De la bataille de Diên Biên Phu, aux soldats perdus d'Algérie jusqu'aux confins de l'Afghanistan, deux amis - grand reporter, écrivain et cinéaste - se confient sur ces lieux qu’ils ont fréquentées à des époques différentes. Confidences de Pierre Schoendoerffer et de Patrick Forestier deux baroudeurs éternels.
26 ans d’écart d’âge, deux vies et deux destins. Tout les sépare en apparence. Pourtant leurs points communs étaient nombreux.
À eux deux, ils ont ainsi arpenté la planète, couvrant les conflits majeurs du vingtième siècle. Patrick Forestier (NDLR : scénariste d’un prochain film sur la piraterie) et son aîné étaient donc faits pour se rencontrer, ce qu’ils ont fait avant la mort l’an dernier de Pierre Schoendoerffer (VOIR L’HOMMAGE).
Ecrivain, metteur en scène et cinéaste, Pierre Schoendoerffer (1928-2012) a mené sa carrière tambour battant après avoir été soldat de l’image et fait prisonnier pendant la bataille de Diên Biên Phu.
De ses films, les aficionados retiennent « Le Crabe-Tambour » (VOIR LA CHRONIQUE) et le documentaire « La Section Anderson », film documentaire oscarisé en 1968. De son œuvre littéraire, « L'Adieu au roi » (prix Interallié 1969) et « Le Crabe-Tambour » (Grand Prix du roman de l'Académie française 1976) sont deux de ses ouvrages phares.
Quant à Patrick Forestier (né en 1964), il officie toujours comme grand reporter à Paris Match tout en réalisant des film documentaires. Lauréat des prix Lazareff & Vérité, il est également l'auteur de plusieurs ouvrages dont « Le train du Négus » (en Éthiopie), « Confession d'un émir du CIA » (en Algérie) et « Hôtel Palestine », chronique singulière de la guerre à Bagdad.
Autant dire qu’en se rencontrant, les deux hommes avaient beaucoup à se raconter, partageant tous les deux ce même goût pour l’aventure, inspirés par les tribulations de leur mentor de Joseph Kessel (LIRE SON PORTRAIT), grand reporter, écrivain et baroudeur comme eux
À partir d’entretiens réalisés sur presque deux ans, avant la mort de Pierre Schœndœrffer survenue le 14 mars 2012, Patrick Forestier a réussi ce brillant « passage de témoin entre deux générations » de reporters de guerre, comme il l’écrit lui-même.
Durant ces nombreuses rencontres, Pierre Schoendoerffer et Patrick Forestier ont ainsi passé en revue leur parcours, narrant leur jeunesse, leurs expériences, leurs ratés ou leurs bonheurs.
L'Indochine, les tirs des talibans afghans, le soleil somalien, les guerres coloniales, les tournages de films et de documentaires, les bombardements du Liban, les coups de chance et les moments de trouille... Défilent ainsi au fil des pages de cet ouvrage des vies de bourlingueur émaillées d’anecdotes survenues aux quatre coins de la planète durant des conflits majeurs du vingtième siècle.
Un livre dont les chapitres se dévorent comme des séquences de cinéma. On y découvre des facettes méconnues de Pierre Schœndœrffer, cinéaste et écrivain de Marine par l’entremise de Patrick Forestier qui a eu la lumineuse idée de faire publier ses entretiens.
Un témoignage éclairant, et un bien bel hommage.
Crédits photographiques : Paris-Match - ECPAD
> À LIRE
La guerre dans les yeux de Pierre Schoendoerffer & Patrick Forestier. 346 pages - 20,90 €. (Grasset).