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ENTRETIEN - Page 4

  • WESTERN ARCTIQUE : SECRETS & COULISSES (EXCLU)

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    Le piège blanc, c’est la dernière réalisation de Thierry Robert, désormais considéré comme l’un des meilleurs réalisateurs français de films documentaires d’expéditions. Concernant son nouveau film narrant une exploration polaire menée par deux kayakistes le long de la côte orientale du Groenland, Thierry Robert raconte en exclusivité pour les lecteur du blog Embarquements ses intentions artistiques tout en nous dévoilant les coulisses et quelques secrets du tournage de ce western arctique. En prime la vidéo des coulisses du tournage...

    - Thierry, comment construit-on et surtout comment  raconte t'on une telle aventure ?

    - Thierry Robert : « L’histoire est très scénarisée au départ ! Je sais que je pars au Groenland pour réaliser un road movie ou plutôt un western arctique en quelque sorte ! Finalement, sur le terrain se dessinent des évènements, des ambiances et des décors qui ne font qu’accentuer mon intuition. Par expérience, j’attends des évènements précis durant ce genre d’aventure.

     

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    Par expérience, je sais aussi que la plupart de ces évènements arrivent, même si évidemment le scénario définitif est lui écrit par l’aventure, le réel et la vérité du terrain, bref par ce qui se passe réellement…

    Mais comme disait Boris Vian, «Tout est parfaitement vrai, puisque je l’ai inventé ou rêvé !»

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    - Justement entre réalité et fiction, comment procédez-vous ? Le terrain vous dicte ses impératifs souvent contradictoires avec votre scénario initial, non ? 

    - Mon principal souci en terme de réalisation, ça a été de multiplier les caméras, et donc les axes, pour filmer chaque séquence afin de donner du rythme au montage. Grâce à ces champs / contre-champs permanents, l’idée consiste bien à plonger le spectateur dans un authentique film d’aventure, tout en utilisant les codes des films de une fiction, même si là, tout est bien réel.

    L’autre innovation de taille afin d’accompagner l’expédition sans la «polluer», ça a été d’être capable de mettre en place un tournage avec une équipe de techniciens baroudeurs aguerris. Il fallait réaliser une fiction avec une équipe expérimenté mais légère. Il s’agissait donc bien de filmer une expédition tout en laissant la liberté à Alban et Vincent de vivre pleinement leur aventure.

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    - Cinéaste toujours en quête d’innovations, quelles ont été justement les innovations pour ce tournage ?

    Pour cela, nous avons travaillé avec la meilleure équipe possible. J’ai fait appel à des grands professionnels, à des pointures du milieu comme René Heuzey, directeur de la photo sous-marine, Jean-Christophe Guerri, son assistant et éclairagiste pour les prises de vue sous-marines, Matteo Rivoli, premier assistant, 2nde camera et machinerie. Je n’oublie pas non plus Séverine Cappa, notre directrice de production.

    Vraiment, je ne pouvais pas être mieux entouré ! Pour les prises de vues aériennes, ça a été plus délicat, car  nous avons perdu notre drone lors d’un appontage à grande vitesse ! Du coup, il a fallu récupérer quelques images aériennes préexistantes.

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    - Quelles difficultés avez-vous rencontré au montage, en terme de narration ou de rythme notamment ?

    - Vous savez, le moteur du travail pour moi, c’est l’amitié. Le monteur avec qui je travaille très régulièrement ces dernières années s’appelle Alexis Barbier-Bouvet. C’est un monteur expérimenté et talentueux.

    Concernant le rythme à donner à ce film, on était immédiatement d’accord, fort sûrement de nos collaborations, et du coup, à la grande complicité qui nous unit. Tous les deux, on ne discute pas des heures, on ne tergiverse pas, on est très vite d’accord sur le meilleur à «tirer» des image tournées. Naturellement, on sait le rythme que l’on doit imprimer au film.

    Quant à la narration, je prends des tas de notes au fur et à mesure du montage en pensant à la narration finale, que je peaufine le tout dernier mois, entre la fin du montage, le visionnage, et l’étalonnage, voire jusqu’au mix (NDLR : mixage voix-off, interviews et musique).

    Je soumets évidement tout cela aux aventuriers pour être bien certain qu’on est raccord, que je ne leur fais pas dire n’importe quoi !

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    - Pour la bande-son du film, vous avez fait appel à Tristan Nihouarn, l’ex leader du groupe rock Matmatha. Pourquoi ?

    - Pour la musique, j’avais discuté très en amont avec Tristan, en lui disant : «Voilà ce que je vais faire, voilà ce que je veux !». Et puis, nous sommes partis tourner la première partie du film, et là, en rentrant du Groenland on s’est retrouvé chez lui à Paris, il m’a fait écouter 4 ou 5 titres, j’en avais les larmes aux yeux. Je lui ai dit : «Merci, c’est magnifique, c’est pile ce que je recherche !».

    À partir de là, on a longuement échangé, via le net, jusqu’aux arrangements finaux. Certains morceaux, on les a vraiment «fabriqué» ensemble. Il est très exigeant, et moi aussi ! Ca a été une expérience extraordinaire, je crois aussi bien pour lui que pour moi !

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    - Quelles sont vos séquences préférées ?

    - Il y a plusieurs séquences qui me touchent particulièrement, car l’histoire monte crescendo ! Toutes ont le parfum du tournage.

    Certains souvenirs particuliers demeurent accrochés. Évidement, l’apparition de l‘ours polaire a été un très grand moment, il régnait ce jour là une excitation dans toute l’équipe parfaitement incroyable ! Personne ne s’est vraiment posé la question du danger, il y avait tellement de joie de pouvoir filmer une telle rencontre, moi dehors sur le zodiac, parfois à moins d’un mètre de l’ours, Vincent qui se tenait prêt le fusil en main et René sous l’eau avec Alban qui eux ont quasiment touché l’animal ! C’est incontestablement un très grand moment !

    Mais il y a eu aussi d’autres très grands moments qui ne sont pas dans le film. Ainsi, nous avons exploré durant plusieurs jours un fjord dans l’espoir de filmer des narvals, sans y parvenir cependant ! Ce film finalement, c’est le fruit de cette incroyable aventure humaine qui nous liait tous, l’équipe film et les aventuriers !

