patrouilles de 2 heures à effectuer par alternance. Et pas un pèt' d'ombre».

    Confirmations sur le plan d'eau, la chaleur est suffocante. «On s'y habitue»  tempère le longiligne officier marinier supérieur aux commandes de son embarcation à boudins gonflables 40 chevaux Futura.

    «Parfois, le thermomètre peut friser les 50°C. Nous les fus', on sait être rustique et endurant» prévient-il avant de foncer à toutes blindes vers la sortie du port. Escorte pour lui et son binôme sans couvre-chef sous l'ardent soleil djiboutien.

    La silhouette du bateau-logistique Dague émerge de l'horizon cotonneux. Port autonome international de Djibouti. Treize heures vingt tapantes. 47° Celsius sur le plan d'eau.

    Pas une once d'ombre, ni d'embarcations suspectes dans les parages. Bertrand, Antoine et les fusiliers-marins du poste 9 veillent au grain... (FIN)

    * : Les prénoms ont été modifiés pour des raisons de confidentialité

    *

    cols_bleus_n_2922_medium2.jpgREPORTAGE DEFENSE
    POSTE NEUF
    Episode 3|3

    Reportage extrait du COLS BLEUS N°2922, l'hebdomadaire de la Marine nationale.

  • QUAI N°9 DE DJIBOUTI 2|3

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    POSTE NEUF 2|3
    Récit et photographies de Stéphane DUGAST

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    Port autonome international de Djibouti dans la Corne de l'Afrique. Contigu au quai dédié aux bâtiments militaires français de plus en plus nombreux, le poste numéro 9. Bienvenue chez les «fusiliers». Bienvenue chez les «fus'».

    FUSEPE 9.jpgDouze heures trente au poste 9. Situé à quelques encablures de l'historique quai aux boutres, le poste des fusiliers-marins est armé depuis 2001.

    «C'est consécutif au volume croissant des escales de bâtiments de guerre à Djibouti. D'abord avec les missions de lutte contre le terrorisme comme «Enduring Freedom», ou plus récemment à cause des opérations de lutte contre la piraterie comme Atalanta» assure le lieutenant Antoine*, un officier énergique et affable. A ses côtés, un homme opine.

    Profil longiligne et visage émacié, le premier maître (NDLR : grade de sous-officier) Bertrand* est l'adjoint du lieutenant. Lui aussi a à cœur de parler du métier : «On est là pour assurer la protection et l'escorte des bateaux de guerre français lors des manœuvres d'accostage et d'appareillage dans le port. En trois mots, il s'agit de surveiller, de filtrer et  de ralentir la menace en cas de besoin».

    Précisions complémentaires de son supérieur : «On se tient en posture logique de vigilance tout en étant en cohérence avec la situation locale en terme de menaces potentielles. En plus de cette mission, nous assurons également la protection du plan d'eau du port autonome en concertation avec les autorités militaires locales. Notre entité ne travaille donc pas seul. La Marine djiboutienne réalise ainsi la moitié des patrouilles».

    Si la mission des fusiliers marins français basés à Djibouti consiste principalement à assurer la  protection du plan d'eau du port autonome et escorter les bâtiments de guerre français jusqu'au terminal pétrolier de Doraley, l'éventail des missions s'est récemment élargi.

    «Etre fusilier marin, ce n'est pas seulement effectuer des rondes de surveillance le long d'un grillage autour d'une base !» lance mi-goguenard, mi-agacé Antoine, avant de parler de nouveau du métier et des missions djiboutiennes : «En réponse aux actes de piraterie survenus dans le Golfe d'Aden, une force navale multinationale s'est mise en place. La France joue un rôle moteur. Djibouti est situé à un carrefour stratégique... De nouveaux dispositifs ont ainsi été mis en place afin de garantir protection et sécurité aux navires de commerce qui le demande».

    Les fusiliers marins ont ainsi contribué à la mise en place, depuis septembre 2008, les équipes de protection embarquée (EPE), dont l'une des missions prioritaires est d'assurer la protection des  bâtiments civils qui en font la demande aux autorités étatiques et militaires lorsqu'ils naviguent en mer Rouge ou dans le Golfe d'Aden, sujets aux attaques des pirates.

    «Cette  protection rapprochée répond à des protocoles précis établis entre armateurs et le ministère de la Défense» garantit le lieutenant au regard franc avant d'être plus à son aise dès lors qu'il s'agit de détailler le dispositif militaire mis en place : «En terme d'hommes et d'armes, une EPE : c'est un groupe de militaires avec un armement variable. Tout dépend de la mission et du bateau protégé. C'est secret défense...».

    Bientôt treize heures, la discussion va devoir s'écourter. La Dague, Le bateau-logistique de la Marine basée à Djibouti, rentre à son port-base après justement une mission d'escorte. «L'EPE du bord était constituée de quelques commandos et d'une majorité de mes hommes» annonce Antoine, le chef des fusiliers-marins habituellement basé au groupement des fusiliers marins (GFM) de Toulon. Températures polaires dans le bungalow. Dehors, 43°Celsius à l'ombre... (A SUIVRE)

    * : Les prénoms ont été modifiés pour des raisons de confidentialité

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    cols_bleus_n_2922_medium2.jpgREPORTAGE DEFENSE
    POSTE NEUF
    Episode 2|3

    Reportage extrait du COLS BLEUS N°2922, l'hebdomadaire de la Marine nationale.

  • QUAI N°9 DE DJIBOUTI 1|3

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    POSTE NEUF 1|3
    Récit et photographies de Stéphane DUGAST

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    A l'ombre de la frégate Aconit de la Marine nationale, amarrée au port de Djibouti dans la Corne de l'Afrique, on repère d'emblée ces installations. Au-dessus d'une demi-douzaine de containers aménagés en baraquements et protégés par un filet de camouflage kaki flotte fièrement le pavillon tricolore. Bienvenue au poste numéro neuf. Bienvenue chez les «fusiliers». Bienvenue chez les «fus'», comme on les surnomme dans la Marine.

    Douze heures trente au poste numéro neuf. Journée caniculaire dans la république de Djibouti. Et coup de chaud au poste numéro 9. Le thermomètre s'affole. 42°Celsius à l'ombre.

    Dans le poste avancé, sis au cœur du port de Djibouti, on se calfeutre. «Enfin, seulement la fraction qui n'est pas de service» prévient le lieutenant Antoine*, en charge du détachement de fusiliers marins stationnés à Djibouti.  «Soit 17 personnes plus un officier relevés tous les 3 mois en moyenne» précise l'intéressé.

    Entité militaire dans le port autonome international de Djibouti (PAID), le poste numéro 9 est armé par dix fusiliers marins français, détachés provisoirement en Afrique. «Tout est fonction des escales des bâtiments français. Depuis le printemps, on n'a pas arrêté» estime l'officier au regard franc.

    Chiffres notés sur son calepin à l'appui, il s'explique : « En mars dernier : poste armé 26 jours sur 31 et 8 escortes de bateaux, 28 jours sur 30 jours en avril et  6 bateaux escortés... 26 jours sur 31 et 8 bateaux escortés en juillet, soit un poste armé 131 jours sur 156 et 39 bateaux escortés...».

    A priori les marins stationnés à Djibouti et prélevés dans les groupements d'interventions régionaux (GIR) de Brest et de Toulon ne chôment pas. En ce début d'après-midi, calme plat cependant au poste 9.

    Les fusiliers-marins de garde se sont réfugiés dans des baraquements rustiques. «Des containers pour bateaux aménagés en attendant des baraquements en dur» souffle le chef avant de se glisser à l'intérieur de l'une des ses installations temporaires. D'emblée, poignées de main franches et viriles à ses hommes réunis autour de boissons rafraîchissantes.

    A l'abri et à l'ombre, le climat est devenu polaire. « Il faudrait mieux régler la clim'. Action ! », ordonne le lieutenant avant d'entamer la «causerie» sur la présence des fusiliers marins dans le «port emblématique et le plus sécurisé de la Corne de l'Afrique».

    (A SUIVRE)

    * : Le prénom a été modifié pour des raisons de confidentialité

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    cols_bleus_n_2922_medium2.jpgREPORTAGE DEFENSE
    POSTE NEUF
    Episode 1|3

    Reportage extrait du COLS BLEUS N°2922, l'hebdomadaire de la Marine nationale depuis 1945.