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    - Quels sont vos nouveaux projets de film ?

    - Nous repartons dans 2 mois pour tourner la suite de La Voie du Pôle. Le bateau s’appelle « Babouchka » et c’est Vincent Berthet (mon «jeune» vieux complice !) qui accompagnera Seb Roubinet cette fois.

    Une nouvelle aventure polaire à mettre en boîte mais je suis comblé car autant la société de production Le cinquième rêve et Nicolas Zunino, que notre diffuseur France 3 Thalassa - Georges Pernoud, la rédactrice en chef Laurence Bobillier et Xavier Grimault le rédacteur chef adjoint, tous nous font une totale confiance.

    C’est donc un bonheur total de replonger si j’ose dire dans une nouvelle aventure polaire… »

    Photos sous-marines with courtesy Deep Sea Under The Pole

     

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    A VOIR
    Le piège blanc un film documentaire diffusé sur France 3 dans l’émission Thalassa désormais disponible en DVD (Le cinquième rêve)


  • ARMEL & SES TONTONS

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    Armel, qui a volé le pôle Nord ?, c’est un album jeunesse inspiré d’une véritable expédition menée en 2012 au pôle Nord. «Un petit livre polaire» signé Julien Cabon (textes) et Hervé Bellec (dessins), deux fondus des pôles.

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  • L’ESPRIT D’AVENTURE | PATRICE FRANCESCHI

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    Ce n’est pas le seul mot qui ait été vidé de son sens par notre époque comptable. La notion d’aventure évoque aujourd’hui au mieux des exploits sportifs, au pire des émissions télés qui exploitent «l’extrême». Il ne reste rien de la découverte et de l’émerveillement du monde, de la rencontre avec l’étranger et de leur connaissance. Mais cette aventure-là est-elle d’ailleurs encore possible voire souhaitable ? Explorateur, écrivain, cinéaste et marin, Patrice Franceschi (LIRE SON PORTRAIT) répond à cette question (sa favorite) de façon étayée. Extrait d'un entretien paru sur le très étoffé blog Ragemag.

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  • DANS SA NATURE

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    Amazonia, c’est un long métrage racontant le voyage d’un jeune singe capucin au cœur  de la forêt amazonienne. Après deux ans de développement, de recherches scientifiques et d’écriture, le cinéaste Luc Marescot est fier pour «sa» première fiction. À l’origine de cette idée et scénariste, cette histoire de singe capucin tient forcément à cœur de cet homme d'images passionné de Nature

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    › GÉNÈSE
    « C’est un projet dont je suis effectivement à l’origine, et dont la réalisation, au final, a été confiée à un autre réalisateur, un ami : Thierry Ragobert. Tout est parti d’une discussion avec Stéphane Millière, producteur chez Gédéon. Nous avions envie de raconter une histoire qui se déroulerait dans la forêt. La volonté première, c’était de faire une fiction, après 25 ans de documentaire. La fiction permet de «poloniser» un peu plus. Co-réalisateur du film La planète blanche, Thierry Ragobert réalise en quelque sorte avec Amazonia :  La planète verte !

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    › SCÉNARIO
    Un singe capucin, en provenance du monde des hommes, s’échoue en quelque sorte dans un monde sauvage qui lui est inconnu et auquel il doit faire face. Le singe capucin part ainsi à la découverte d’abord d’une forêt sombre, voire effrayante, avant de se l’approprier et découvrir une forêt lumineuse au fur et à mesure qu’il monte dans les strates. Le singe capucin devient le subjectif.

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    › PARTI-PRIS
    Dès le départ, la fiction s’est imposée afin de toucher un large  public. Moi je pensais au départ à des comédiens, puis nous avons choisi un animal comme personnage. Quant à l’idée du singe capucin, je la dois à ma femme Myriam qui a travaillé pendant 5 ans avec des singes capucins au profit d’handicapés tétraplégiques.

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    « Amazonia nous entraîne au cœur de la plus vaste forêt de notre Terre à la découverte de la Planète Verte. Une fiction animalière pour toute la famille. Une ode à la beauté et à la diversité de l’Amazonie, un décor hors norme, sauvage et mystérieux »

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    › BILAN
    J’ai vu le film et c’est un beau challenge. Il y a bien évidemment un décalage entre ce que tu vois à l’écran et ce que tu as écrit. Un film, vous savez, s’écrit au montage, il s’écrit également au tournage. Après visionnage, je suis rassuré. Ce film va dans le sens des idées premières. C'est réussi ! »

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    Qui est Luc Marescot ?
    C’est un cinéaste rompu depuis 25 ans aux tournages sous toutes les latitudes. À son actif, pêle-mêle : un tour du monde de deux ans à bord de tractions-avants, une traversée de 800 kilomètres du désert sur des chameaux avec un géologue, six mois à pied autour de l’Afrique, 7 mois en famille en Australie… et moult films documentaires ou émissions télévisées comme C’est pas sorcier ou Rendez-vous en Terres inconnues.

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    DES CHIFFRES & DES LETTRES

    Des chiffres qui en disent long sur ce projet cinématographique. Pharaonique, non ?

    Un décor de plus de 6 millions de km².
    Un casting de rêve : 40 singes capucins, des jaguars, un anaconda, un kinkajou, une loutre, un aigle, des dauphins roses, des crocodiles, une taira, un tatou, des coatis, un boa, des mygales et une famille de paresseux.
    Une figuration hollywoodienne : 5 000 espèces animales, 2,5 millions d’insectes et 40 000 espèces végétales.

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    9 mois d’imprégnation pour les animaux principaux.
    2 ans de tournage au cœur de l’Amazonie.
    Une équipe de 80 techniciens aux références incontournables : OCÉANS, LE PEUPLE MIGRATEUR, LA FORET DES PLUIES, LES SAISONS, LE RENARD ET L’ENFANT, DEUX FRÈRES...
    6 mois de développement électronique et mécanique sur les caméras, les optiques, les outils relief et la machinerie ont été nécessaires pour inventer le dispositif de réalisation d’Amazonia.


    EN SAVOIR +

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    de Thierry Ragobert. Entièrement tourné en 3D relief. 1h25 - France. Sortie le 27 novembre prochain. Rendez-vous sur le site web officiel du film AMAZONIA

  • SNSM : SON "PACHA" S'EXPLIQUE

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    Acteur incontournable du monde maritime, la Société Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM) s’appuie sur des moyens et des effectifs conséquents, dont 6 000 sauveteurs bénévoles œuvrant, en mer ou le long du littoral, en métropole comme en outre-mer, tout au long de l’année. Quatrième et dernier volet d'un reportage consacré aux sauveteurs en mer et entretien avec Olivier Lajous, (VOIR SON PORTRAIT) l'ancien DRH de la Marine nationale élu en mai dernier président de la SNSM.

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    « Président, qui sont véritablement les bénévoles de la SNSM ?

    (LIRE L'ÉPISODE PRÉCÉDENT) - Olivier Lajous : Les sauveteurs bénévoles sont souvent d’anciens marins issus du monde de la pêche, dela Marinemarchande ou dela Marinenationale. Ces dernières années, le profil de nos bénévoles a cependant changé.

    Nos nouvelles recrues viennent désormais, de plus en plus, du monde de la plaisance ou ne sont pas, à la base, des professionnels de la mer. La SNSM s’est également rajeunie. Notre moyenne d’âge s’est désormais établie à 48 ans, preuve que les actifs sont de plus en plus nombreux même si les retraités restent des forces vives pour nous.

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    Pourquoi un ancien amiral de la Marine a-t-il toujours été à la barre de la SNSM depuis 1967 ?

    - Olivier Lajous : D’abord, le mot «Amiral» est un mot toujours magique dans la communauté des gens de mer. C’est plus qu’un grade ou un titre, c’est la preuve que l’intéressé a navigué, qu’il a exercé des fonctions à responsabilités en mer puis à terre.

    C’est sûrement pour ses raisons, qu’un ancien officier général a pour l’instant toujours été élu à la tête dela SNSM. Ce qui n’interdit pas qu’un futur président soit issu de la marine marchande ou de la plaisance. Quoiqu’il en soit, c’est une fonction bénévole très prenante mais passionnante.

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    Amiral, ces responsabilités sont-elles forcément différentes de celle que vous avez pu exercer pendant près de 40 ans dans la Marine ?

    - Olivier Lajous : Dorénavant, je ne commande plus des marins militaires payés par l’Etat dans un système fortement hiérarchisé pour mener des missions pouvant aller jusqu’au combat. J’exerce une responsabilité sur des sauveteurs qui sont bénévoles dans un système en apparence moins codifié. Qui dit bénévoles, dit souvent passionnés.

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    La passion, c’est bien mais la raison, c’est mieux ! Car c’est en équipage que les sauveteurs de la SNSM mènent à bien leur mission. En mer, on ne travaille bien qu’en confiance et en équipage.

    Autre défi de taille pour la SNSM, celui de continuer à nous professionnaliser tout en conservant notre esprit engagé et bénévole. Vous savez, dans un monde toujours plus exigeant et fortement judiciarisé, l’engagement bénévole, c’est le véritable trésor dela SNSM »

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    › EN SAVOIR PLUS
    Un don de 150 € à la SNSM finance l’acquisition d’un gilet de sauvetage pour un sauveteur embarqué, un don de 380 € une tenue complète. Pour contacter et aider les Sauveteurs en mer. Par courrier : SNSM - cité d’Antin - 75009 Paris. Par téléphone : 01 56 02 64 64 ou via le site web à http://www.snsm.org/


  • TOUT UN ROMAN

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    Peintre et écrivain de Marine, François Bellec est également un spécialiste de renom de l’histoire de la navigation et de l’exploration du monde. Auteur de nombreux ouvrages sur le sujet, le contre-amiral (2S) s’est, cette fois attaqué à un nouveau genre : la fiction. Une première fort réussie, car son roman est d’ores et déjà le lauréat du prix Eric Tabarly 2013.

    « Amiral, quelle histoire raconte votre premier roman ?

    Mon roman raconte la destinée de trois personnages prêts à tout pour atteindre Goa, considéré alors comme la « Rome de l'Orient ». Assistant d'un cartographe de Dieppe, François Costentin veut à son tour explorer le monde et rejoindre l’Inde.

    Apothicaire et chirurgien, Jean Mocquet a, quant à lui, découvert Goa grâce au livre d’un botaniste portugais dont les travaux lui ont révélé les pouvoirs des plantes et des épices ainsi que leur utilité.

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    Mon troisième personnage, c’est Dona Margarida da Fonseca Serrão, une veuve de 24 ans, demandée en mariage à Goa par Dom Alvaro, le frère de son défunt mari. Mes trois personnages embarquent à Lisbonne sur une caraque[1] amirale le 29 mars 1608, chacun sûr de ses choix et de ses rêves.

    Pourtant aucun voyageur ne peut alors prévoir ce qu’il adviendra d’une traversée longue de 14 mois, entre tropiques et Atlantique sud, entrecoupée souvent d’un hivernage au Mozambique.

    CE QU’ON EN DIT
    Une grande réussite que ce premier roman de l'Amiral Bellec. Une magnifique épopée sur le courage des marins portugais, qui au risque de leur vie, allaient chercher fortune "aux Indes". Établis à Goa depuis le début du XVIIème siècle, les navires en rapportaient le poivre, la cannelle, la girofle, des produits de luxe qui valaient plus cher que l'or...
    Par la Librairie de Port Maria

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    Racontez-nous la genèse de ce premier roman ?

    Tout a commencé, il y a une trentaine d’années, lorsque je dirigeais le musée dela Marine. Encontact permanent avec des historiens, je me suis passionné pour leurs recherches au point de travailler à leur demande l’histoire de la navigation hauturière, très mal connue en ce temps.

    J’ai très vite compris que chaque pays ne disposait que de ses seules ressources, se constituant ainsi sa propre vision. J’en ai donc fait la synthèse en privilégiant notamment la dimension humaine.