  • BANQUISE MEURTRIERE

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    BRISE NET !
    Récit et photographies de Stéphane DUGAST

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    © Infographie - Arnaud Créachcadec

    Un rêve : être le premier Français à atteindre le pôle Nord en solitaire et sans ravitaillement. Une quête brisée nette après 18 kilomètres de marche...

    FCB pic 5 W.jpgImpossible de fermer l'œil malgré la fatigue, les 6 heures de décalage horaire à digérer, les 25 décollages et atterrissages en 2 jours et les 32 heures du voyage retour. La nuit a été presque blanche. Et cauchemardesque. Comme une prémonition.

    Au réveil, la radio crachouille ses flashs infos du matin. La litanie habituelle des catastrophes en France et à l'étranger. Les résultats sportifs du week-end aussi. De grandes épopées également comme le tour du monde à l'envers victorieux de Jean-Luc Van Den Heede après trois tentatives infructueuses.

    Pendant ce temps, «Le Cham» alias Frédéric Chamard-Boudet poursuit son aventure à lui. «Là-haut» sur la banquise, à quelques kilomètres de Cape Archtcheschy tout au nord de la Sibérie. Là où nous l'avons laissé sur la banquise à -40°C dans sa tentative en solo et en autonomie complète. Le pôle est encore loin, 980 kilomètres exactement. Encore 60 jours d'effort...

    Entre terre et océan

    La banquise blanche à perte de vue. La lumière est comme tamisée. Le soleil bas au-dessus de l'horizon. LaFCB pic 9 W.jpg montre affiche pourtant 16 heures tapantes.

    Juste devant nous s'étend l'océan Arctique glacial. Derrière, la terre la plus septentrionale en Sibérie. Hormis quelques bidons d'essence et une cabane enfouis dans l'épaisse couche de neige, rien ne distingue la terre de l'océan gelé.

    Posé depuis quelques minutes sur ce sol immaculé, les deux hélicoptères de l'aviation civile russe tranchent avec le paysage dépouillé. Autour des deux carlingues à la robe orange et bleue, on s'affaire religieusement autour de deux pulkas.

    Dominik Ardouin, l'aventurière franco-finnoise est rapidement prête à en découdre avec le grand blanc, sa pulka jaune solidement arrimée.

    Frédéric Chamard-Boudet range méthodiquement ses effets après avoir essayé son fusil dans le froid. Pour s'attaquer au pôle, chaque aventurier embarque une arme. Les rencontres avec un ours polaire sont courantes.

    Marin dans la brume

    FCB pic 20 W.JPGLes ultimes préparatifs des deux aventuriers se font sans précipitation et dans le calme. Les deux sont presque muets. Complètement dans leur bulle.

    Derniers réglages. Sanglage de la pulka et des boots de traction sur le baudrier. Ajustage du masque sur le visage pour se protéger du vent polaire. Dernières accolades avec les accompagnateurs. Personne ne pipe un mot. I

    ndifférents à cette préparation quasi silencieuse, les pilotes multiplient les allers-retours entre les hélicoptères et la cabane. Il faut refueler les deux hélicos pour rentrer à la base de Sredny à une heure et quart de vol.

    Dominik Ardouin s'est déjà élancée depuis quelques minutes lorsque le marin et sa pulka couleur pomme et cerise s'ébrouent. Derniers regards. Ultimes encouragements.

    En guise de salut, les bras et les bâtons de skis s'élèvent et s'agitent. L'aventurière haute comme trois pommes et sa pulka de 50 kilos ont déjà disparu à l'horizon.

    Plus que le bruit des skis raclant la neige. La brume enveloppe le «marin des glaces». La nuit polaire ne va pas tarder à tomber.

    «Il a échappé de peu à la mort...» 

    FCB pic 12 W.jpgKlaxon et bruit de sirènes. Paris la nuit. Paris le jour. Réveil difficile. Rapidement déballer le sac de reportage et laver le linge sale avant de foncer à la rédaction de l'hebdomadaire de la Marine.