    Quant à l’histoire maritime du Portugal, j’en suis devenu un spécialiste, grâce un ami attaché naval du Portugal à Paris qui m’a mis en relation avec un grand historien maritime de l’université de Coimbra. J’ai compris ce que nous devions au Portugal à l’époque des grandes découvertes. J’ai d’ailleurs publié des articles sur le sujet dans des revues maritimes portugaises, intéressées autant par mes connaissances que mon regard extérieur.

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    CE QU’ON EN DIT
    « Un roman à lire absolument, qui allie l'érudition de l'ancien directeur du Musée National de la marine, au talent du peintre et à la plume élégante et pleine d'humour de l'amiral Bellec, écrivain de marine »
    Loïc Josse, libraire La droguerie de Marine

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    Pendant ces années, vous ne vous attaquez pourtant à aucune fiction ?

    Tout à fait ! Ce qui ne m’a pas empêché de publier une vingtaine d’ouvrages sur la navigation ou l’histoire maritime. Mais vous savez, en littérature, on ne devient un «véritable» écrivain que lorsque on publie un roman.

    La suite était dès lors logique. Le 17ème siècle, le Portugal, ses grands découvreurs… le cadre de mon premier roman était tout trouvé ! Pour autant, tout devient compliqué avec un roman historique.

    Un exemple ? Un jésuite à Goa en 1604 est-il habillé en blanc ou en noir ? Aux soucis romanesques s’ajoutent donc des détails de ce genre. Sur le fond, mon roman est en quelque sorte une « déclinaison » de mon abondante documentation.

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    Quel est votre prochain projet éditorial ?

    J’ai pris un tel plaisir à écrire ce  premier roman que je termine déjà la suite ! Cette fois, mon intrigue a lieu 13 ans après. Je fais voyager mes personnages, dont François, mon jeune cartographe, à Macao ou à Batavia.

    En enquêtant, j’ai ainsi remarqué qu’en une décennie la situation de cette région du globe a totalement changé. Les hollandais se sont implantés. La pression britannique est perceptible.

    Quant au roman, il m’oblige à dénicher des détails dans des livres anciens, un travail certes passionnant mais de longue haleine. D’ailleurs, j’apprends beaucoup. Le 17ème siècle, celui de la Renaissance et de Léonard de Vinci, est finalement une époque très sauvage ! »

    Propos recueillis par Stéphane DUGAST

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    [1] : La caraque (ou nef) est un grand navire, de la fin du Moyen Âge, caractérisé par sa coque arrondie et ses deux hauts châteaux avant et arrière.


  • BESOIN DE MER (RÉACTUALISÉ)

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    Peintre de Marine, Philip Plisson est certainement aujourd'hui le photographe de mer le plus médiatique et le plus reconnu. Comptant à son actif moult ouvrages et clichés de mer devenus célèbres, son œil, sa « patte » et son ancre de Marine ont fait sa marque de fabrique. C’est dans le Morbihan, à la Trinité sur Mer, son port d’attache, que le Philip Plisson s'était confié à moi il y a quelques mois. A l'occasion de son soixante-sixième anniversaire, le photographe très prolifique signe d'ailleurs son soixante-sixième livre ! Retour sur d'étonnantes confessions d'un passionné des océans.

    Propos recueillis par Stéphane DUGAST

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    « Près de 90 % du commerce mondial s’effectue par la mer avec les conséquences que l'on connaît en matière de pollution. Vous parcourez depuis des décennies océans et littoraux de notre planète, comment l'homme gère selon vous aujourd'hui cet environnement ?

     - Philipp PLISSON : À mes yeux, il y a enfin chez les politiques et nos concitoyens une prise de conscience des océans et de leur avenir. Jusqu’à récemment, la mer ne semblait pas être totalement ancrée dans le paysage médiatique hexagonal.

    Pourtant, la France offre le trait de côte le plus long d’Europe. La Marine nationale a longtemps été la seconde force navale dans le monde. La mer semblait délibérément occultée des discours. Le Grenelle de la Mer a indéniablement mis en lumière cet univers et ses enjeux.

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    Ce Grenelle a surtout permis de poser les bonnes questions en réunissant autour de la table des spécialistes et en les faisant plancher sur des problématiques majeurs pour nos océans, et par delà nos sociétés modernes.

    Quant à la gestion de l’homme de son environnement sur notre planète, je laisse le soin aux spécialistes de faire leurs commentaires. Eux seuls peuvent parler des océans et de leurs enjeux du fait de leur expertise. Il y a à mon sens en ce moment trop de donneurs de leçon qui parlent, à tort et à travers, des océans et d’écologie.

    Pour ma part, c’est un univers que j’observe, que je regarde et que je photographie depuis des décennies. La mer m’inspire des émotions et des réflexions mais jamais je ne me permettrais d’être un donneur de leçon.

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    Depuis le printemps 2009, vous vous êtes lancé dans un projet ambitieux : photographier la France et son littoral vue de la mer. Quelles en sont les raisons et les motivations ?  

    J’ai voulu porter un regard photographique sur le littoral hexagonal depuis la mer. Cela peut aujourd’hui paraître être une évidence mais cette dimension n’avait encore jamais été appréhendée.

    J’ai ainsi voulu écrire photographiquement parlant le littoral français en partant de la frontière belge à la frontière italienne. J’avais cette idée en tête depuis longtemps.

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    Encore fallait-il oser se lancer dans ce projet hors normes. Economiquement, c’est loin d’être viable mais l’intérêt de ce projet, comme sa portée, sont indéniables. A ce jour, j’ai déjà parcouru 6 820 milles, soit 12 630 kilomètres pour les terriens. A raison de 6 heures de photo en moyenne par jour, vous pouvez en déduire que j’ai navigué pendant 263 jours de mer.

    Mais plutôt que de vous asséner de chiffres, parlons de l’esprit de La France vue de la mer. C’est un clin d’œil à la vocation première des peintres de Marine, un corps d’artistes créé aux origines pour témoigner sous forme d’inventaire des ressources maritimes de la France.

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    Sillonner le trait de côté m’a également donner l’idée de m’intéresser également à la Société Nationale de Sauvetage en Mer (SNSM). J’ai ainsi décidé de dresser un inventaire des hommes et des moyens de la SNSM. Je ne pensais pas que cela serait autant gourmand en temps.