    L'odyssée sibérienne est terminée. Les rêvasseries aussi lorsque retentit la sonnerie du téléphone. «Frédéric a déclenché sa balise Argos. Il a échappé de peu à la mort...». À l'autre bout du fil, la voix de son épouse Véronique s'étrangle. Stupeurs et tremblements.

    Autre coup de fil, Cerpolex les organisateurs français des expéditions polaires de Frédéric, Christine Janin, Jean-Louis Etienne et de tant d'autres. «Frédéric est en mauvaise posture. D'après son coup de téléphone, il est tombé dans une eau à -1.8°C pendant 4 minutes. Il aurait quand même réussi à monter son bivouac et tente de se réchauffer les mains».

    Tout va très vite dans la tête. L'eau à -2°C. La température de l'air oscillant jusqu'à -30°C. Aucune source de chaleur excepté une tente à monter et un réchaud à allumer mais avec les pieds et les mains gelés...

    Un vrai martyre ! Je me rappelle mon retour dans l'hélicoptère. Mes mains et mes pieds gelés que j'ai eu mille peines à réchauffer près d'une source de chaleur. Si dérisoire par rapport à ce que doit endurer le «marin des glaces».

    Pendant 3 jours, les secours s'organisent. Les coups de téléphones seront innombrables. Les marques d'affection aussi. Viendra la plus belle, celle d'un officier de marine épris lui aussi d'aventure : «Le vrai défi est bien celui dont l'issue reste incertaine...».

    Frédéric sera sauvé.  Le précédant à son départ depuis la terre la plus septentrionale, Dominik Ardouin disparaîtra deux jours plus tard. Jamais son corps ne sera retrouvé, «englouti» par la banquise meurtrière cette année là.

    «Là-haut», tout là-haut, sur la banquise, la moindre erreur peut s'avérer fatale...

    logo cb.jpgRécit publié dans Cols Bleus, l'hebdomadaire de la Marine nationale depuis 1945.

  • DE L'ESPRIT DES LETTRES

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    Six mètres carrés à tous casser. Dix-huit sacs postaux. Et des centaines de lettres à distribuer...

    CB2928 pic 3.jpgArrivée d'escale. Grosse effervescence autour des bureaux du commissariat en charge des finances et de la logistique du bord. «C'est la même chose à chaque retour à terre !», philosophe Xavier, le commissaire en chef. Contiguë à son bureau, l'agence postale. Six mètres carrés consacrés à l'envoi et la réception du courrier papier de la Jeanne. Cet après-midi, l'agence est «pleine comme un œuf» d'après le maître des séants. Des sacs postaux montent jusqu'au plafond. Dix-huit sacs numérotés de courrier viennent, en effet, d'arriver en provenance de France. Déambulant dans ce capharnaüm, l'agent postal et son adjoint tentent tant bien que mal de se frayer un passage. Première étape pour eux, vérifier la totalité des sacs, le poids indiqué sur l'étiquette et le contenu. Le travail consistera ensuite à trier lettres et colis par catégorie de personnel. Même avec l'arrivée à bord de l'Internet et des messageries électroniques à la fin des années 1990, le courrier papier constitue toujours un média d'expression sur la Jeanne d'Arc. «Le marin aime écrire. Et surtout, il aime recevoir du courrier» précise malicieusement Dominique avant de distiller une anecdote : «Certains écrivent jusqu'à une lettre par jour !». Quant à l'acheminement du courrier à bord d'un porte-hélicoptères, il répond à des règles strictes. Car, il s'agit de faciliter la distribution du courrier de 650 marins embarqués. Conseils de  l'agent postal : «L'adresse doit être la plus lisible et la plus précise possible avec nom de l'intéressé, numéro de poste pour les officiers-élèves et mention du carré d'appartenance. Sans ça, distribution retardée assurée...»

    L'affaire de Rio

    CB2928 pic 1.jpgLors de l'avant-dernière campagne, des tonnes de courrier ont ainsi été acheminées pendant les cinq mois de déploiement Jeanne d'Arc. «480 sacs de courriers exactement» précise Dominique en compulsant frénétiquement ses archives. «Soient 5 tonnes avec une pointe de 116 sacs à l'escale de Mayotte». Un anachronisme consécutif à un souci consécutif à l'escale brésilienne. Un an plus tard, des marins pestent encore à bord, attendant une lettre ou un colis d'un proche. L'agent postal a néanmoins trouvé des explications à cet incident qu'il a baptisé  «l'affaire de Rio». Explications de textes : «C'était juste après le carnaval, les postiers brésiliens ont dû sûrement bien fêter çà au point d'oublier d'acheminer notre courrier ! Résultat, le temps qu'ils s'en aperçoivent, on était déjà loin en mer. Les sacs ont alors été expédiés en France pour n'être délivré finalement que 2 mois plus tard après deux autres délivrances en escale infructueuses. Je ne sais pas combien de milliers de kilomètres ces sacs postaux ont parcouru !». «L'affaire de Rio» fait encore grincer des dents Dominique. Des histoires (postales) de ce genre ont émaillé la longue carrière de la Jeanne. L'agent postal est convaincu quand lui revient en tête une autre anecdote : «L'affaire de New-York». «Des sacs de colis mal conditionnés au départ de France. Et une partie du courrier évaporée. Quatre sacs n'ont jamais pu être récupérés». Les sacs postaux de Noël 2008 sont en revanche arrivés à bon port et en nombre. «Un gros arrivage dû aux fêtes fin d'année et aux cadeaux qu'envoient les familles», précise doctement l'agent postal. «Avec des colis parfois très odorants» complète son acolyte amusé par tant d'incongruité.

    30 000 timbres à 0.56 euros

    CB2928 PM ouverture.jpgA l'agence postale, le climat devient tropical. Dominique et son confrère ne ménagent pas leur peine. Objectif pour le binôme : achever le plus tôt possible dans la soirée  le tri et la distribution des 300 kilos de courriers et de colis reçus. «Demain, il y aura aussi la vente des timbres à assurer...» ajoutent, en chœur, les postiers. Plus de 30 000 timbres à 0.56 euros sont en effet vendus à chaque campagne de la Jeanne. Les deux compères doivent également satisfaire les adeptes de marcophilie. Explications éclairées de Dominique : «La marcophilie et la Jeanne, c'est une longue histoire. A chaque escale, un tampon est édité. Aussi, les collectionneurs, civils pour la plupart, sont avides de ces tampons très recherchés». Outil de rayonnement par excellence, les marques et autres oriflammes de la Jeanne risque de se négocier à prix d'or à la disparition du navire-école. Quant à Dominique et ses prédécesseurs, ces «agents postaux», «postiers» ou «vaguemestres» (l'appellation d'antan), ils ont toujours constitués des figures centrales du village Jeanne d'Arc. «Le postier, c'est à la fois le père Noël quand il a du courrier pour vous et un ami vachard quand les nouvelles sont mauvaises ou que le courrier n'arrive pas», confie Dominique dans un large sourire. Des états d'âme de ses «préposés», l'agent postal doit donc faire avec. Aussi ne retient-il peut-être que les moments heureux. Ceux quand le marin éloigné de ses proches reçoit des photos de naissances ou d'anniversaire. «C'est forcément attendrissant. On sent vraiment l'utilité de notre métier. Car, même avec l'internet, rien ne remplace une photo argentique et le papier. C'est toujours plus fort émotionnellement !». Fin de la discussion car Dominique et son acolyte  ont fort à faire. Le temps presse. Déboulent cinq matelots pressés de recevoir leur courrier. «Repassez ce soir à 23 heures, le temps que notre tri soit fini» prévient sèchement Dominique. Moues désapprobatrices mais compréhensives des matelots. En escale, les agents postaux sont décidément attendus comme des messies...

    Texte / Stéphane DUGAST
    Photos /  Christophe GERAL

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    Textes et clichés extraits du Beau-Livre
    LA JEANNE D'ARC, porte-hélicoptères R97
    (E/P/A – Les éditions du Chêne)

    *

    cols_bleus_n_2928.jpgREPORTAGE paru dans COLS BLEUS n°2928
    l'hebdomadaire de la Marine

    25/11/2009

    Avec Cols Bleus, retrouvez chaque semaine (42 numéros par an) les activités de la Marine nationale, son histoire, son actualité et des dossiers exceptionnels sur la mer et le monde maritime.