    Car, il faut prendre rendez-vous avec chacune des stations de la SNSM, organiser des séances photos avec les unités en mer puis ensuite photographier les équipages à terre. Même si cet inventaire supplémentaire me ralentit considérablement, je suis fier de mener cette mission au profit d’une association à laquelle je suis intimement liée et qui, de surcroît, est essentielle pour les gens de mer.  

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    Comment réussissez-vous à concilier ces contraintes avec votre exigence artistique également gourmande en temps ?

    J’ai descendu le trait de côte en le photographiant comme il se présentait. Je n’ai pas attendu des heures la lumière exceptionnelle, ce grain noir ou ce coup de vent qui donne à un cliché force, esthétisme et puissance, sinon j’y aurais passé des années.

    L’essentiel a été de parcourir le trait de cotes et le photographier tel quel. J’ai cependant tenu à parcourir le trait e de côtes toute en faisant le tour de toutes les îles et en visitant tous les estuaires, les abers ou les baies. C’est un travail titanesque !

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    Prenons l’exemple de la Bretagne, rien qu’à elle seule ce sont ainsi 3 500 kilomètres de trait de cotes que j’ai photographié. D’un point de vue éditorial, j’ai découpé mon travail par segments géographiques. Paru en librairie, le premier tome de La France vue de mer s’est ainsi concentré des plages du Nord au Mont-Saint-Michel. Les tomes suivants seront dédiés à la Bretagne puis à la façade atlantique. J’achève en ce moment mon travail sur le littoral méditerranéen avant de m’attaquer à la Corse »

    Photographies : Philipp PLISSON / www.plisson.com

     

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    EN SAVOIR +

    Le site « officiel » de Philipp Plisson  http://www.plisson.com/

    Le blog de Philipp Plisson  http://www.philip-plisson-blog.com/ 

     

  • LE SEL DE L’AVENTURE

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    4 800 kilomètres sans escale ni assistance à la seule force des bras pour traverser l’océan Atlantique en 41 jours, tel est le défi accompli le 9 mars dernier par Christophe Dupuy, devenu le premier officier de Marine à réussir pareil exploit. Récit a posteriori d’une navigation forcément pas comme les autres…

    - « Racontez-nous cette course à la rame ? Quels en ont été les temps forts ou à contrario les moments de doute ?

    - Christophe Dupuy : Cette traversée de l’Atlantique à la rame, je l'ai préparée pendant un an. Je l'ai abordée comme une mission. Je l'ai ainsi déclinée en phases et séquences comme on prépare une opération au sein des forces spéciales.

    Les temps forts sont incontestablement le départ et l'arrivée. Le départ, car on part un peu quand même vers l'inconnu.

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    L'arrivée, car c'est la fin et de tomber dans les bras de Bruno Le Tyrant (NDLR : ancien officier marinier commando en charge du technique) avec qui toute cette histoire n'aurait pas pu être possible s'il n'avait pas été là !

    Quant aux instants de doute, j’en ai eu un au moment du coup de vent au sud des îles du Cap Vert. Je n'ai pas pu ramer pendant 36 heures. Je me suis dit que si cela devait être comme cela tout le temps, cela allait vite devenir compliqué et ce, d'autant plus, quand on apprend que les autres se retournent les uns après les autres.

    On prend alors vraiment conscience que l'on est tout petit face à la mer. Un sentiment bizarre. Car ce sont autant cette force et sauvagerie que la beauté des images de cet univers dantesque qui restent et nous imprègnent…

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    En quoi avoir été un commando et nageur de combat vous a-t’il servi ou desservi pendant cette aventure ?

    - Dans la préparation et dans la réalisation. Préparation car comme je vais me répéter mais j'ai tout décliné pour ne rien laisser au hasard. Visiblement, cela a bien marché.

    Mon passé m’a servi dans l'action, car j'ai gardé une rigueur dans l'exécution. Je n'ai rien changé à ce que j'avais prévu. Le côté que j’ai un peu occulté, cela a peut être le côté contemplatif. Mais rassurez-vous, j'ai dans ma tête des images indélébiles. J’ai vécu des moments intenses et extraordinaires.

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    N'éprouvez-vous pas de frustration à ne pas être sur le podium alors qu'en vous suivant au quotidien, on a longtemps cru à une troisième, voire une seconde place ?

    - Effectivement, cela est dommage, mais j'ai réussi et là est ma victoire. De plus, au prologue, j'avais dit que je serai heureux d'être dans le top 5.

    Je finis cinquième grâce à un décompte de l'organisation qui fait un quatrième malgré deux troisièmes, donc contrat rempli !


    Concernant la solitude et le danger, comment l'appréhende t’on ? Avez-vous pensé à la mort ?

    J'ai eu peur, comme on part au combat ou avant mission, la veille et le jour du départ. Puis à partir du moment où je me suis retrouvé tout seul, la mécanique de la mission s'est mise en place, la concentration, il n'y avait plus d'états d'âme.

    La solitude ne m'a pas pesé et le danger été appréhendé donc pris en compte. Je ne me suis donc jamais laissé débordé.

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    Qu'éprouve ton à l'arrivée ? Une fois de retour à terre ?

    - Une grande satisfaction mais je ne prends conscience de l'avoir fait que depuis que je suis rentré auprès des miens ou en voyant les films et les photos.

    L'Aventure c'est quoi selon vous ?

    - La vie ! Il faut toujours avoir des projets pour avancer et la réalisation de ceci rend heureux… »

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    EN SAVOIR PLUS //
    Le récit de son aventure avant son départ

  • PATRICK JUSSEAUME : C’ETAIT L’AGE D’OR DE LA MARINE MARCHANDE !

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    Le cargo maudit : c’est le titre du nouvel album de la série BD Tramp. Un one shot (dans le jargon de la profession) rompant avec les précédents albums. Entretien avec Patrick Jusseaume, dessinateur de cette série prisée de tous les amoureux du large. 

    Lire la suite

  • L’AFFAIRE DU PONANT

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    MERER w.jpgAmiral devenu aujourd’hui écrivain et conférencier, Laurent Merer s’est attelé à l’écriture du récit d’une affaire de piraterie emblématique celle du Ponant, plus connue des militaires sous l’appellation «opération Thalathine».

     « Pourquoi et quel intérêt à s'intéresser à l'affaire du Ponant survenue en 2008 ?

    - Cette affaire est exemplaire puisque les 30 otages du Ponant ont été libérés sans incident en moins d'une semaine, des pirates capturés et une partie de la rançon récupérée.

    J’ai voulu raconter comment les décisions sont prises, par qui, comment elles cheminent, comment elles sont reçues et appliquées à bord des bateaux, dans les avions ou les hélicoptères.Commandant-Bouan.jpg

    Comment ceux «du bout de la chaîne» vivent ces évènements dramatiques dont ils sont les acteurs. J'ai voulu aussi  rendre hommage à tous ceux, du sommet de l'État jusqu'au plus modeste de ses serviteurs qui ont permis ce succès, tous ceux qui au quotidien, loin de chez eux, loin des caméras et dans des conditions souvent difficiles, assurent la sécurité de notre pays et  garantissent la liberté des mers.

    Récit heure par heure de l'opération Thalathine, votre récit ne risque t’il pas de trop divulguer et ainsi compromettre les modes opératoires des forces armées françaises contre la piraterie ?

    - Lorsque j'ai envisagé ce livre, dès l'été 2008, j'ai fait part de mon intention aux autorités du ministère de la Défense. J’ai demandé un accord de principe pour rencontrer les acteurs de l'opération avant de réaliser un synopsis de base avec des informations de presse, sélectionné des acteurs et rédigé des questionnaires à partir de ce synopsis.

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    J'ai été attentif à deux impératifs. À savoir, le premier de ne divulguer aucune information utilisable par «l'ennemi» et susceptible de mettre nos forces en difficulté ou en danger dans des interventions futures. Ce n'est pas le plus difficile, même si on fantasme sur le «Secret défense», car il y a peu de choses vraiment secrètes. Le secret est une notion fugitive et le plus souvent circonstancielle.

    Le second critère, c’est de ne mettre ni en cause ni en difficulté les acteurs que je cite. Mon but était de décrire, d'expliquer les actions conduites, de rapporter l'ambiance. Je ne suis pas juge! J'ai voulu raconter et rendre hommage.

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    Essai, récit, roman... Quel est le prochain de vos ouvrages en projet ?

    - Je travaille actuellement à la réécriture de Moi, Osmane pirate somalien, qui sortira dans une version nouvelle largement augmentée en avril, juste avant le procès des pirates du Ponant. Pour la suite, c'est ouvert... »

     *

    BOOK MERER 2.jpgA LIRE //

    A l'assaut des pirates du Ponant
    de Laurent Merer.
    224 pages - 19 €
    (éditions du Rocher).

     

     

  • A BATONS ROMPUS

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    Questions en rafale à Stéphane Rybojad, réalisateur de Forces spéciales (dans les salles obscures depuis le 2 novembre dernier) et homme de cinéma à fortes convictions…

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    UN FILM DE GUERRE ?

    FAUX / C’est avant tout un drame humain plus qu'un film de guerre. J'y ai mis tous les ingrédients d'un film d'action en racontant l'histoire d'une opération militaire périlleuse, mais j'ai surtout voulu mettre en image l'esprit de sacrifice de ces commandos en milieu hostile.

    A travers le récit de cette unité d'élite traquée dans les zones tribales pakistanaises, mon film rend aussi hommage à l'engagement de militaires français en opérations extérieures.

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    UN FILM DE PROPAGANDE ?

    FAUX / « C’est un western moderne reposant sur un modèle narratif très simple : 6 preux chevaliers vont délivrer la princesse harcelée par le prince noir et vont devoir pour rentrer au royaume traverser la forêt maudite.

    C’est La Princesse du Désert, Les 7 mercenaires ou les 7 Samouraïs. C’est un classique du genre que j’ai transposé en France à notre époque en me calant à une actualité brûlante : l’Afghanistan et en le traitant par le prisme d’un grand reporter et des forces spéciales déployées en mission.

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    UN FILM A GROS BUDGET ?

    FAUX / Ce film, c’est une histoire qui repose sur des valeurs humaines. L’armée n’est que le vecteur de personnages qui transpirent des valeurs comme l’engagement, le sens du sacrifice. Ca peut paraître désuet aux yeux de certains mais ça existe et çà existe dans les Forces Spéciales.

    Pour filmer cet état d’esprit et surtout rendre mon film crédible, je me suis donc logiquement greffé à d’authentiques missions opérationnelles d'entraînement.

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    Mes équipes ont ainsi installé leurs caméras dans les camps de Caylus (Tarn-et-Garonne) et de Djibouti, à bord d’un hélicoptère Tigre, dans un avion Transall de l'armée de l'air ou sur le porte-avions Charles-de-Gaulle. Exemple, quand le Charles-de-Gaule appareille de Toulon et rejoint Brest pour un transit, on a embarqué à bord pour suivre ce transit tout en obtenant l’autorisation d’embarquer l’un de nos hélicoptères avec tout le matériel de prise de vues ad hoc.

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    Pendant le transit, on a fait nos prises de vues aériennes en accord avec l’état-major. Que nous soyons là ou pas, les avions étaient catapultés ou appontaient. On a donc juste profité de l’opportunité. Ca n’a rien coûté aux contribuables.

    Par contre, ça a donné une plus-value extraordinaire à mon film. Vous savez, les Anglo-Saxons sont rompus à ce genre de pratique. En France, c’est une première rendue possible grâce au ministère de la Défense et à ses composantes Air-Terre-Mer, dont acte ! »

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    UN FILM REALISTE ?

    VRAI / C’est sûrement le fruit de mes précédents tournages de films documentaires. J’ai voulu coller au plus près de la réalité et reproduire l’Afghanistan.

    L’Afghanistan, ce sont des hauts plateaux, des vallées rocailleuses et de hauts sommets. Pour recomposer ce décor 100 % minéral, j’ai choisi de le récréer en tournant en décors naturels au Tadjikistan, à Djibouti et sur le Mont Blanc.

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    J’ai délibérément refusé de tourner mon film au Maroc, encore moins en studio ou de faire doubler les acteurs. Je voulais un film 100% réaliste.

    J’ai mis les comédiens dans une configuration inédite, en les immergeant dans de vrais décors avec de la vraie poussière, du vrai vent, du vrai froid, de vraies armes… J’ai voulu un réalisme maximum ! »

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    UN FILM SANS SURPRISE ?

    FAUX / Mon postulat de départ est très simple : qu’ils sont beaux, forts et  costauds les militaires des Forces Spéciales.

    Ce sont presque des super héros quand un ressort dramaturgique – un twist - va faire basculer le film. Je n’en dis pas plus mais une vraie aventure attend ces militaires aguerris qui vont devoir se surpasser.

    Précipitez-vous dans les salles obscures pour voir mon film sinon il y a peu de chance que vous puissiez regarder un long-métrage de ce genre lors des 20 prochaines années ! »

     Propos recueillis par Stéphane DUGAST
    Photographies de Jeff MANAURY / Easy Company

     

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    AFFICHE FS.jpgEN SAVOIR PLUS //

    Forces spéciales de Stephane Rybojad Avec Diane Kruger, Djimon Hounsou, Benoît Magimel & Marius. (1h47) Dans les salles obscures depuis le 2 novembre dernier.

    La fiche du film Forces SPECIALES sur AlloCiné

     

  • BLEUS À L’ÂME

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    Ancien chef du service « cinéma-showbusiness » de l’hebdomadaire Gala et rédacteur en chef du quotidien France Soir, Bertrand Tessier s’est construit une spécialité : celle de croquer, en mots ou en images, les grands du cinéma comme Jean-Paul Belmondo, Patrick Dewaere, Alain Delon et Romy Shneider. Cette fois, le journaliste, biographe et réalisateur de documentaires s’est penché sur le destin de Bernard Giraudeau. Un drôle de marin devenu comédien, réalisateur et écrivain à succès. « Un aventurier en quête d’horizons, un écrivain voyageur et un baroudeur romantique » de l’aveu même de son biographe.

      Propos recueillis par Stéphane DUGAST

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    BTESSIER art.jpg« Racontez-nous votre ouvrage « Bernard Giraudeau, le baroudeur romantique », s’agit-il d’une biographie au sens classique du terme ?

    - Bertrand Tessier : Il s’agit d’une biographie consécutive à une véritable enquête. Pour l’écrire, j’ai eu la chance exceptionnelle d’être aidée par ses proches : ses deux frères, sa sœur, ses deux enfants, sa compagne de longue date,  Annie Duperey, ainsi que par des compagnons de route comme d’anciens marins.

    Tous m’ont raconté Bernard Giraudeau lorsqu’il était enfant, adolescent, marin, acteur, réalisateur puis écrivain. Grâce à eux, j’ai pu recueillir des témoignages précieux, et même des documents inédits comme sa correspondance avec sa sœur quand il était jeune marin sur la Jeanne d’Arc.

    Tous ces éléments m’ont permis de mieux comprendre le personnage, ses traits de caractère, ses interrogations et sa construction. Mon enquête m’a ainsi mené à Paris, à La Rochelle et à Brest où j’ai rencontré cinq marins qui l’avaient connu pendant ses deux tours du monde sur la Jeanne.

    Ce livre raconte donc l’incroyable destin de Bernard Giraudeau, soit cinquante-cinq années d’un puzzle que l’intéressé rassemblera les dix dernières années de sa vie.

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    Comédien, réalisateur puis écrivain à succès, Bernard Giraudeau a été également un marin. En quoi cette expérience l’a t’elle façonné ?

    Pourquoi Bernard est-il devenu marin d’Etat ? C’est un mystère. Hormis son père militaire, il n’y avait dans sa famille a priori aucun lien évident avec la Marine de guerre. Certes, il y avait ce grand-père cap-hornier dont il nous a parlé dans différents récits.

    En enquêtant, je vais faire une découverte étonnante, celle d’un grand-père paternel marin d’Etat. Un aïeul sous marinier à une époque où l’on expérimentait le périscope, les ballasts ainsi que la double propulsion électrique et diesel.

    J’ai ainsi découvert non seulement l’existence d’Albert, sous-marinier entre 1902 et 1904, mais également celle d’une flotte sous-marine française florissante. Je ne savais alors pas que la France disposait de soixante-dix sous-marins pendant la guerre 1914-18.

    Quant à cet aïeul marin d’Etat et sous-marinier au temps des pionniers, Bernard Giraudeau n’en a jamais parlé. Je ne sais même pas s’il était au courant de son existence.

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    Jeune marin affecté sur la Jeanne, Bernard Giraudeau découvre les océans et le monde. Le voyage a été forcément initiatique ?

    La Jeanne, ça n’a pas été une partie de plaisir. Il l’a d’ailleurs relaté dans ses écrits. Si le bizutage a été habituel, un plus rude l’a marqué : une simulation de strangulation.

    Cette épreuve, il a fallu l’encaisser, ne pas moufter car lorsque l’on est un homme, un vrai, on ne moufte pas. Les marins ont du caractère à cette époque.

    Quant à Bernard Giraudeau, ses camarades le décrivent alors comme un jeune homme réservé. C’est sur la Jeanne qu’il va cependant faire  sa mû. Ses écrits et sa correspondance révèlent un jeune homme d’une maturité stupéfiante, disposant d’un regard surprenant sur son destin.

    Les germes du futur personnage sont déjà en lui. Les escales et les rencontres vont le rendre plus indépendant, plus rebelle.

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    Bernard Giraudeau quittera pourtant avec fracas la Marine. Quelles en sont les raisons ?

    Il simulera même la folie au point, je crois, d’être dépassé par les événements. Son affectation sur la frégate Dufresne après deux tours du monde va lui faire « péter les plombs » comme on dit.

    Cloué à terre puisque la frégate est au bassin, le jeune marin Giraudeau ne s’y fait pas. Son affectation sur le porte-avions Clemenceau n’y changera rien. Il va alors exploser et quitter la Marine. Le retour à la Rochelle sera douloureux. Autant vous dire qu’il ne sera pas accueilli chaudement après cette démission.

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    Comment va-t-il dès lors entamer sa reconstruction ?

    Son père va lui trouver un poste à l’usine Simca de la Rochelle. A ce sujet les imprécisions sont d’ailleurs nombreuses. Combien de temps est-il réellement resté ? Une chose est sûre, sa sœur me confiera qu’il n’y aura jamais de bulletin de paie à la fin du premier mois.

    Qu’a fait Bernard Giraudeau pendant ce temps ? Il a sûrement dû errer sur le port de la Palisse en rêvant à de nouveaux horizons. C’est pourtant une rencontre qui va le décider à s’engager pour une compagnie de théâtre plutôt que d’embarquer sur le premier grumier à destination de l’Afrique.

    Il intègre ainsi une compagnie de théâtre et devient machino. De fil en aiguilles, il va donner la réplique. La metteuse en scène décèle en lui de réelles aptitudes mais lui conseille de faire de la danse pour acquérir plus de souplesse. Il a encore sûrement en lui la démarche du marin chaloupant.

    Dans la danse, il va s’y engager avec une rage incroyable au point d’en faire cinq heures par jour. Toujours cette rage… Finalement, il choisira le théâtre avant ensuite de faire carrière dans le cinéma. Il deviendra cet acteur magnifique. Bernard Giraudeau, c’est alors ce jeune premier aux dents blanches et aux yeux bleus.

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    A l’apogée de sa carrière de star du cinéma, il va pourtant tout casser et vouloir répondre à ses envies. Figure du cinéma populaire, il renonce à la facilité pour se lancer dans sa propre voie à compter du long-métrage Les spécialiste (1985) de Patrice Leconte, un énorme succès populaire. Dans le registre du jeune premier, il étouffe.

    Si il n’est ni Depardieu, ni Dewaere, il est toutefois devenu ce qu’on appelle une star. Pourtant, Bernard Giraudeau va s’engager dans une voie plus risquée. Ce cinéma populaire ne le satisfait plus.  

    Il veut réaliser  ses propres projets et jouer des compositions plus audacieuses. Une nouvelle fois, il est d’une exigence folle et d’un jusqu’au-boutisme absolu.

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    Au point de se lancer dans la réalisation du long-métrage ambitieux « Les Caprices d’un fleuve » ?

    C’est effectivement un film emblématique. C’est celui qui lui ressemble le plus. De ce long-métrage, l’un des acteurs, Richard Bohringer, dira même que c’est « du Lawrence d’Arabie cramé par la passion du cinéma ».

    Durant le tournage, Bernard Giraudeau est  omniprésent : le premier lever, le dernier couché. On le surnommera d’ailleurs « Gyrophare » ou « Le Président » tant il veut tout faire et tout contrôler.

    Il est le réalisateur, le scénariste et le premier rôle. Il n’est alors pas rare de le voir la perruque de travers pendant les prises. Il est tellement enthousiaste qu’il va porter son film et tout Saint Louis du Sénégal où a lieu le tournage.

    Malgré un budget ricrac et un sujet délicat, un éloge à la différence, son film va faire un million d’entrées ce qui est loin d’être un échec commercial.

    Pourtant, c’est un échec aux yeux de Bernard Giraudeau. Ce n’est désormais plus dans le cinéma qu’il va s’accomplir…

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    Au point de devenir écrivain. Pourquoi s’adonne-t’il à l’écriture ?

    L’écriture a toujours été omniprésente dans sa vie. Il y a ses correspondances incroyables lorsqu’il est marin sur la Jeanne, puis toutes les autres. Il a toujours aimé fixer par écrit ses émotions, son vécu et les décors traversés.

    Dans les années 1990, il va entretenir une correspondance, où qu’il soit dans le monde, avec Roland un myopathe. Quand ce dernier décède, sa famille lui envoie ses lettres. C’est là qu’il constate qu’il y a matière à écrire un livre.

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    Fort de ces récits, il rencontre Anne-Marie Métaillé, éditrice de renom. Cette dernière d’abord sceptique va cependant prendre le temps de lire ses textes et être agréablement surprise par leur qualité littéraire.

    C’est même elle qui lui donnera de précieuses recommandations pour densifier son récit. Publié sous le titre Le marin à l'ancre, ce premier livre va finalement se vendre à plus de 40 000 exemplaires.

    C’est un véritable succès en libraire qui va donner confiance à Bernard Giraudeau, lui l’autodidacte seulement titulaire de diplômes techniques est devenu un écrivain.

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    Auteur à succès, devenu écrivain de Marine, Bernard Giraudeau va revenir sur la Jeanne, sa Jeanne. Racontez nous ses retrouvailles ?

    Imaginez vous l’ancien quartier-maître mécanicien, revenir quarante ans plus tard comme capitaine frégate littéraire. Il éprouvait une véritable fierté à porter cet uniforme d’écrivain de Marine.

    C’était une revanche et sûrement aussi une psychothérapie face à la maladie qu’il venait déjà d’affronter lors de son premier cancer du rein.

    La Jeanne a eu de réels pouvoirs cathartiques. Il revenait mettre ses pas là où sa vie d’homme avait démarré. La symbolique était forte… »

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    A LIRE // Bernard Giraudeau, le baroudeur romantique de Bertrand Tessier. Biographie. 298 pages – 19.95 € (Editions l’Archipel).

    Bernard Giraudeau en 8 dates

    Juin 1947
    Naissance à La Rochelle

    1963
    Entre à l’école des apprentis mécaniciens de la flotte

    1964-1966

    Marin sur le porte-hélicoptères R97 Jeanne d'Arc

    1970
    Premier prix de comédie classique et moderne au Conservatoire

    1973
    Premiers pas au cinéma dans Deux hommes dans la ville de José Giovanni

    1987
    Devient réalisateur tout en continuant d’être acteur.


    2000
    Ablation du rein gauche consécutif à un cancer

    Juillet 2010
    Décède à Paris

     
    Illustration  Christian Cailleaux / Photographies DR